Chapitre 2 (Preston)
Comme tous les jours, c'est le chaos dans les rues de New-York. Et la pluie qui tombe averse ce matin n'arrange en rien. Les passants se bousculent sur les trottoirs, pressés de se mettre à l'abri, et les klaxons des véhicules retentissent comme si le simple fait de les utiliser allait aider le trafic à se décanter. J'observe le tableau de la ville qui s'agite à travers les immenses vitres de nos bureaux. Les sonneries de téléphones fixes me parviennent à travers les cloisons fines de nos locaux, tout comme les bribes des conversations qui s'entremêlent dans les couloirs. Je ressens une certaine agitation au cabinet aujourd'hui mais, en toute honnêteté, je suis bien trop perturbé pour m'en préoccuper.
Il y a huit ans, à quelques jours près, je rencontrais Miles. J'étais étudiant et il faisait partie de ces gens que je croisais régulièrement. Il était garçon de café. Et je passais le plus clair de mon temps à le regarder lorsque je m'y installais pour étudier. Avec du recul, aujourd'hui, je suis forcé d'admettre que les révisions n'étaient qu'un prétexte ; je n'avais pas besoin d'aller au café pour bucher mes cours. Si j'y allais, c'était pour lui. Pour essayer de comprendre pourquoi un garçon, ce garçon, m'attirait comme un aimant alors que cela ne m'était jamais arrivé auparavant.
Il me manque. On pourrait croire que j'ai fait mon deuil, depuis huit ans, mais non. Il ne se passe pas un jour sans que je pense à lui, me demande où nous en serions s'il était revenu ce jour-là. Mais c'est une question à laquelle je n'aurai jamais de réponse, et j'ai fini par l'accepter. Malgré ça, son absence n'en reste pas moins étouffante.
— Bordel de merde.
Je sursaute. La sonnerie assourdissante de mon Mac, soigneusement installé sur mon bureau, m'indique l'entrée d'un appel visio. J'avale la dernière gorgée de mon café, désormais froid, et dépose mon mug sur mon bureau afin de m'y installer. Je lève un sourcil en avisant le prénom de Mia sur l'écran et décroche. Je suis aussitôt surpris par l'air à la fois exténué et stressé sur son visage et cela me passe l'envie de lui poser des questions.
Mia, c'est l'une des avocates les plus talentueuses que je connaisse. À la fac, nous faisions les quatre cents coups ensemble. J'ai du mal à avouer qu'elle a, malgré nos conneries, toujours été la plus talentueuse et la plus éloquente de nous deux. Cet appel, ce matin, me surprend plus que je ne veux bien le laisser penser. Nous n'avions plus échangé depuis des lustres, tous les deux pris dans le tourbillon de nos vies. Elle a quitté New-York pour Los Angeles à la fin de nos études et a pas mal bourlingué depuis. J'ai honte de réaliser que je ne sais même pas où elle est, à l'heure actuelle.
— Mia. Comment ça va ?
— J'ai besoin de toi, Preston.
Je m'en serais douté, vu la tête qu'elle tire depuis que j'ai décroché. Ses cheveux roux sont attachés en un chignon mal fait et, malgré cet allure de descente de lit, je remarque qu'elle se trouve dans un bureau assez similaire au mien.
— Tu as dormi, cette nuit ?
— Trop peu, gémit-elle. Tu as entendu parler de Joshua Young ?
Je hoche la tête à la négative. Mon pouce clique nerveusement sur le bouton de mon stylo. J'attends, avec impatience et curiosité, qu'elle en vienne aux faits.
— Tu te fiches de moi ? Tu ne regardes jamais les infos ?
Regarder les infos ? J'avoue, ce n'est pas mon truc. Je déteste cette manière qu'ont les médias de parler du pire et jamais du meilleur. Inflation, crimes, délits, catastrophes naturelles. Ça me dépite et ça me déprime. Peut-être que je me brancherais plus souvent sur les chaînes publiques s'ils nous martelaient plutôt le crâne avec des bonnes nouvelles.
