III. Ce monde n'a d'importance que si tu es sauve
Jour 3 - 18 juillet | Blessures/Cicatrices TW : angst, hurt, bad ending
Machitis mou (μαχητής μου) : Mon combattant en grec
~1905 mots~
Il allait les tuer.
Certes, c'étaient ses hommes, ses subordonnés. Certes, ils travaillaient pour la même cause. Certes, il les avait toujours encouragés, leur avait toujours offert des paroles sympathiques et joueuses accompagnées d'un large sourire fier et taquin. Certes, il aurait pu dire il a quelques jours à peine que c'étaient des bons Fatuis et qu'il les trouvait sympathiques. Mais à ce moment précis, c'est à peine si tout ça avait une quelconque importance. Lumine était blessée par leur faute. C'était sous leurs armes que sa peau s'était ouverte, déchirée, brisée comme une fine feuille de papier fragile. Ils l'avaient blessée, mutilée, écorchée, en tout état de conscience, tout ça parce qu'elle était une ennemie.
La colère coulait dans ses veines aussi vite que le sang pulsait contre ses tempes. Pourtant, il ne voyait que son sang à elle, s'écoulant de ses blessures et se répandant à la fois sur le sol et sur leurs vêtements. De ses habits à lui, Childe s'en moquait comme de l'an quarante. Ils pouvaient être salis de son propre sang que cela ne détournerait pas son attention d'elle. Il la cala contre son torse, l'aidant à poser sa tête blonde sur son épaule. La Voyageuse leva ses pupilles dorées de plus en plus ternes vers lui, ses yeux remplis de larmes de douleurs lui déchirant le cœur. Incapable de se retenir, il posa un baiser sur le sommet de son crâne avec tendresse, se maudissant de ne pas pouvoir faire plus.
– Sir Tartaglia, on voulait seulement... tenta de se justifier l'un des trois abrutis dans son dos.
– La ferme ! rugit-il avec véhémence, ne se tournant même pas vers eux. Rendez vous utile une unique fois dans votre vie et allez chercher quelqu'un pouvant la sauver, bande d'idiots ! Je ne sais même pas ce qui me retient de vous écorcher vif, ici et maintenant !!
Childe se maudit à cet instant de ne pas lui-même avoir de pouvoirs permettant de la guérir, de sauver sa chère amante, la femme qu'il aimait. Mais hélas, son œil divin ne lui apportait que puissance et pouvoirs aussi destructeurs qu'aquatiques, tout ce qu'il avait toujours réclamé. Jamais il n'avait songé à l'utilité de posséder quelques dons guérisseurs et les dieux ayant écouté ses désirs ne lui en avaient jamais donné. Aujourd'hui, il regrettait plus que tout de ne pas en être doté.
Peut-être finalement que c'était le prix qu'il payait pour être toujours plus puissant, toujours plus sanglant. Perdre l'être le plus cher à son cœur et le plus lumineux de sa vie.
Il la sentait partir si vite. Il craignait que les secours, n'importe lesquels, n'arriveraient pas à temps pour la sauver. Mais il le fallait. N'est-ce pas ? Lumine ne pouvait que survivre, elle était si forte, si puissante. Elle l'avait affronté, elle avait affronté Ortell, elle avait vaincu Stormterror, elle avait mis fin à tant de complots, elle avait provoqué la chute de Signora, elle avait affronté des divinités anciennes et surpuissantes ! Ce n'était pas trois usuriers Fatui de pacotille l'ayant attaqué par surprise qui allait réussir à vaincre cette guerrière, n'est-ce pas ?
Pourtant, à mesure que le temps impitoyable s'écoulait sans accepter de s'arrêter pour elle, la jeune femme perdait de ses couleurs et son souffle se faisait de plus en plus laborieux. Elle avait toutes les peines du monde à garder les yeux ouverts malgré les appels répétés de son amant qui faisait tout ce qu'il pouvait pour la garder avec lui.
– Lumine... Lumine, ma lumière, s'il te plait. Reste avec moi, reste éveillée, reste, s'il te plait.Lumine, Lumine, Ojou-Chan, par pitié, ne t'endors pas, reste avec moi ! On va te soigner très bientôt, tout va bien se passer mais je t'en supplie, ne t'endors pas avant d'être hors de danger !
