Chapitre 15

Gun vivait-il un enfer ? Sûrement.

Après l'appel de Stan, lui et Off n'avaient pas pu reparlé de ce qu'ils venaient d'apprendre.  Une attaque leur était passée dessus, blessant Exas au bras, mais tuant la douceur des trois frères qui entrèrent dans une rage si féroce que Gun avait l'impression d'avoir vu des démons être relâchés pour tout détruire. Off avait rejoint cette rage en tuant tout ceux qui passaient dans son champ de vision. 

"Protégez Gun" était tout ce qu'il entendait à travers la pluie de tire, mais lui ne voulait pas en rester là. Il s'était lancé dans la mêlé afin de faire valoir son propre rôle et de faire état de ses capacités morbides.

Assistés par un fantôme, voilà ce que ces quatre là étaient. Leurs ennemis se sentaient complètement cernés par un attaquant invisible. Étaient-ils plus nombreux que prévus ? Pourtant, il ne leur avait pas semblé, mais voilà qu'un à un, leurs hommes tombaient comme des mouches. 

- Replie ! entendirent-ils crier. 

Mais personne ne voulait les laisser avoir le moyen de prévenir les quartiers généraux qu'ils étaient ici. Ils devaient tous les tuer, tous jusqu'au dernier.

Gun, dans sa fureur, perdit le peu d'humanité qu'il lui restait, il tuait, tranchait, saigner ses ennemis comme des porcs, entendant le bruit des os se briser, des cris de douleur ou des vêtements et de la peau s'ouvrir à chacun de ses coups. Off et les trois frères suivaient ses pas. Si Gun était appelé Prince Noir, ce n'était pas pour rien.

Alors qu'il n'y avait plus personne à abattre, les quatre mafieux se tournèrent vers Gun, à genoux au dessus d'un corps qu'il poignardait sans cesse, le visage vidé d'émotion, complétement absent de la réalité, uniquement programmé à tuer et tuer encore jusqu'à l'épuisement. Il s'acharnait sur le visage de sa victime qu'il tenait par le col de la chemise, frappant de son poignard, s'éclaboussant du sang du pauvre corps déjà mort et défiguré depuis longtemps...  

Ils restèrent là à le regarder pendant un certain temps avant que Off ne s'en approche et lui attrape le poignet quand ce dernier le leva une énième fois.

- Ça suffit, murmura cette voix chaude et profonde qui s'insinua dans le brouillard de l'esprit du jeune Prince.

Réalisant enfin ce qu'il venait de faire et le carnage qui se trouvait face à lui, Gun se figea. Il leva son regard sur Off qui n'affichait rien du tout. Juste ce silence de mort qui les entourait et qui faisait face à Gun.

- J'ai fait ça... souffla-t-il comme si il n'arrivait pas à en croire lui-même et qu'il voulait se punir pour ça.
- Oui. répondit Off sans chercher à le ménager. On doit partir.
- Qui c'était ?
- Des hommes de ma famille et des gouvernementaux.
- Merde.
- On y va. Nong.

Voyant que Gun ne bougeait pas, Off se pencha en avant et le souleva sur son épaule comme si ce dernier était un sac à patates assez léger. Inerte, le jeune homme se laissa faire, tenant son couteau dans une main, regardant le sang couler de ses doigts comme si il était hypnotisé par la couleur dansante et ce côté poisseux qui l'intriguait.

Pourquoi avait-il encore cédé à cette part de lui qui demandait du sang, constament du sang ? Encore et encore, comme ci il était un esprit sanguinaire demandant sacrifice pour lui procurer toujours plus de pouvoir au point de faire de lui un dieu de la guerre et du chaos. Gun ne voulait pas ça, il n'avait jamais demandé à posséder une telle part en lui. Off n'ajoutait rien, ce qui accentuait le malaise de Gun, pendu dans son dos, balloté au grés des pas du mafieux qui parcourait la forêt rapidement, voulant s'éloigner le plus possible du lieu pour les mettre tous les cinq à l'abris. Est-ce que Stan et Alan allaient bien ? Quelle avait été la réaction de l'ancien flic quant à la découverte de Stan ? Lui en voulait-il  ? Lui pardonnait-il ? Et lui ? Gun savait que Off s'en voulait et se sentait plus que trahis par sa propre famille. Il avait compris aussi que Stan était dévasté par la découverte. Mais Gun se rappela de quelque chose : les deux frères avaient participé à la tuerie de sa famille. Ils avaient été dans le camp de ceux qui avaient défendu sa famille du mieux qu'ils avaient put, sauvant les hommes qui leur étaient loyaux maintenant. Stan avait été blessé et Off avait faillit y mourir également, affrontant des gouvernementaux sans savoir que ces derniers étaient des hommes de leur famille qu'ils pensaient protéger. Stan et son frère étaient des victimes au même titre que lui.

Avait-il le désir de les tuer pour se venger de leur famille ? Non. En voulait-il à Off ? Non ! L'aimait-il ? Oui ! Alors pourquoi n'arrivait-il pas à lui dire ? Pourquoi il sentait que Off s'était de lui-même, écarté ? Pensait-il que le jeune Prince Noir lui en voulait ?

- Pose moi, ordonna la voix froide et faible du jeune homme. Off, pose moi.

Le mafieux se stoppa, il s'accroupi pour lui permettre de retrouver la terre, et se firent face. Gun ne savait pas quoi dire, mais il fallait qu'il fasse quelque chose, ici... Maintenant avant de le perdre lui aussi.