À nouveau, je hoche la tête. Je reçois quasi immédiatement un lien qu'elle m'envoie, sur lequel je clique. Le visage d'un garçon aux cheveux clairs, les mains couvertes de sang dans la pelouse d'un quartier résidentiel de Salt Lake City m'apparaît. Menotté, il est traîné par la police vers l'un de leurs véhicules de fonction.
— Joshua Young, vingt-six ans. Accusé du meurtre de son père par arme blanche. Quatorze coups de couteau ; une vraie boucherie.
Je fais défiler distraitement l'article en ligne d'un journal local de l'Utah. Les mots inscrits en gras me sautent aux yeux, tels que : parricide, couteau de cuisine, quatorze, marre de sang, aveux et communauté mormone. Et, malgré l'habitude, tout ceci me glace le sang.
— Et donc ?
— On m'a appelée pour être sa commise d'office.
— Qu'est-ce que tu fous dans l'Utah ? tiqué-je.
— L'amour. Enfin... je croyais.
Je meurs d'envie de connaître les détails croustillants de cette romance qui semble s'être mal terminée mais, pour l'heure, j'ai le sentiment que nous avons bien plus grave et bien plus glauque à traiter. D'ailleurs, elle ne se fait pas prier pour reprendre :
— Je ne peux pas le défendre. Conflit d'intérêt.
— Quel genre de conflit d'intérêt ?
À travers l'écran, je vois sans mal ses joues s'empourprer. Je comprends.
— Mia, franchement...
— Ouais, je sais.
Nous n'avons pas besoin d'en dire plus. Elle n'a pas non plus besoin de se justifier. Je suis suffisamment perspicace pour comprendre que, ce fameux conflit d'intérêt, c'est une histoire de cul. J'ai envie de la charrier, lui demander ce que ça fait de s'être tapé un assassin, car il vaut mieux en rire qu'en pleurer, mais je me ravise. Soudain, son visage se décompose et elle me dit :
— Je ne peux pas dire qu'il est innocent car il a avoué, dit-elle. Mais je... je suis sûre que ce n'est pas ce qu'on croit. Il mérite une défense solide... et tu es l'un des meilleurs.
— L'un des meilleurs ? je la coupe.
— Le meilleur, rectifie-t-elle.
Je souris, satisfait, qui plus est face à son air agacé. C'était notre jeu favori, ce genre de chamaillerie, lorsque nous étions à la fac. La compétition, c'était notre moyen à nous de nous surpasser. C'est certainement pour cette raison que nous sommes les jeunes avocats pénalistes les plus réputés aujourd'hui.
— Je lui ai promis qu'un type bien s'occuperait de son cas.
— Donc, si je refuse, je suis un parfait connard, c'est ça ?
Elle hausse les épaules. Je comprends bien vite que je n'ai pas trop le choix. Mais, dans tous les cas, est-ce que j'envisageais de refuser ? Je détourne mon regard d'elle pour venir poser mes yeux sur cette photo de Joshua Young. Et, je l'avoue, ma curiosité est piquée au vif.
La main que je me passe sur le visage ne m'aide pas vraiment à peser les pours et les contres. Accepter cette affaire, c'est accepter une nouvelle vie le temps de la procédure. Salt Lake City est à des milliers de kilomètres de New York et cela implique énormément de choses ; un déménagement temporaire, un nouvel environnement, de nouvelles habitudes. Je sais déjà, au vu du contexte, que ce ne sera pas une affaire simple. Loin de là. De plus, j'ai confiance en Mia. Si elle est convaincue que ce n'est pas si simple, c'est que ça ne l'est pas. Suis-je prêt à chambouler tout mon équilibre pour cette affaire ? Il ne s'agit pas que de moi. Il s'agit aussi de mon amie, qui me demande de l'aide, et de ce type qui, semble-t-il, a commis l'horreur. Et s'il n'était pas qu'un simple timbré, comme les journaux se plaisent déjà à le qualifier ?
