Chapitre 2
Partout autour de lui, le jeune homme endormi pouvait sentir une sorte d'agitation. Des murmures, des bruits de verres qui s'entrechoquent, des gloussements... Tout ces bruits qui lui rappelait sa maison pleine de vie, où il s'amusait avec sa famille, s'entrainait avec leurs hommes de main et...
BOOM !
- Mais sérieux ! Tu pourrais faire gaffe !- C'est bon, ça fait cinq jours qu'il est comme ça, il va pas se réveiller tout de suite. grommela une voix grave toute proche de lui.- Ça suffit vous tous, dehors, gronda une autre bien plus imposante.
Cette voix amena un calme plat et apaisant dans la pièce, éloignant ses bruits beaucoup trop précis à son oreille.
- Désolé, l'entendit-il dire alors qu'il le devinait ramasser les débris ou ce qui était tombé un peu plus tôt. Ils sont curieux et ne savent pas se tenir. Mais tu dors depuis longtemps, alors ils se posent beaucoup de questions. J'avais pourtant interdit qu'on entre ici pour te laisser te reposer.
La voix était calme, profonde et grave. Aucune fausse note, aucune intention cachée dans cette voix. Son cœur semblait suivre l'écho et le rythme qu'elle imposait en lui, comme un tempo lent d'une berceuse pour endormir un enfant. La situation avait quelque chose de drolatique. Lui, un Prince Noir, dernier survivant d'une famille puissante, gisait dans un lit inconnu avec une voix qui l'apaisait dont il ne connaissait ni le propriétaire, ni son apparence. Encore moins son origine. Était-il un allié ? Un ennemi ? Un innocent un peu débile d'avoir ramassé un corps dans l'eau ? Qui que ça pouvait être, sa voix ne raisonnait pas comme mesquine ou ne trahissait aucune mauvaise intention envers lui. Mais quoi que cette voix lui dise, il appréciait l'intention de lui créer un environnement calme pour tenter de se réveiller. Mais ça, il n'y arrivait pas. Il voulait voir cette personne pour au moins la remercier, mais son corps et son esprit semblaient s'être ligués contre lui en lui refusant le réveil.
- Le médecin a dit que tu avais échappé de peu à la mort. Je ne sais pas ce qu'il c'est passé, mais c'est une chance que ce soit moi qui t'ai trouvé.
Puis, la voix se fit plus intime, plus proche au point de se glisser dans le creux de son oreille et lui murmurer :
- Rassure toi, je ne t'ai pas pris ce que tu tenais dans tes mains. Je te l'ai laissé et personne n'y a touché.
Alliant le geste à la parole, la personne toucha un endroit où était caché le seul objet le reliant à sa famille. Ce geste, bien que très simple, avait toute son importance aux yeux du patient endormi. Son coeur se contracta dans sa poitrine, il sentit des larmes quitter ses yeux pour glisser le long de ses tempes.
- Hey ! Tu pleurs ? Tu m'entends ? s'exclama la voix sans trop augmenter. Je m'occupe de toi, ne t'en fais pas. Y a que le médecin qui vient trois fois par jour pour voir comment tu vas et je l'aide à changer tes bandages ainsi que te filer à manger. On est obligé de faire par intraveineuses, mais quand tu pourras bouger, je continuerais. Promis.
Pourquoi cette voix lui promettait-elle de prendre soin de lui ? Pourquoi faisait-elle ça pour lui ? Lui qui avait été trahis et qui était le dernier de sa ligné. Lui qui, malgré toute la sincérité qu'il avait put y mettre, avait fini par tout perdre et voir ses proches dans un état pire que ce que l'enfer pouvait leur proposer comme fin.
Les larmes coulèrent dans un flot sans interruption.
- Hey, murmura la voix, caressant ses tempes. Pleurs pas, tout ira bien. Tu veux que je te parles de moi ? Bon alors...
- Jeune Maître ! s'exclama une voix au dehors.
- Ça sera pas pour tout de suite, gronda la voix visiblement déçue.
- Jeune Maître !
- Tais toi. J'ai déjà dit que je ne voulais personne ici et qu'on se taise. Dehors.
- Mais je-
- Dehors. Ne m'oblige pas à me répéter. fit la voix plus autoritaire.
Une dernière caresse sur le visage de l'endormi et le vide se fit dans la pièce, le laissant dans un calme assourdissant et dans un désir bien étrange de vouloir entendre cette voix pour faire fuir ses cauchemars et sa douleur persistante.
Reviens.
[...]
- J'avais pourtant ordonné à ce que PERSONNE n'entre dans cette chambre et que personne n'y parle ! s'exclama un jeune homme furieux.
