Chapitre 5 (Joshua)




La pièce sent le renfermé et il y fait froid. Les murs, le sol et le mobilier sont en nuances de gris ; je pourrais même me demander si mes yeux voient toujours les couleurs tant tout cet environnement est terne. Et c'est le cas partout, ici. Seuls les plateaux de la cantine apportent un peu de couleur à cette prison et à ce qui est désormais ma vie.

Je n'ai vu personne depuis que j'ai été incarcéré, il y a de cela près d'un mois, seule exception faite de mon avocat. Outre les matons et les autres détenus, j'entends. Pas de nouvelles de Silas, ni de ma mère. Rien. Jamais je ne me suis senti aussi seul et paumé dans ma vie. Les journées passent avec une lenteur frustrante et je me suis demandé, cette nuit durant une autre insomnie, comment j'allais bien pouvoir survivre à cette prison si le chagrin d'y être enfermé ne finit pas par me tuer.

— Bonjour, Joshua.

L'arrivée de Preston Ashford, ce matin-là, est comme une rafale d'air frais qui me frappe en plein visage. Il ne porte pas de costume, contrairement à nos précédentes rencontres, mais le col roulé couleur moutarde qu'il porte sous son manteau noir apporte de la gaité à cette salle dans laquelle nous nous trouvons.

— Bonjour.

C'est assez étrange à expliquer mais je me sens heureux de le voir. Peut-être parce que je commençais à saturer à force de regarder les mêmes membres du personnel et autres criminels à longueur de temps depuis sa dernière visite. Sa présence est une nouveauté bienvenue aujourd'hui.

— Comment ça va ?

Je hausse les épaules tout en le regardant s'installer sur une chaise, face à moi, de l'autre côté de la table. Ses yeux sont cernés et son teint terne. Il a la tête de l'homme qui n'a que trop peu dormi au cours des derniers jours et une intuition me dit que je suis peut-être le cause de ses insomnies. J'ai l'impression que ses yeux noisette me transpercent lorsqu'il les braque sur moi dans l'attente d'une réponse. Je me contente de hausser les épaules.

Je ne sais pas comment je me sens et je n'ai pas envie de lui dire que ça va simplement pour lui faire plaisir. Je ressasse à longueur de journée depuis qu'on m'a jeté dans ce trou et, malgré mes doutes quant à l'idée d'en sortir un jour, je me dis que ça pourrait être pire. Mon père est hors d'état de nuire, Silas est en sécurité et, bien qu'enfermé ici, je ne suis pas le genre de détenu sur lequel les autres s'acharnent. Alors même si les journées sont longues, monotones et solitaires, je ne vis pas non plus l'enfer. Sauf peut-être la nuit, lorsque de vieux souvenirs reviennent me hanter et me procurent la sensation qu'il est là.

— Tiens, c'est pour toi.

La tasse en papier recyclé qu'il fait glisser sur la table dans ma direction est fumante d'un breuvage qui me semble être du café.

— Je ne bois pas de café.

Je n'en ai jamais bu. D'ailleurs, je me demande bien pourquoi. J'ai envoyé valser bien de nos principes depuis longtemps déjà. Au sein de la communauté mormone il y a cette loi tacite de préservation de l'âme et du corps en bonne santé. Certaines consommations, jugées malsaines, sont prohibées ; et le café en fait partie. Il n'y en a jamais eu dans notre maison et je me rends compte, en fixant cette tasse, que je ne sais même pas quelle odeur ça a.

— Oh... c'est vrai.

J'esquisse un sourire, assez sarcastique. Je ne suis pas étonné qu'il soit au courant. Je suppose qu'être surnommé le Mormon Butcher ne laisse pas une grande place au doute. Cela dit, sa maladresse me prouve que ce n'est qu'un détail parmi tant d'autres, peu important à ses yeux car, s'il l'avait été, il ne l'aurait pas oublié.

— Je suis désolé, c'était maladroit.