Je cède.
— Envoie-moi tout ce que tu as sur l'affaire ; ça me fera de la lecture le temps du vol.
* * *
Je suis arrivé à Salt Lake City en milieu d'après-midi. Après l'appel de Mia et un bref topo à mon assistante, j'ai filé dans mon appartement de Manhattan et ai balancé quelques affaires et quelques costumes dans une énorme valise qui, deux heures plus tard à peine, se baladait sur les tapis de l'aéroport Kennedy afin d'être chargée dans la soute d'un Boeing. Désormais, je suis installé sur le siège passager de la voiture de Mia qui, en bonne hôte temporaire, s'est chargée de me récupérer et me conduit désormais au poste de police.
— Tu as pu lire tout ce que je t'ai envoyé ?
Nous n'avions pas reparlé de l'affaire depuis mon arrivée. Lorsque j'ai posé le pied dans l'Utah et me suis retrouvé face à elle dans le hall de l'aéroport, j'étais à mille lieues de penser à Young. Tout ce que je voyais, c'était cette amie splendide perdue de vue depuis trop longtemps. Je l'ai serrée dans mes bras et l'ai chatouillée, comme à l'époque de la fac, et nous avons pris ensemble le chemin de son logement. Je n'y logerai que le temps de me trouver un nouveau chez moi, conscient que payer mon loyer ici ainsi que celui de mon appartement à New-York va me coûter un bras.
— Oui.
Je reste évasif, peu sûr de savoir quoi dire. Je sais que ce type ne compte pas pour Mia, qu'il n'était que de passage dans sa vie, mais je ne veux pas risquer de la froisser - ou de remettre en doute son intuition. La mienne, cela dit, ne va pour l'heure pas dans son sens mais je sais que mon opinion est biaisée par les discours haineux des médias. Que ce soient les médias papier, en ligne, la radio ou la presse locale, tous qualifient désormais Joshua Young de Mormon Butcher*.
— Tu savais qu'il était mormon ?
— Tu connais les penchants religieux de toutes tes aventures ?
Sa question n'a rien d'hostile. Elle ne me reproche rien. En revanche, elle me fait bien comprendre à quel point la mienne est ridicule. Bien sûr qu'elle ne le savait pas. Ce n'est pas comme si c'était marqué sur le front des gens.
— Désolé, dis-je. C'était stupide.
— En effet.
Mon attaché-case à la main, dans le silence de l'habitacle, j'observe mon reflet dans le miroir du pare-soleil. Mes cheveux sont propres mais indisciplinés. Et cette allure rebelle n'est clairement pas contrebalancée, même accentuée, par la chemise au col ouvert que je porte sous ma veste de costume. La tenue de rigueur c'est le costume cravate mais, spoiler alert, je n'ai jamais aimé ça. Et je me fiche de l'impression que je peux donner même si je sais déjà que, dès l'instant où je poserai le pied dans le hall du commissariat, je ne passerai pas inaperçue. Les flics sont toujours surpris de croiser un type comme moi ; j'ai, d'après-eux, plus l'allure du bandit que de l'avocat - ou du mannequin des magazines.
— Je ne sais pas grand chose de lui, me dit Mia en stoppant sa voiture sur le parking. Mais le garçon que j'ai rencontré n'avait rien d'un psychopathe.
Elle me parle des quelques soirs où elle s'est envoyée en l'air avec lui. Toutefois, en ce qui me concerne, ce n'est pas ça qui m'intéresse.
— Il était comment quand tu l'as vu après son arrestation ?
— Je ne saurais pas le décrire, admet-elle. Il n'a pas décroché un mot. Il avait l'air... résigné, dans sa bulle.
J'ai déjà eu affaire à ce genre de cas. Coupables ou pas du crime pour lequel elles sont jetées en cellule, certaines personnes se terrent dans le mutisme. C'est souvent un mécanisme de défense, plus qu'un moyen de faire chier le flic qui les interroge.
