Chapitre 11
Ils ne devaient pas s'ignorer, non ?
Pourtant, durant tout le dîner et la semaine qui suivit, Gun chercha la moindre excuse pour ne pas se trouver dans la même pièce que lui. Mais la tache s'avérait bien compliquée quand ils se trouvaient dans la même maison et que celle-ci n'était pas aussi grande que l'ancienne villa de la famille Phunsawat.
Mais la situation devint tendue quand Alan lui en fit la remarque.
Le flic commençait à tourner en rond, maintenant que sa guérison était assez avancée pour qu'il reprenne son poste à la brigade, Gun avait bien évidemment refusé pour sa propre protection, maintenant qu'ils savaient qu'il était affilié à la mafia et surtout à un groupe secret, il allait être arrêté ou pire, tué, si jamais ils lui mettaient la main dessus.
- Vous voir jouer aux amants effarouchés commence à me tendre...
Gun avait reçu le coup un peu trop fort, mais il n'avait put réfuter ses paroles tant elles reflétaient l'état perturbé du jeune Prince.
- Tu veux juste retrouver Stan, pas vrai ? Ne te cache pas derrière quelques excuses.
- Même si j'aimerai, ce n'est pas ça. Je dois retourner à la brigade. Si je peux y retourner, je pourrais en apprendre plus sur ce qu'il s'est passé. De plus...
- Ma réponse reste non. Cependant, je concède à t'envoyer auprès de Stan. Ton aide lui sera bien plus précieuse qu'ici à te morfondre ou alors à mourir auprès des flics et du gouvernement qui doit être en train de te chercher, à l'heure qu'il est.
- Le patron a raison, lança Off qui avait été convoqué dans le bureau pour le départ d'Alan. Si tu y retournes, tu ne seras pas en mesure de revenir entier et encore.
- Tu ne m'aides pas, grommela Alan. Même si vous avez raison, ma présence là-bas vous serez plus bénéfique que si je restais ici.
- Tu cherches à mourir ?
- Bien sûr que non ! Je-
- Silence ! gronda Gun, se frottant les yeux tant il était épuisé de cette situation. Stan m'a envoyé un message il y a peu. Tu dois y aller, il a besoin d'aide.
- Stan ? Comment il-
- Alan, tu pars dans la nuit. La réunion s'arrête ici. Exas va t'aider à prendre avec toi de quoi continuer tes soins une fois en vadrouille.
Le secrétaire de Stan hocha la tête et quitta les lieux une fois que le Prince le leur ordonna. Off resta avec lui, dans un silence pesant jusqu'à ce qu'il n'entame lui-même les hostilités.
- P'Off, je-
- Viens là, ordonna le mafieux en allongeant un bras pour l'inviter à le rejoindre.
Gun soupira, pourquoi ne pouvait-il rien lui refuser ? Lui, le Prince Noir, fier et sombre, le voilà devenu un petit chaton face à cet homme dangereux qui lui faisait ressentir tant et tant qu'il ne savait plus par où commencer et quand est-ce que tout ceci se terminera. Docilement, il se quitta son bureau pour rejoindre Off qui l'attira sur ses cuisses.
Il se laissa aller contre le dossier du canapé, gardant un Gun soupirant, l'esprit chargé de pensées qui n'auraient pas dû lui polluer la tête. Il savait qu'il se questionnait beaucoup et sur tout un tas de choses, mais il avait de plus en plus de mal à le voir se torturer seul dans son coin. Gun se laissa aller à cette caresse qu'Off lui prodiguait dans ses cheveux, fermant les yeux.
- Je suis désolé.
- Pour m'avoir fuis ? Ne t'excuses pas. Je sais que c'est difficile.
- Je ne sais pas où j'en suis.
- Veux-tu que je partes ave Alan ?
- Non ! s'écria le jeune homme en se redressant.
Il s'installa face à Off sur ses cuisses, domptant le mafieux qui le tenait d'un bras autour de sa taille. Il n'avait qu'a glisser sa main plus bas pour sentir la cambrure et l'arrondi de son fessier, mais il se retint. Le regard de Gun le brisa autant que ça lui donna cette impression de puissance. Mais il n'était pas homme à utiliser ce genre d'émotion sur autrui et encore moins sur lui. Il voulait le protéger, être là pour l'aider à se venger, l'aimer ? Oui, il ne pouvait plus se voiler la face depuis un moment déjà, et la semaine passé à être fuit lui avait fait comprendre qu'il ne pouvait que l'aimer. Leur domaine de vie était beaucoup trop hargneux pour ce genre d'amour mais il n'en avait rien à faire, pour lui, Gun avait tout la place dans son esprit et son coeur. Sa vie raisonnait autour de ce Prince qui ne voulait qu'une chose : venger le massacre de sa famille et payer ses respects à ces derniers.
- Phi, dit alors Gun, prenant son visage entre ses mains, enfonçant son regard dans le sien. Ne joue pas avec ça, je suis perdu mais je sais encore ce que mon cœur veut.
- Et qu'est-ce qu'il veut ?
Off attrapa sa taille pour le plaquer contre lui. Il n'avait pas besoin de lui répondre, son corps parlait pour lui. Mais il devait l'entendre, il en avait besoin.
- P'Off, feula le jeune homme, sentant leurs corps se presser l'un contre l'autre.
- Que veut ton cœur ?
- Toi.
- Hm ?
Gun pencha sa tête, l'esprit embrumé, pour capturer sa bouche avec douceur. Surpris, Off se figea quelques secondes, mais très vite, il attrapa les fesses de Gun pour le rapprocher encore plus et approfondir leur baiser qui devenait fiévreux, à la limite d'un érotisme brûlant.