Je lui souris, sincèrement cette fois. J'entends au son de sa voix et constate grâce à l'air sur son visage qu'il est sincèrement navré. Et ça me plaît. Je n'ai pas l'impression d'être assis face à quelqu'un qui me prend de haut ni face à quelqu'un qui jouerait un rôle et se forcerait à se montrer sympa pour m'amadouer. Il est simplement naturel et sincère, et je me décrispe sur ma chaise.

Je fixe cette tasse fumante avec envie, conscient que n'importe quel autre détenu sauterait dessus sans hésiter. Nos journées sont ennuyeuses à mourir et la nourriture de la cantine loin d'être délicieuse ; il faudrait être fou pour refuser cette tasse, quoi qu'elle contienne. Alors, finalement, je finis par m'en emparer sous le regard surpris de mon avocat.

Dans la tasse qui me réchauffe les doigts la boisson est sombre. Les effluves qui s'en échappent dans un petit nuage de fumée sont un mélange de sucré et de quelque chose de plus amer qui, malgré tout, me donne envie d'y goûter. J'y trempe mes lèvres timidement, analyse le goût qui se répand sans ma bouche, et reviens siroter la boisson. Cette dernière, surtout chaude, me fait l'effet d'un énorme câlin au coeur. C'est bon. Le regard paumé de Preston Ashford me pousse à m'expliquer :

— Il y a longtemps que j'ai compris que ce qu'on m'a inculqué n'était que du vent. Enfin... pour moi. Mais je n'avais jamais pensé à goûter au café.

Contrairement à l'alcool et au sexe ; ce que je ne lui dis pas. Ça ne le regarde pas. J'ai seulement envie qu'il comprenne que je ne suis plus le mormon que mes parents auraient aimé que je demeure jusqu'à la fin de mes jours. J'ai changé. J'ai cessé d'être aveuglé.

— Alors, c'est comment ?

Je l'observe, méfiant. Je trouve assez étrange la manière presque amicale dont il s'adresse à moi. N'est-il pas censé me donner du vous et rester plutôt... à sa place ?

— C'est bon.

Je le remercie avec un sourire, agitant doucement la tasse devant lui pour qu'il comprenne. Il hoche la tête pour me montrer que c'est le cas puis feuillette les pages du porte document ouvert devant lui. Des mots manuscrits sont inscrits sur le papier mais je ne les distingue pas.

— Il faut qu'on parle, Joshua.

Je savais que ça finirait par arriver. Que les conversations de surface sur le menu de la cantine ou la météo ne suffiraient plus. J'ai compris, dès l'instant où il est entré dans la pièce avec cette tête de six pieds de long, que notre entrevue aujourd'hui serait différente. Il a besoin d'éléments pour me défendre, ce que je comprends. Toutefois, c'est compliqué. Même avec toute la bonne volonté du monde je ne saurais par où commencer.

— Je suis allé voir Silas.

Silence. L'air s'alourdit et la pièce me semble beaucoup terne qu'elle ne l'est déjà. Malgré le fait que je sois bien assis sur ma chaise, j'ai l'impression d'être en train de tomber dans le vide, comme un parachutiste de son avion. La nausée me prend à la gorge. Le prénom de mon frère me fait exploser le coeur. Je les imagine tous les deux, en train de discuter. Je vois Silas, si fragile, craquer face à Preston et lui révéler tous nos plus sombres secrets. Et, pour une raison que j'ignore, j'ai peur. Cela ne devrait pas être le cas. Cet homme assis en face de moi est là pour m'aider, mais je suis terrifié. Je ne veux pas qu'il me juge, ou voir de la pitié dans ses yeux. Je ne le supporterais pas.

— Qu'est-ce qu'il vous a dit...?

Je ne reconnais pas ma propre voix lorsque je parle après ma dernière gorgée de café, broyant au passage la tasse en carton entre mes doigts. Mes cheveux sont dressés sur ma nuque et j'ai subitement l'impression d'étouffer. Calme-toi, Josh, tout va bien.