— Les premiers interrogatoires, ça disait quoi ?
— Rien d'exploitable ; si ce n'est qu'il a avoué avoir tué son père.
Je comprends bien vite qu'elle ne m'en dira pas plus car elle ne sait rien. Ce qui, visiblement, est également le cas de la police. Ses dires concordent avec ce que j'ai pu lire dans la presse : à part des aveux, ils n'ont rien obtenu de lui. Personne n'est même en mesure d'esquisser un mobile. Pourtant, comme dans tout crime, il y en a forcément un.
Et je compte bien le découvrir.
* * *
Le couloir qui mène aux cellules ainsi qu'à la salle de l'interrogatoire empeste le tabac et le café. À croire que ces imbéciles de flics, qui m'ont regardé les yeux grand écarquillés lorsque j'ai débarqué, prennent leur pause ici plutôt qu'à l'extérieur comme des gens normalement constitués.
— Maître Pearse vous a briefé sur le dossier ?
— Oui. Je suis au clair sur la situation.
Il me prend pour qui, au juste ? Serais-je assez idiot pour plonger dans une telle affaire tête baissée ? J'esquisse une grimace, agacé par la main du capitaine que je sens au creux de mon dos tandis qu'il m'incite à avancer vers une salle d'entrevue. Il m'en ouvre la porte et il ne me faut pas plus de quelques secondes pour repérer mon client. Ses yeux, bleu clairs, sont braqués sur la table à laquelle il est menotté. Il triture nerveusement ses ongles entre eux, comme s'il cherchait à retirer la crasse qui s'y est incrustée. À en juger par un simple coup d'oeil, à l'instant où je m'installe sur la chaise qui m'est réservée, je comprends bien vite qu'il ne s'agit pas de saleté mais de sang.
— Young, ton avocat est là.
Ledit Young sursaute et finit par relever la tête. Je le fixe sans ciller, ne perdant pas une miette de ses réactions. J'ai besoin de ça pour me forger ma propre opinion, obtenir mes premières impressions. La manière dont il braque son regard sur le capitaine m'indique clairement qu'il ne m'a pas remarqué. Je décide de ne pas me manifester, attendant de voir comment il se comporte, et profite de ce moment pour le détailler brièvement : cheveux gras, yeux bleus, visage fin et dessiné, corps sculpté. Ses bras sont longs et ses mains larges, signe qu'il doit être assez grand. Un mètre quatre-vingt-dix ? Peut-être un peu moins.
— Ton avocat, lui répète le capitaine.
Deux iris couleur ciel finissent par se poser sur moi. Et je ne sais pas quoi en penser. Il me regarde comme s'il ne me voyait pas, comme si je n'étais pas vraiment là. Son visage est fermé et dénué d'émotions, naturellement pâle, tout comme l'est son regard d'ailleurs. Ses lèvres fines sont pincées, comme s'il était bien décidé à ne pas ouvrir la bouche pour parler. Toutefois, sa carrure et son allure lui donnent l'air déterminé. Cette ambivalence entre détermination et perdition, force et fragilité, est assez troublante.
— Vous pouvez nous laisser, capitaine ?
Je m'agace, cependant poliment, estimant qu'il met beaucoup trop de temps à refermer cette foutue porte. Je veux qu'il dégage. Et qu'il me laisse faire mon boulot. Je ne manque pas d'entendre, même s'il se croyait discret, le « petit con » qu'il marmonne avant de refermer la porte.
— Gros con.
Je le fais exprès. Déjà, car sa gueule ne me revient pas mais, aussi, car c'est une manière d'avoir l'air détaché. Je ne veux pas que Joshua Young pense que, d'une manière ou d'une autre, je puisse être de leur côté. Le petit gloussement que j'entends, discret, m'indique que ça vient de fonctionner.
