Hey, Potter !
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Drago Malefoy regardait avec un pincement au cœur l'immense étendue blanche qui s'offrait à lui. Il s'était habitué au calme de l'Antarctique et à ses froides températures. Même s'il se sentait parfois seul, il appréciait de ne plus sentir les regards insistants et mauvais des sorciers qui le connaissaient.
Après la guerre, tout avait changé. Personne ne l'avait jamais aimé, mais ce fut à ce moment-là qu'ils avaient montré réellement leur haine. Il se souvint que Poudlard était devenu un vrai cauchemar pour l'adolescent de dix-sept ans qu'il était. Sa huitième année terminée, il s'était dépêché de quitter le pays. Le continent, même.
Il avait désormais vingt-et-un ans et se sentait enfin prêt à retourner à la civilisation. Il retournerait au manoir Malefoy, désormais froid de toute présence, ses parents ayant disparu du monde sorcier après la guerre, ne pouvant plus aller quelque part sans recevoir des remarques haineuses - qui allaient parfois même plus loin-. Bah, il ne les voyait déjà pas beaucoup enfant, ça ne le changerait pas beaucoup. Il espérait seulement que le monde magique n'avait pas trop changé depuis qu'il était parti.
Il inspira un grand coup l'air glacial et transplana dans un ample mouvement de cape.
Il arriva, nauséeux face à son ancienne maison, si on pouvait l'appeler ainsi. Sans surprise, les immondes graffitis insultant la famille Malefoy n'avaient pas disparu depuis son départ. Il soupira, se promettant de les effacer à coups de baguette magique d'ici demain.
Sans un bruit, déjà las et regrettant presque d'être revenu, il défit les sorts entourant le manoir et entra.
Le bruit de ses bottes, couvertes de neige fondue, résonnait dans le sombre couloir qu'il empruntait. C'était le seul son qu'il entendait. Même les cris de haine s'étaient tus, envolés lorsqu'il était parti. Il n'aurait jamais cru qu'il aurait fallu un peu de distance pour les décourager.
Il avait l'impression d'être entouré d'un sort de silence. Très efficace, mais oppressant.
Il aurait pu accuser le changement de pression qui lui bouchait les oreilles, mais il savait que ce n'était pas ça. Il avait juste, comme ses paternels, disparu du monde sorcier. Plus personne ne se souciait de lui.
Il tourna à gauche.
Clac, clac.
Il entra dans la cuisine, toussant à cause de la poussière. Il ouvrit les fenêtres pour faire entrer plus de lumière, mais ce ne fut pas seulement les rayons de soleil qui emplirent sa salle à manger. Des dizaines, des centaines de hiboux, lâchèrent des lettres, des journaux, des milliers de papiers dans sa cuisine. Sa table n'était plus une table. C'était une masse mouvante de paperasse.
Les volatiles repartirent d'où ils venaient aussi vite qu'ils étaient apparus et Drago soupira en regardant sa "table". Il résista à l'envie de tout faire flamber d'un Incendio et dégagea un paquet de lettres d'une chaise pour pouvoir s'assoir. Il entreprit de lire tout ce qui était arrivé depuis qu'il était parti.
Il avisa une lettre à l'enveloppe un peu jaunie, humide, et décida de commencer sa lecture ici.
L'écriture qui indiquait son adresse et son nom était légèrement brouillée, renforçant l'étrange impression d'humidité. Il ouvrit la lettre en fronçant le nez face à l'odeur de renfermé qui lui parvint.
05/07/1999
Cher Drago, ton année à Poudlard est désormais terminée. Nous avons dû nous absenter, comme tu le sais, pour certaines raisons. Pourrais-tu nous retrouver le 12 à notre café préféré, celui de Vladim ? Confirme-nous ta présence.
A bientôt,
Naïaa Morticia et son frère Léopold.
Le blond se passa nerveusement la main dans les cheveux, le seul tic nerveux dont son père n'avait pas réussi à se débarrasser. Bien sûr, il avait fallu qu'il tombe sur une lettre de ses géniteurs en premier, ça aurait été trop beau sinon. Il reconnaissait l'écriture élégante de Narcissa Malefoy et tous ses sous-entendus. Le "café de Vladim" n'était rien d'autre que le sinistre endroit où se réunissaient tous les Mangemorts avant la défaite, pour discuter de leurs prochaines victimes.
Il s'était promis de ne plus jamais retourner là-bas.
Il froissa l'enveloppe et la fit disparaître d'un coup de baguette avant de continuer à regarder les lettres qu'il avait reçues.
A la cinquième lettre de sa mère, il claqua sa langue d'énervement et se décida à trier. Il lança un sort informulé qui illumina toutes les enveloppes de ses parents d'une couleur verte. Il les déplaça toutes dans un coin et prit la Gazette du Sorcier, à laquelle il avait oublié de se désabonner en partant.
