Jeudi 27 avril
10h42

J'ai toujours cru que mon anniversaire était le seul jour parfait de l'année.
Comme si, parce que j'étais née 15 ans auparavant, tout le monde allait enfin, rien que pour une journée, être gentil avec moi.

Je pensais qu'il était possible qu'une fois dans ma vie je ne pleure pas à la fin de la journée. Toute la journée, j'ai repoussé mes larmes.
J'ai mis ça sur le compte de la fatigue, des cours, du stress, de la vie.
J'ai écarté l'hypothèse de la déception, la tristesse et le sentiment d'abandon.

Un jour où tout le monde faisait attention à moi, j'avais l'impression d'être plus seule que jamais.
Et c'est à ce moment précis que j'ai réalisé.
J'ai réalisé que tout était différent si l'on changeait de point de vue.
Pour tous les autres, il ne s'agissait pas de ma journée. Pour eux c'était juste une journée.
Une parmi tant d'autres. Exactement comme moi.
Je n'étais qu'une fille parmi tant d'autres. 

Même si j'étais toujours triste, qu'en avaient-ils à faire ?
Je n'étais pas eux. Tant qu'eux souriaient, je n'avais qu'à me forcer pour leur faire croire qu'il s'agissait également de mes sentiments.
Et le jour où j'ai cessé de faire semblant, j'ai vu la déception sur leur visages.

"Pourquoi n'es-tu pas comme d'habitude ?"
J'ai toujours été comme ça.
Mais vous êtes aveugles.

"Allez, demain tout ira mieux." Vous êtes tous aveugles.
Ça n'ira jamais mieux.
Rien n'ira mieux.
Apprenez juste à mieux me connaître.
Ou alors tout est de ma faute ?

Si je n'avais jamais commencé à jouer, tout serait-il différent ?