Aucune idée ne lui vint hormis celle-ci : il lui pris le col de son t-shirt, l'attira violement à lui et embrassa sa bouche dure et serrée. Gun aurait put en pleurer, pensant à un refus, mais la seconde d'après, Off envahis la sienne de sa langue. Gun pouvait sentir les doigts longs et forts du mafieux lui prendre la nuque pour le rapprocher un peu plus. Gun mit fin à cet échange et souffla :

- Tuons les. Ne m'abandonne pas, faisons les payer pour nos douleurs et cette traitrise.

Off secoua la tête lentement, hypnotisé par cette vision sanglante du jeune homme qui avait finalement cherché à détruire cette ligne imaginaire qu'il avait essayé de tracer pour séparer cet espoir et la réalité qu'il avait en lui depuis le départ.

- Boss, on devrait y aller, leur rappela Lars, tenant son frère touché.
- Je connais un endroit sûr, déclara Gun. Je n'ai pas les mêmes connaissances que Stan, mais je sais que là-bas, on pourra te soigner en toute discrétion. déclara Gun au Exas.
- On vous suit.

La marche dura un certain moment. Ils durent s'arrêter plus d'une fois pour permettre au blessé de se reposer jusqu'à arriver à un petit hôpital quasi détruit dans lequel, se trouvait encore de l'activité.

Ils y entrèrent et directement, le silence se fit parmi les personnes qui y travaillaient.

- Jeune Maître ! s'exclama une vieille femme, se précipitant vers lui. Oh mon dieu ! Il est vivant ! Le Jeune Maître est vivant !

Du monde afflua, mais Gun les stoppe :

- J'ai un blessé.
- On s'en charge !  

Une équipe ramena un brancard pour y installer Exas qui parti avec Kilin laissant les trois autres dans des salles d'examens. On leur proposa une douche que Gun accepta sans refus. Il en avait bien besoin et avait surtout le désir de se défaire de ce liquide poisseux qui lui recouvrait le visage et la gorge, jusqu'aux mains.

On lui fournis des vêtements de rechange et retrouva les autres dans le réfectoir délabré mais fonctionnel.

- Jeune Maître !
- Je suis content de vous revoir tous.
- Depuis cette nuit là, nous avons été tellement inquiets...
- Je l'ai été aussi pour vous. avoua le jeune homme à son ancienne gouvernante qu'il avait aidé à fuir avec tout un groupe.
- Vous saviez où nous trouver, soupira un homme heureux et soulager de voir son maître. 
- J'y ai d'abord pensé, mais si je venais directement, ils m'auraient sans doute suivis, expliqua-t-il.
- Vous avez bien fait. Qui sont ces gens ?
- Des amis.

"des amis" ? Cette déclaration surpris autant les deux mafieux assis à ses côtés que toutes les personnes qui avaient travaillé pour sa famille durant des années. Était-ce bien nécessaire de leur expliquer toute l'histoire ? Il se décida à en raconter le moins possible, préférant les protéger. Il n'avait toujours pas trouvé qui les avaient trahis, mais il ne pouvait plonger ces gens bien moins fort que lui, dans un traquenard. Et puis, étaient-ils vraiment de son côté ? Il se méfiait de tout et de tout le monde, encore plus maintenant. Les seuls sur qui ils pouvaient compter étaient ici et au sanctuaire.

Deux bonnes heures plus tard, ils purent rendre visite à Exas dans l'une des chambres, guettant son réveil. L'opération s'était bien passée et la balle n'avait fait aucun dégât majeur, ce qui rassurait ses frères mais aussi Off et Gun. Off appela son frère pour discuter avec lui de ce qu'il venait de se passer. À sa grande surprise, il lui avoua qu'ils avaient dû en éliminer également en ville. Ils avaient dû se réfugier le plus rapidement possible, mais étaient en sécurité. Le sanctuaire était l'endroit parfait pour être protégé. En dehors de la visite des flics durant la patrouille pour le corps de l'enfant, des semaines plus tôt, personne ne savait qu'une villa se trouvait ici, perdu au milieu de toute cette végétation dense.

Alan était blessé de leur dernière mission mais s'en remettait et lui avait avoué n'en avoir rien à faire de cette découverte. Du moins elle ne le touchait pas. Stan avoua à son frère l'amour partagé entre eux deux et son frère les félicita avec sincérité. Mais quand Off lui annonça l'attaque et qu'Exas avait été blessé, le jeune homme à l'autre bout du fil l'avait bombardé de question. Pendant son appel, le patient s'était réveillé et Off put mettre Stan en haut parleur pour qu'il puisse entendre la voix de ses hommes et se rassurer.

- Stan, dans cinq jours nous nous retrouverons. annonça Off. Je te donnerai plus de précision plus tard.
- "D'accord Phi. Prenez soin de vous tous en attendant. J'attends de tes nouvelles."
- Compte sur moi petit frère.

Gun sentait son cœur se serrer quand il aperçu ce regard inquiet, concerné par le bien être de Stan. Off était un être froid et calculateur, mais avait un amour puissant pour Stan qui le partageait bien. Gun aurai aimé que sa sœur soit encore en vie. Qu'aurait donné leur relation si ils avaient l'âge de ces deux frères ? 

Le jeune Prince Noir désirait plus que tout la revoir, mais également protéger Stan et Off. Ils comptaient maintenant terriblement pour lui et si il venait à les perdre comme les trois frères, il ne s'en remettrait pas.

C'était maintenant comme une évidence définitive : si il les perdait, il ne se battrait plus. Il les suivrait.

***

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