Les gros titres n'avaient pas changé. Toujours un "Harry Potter au banquet de monsieur Untel" "Harry Potter, une enfance mouvementée" "Harry Potter dit tout de sa relation avec Ginny Weasley".
Ce dernier titre le fit particulièrement grimacer et il jeta l'hebdomadaire violemment. Il soupira en voyant son comportement puéril. Dès que Potter était concerné de toute façon, il ne pouvait s'empêcher de se laisser déborder par les émotions, d'agir sur un coup de tête comme un Gryffondor stupide.
Non, se corrigea-t-il. Comme un Gryffondor. Les Gryffondors sont, par nature, stupides.
Il se souvint de toutes les fois où son ennemi avait failli mourir à cause de sa bêtise. Il secoua la tête pour chasser ces pensées douloureuses, et une lettre attira son attention.
Elle était extraordinairement banale. Tandis que celles de ses paternels étaient illuminées de vert ainsi que défraichies, et que celles contenant des commentaires haineux étaient toutes des Beuglantes, la frêle enveloppe blanche attirait l'œil.
Il l'ouvrit.
Tu sais, Malefoy, je ne t'ai jamais vraiment détesté. Je sais que tu es parti vivre ailleurs, changer d'air comme je m'apprête à le faire, et c'est sûrement ça qui me donne le courage, aujourd'hui enfin, de te dire ces mots.
Je ne t'ai jamais haï.
Chaque jour qui passe, je regrette de ne pas t'avoir serré la main chez madame Guipure. Tu as eu l'air si...triste après.
Je me fais sûrement des idées, tu es Malefoy après tout. Mais, au fil des années, j'ai eu le plaisir, la chance d'apprendre à mieux te connaître. Je sais que tu es, au fond de toi, un type bien, Malefoy.
Contrairement à moi.
Toute cette guerre, ces horreurs que j'ai vécues, que nous avons dû affronter, m'ont épuisé. Je suis mort au fond de moi, Malefoy. Dès qu'une mère me remercie en sanglotant d'avoir sauvé son enfant, je vois celles qui pleurent toujours parce que j'ai échoué. Qu'ils sont morts.
Le Ministère ment, Malefoy. Il dit que je suis le Survivant, celui qui a vaincu Voldemort, l'Elu, ou que sais-je encore. Mais la vérité, c'est que je ne suis qu'un bébé qui a perdu ses parents et que personne n'a protégé.
Ce petit bébé a grandi dans une famille moldue qui le maltraitait, le rendait misérable. Puis, il est arrivé à Poudlard et il a cru qu'il était sauvé. Définitivement, non. C'était lui le Sauveur. C'était lui qui devait affronter chaque année un mage noir surpuissant, c'était lui qui devait se sacrifier, qui devait porter le poids du monde sur ses épaules.
J'avais 11, non, 1 an, Malefoy et ma vie était déjà détruite.
J'ai décidé de partir. Mes valises sont prêtes pour la Nouvelle-Zélande. Personne n'est au courant...sauf toi, mais tu ne le sais pas encore.
Et voilà, j'ai encore tout ramené à moi. Je devais te dire que, quoi qu'en disent les autres, tu es un des sorciers les plus courageux que j'ai jamais rencontré, mais je parle encore de moi. Désolé.
On aurait pu être amis, Malefoy. Dans une autre vie.
La lettre n'était pas signée, mais ce n'était pas la peine. Drago avait reconnu l'écriture de ce satané Potter avant même de lire. Lui qui se moquait de ces tracés brouillons, parfois illisibles, sentit malgré tout son cœur se réchauffer inexplicablement.
Il laissa échapper des larmes à mesure qu'il lisait. Silencieusement, comme d'habitude, mais tout son être criait de souffrance. Comme Potter.
Il le savait, ils se ressemblaient. Il n'offrait pas sa haine à n'importe quel idiot. Lui aussi avait dû suivre des choix qu'il n'avait pas voulu. Lui aussi avait rencontré la mort. Lui aussi avait perdu une partie, voire toute son enfance dans cette misérable guéguerre.
Mais que Potter, que LE Potter souffre, il ne pouvait le supporter. Lui, il était un Malefoy, c'était la voie qu'il avait choisie, même à contrecœur. Mais Potter n'avait eu aucun droit de refus. Drago serait mort s'il avait refusé la Marque, mais Potter n'aurait même pas eu le droit à ça s'il avait dit non.
Prise d'une impulsion soudaine, il se leva et attrapa son manteau. La Nouvelle-Zélande, avait dit Potter ? Très bien, il y serait.