Front contre front, Gun murmura :
- Tu n'as pas le droit de ma quitter, ni de mourir. Tu as compris ?
- Je ne disparaîtrait pas. Rassure toi. Je resterais toujours près de toi. Mon Prince est mon Maître.
Gun sourit.
Leur baiser était celui d'un pacte puissant, qu'ils scellaient à leur manière. Se jurant loyauté et de ne jamais quitter l'autre.
Mais quand le soir arriva et que la nuit recouvrit le ciel, Alan quitta le sanctuaire, laissant le trio seul pour le reste des plans qui allaient se mettre en place dans les jours à venir.
Sur son chemin, Alan pensait à dévier son chemin pour retourner à la brigade, mais à peine s'était-il approché de la ville la plus proche qu'il comprit pourquoi Gun l'en avait empêché. Il était recherché. Savaient-ils qu'il était encore vivant ?
- Le chef a dit qu'il avait réussi à s'échapper.
- Qu'est-ce qu'il a fait Alan pour se retrouver dans cette situation ?
- Apparemment il serait celui qui a créé le massacre des Phunsawat.
- Hein ? À lui tout seul ? Comment c'est possible ?
- Il était pas là quand les gouvernementaux ont attaqué, souviens toi.
- Ouais mais quand même...
Il se planqua afin d'en entendre plus, mais à mesure qu'il écoutait, il se rendit compte de l'énormité de son désir de réintégrer les forces policières pour aider son Prince à revenir sur le devant de la scène et retourner la situation. Alan grinça des dents, serrant ses mâchoires de colère.
Il devait reprendre la marche pour fuir et retrouver l'endroit où se trouvait Stan. Il fallait qu'il avance rapidement pour retrouver ce dernier et ses hommes afin de les mettre au courant. À moins qu'ils le savaient peut-être déjà ? Est-ce que ce dernier le croira ou...
Il n'avait pas le temps pour ça, il devait se dépêcher de retrouver le garçon et sa petite escouade pour enfin commencer sa propre mission, donnée par Gun.
Cela lui prit trois jours de marche pour arriver à la zone qu'occupait les hommes de Stan, rejoins par ceux de Off. Du moins c'était ce qui devait être. Quand il arriva, il trouva une grande pleine vide.
Où étaient-ils passés ? Pourquoi n'y avait-il pas de maison ici ou une cabane tout du moins ? Rien, l'espace était vide, une pleine lisse qui donnait une belle vue sur la mer qui s'étendait à perte de vue. Attiré par ce panorama, il traversa la route pour se rendre au bord de la falaise, il s'y installa et admira le couché du soleil qui rougeoyait le ciel. Le moment apaisant calma son coeur et son esprit qui bouillait de colère et de rancoeur depuis qu'il avait appris ce qu'il ce disait sur son compte.
- La vue te plaît ? entendit-il doucement à son oreille.
Surpris, Alan voulu se retourner, mais une bouche se glissa sur son cou, où Stan avait laissé une marque avant de partir.
- Stan ?
- Coucou.
Alan pencha sa tête en arrière pour le découvrir, tout sourire, un flingue à la main.
- Est-ce que je rêve ou je suis bien arrivé ?
- Tu peux dire les deux. Car pour arriver, il faut mourir. Tu es prêt ?
Alan ne comprenait pas, s'était-il endormit ? Stan était-il mort pour lui demander de le
rejoindre ? Il ne savait pas, mais comme un automate, il se laissa guider par le jeune homme qui le poussa dans le vide.
Alan se réveilla brusquement, dans un lit qu'il ne reconnaissait pas.
- Salut, fit une voix près de lui.
- Stan ?
- Je t'avais dit, pour nous trouver il fallait mourir. Désolé si tu as eu peur, Phi. Comment tu te sens ?
- Je... Je ne comprends pas, qu'est-ce-
- Doucement. Kilin est partie chercher des médicaments pour ta tête.
- Ma... tête ?
- Pour les migraines. La chute peut occasionner des migraines temporaires mais assez fortes.
- Pour l'instant... ça va. Mais, Stan...
Le mafieux se pencha, déposa un léger baiser sur sa bouche, le faisant se taire, pris de surprise.
- Je répondrais à tes questions une fois que tu te seras reposé. N'aies pas peur, tu es dans ma chambre. Il est tard, on verra ça une fois que tu auras dormit.
Stan se leva quand on toqua à la porte. Alan put voir Kilin donner un sac en plastique au jeune homme, lui adresser un petit salut et quitter pour la nuit, son Boss qui referma tranquillement la porte. Alan le vit poser le sac sur un bureau, puis commencer à se deshabiller pour se changer et se mettre en pyjama. Il ne l'avait pas lâché du regard et se demandait si il ne cherchait pas à le torturer plus que de raison.
Stan revint vers le bureau, pris quelque chose dedans et versa dans un verre, un peu d'eau qu'il lui apporta.
- Tiens, bois. Tu as faim ?
Alan fit non de la tête, pris le verre et le médicament qu'il avala et lui rendit le verre vide. Stan sourit, il posa sa main sur son front. La fraicheur de celle-ci donna des frissons au flic qui poussa un léger soupir de plénitude. Stan pouffa.
- Rallonge toi.
Après s'être débarrassé de ce qui l'encombrait, Stan revint vers le lit et s'allongea aux côtés du flic qui se figea.
- Stan ?
Le jeune homme se rapprocha de lui, posa un bras et une jambe en travers de son corps, sa tête posé sur l'épaule du flic et ferma les yeux.
- Dors Phi, demain sera une journée très chargée.
Alan se tourna pour prendre le mafieux contre lui et ils s'endormirent ainsi, partageant enfin leur chaleur dans un repos qui ne sera que très court.
***
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