Elle battit des paupières avec rapidité et essaya de lui offrir un sourire mais même ça semblait lui demander un effort considérable. La Voyageuse n'osait pas bouger d'un centimètre, il le sentait dans la manière dont ses muscles étaient tendus, comme si elle craignait que le moindre mouvement empirerait le saignement.
Childe se fit la réflexion à ce moment-là que le monde était insupportablement injuste. Lumine avait encore tant de projets, tant d'objectifs. Elle voulait découvrir la vérité sur Teyvat, lui avait-elle dit un jour. Elle n'avait toujours pas retrouver son frère, lequel semblait dénué de sens de l'orientation puisque ça faisait déjà une éternité qu'il semblait s'être perdu quelque part. Ce n'était pas avec lui qu'elle devait partir, c'était avec son frère, avec son jumeau ! Ce n'était pas dans les bras froids et impartiaux de la mort qu'elle devait partir, dans un autre monde, quitte à briser le cœur de l'Exécuteur au passage. C'était de toute façon convenu dès le début de leur relation qu'elle serait éphémère, qu'elle ne durerait pas, que la Voyageuse continuerait son voyage pendant que lui continuerait de conquérir le monde.
Il n'avait jamais été question que tout cesse à cause de sa mort. Lumine devait vivre. Il n'y avait même pas son frère pour lui dire au revoir. Qui allait continuer à chercher cet homme, qui allait prendre la lourde mission que la Voyageuse s'était mise sur les épaules de le retrouver. Qui allait prendre la responsabilité de lui annoncer que sa sœur avait péri des mains de l'ennemi ? Non, que des lâches avaient profité de son inattention pour l'attaquer, la blesser et la tuer ?
Et puis lui... Qu'allait-il devenir maintenant ?
Childe savait que leur relation avait toujours été destinée à devenir éphémère. Toutefois, il se rendit compte maintenant, alors qu'il allait la perdre définitivement, qu'il n'avait jamais été prêt à la voir partir. Ni dans un autre monde, ni autrement. Il la voulait à ses côtés, pour toujours et à jamais. Comment allait-il faire, sans elle ? Sans une lumière vive et pure pour le guider dans l'obscurité qu'était sa sombre vie depuis sa chute dans l'Abîme ? Il allait se perdre dans les ombres, dans son ombre. Il allait s'enfoncer dans sa propre noirceur et se noyer dedans.
Sans elle, il n'était rien, juste un condamné.
Sans elle, Teyvat n'avait plus d'importance, plus aucune saveur. Sa famille était là, bien sûr, cependant ce n'était pas pareil. Peu importe tout l'amour qu'il avait pour ses frères, ses sœurs et ses parents, cet amour n'atteindra jamais les sommets de celui qu'il porte à la Voyageuse. C'était si différent. Avec elle, il avait vécu à cent à l'heure, avec force et plus d'émotions qu'il n'en avait ressenti tout le long de sa vie. Il avait vécu avec une telle ardeur, une telle puissance, comme un feu ravageur et destructeur que rien ni personne ne pouvait arrêter tant qu'il était alimenté par son aimée. Il était très dur, voire impossible même, d'apprendre à vivre en Enfer quand on avait connu le Paradis. Teyvat sans Lumine ressemblerait à un enfer vide, noir et sombre, sans gout, sans odeur. Terne, abstrait, juste bon à voir et à entendre. Childe ne voulait pas ça, il voulait continuer à vivre avec elle. Il ne voulait pas se séparer de sa lumière, il ne voulait pas plonger dans le noir total.
– Lumine, je t'en supplie... Tiens encore un peu, encore juste quelques minutes, ils vont arriver bientôt, très très bientôt, je te le promets. Lumine, Ojou-Chan, par pitié, il faut juste que tu restes éveillée encore quelques minutes, juste une poignée de minutes ! S'il te plait, s'il te plait, je t'en supplie, fais le pour moi, fais le pour ton frère, fais le, par pitié.
Childe ne savait pas à quel moment il avait commencé à pleurer. Sûrement au moment où il avait commencé à la supplier. Mais à présent, il était totalement incapable de s'arrêter, la gardant contre lui, la serrant aussi fort qu'il pouvait quitte à lui faire mal. Au moins, la douleur la garderait consciente. Il ne pouvait pas la perdre, elle ne pouvait pas...