Il disparut dans un froissement de cape, sans s'occuper de verrouiller le manoir, ranger la table, ou même fermer les fenêtres.
***
Drago regardait avec agacement le paysage face à lui. Satané Potter. Satané lui. La Nouvelle-Zélande, d'accord. Mais où ?
Il souffla et serra plus fort la lettre dans sa main, la relisant une énième fois. Il eut soudainement une idée et se morigéna de ne pas y avoir pensé plus tôt, préoccupé par le brun qui, encore une fois, faisait n'importe quoi. Non mais quelle idée avait-il eu de partir sans lui !
L'ex-Serpentard se figea à cette pensée. Oui, Potter avait dit qu'ils auraient pu être amis, mais que lui veuille aller quelque part avec le Gryffondor le choquait profondément. De toute façon, tout avait toujours été bizarre avec Potter.
Il décida de ne pas s'attarder plus longtemps et lança un bref "Avensegium" sur la lettre. Trois ans que le brun à lunettes se morfondait, il n'y avait plus de temps à perdre.
Le papier froissé se déplia et ses deux bords frémirent. Les mouvements se firent ensuite plus amples, et la feuille décolla. Elle tourna un instant, comme indécise quant-à la direction à prendre, puis partie vers le nord en direction des montagnes grises.
- Génial, il avait fallu qu'il choisisse le coin le plus pentu.
Il suivit malgré tout la lettre, un léger sourire sur le visage et le cœur battant d'impatience.
Il marcha longtemps, trop longtemps pour ses pauvres chaussures, désormais irrécupérables. Il se promit que Potter lui en rachèterait des neuves. Même s'il était fauché, même s'il ne lui avait pas demandé de venir.
Puis il se dit qu'il userait toutes les chaussures du monde si c'était pour aider Potter. Et il se frappa la joue l'instant d'après. Etait-il devenu fou ?
Il accusa la fatigue. Deux transplanages en moins d'une heure, ça crevait. Alors s'il devait marcher en plus... Marcher !
Et il reprit ses grognements contre le Gryffondor, mais sans lâcher un instant la feuille des yeux. Après ce qui lui sembla des heures à arpenter le même paysage monotone, il s'arrêta brusquement - enfin autant qu'il le pouvait vu l'allure de mapinguari* à laquelle il avançait -, le souffle soudainement coupé face au minuscule chalet face à lui.
Il n'avait rien de spécial, pourtant. Il était fait en bois, comme tous les chalets, avec un petit balcon comme tous les chalets, et une cheminée comme tous les chalets.
Mais c'était le chalet de Potter.
Et ça changeait tout.
Oubliant la fatigue qui l'accablait, il marcha plus vite, allant même jusqu'à courir alors qu'un Malefoy ne courait jamais.
Mais à cet instant, il s'en fichait.
Il ouvrit avec force la porte, et s'en étonna. Pourquoi n'était-elle pas fermée ?
Ce qu'il ne savait pas c'est qu'elle était fermée mais que, dans son excitation, il avait tout simplement cassé le loquet.
Il trottina dans les couloirs tapissés de la petite maison, désespérant de ne pas trouver celui pour qui il aurait tout sacrifié, même sa vie.
Il arriva dans une cuisine exigüe, où une forme dormait dans un fauteuil, chaudement enroulée dans un pled.
Potter.
Drago ne s'aperçut même pas qu'il avait parlé à voix haute.
Le brun était là. Il avait réussi à le retrouver. Il lui dirait tout. Tout ce qu'il avait vécu depuis son départ, tout ce qu'il n'avait jamais dit à personne, tout ce qu'il mourait d'envie de lui dire. La vérité. Les sentiments qu'il avait à son égard et dont il s'était aperçu l'existence aujourd'hui, aussi.
Le Gryffondor gémit dans son sommeil, en proie à un mauvais cauchemar. Drago se précipita vers lui et le secoua doucement par l'épaule.
Quand le regard vague du brun se fit plus net et que la peur disparut de ses pupilles, le Serpentard ne put retenir un vrai sourire. Un de ceux qu'il n'avait pas faits depuis très, très longtemps.
- Malefoy, souffla Harry. Tu es venu.
Le sourire jusqu'aux oreilles qu'affichait le Gryffondor alors que le blond venait juste d'entrer chez lui par effraction, qu'il ne l'avait pas vu depuis trois ans et qu'ils s'étaient quittés en ennemis était tout simplement magique et Drago ne put empêcher son cœur de faire des cabrioles.
Il prit soudainement conscience qu'il avait toujours la main sur l'épaule de Potter. Il ne la retira pas.
Il se racla la gorge et tenta de réprimer sa joie lorsqu'il parla.
- Hey, Potter !
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