— Rien qui ne le concerne pas directement.

Je me ronge les ongles. Les images du crime me reviennent ainsi que d'autres, bien plus anciennes encore. Le souvenir d'un père aimant s'entremêle à celui d'un homme violent, pour finalement laisser place à l'image de son corps mutilé. C'est pour Silas que je l'ai fait. Et pour moi, aussi. Même si j'ai beaucoup de mal à l'accepter ; car je pensais être passé à autre chose depuis le temps.

— Joshua, nous sommes dans une impasse. Si tu continues à te taire, je ne pourrai pas te défendre. Et tu vas croupir ici jusqu'à la fin de tes jours alors que, tout ce que tu voulais, c'était empêcher un monstre d'agir.

Son doigt tape sur la table à mesure qu'il parle et que ses mots claquent dans l'air, signe de sa détermination à me sortir de ce trou à rats. Je relève les yeux pour le regarder, conscient qu'il sait déjà certaines choses mais qu'il en ignore aussi d'autres. Mais quoi qu'ait pu lui dire Silas, je comprends qu'il sait qui était mon père. Et malgré ça, je ne vois aucune pitié dans ses yeux, bien au contraire. Je décerne une certaine détermination et une certaine rage dans ses yeux sombres.

Comme lors de notre rencontre au commissariat de Salt Lake, je me lance dans un jeu de regards que je compte bien gagner. Va-t-il baisser les yeux, cette fois ?

— Je ne baisserai pas les yeux, Joshua.

J'esquisse un sourire. En effet, il n'a pas l'air décidé à me laisser gagner. Puis-je lui faire confiance ? J'aime à croire que oui, vu la manière dont il me fixe et celle qu'il a d'être si naturel face à moi. Ce café, ce n'était pas une technique pour m'amadouer. C'est sa manière d'être, et ça me plaît.

— Je t'ai dit que je viens de New-York ? demande-t-il d'un ton détaché. J'ai aménagé ici pour toi. On peut rester comme ça toute la journée s'il le faut ; je ne suis attendu nulle part ailleurs.

Je pince les lèvres. Merde. Il est sérieux quand il dit ça. Mon visage blêmit et, comme lors de l'une de nos premières entrevues, je prends conscience de la situation : ce garçon a mis sa vie entre parenthèses pour moi. Finalement, c'est moi qui baisse les yeux.

C'est après quelques longues secondes de silence et une inspiration profonde que je commence :

— Mon père était...

Un monstre ? Un pervers ? Un taré ? J'esquisse un sourire, luttant comme un malade pour retenir des larmes qui menacent de couler. Ce sont des larmes de rage, de dégout et de tristesse. Il était un peu de tout ça à la fois ; une personne normalement constituée n'abuse pas de ses enfants.

— ... un violeur.

L'écho de ma voix résonne dans la pièce et, s'il y en avait une, je suppose que nous entendrions une mouche voler. Le silence est si parfait que je distingue le bruit de l'aiguille trotteuse dans la montre de Preston. Bien vite, ce tic-tac est remplacé par le boom-boom de mon coeur, qui bat de plus en plus vite dans ma cage thoracique et commence à frapper contre mes tempes. Une bouffée de chaleur m'envahit, me provoquant un vertige, et la nausée me prend à la gorge. Je n'avais jamais dit ce mot à voix haute même si c'est ainsi que, intérieurement, j'en qualifiais mon paternel depuis un bon moment.

— Je pensais qu'il ne toucherait jamais Silas.

— Mais...?