- Dé-Désolé jeune maître.
- On était curieux...
- Rien à foutre ! gronda le jeune homme. Un ordre est un ordre. Si vous n'êtes pas foutu de le comprendre et de l'exécuter, vous n'avez rien à faire ici. C'est compris ?!
Les têtes hochèrent, mais lui restait en colère. C'était surtout beaucoup de questions dans son esprit, plus que de la véritable colère. Pourquoi le patient pleurait-il ? Que c'était-il passé pour qu'il en soit arrivé là ? Avait-il fait quelque chose de mal ? Il avait vu le paterne du bijou qu'il portait sur son doigt, mais ne le reconnaissait pas. Quant à l'objet précieux qu'il tenait caché contre lui, le jeune homme n'y avait pas touché. Plus par instinct et respect que par curiosité, il s'était juré de ne pas y toucher, peu importait l'origine de celui qui se trouvait dans sa chambre actuellement depuis presque une semaine.
- Sortez, souffla le père en agitant mollement sa main. Tout le monde dehors.
- À vos ordres patron.
Le bureau se vida très vite, ne laissant que le père et sa famille pour une réunion plus intime.
- Phi, comment il va ?
- Il a pleuré.
- Hein ?
- Je lui ai dit quelque chose et il s'est mit à pleurer.
- Qu'est-ce que tu lui a dit encore ? souffla une jeune femme.
- Rien qui ne te concerne Talia.
La jeune femme lui tira la langue et fit la moue.
- Suffit vous deux, s'amusa la mère en tapotant sur la main de sa fille.
- Si il a pleuré, ça sous entendrait qu'il commence à émerger, marmonna un des deux garçons présent dans la salle.
- C'est ce que je me suis dit aussi. Mais juste après, c'était comme si ses larmes ne voulaient plus s'arrêter de couler. répondit le premier, l'air triste. Pa', qu'est-ce que ça a donné ?
- Je sais de qui ça vient. Mais les nouvelles ne sont pas bonnes.
- Pourquoi ?
- Ils ont été tous tué il y a quelques jours. Il ne reste plus rien. Je crois que celui que tu as trouvé est Gun, le dernier Prince Noir du pays.
L'annonce frappa comme un orage. Brut, sec et qui laissait aucune place à la parole.
- Tu... Tu en es sûr ?
- Oui, j'ai déjà rencontré leur clan il y a quelques années de ça. Ils avaient une fille et un fils. Leur fils est quelqu'un de très dur en affaires, c'est le successeur d'un empire très prometteur.
- Pourquoi ont-ils été tué ?
- Je n'en ai aucune idée.
- Est-ce que c'est ce qu'on a vu à la télé ? demanda la jeune femme.
- Oui.
- Oh mon dieu... soufflèrent les deux femmes, les mains devant la bouche, yeux écarquillés par l'horreur.
- Jumpol.
- Pa' ?
- Tu es responsable de sa sécurité maintenant. Tu dois faire très attention. lui dit son père, le regard sérieux.
- Tu peux compter sur moi.
- Si c'est un Prince, tenta le plus jeune des quatre enfants. Pourquoi il est tout seul ?
- Karvin. Je pense qu'il vaut mieux ne pas en parler. fit sa mère.
- D'accord.
- Pa'.
- Hm ?
- Je réitère mon ordre : personne, hormis moi et le doc, n'a le droit d'entrer dans la chambre ni de faire du bruit dans les alentours. Le bruit semble le stresser plus qu'autre chose et si c'est bien celui que tu dis, alors je peux comprendre qu'avec tout ce qu'il a traversé, il soit encore secoué.
- Je ferais passer l'ordre, ne t'en fait pas. Tu peux y aller.
Le jeune homme salua ses parents puis quitta le bureau, laissant le reste de sa famille perplexe et dans le questionnement.
- Pa'.
- Je ne sais pas non plus. Mais ils vont le chercher.
- Nous devons le cacher.
- Phi ne pourra pas le protéger indéfiniment.
- Nous ferons ce qui est possible pour le garder en sécurité et en vie. Quand il sera rétablie, il partira.
L'ombre quitta le mur contre lequel il se tenait, le visage assombri.
[...]
Les jours passèrent sans que le Prince ne se réveil, mais le mafieux pouvait voir des progrès à mesure qu'il lui parlait. Tous les jours, il restait avec lui pour le laver, le changer, retirer ses bandages et le nourrir. Ils avaient enfin retiré les cathéters de ses bras. Cependant, toujours aucun signe de réveil de sa part.