– Ojou-Chan, ma lumière, je t'en supplie... Il faut que tu tiennes. J'ai... J'ai besoin de toi ! Comment je vais faire sans toi ? Comment je vais... S'il te plait, s'il te plait, mon amour, reste avec moi, reste à mes côtés. La Mort, tu lui a ri au nez tellement de fois, même les Archons n'en ont plus le nombre, ce n'est pas aujourd'hui qu'elle va te prendre, n'est-ce pas ? Lumine, pitié, pitié, je t'en conjure, je t'en supplie, reste, reste avec moi. Comment je peux... Oh, par pitié ! Tu connais mon rêve, mon ambition la plus chère, mais comment... Quel maître du monde n'a pas sa reine à ses côtés ?
Elle eut un petit rire et le coeur de Childe se déchira en deux quand il la vit tousser puis cracher du sang, colorant ses lèvres d'un rouge qu'il avait toujours adoré mais qui aujourd'hui ressortait trop sur sa peau aussi blanche que du marbre froid et qu'il détestait complètement.
– Je serais toujours là... réussit-elle à articuler, d'une voix faible et basse, tout en posant sa main à l'emplacement du cœur du jeune. Juste là... Machitis mou.
Childe fronça les sourcils en l'entendant l'appeler ainsi. C'était la première fois qu'elle prononçait ces deux mots, et l'Exécuteur Fatui n'arrivait pas à identifier la langue dont il était originaire. Ce pouvait-il que ce soit sa langue à elle, celle qui venait de son monde ? Elle ne l'avait jamais utilisé jusqu'à présent, à tel point que parfois, il oubliait même qu'elle venait d'un autre monde, qu'elle n'était pas originaire de Teyvat. Et d'ailleurs, que voulait dire ces mots ?
Il ne put malheureusement pas lui demander. Les yeux de Lumine venait de se fermer, sa peau était plus blanche qu'elle ne l'avait jamais été jusqu'à présent, rivalisant même avec la blancheur de sa robe désormais tâchée de son propre sang. Et il la serrait suffisamment fort contre lui pour le sentir.
Son cœur venait de rendre son dernier battement.
C'était la fin. La Voyageuse n'était plus.
Ce fut le moment que choisit le ciel pour lâcher ses larmes, pleurant la disparition de la plus grande héroïne de Teyvat. Des trombes d'eaux s'effrondrèrent sur les corps de l'Exécuteur et de son amante, lavant le sang et les dernières traces des blessures de Lumine. C'était comme si la voûte azurée lui rendait les derniers hommages, les hommages funéraires.
Dans le cœur de Childe, la tristesse ne dura qu'un temps. Il avait sous-estimé la puissance de sa colère. Cette dernière, jusque-là contenue par une digue fissurée, s'agitait avec force. Mais la disparition définitive de la personne la plus importante de la vie du Fatui avait fait exploser la digue en un millier de fragments morcelés et la colère se déversait partout dans un torrent ravageur, à l'image du pouvoir de l'œil divin de Childe.
Plus rien n'avait d'importance. Plus rien n'avait de valeur. Il n'essayait même pas de se raisonner, il n'avait plus de raison. Il n'était plus que l'ombre d'un homme, une bête en colère, enragée, qui réclamait le sang et la mort sans que cela ne l'apaise. La seule personne qui le gardait encore humain venait de lui être arrachée alors pourquoi ferait-il l'effort de le rester ? Il était bon d'être une bête sanguinaire. Ainsi, seule la colère l'habitait. La douleur, la tristesse, l'attachement. Tout ça n'existait plus, rien ne comptait que la rage et le sang.
En tout cas, une chose était sûre.
La prochaine fois que les dieux de Celestia regarderont Teyvat du haut de leur royaume volant, ils ne verront qu'un cimetière.
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Je vous rassure, c'est le seul qui est vraiment triste. Les autres sont surtout mélancoliques et se termine globalement bien (dans la mesure où mon âme va aux neutral ends). En tout cas, j'espère que ce chapitre vous a plu, que vous n'êtes pas en train d'invoquer un démon pour me maudire sur sept générations et que vous n'essayez pas de retrouver mon adresse pour me faire payer cet OS ! (la violence, les enfants, c'est une solution soulageante mais moralement discutable)
Sur ce, à demain pour le quatrième jour !
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