Je me rappellerai toujours de ce jour où j'ai compris, en voyant l'état lamentable dans lequel se trouvait Silas, qu'il n'avait jamais cessé ses horreurs. Ce jour-là j'ai forcé mon frère à me parler et je me rappelle, comme si c'était hier, de ses aveux. Tout comme je me souviens de la manière dont j'ai confronté mon père, à coups de hurlements et de poings dans la figure. Avec du recul, je me rends compte que j'ai été stupide, à avoir cru que cela suffirait à le remettre dans le droit chemin. Je regretterai toute ma vie de ne pas avoir appelé les flics. Depuis que je suis ici, j'ai eu le temps de me remémorer cette journée et je sais que, si je ne l'ai pas fait, c'est parce que j'avais peur ; peur de briser notre famille, d'attirer l'oeil des voisins, peur de ce que Silas pourrait avoir à affronter. De ce que je pourrais avoir à affronter, aussi. D'une certaine manière, j'ai voulu nous préserver. Et je le regrette plus que tout aujourd'hui.

— Mais il l'a fait. Et ce jour-là, si je n'étais pas intervenu, il aurait recommencé. J'ai pas pu me résoudre à ne rien faire.

— Comment est-ce que ça s'est passé ? J'ai besoin de tous les détails, Joshua. Je sais que c'est difficile, mais c'est important.

Je fixais la table, car c'est plus facile de passer aux aveux sans voir de regard braqué sur moi. Seulement, je finis par revenir regarder mon avocat. Je suppose qu'il s'est passé une main dans les cheveux, vu comment ces derniers sont ébouriffés sur sa tête, et ses yeux pétillent. Je suppose qu'il est soulagé et impatient que je lui fournisse les éléments qui pourront lui permettre de travailler.

— Je...

Il m'est difficile de me remémorer cette journée. Ce moment précis où tout a basculé. Si les souvenirs du corps de mon père me reviennent chaque nuit, je m'efforce de compartimenter pour ne pas revoir certaines images ; notamment celles de Silas. L'une d'elle s'impose d'ailleurs à moi, là dans cette pièce, et une larme roule sur ma joue. Je finis par parler, le souffle court et les larmes dans les yeux, conscient que si je ne le fais pas maintenant, je devrai le faire tôt ou tard. Autant finir ce que j'ai commencé.

— Je n'étais pas censé être à la maison, ce matin-là. J'ai vu mon père entrer dans la chambre de Silas. J'ai culpabilisé, alors il m'a fallu quelques secondes pour réagir. Je suis entré dans la chambre et l'ai surpris en train de le caresser. J'ai vrillé. Je crois que j'ai hurlé, lui ai dit que j'allais appeler les flics. Sauf que mon père... c'était un homme vil et manipulateur. Il m'a regardé, a ri, m'a pris par la nuque et s'est ouvertement foutu de moi. Il m'a dit que je ne ferais rien du tout, que je n'aurais pas les couilles de le balancer. Que j'allais sortir de cette chambre et faire comme si je n'avais rien vu. Il a toujours eu une emprise sur nous, même dans les pires moments ; alors je l'ai fait. J'ai regardé Silas et, comme si ses paroles m'avaient envoûté, je suis sorti de la chambre. C'est quand j'ai fini par arriver dans l'escalier que... je sais pas, j'ai repris conscience. J'ai entendu du bruit dans la chambre, je suis descendu à la cuisine et... j'ai vu les couteaux sur l'îlot. Je me suis rappelé toutes les horreurs qu'il nous a fait vivre, son mépris, le regard de Silas... et j'ai vrillé. Je suis remonté à l'étage, j'ai défoncé la porte et... ce que j'ai vu quand je suis entré a fini de me faire vriller. Je me suis jeté sur lui et je l'ai poignardé.

Je chiale comme un môme. Les larmes coulent à torrents sur mes joues. Je me rends compte que chaque détail de cette matinée est ancré à la perfection dans ma mémoire, maintenant que je raconte ce qui s'est passé, contrairement à ce que je pensais. Depuis mon incarcération je ne voyais que des bribes de souvenirs mais, aujourd'hui, rien n'est flou. Je me rappelle de chaque coup de couteau, de chaque hurlement qui a quitté ma bouche tandis que je déversais ma haine et ma rancoeur dans mes coups. Je me souviens de ses suppliques me demandant de l'épargner, de ma voix lui hurlant de la fermer et des sanglots de Silas qui avait encore le goût de notre père dans la bouche. Je me souviens de tout, putain, et j'aimerais demander à notre putain de Dieu les raisons qui l'ont poussé à mettre un sale type comme lui sur Terre.