Un soir, l'aîné de la famille entra dans la chambre et trouva deux hommes à l'intérieur, penchés au dessus du patient. Il sorti son flingue de son holster, l'arma et le pointa sur la nuque d'un des hommes.
- J'avais pourtant dit que je ne voulais personne dans cette chambre ni aux alentours. Qu'est-ce que vous foutez ici ?
- Ah B-Boss, on... on était curieux de savoir si il était réveillé.
- Qu'est-ce que ça peut vous foutre ?
- Bah... comme y a de l'agitation dehors, on-
- Mais qu'est-ce que ça peut vous foutre ? Je vous emmerde ! Sortez d'ici avant que je ne vous colle une balle chacun.
- Vous... Vous oseriez pas...
Le mafieux retira la sécurité.
Les deux hommes, pris de panique, déguerpirent rapidement sans demander leur reste. Il referma la porte en y ajoutant un loquet cette fois pour s'assurer d'avoir la paix. Il alla déposer son plateau repas sur une petite table et revint vers le lit.
- Désolé, Nong. Je ferais plus attention la prochaine fois.
Il rajusta la couverture, dégagea quelques mèches du front lisse du jeune homme endormi, puis il s'installa pour manger son repas tranquillement. Quelques coups furent portés à la porte, le faisant gronder.
- Quoi ?
- Ils sont là. On doit le bouger de place, déclara son frère.
- Merde. Aide moi, on doit le planquer sous la chambre. Combien de temps on a ?
- Pas beaucoup.
- Vite alors.
Les deux hommes se précipitèrent vers le lit, l'aîné souleva l'endormi tandis que son frère repoussa le lit, faisant grincer les pieds qui raclèrent le sol.
- Fais moins de bruit bordel.
- Je voudrais bien t'y voir toi !
- Je suis déjà pris, j'ai une Princesse dans les bras. Allez, magne toi !
En moins d'une vingtaine de minutes, ils réussirent à mettre le jeune homme dans une des caves secrètes sous le sol de la chambre et arranger la chambre de façon à ce que tout passe comme une scène intime entre deux frères partageant des moments relaxant.
Quand des bruits retentirent partout dans le domaine, ils se jetèrent des regards stressés. Ils ne devaient pas le trouver et lui n'avait pas intérêt à se réveiller, sans quoi ça serait un bordel monstre. Heureusement pour eux, il n'était plus sous monitoring, donc ça leur enlevait une épine du pieds. Les machines ne feraient ainsi pas le moindre bruit et ils pouvaient être plus rassurés de ce côté-là, mais...
- Fouillez partout ! Trouvez-le ! Ce chien doit bien être quelque part !
Des hommes parcoururent le domaine, fouillant la moindre pièce, détruisant tout sur leur passage, se moquant bien de ce qu'ils cassaient et du prix que ça pouvait coûter. Bien sûr les mafieux du clan protestèrent, il y avait même des bagarres, mais quand les deux frères furent découvert, les choses furent plus compliquées.
- Vous êtes qui ? gronda le plus grand des deux.
- T'occupes, on cherche quelqu'un.
- On vous a jamais appris à demander gentiment avec un "s'il vous plaît" ?
- Tu veux bien fermer ta gueule, s'il te plaît" et nous laisser faire notre travail ? lui répondit un homme.
- Non.
L'aîné dégaina son flingue et tua l'homme sur place.
L'alerte fut donnée. On cria que les mafieux avaient tué et quand l'aîné sortie, tenant le corps par le col, trainant son sang dans les couloirs de la maison, les hommes venus envahir son chez lui, le pointèrent avec leurs flingues armés.
- Tenez, c'est cadeau. dit-il en leur balançant le corps qui retomba lourdement et roula sur le sol. Je peux savoir pourquoi vous êtes chez moi ?
- B-Boss, ils...
- J'ai entendu qu'ils cherchaient quelqu'un. Mais...
Le clan sentit qu'un bain de sang allait avoir lieu.
- Il n'y a personne. On rentre, ordonna un homme en sortant de la chambre dans laquelle il se trouvait un peu plus tôt avec son frère.
- He ! Vous avez oublié ça. Remballez vos merdes. On vous demande déjà pas de payer ce que vous avez cassé chez NOUS.
- Pardon pour le dérangement. Vous deux, récupérez le.
Le corps soulevé, les hommes du gouvernement débarrassèrent le plancher aussi vite qu'ils étaient venu.
- Rangez tout ça !
Les deux frères se précipitèrent vers la chambre et dégagèrent le lit, l'aîné ouvrit la trappe bien planquée pour découvrir une paire d'yeux, braquée sur lui.
***
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