— Tu veux bien me dire comment tu t'appelles ?
Ça pourrait sembler risqué, ce tutoiement direct et cette manière de lui parler, mais j'aime prendre des risques. Nous avons presque le même âge. J'ai envie de jouer sur ça. Et j'esquisse un sourire, face à sa perspicacité, lorsque son regard glisse de mon visage au dossier déposé devant moi sur la table. Il revient ensuite m'interroger du regard.
— Je ne l'ai pas lu.
Ce n'est pas vraiment un mensonge. On m'a briefé, mais je n'ai pas ouvert ces pages. Elle ne m'auraient rien apporté de plus que ce que je sais déjà, car rien de nouveau n'est venu s'y ajouter depuis son arrestation et son interrogatoire en présence de Mia.
— Joshua.
— Preston.
Il hoche la tête pour me montrer qu'il m'a entendu. Je soutiens son regard. Et je comprends bien vite qu'un concours d'égo est en train de s'instaurer entre nous. C'est à celui qui baissera les yeux en premier et je sais pourquoi. C'est sa manière de savoir si j'ai suffisamment de cran ; si je baisse les yeux, c'est qu'il m'impressionne ; si je soutiens son regard, c'est que je ne le crains pas et qu'il peut me faire confiance. J'esquisse un sourire face à son air impassible et finis par le questionner :
— On m'a dit que tu as tué ton père ?
Nos regards ne se lâchent pas. Aucun de nous deux ne cille. Cela dit, je vois sa pomme d'Adam remonter dans sa gorge lorsqu'il se retrouve à déglutir difficilement sa propre salive. Un frisson me remonte la nuque.
— Ouais, avoue-t-il.
Je le sens nerveux. C'est presque palpable. En ce qui me concerne, je suis plus calme que jamais. Je me suis déjà retrouvé dans ce genre de situation avec, sincèrement, des types bien plus impressionnants que lui. Je n'ai jamais cillé. Je n'ai jamais failli. Et si je sais que je n'ai pas le CV des plus grands avocats pénalistes de notre pays, que je suis encore jeune, je sais que je suis doué. Si ce n'était pas le cas, Mia ne m'aurait pas appelé.
— Pourquoi ?
C'est ce que j'ai besoin de savoir mais je ne suis pas un idiot. Je ne sortirai pas d'ici avec un mobile clair et établi. Cela ne fait que cinq minutes que je suis ici et, pourtant, j'ai déjà cerné quelque chose chez lui. Une intuition, sur laquelle je ne parviens pas encore à mettre de mots, qui me laisse penser que cette histoire est bien plus complexe qu'elle n'y parait. Face à moi, je n'ai pas un jeune homme qui a pété un câble et s'est acharné sur son père simplement pour le plaisir de tuer ou victime d'une crise de folie. C'est bien plus complexe. Bien plus secret et personnel. Si cela ne l'était pas, il ne soutiendrait pas mon regard en cherchant à savoir s'il peut, oui ou non, me faire confiance. Car de la confiance découle forcément des aveux, souvent douloureux, sur lesquels il est difficile de mettre des mots.
— Parce qu'il le méritait.
C'est à cet instant qu'une lueur passe dans ses yeux. Elle me rappelle celle de Miles dans ces moments où, parfois, il s'égarait longtemps dans des pensées qu'il ne m'a jamais dévoilées. À croire qu'il y a bien plus d'êtres mystérieux sur cette Terre qu'on ne l'imagine. Son souvenir, qui s'abat sur moi au pire moment, me procure une telle sensation que je suis obligé de détourner le regard.
Et je me sens comme un con, lorsque je réalise que j'ai perdu ce petit jeu et que je n'obtiendrai rien de plus de Joshua Young ce soir lorsqu'il se renfrogne sur sa chaise et revient fixer ses ongles incrustés de sang.
___
* Boucher Mormon
On retrouve Preston après l'avoir découvert dans le préambule. Vos avis ?
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