— Hé...

Une chaleur recouvre ma main et une douce caresse y est déposée. Lorsque je baisse les yeux, je vois que la main de Preston recouvre la mienne. Il m'apporte par ce geste un signe de soutien et, même si ça me gêne, je n'arrive pas à retirer la mienne. Dans le fond, je crois que ce contact qui se veut rassurant me fait du bien. Tout est froid, ici, et un peu de chaleur est la bienvenue.

— Je m'en veux tellement...

— Pourquoi ?

Sa voix est douce, basse. Il parle comme s'il ne voulait pas briser le silence et, ça aussi, ça m'apaise. J'ai l'impression d'être dans une bulle dans laquelle il ne pourra rien m'arriver.

— Parce que je savais qu'il lui faisait du mal et... j'ai cru que le confronter suffirait, qu'il arrêterait. J'ai eu peur de foutre en l'air notre famille alors j'ai rien dit. J'aurais dû le balancer... pour moi, pour Silas, pour...

Je ne finis pas ma phrase. Elle m'emmènerait sur un sujet que je refuse d'aborder depuis des années. Je ne suis pas prêt à rouvrir cette boite de pandore. Cette affaire ne concerne que moi et Silas.

— Joshua ?

La main de Preston n'a pas quitté la mienne. Je regarde ses doigts sur ma peau pâle et me dis qu'ils sont beaux. Bien moins crades et ternes que les miens. Je n'entends plus le tic-tac de sa montre mais je jurerais pouvoir entendre le son de la caresse de son pouce sur ma main. Ce geste est intime, fait rougir mes joues, mais je l'apprécie. Je me force à revenir trouver son regard. Je suis surpris de voir qu'il semble retenir des larmes. Son expression n'est plus aussi confiante qu'elle l'était quelques minutes plus tôt.

— Mh ?

Toute ma confiance s'échappe. En passant aux aveux concernant Silas, je sais que je viens d'ouvrir une breche dans laquelle il ne va pas hésiter à s'engouffrer. Il a besoin de tous les éléments pour établir un mobile béton, pour me comprendre aussi et justifier ce qui m'a poussé à agir. Preston Ashford est loin d'être un idiot, malgré son allure nonchalante et sa jeunesse. Je l'ai vite compris. Et je redoute qu'il finisse par me poser une question que je ne suis, pour l'instant, pas prêt à entendre.

Il me détaille tandis que je m'agite sur ma chaise et me remets à me ronger les ongles. Ma nuque me pique et je m'oblige à fermer mon esprit alors que certaines images menacent de remonter à la surface. Je ferme les paupières, inspire profondément, et m'efforce de me concentrer sur le tic-tac de sa montre.

— Merci de t'être confié à moi.

Lorsque je rouvre les yeux, je découvre face à moi un homme résigné. Comme s'il avait des milliers de choses à me demander mais qu'il se l'interdisait. Et c'est le cas. Par respect pour moi, je comprends qu'il a décidé de faire marche arrière et de garder certaines questions pour plus tard. Je lui en suis reconnaissant et le lui fais comprendre avec un regard soutenu, retirant toutefois ma main de la sienne, désormais perdu dans mes pensées.

Malgré cette entrevue et le fait que je me sente chamboulé, c'est avec la sensation d'être un peu plus léger que je regagne ma cellule.

Avant de m'endormir le soir, les yeux rivés au plafond, je me prépare déjà au jour où il me demandera si, moi aussi, j'ai été une victime de mon père.

Joshua commence à s'ouvrir à Preston... vos avis ?

retrouvez-moi sur Instagram : Niblows

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top