chapitre 13

Pdv Kaylee
 
Alex, crétin! Que faisait-il encore au pays? Tout ce que j'ai fait n'a donc servi à rien. Il se jette dans la gueule du loup sans broncher, comme un imbécile. Je tremble de rage en le regardant s'éclipser avec sa nouvelle brigade.
Je force mes liens subtilement, avec ces trois connards les yeux braqués sur moi, ce n'est pas évident. Le silence dans la salle ne m'aide pas vraiment, j'ai l'impression que le moindre de mes gestes résonnent dans la pièce.
Je regarde mes alliés. Ils sont bras ballants de chaque côté de leur corps, ils ne peuvent qu'attendre vu les cinq hommes qui les menace de leur AK47. Ils ont cependant un air plutôt détendu vue la situation. Je crois les comprendre, on termine étonnement à s'habituer d'avoir une arme braquée sur soi.
Je croise alors les yeux de ma cousine qui me fait un rapide clin d'œil.
 
- Alors, Gigi, vas-tu enfin me dire où tu as acheté tes fameuse boucles d'oreilles?
- Tu ne me croirais pas si je te le disais, sourit ma meilleure amie.
- Allez, dit-moi!
- Non, tu vas te moquer.
- S'il-te-plaît...
- Hm...
- Vos gueules!
 
Juste à temps. J'ai enfin réussi à me libérer les mains. En une fraction de seconde, je glisse au bas de ma chaise, roule dans le dos du garde face à moi et lui brise la nuque. Entre temps, les deux gardes qui étaient à mes côtés ont tiré sous l'effet de surprise, leurs balles se logeant dans la chair de l'autre. Dommage qu'assise, ma tête leur arrive à l'abdomen. Du sang s'échappe vivement de leur blessure et en s'écroulant, un filet rouge coule doucement entre leurs lèvres.
Je n'ai que le temps de me retourner que Seth maîtrise déjà le dernier soldat. Je suis soulagée, rien ne garantissait que mes gardes soient assez bêtes pour se tirer dessus. C'était presque du suicide.
Je m'accroupis et défait les liens au niveau de mes genoux et mes chevilles . Quand je relève la tête, Isaac me tend une oreillette que j'installe sur le champ. Le cœur noué je demande :
 
- Est-il encore vivant?
« Oui, Kaylee, ils sont encore en route. Une chance que vous lui ayez posé un mouchard, car ils ne sont pas passé par un chemin conventionnel. Je ne connaissais pas l'existence de ce tunnel sous New york. La ville ne doit même pas être au courant de son existence. Je crois bien que c'est Wilden lui-même qui l'a fait ériger. Je peux vous guider jusque-là, mais j'ignore si des pièges où mécanismes quelconques vous poseront problème. »
- Nous n'avons pas de temps à perdre, dis-nous où c'est, s'empresse de dire Isaac.
« Si j'ai bien suivi, ils ont pris l'ascenseur vers le sous-sol. Le hic c'est que d'où je suis, je ne sais pas vraiment comment ils ont procédés pour ouvrir une sorte de trappe sur le plancher de la cabine d'ascenseur. Bref rendez-vous là, je vous y rejoins, la voie est libre. »

*

Cela fait déjà une dizaine de minutes que nous attendons William. Nous avons retiré une dalle du plancher au niveau de la porte coulissante qui semblait suspecte, dessous s'y cachait un micro-ordinateur, du moins je crois bien que c'est cela. Nous n'avons pas osé y toucher, de peur de déclencher une catastrophe.
Nous poireautons donc dans le sous-sol de l'immeuble. J'ai le ventre à l'envers. Chaque minute compte. Quelle idée as-tu eu de te rendre, Alex?
J'ai envie de faire les cent pas, de me ronger les ongles, de me prendre la tête entre les mains, où juste fermer les yeux et me pincer pour réaliser que ceci n'est qu'un rêve, mais non. Je reste immobile contre le mur, du moins j'essaie de ne pas trembler comme une feuille. Je regarde dans le vide, et essaie de ne pas compter les secondes qui me séparent de mon homme.
Et voilà qu'il arrive enfin, William, avec un immense sac sur le dos, surement son matériel de surveillance. Avec ses lunettes sur le nez qui lui donne un air sévère, il nous regarde tour à tour. Son regard s'arrête sur Isaac qui lui montre le sol de l'ascenseur.
Sans un mot, il s'accroupit, jette un rapide coup d'œil et d'une main sûre, se met à taper sur le petit ordinateur.
Je le regarde faire. Son visage se crispe après quelques minutes, c'est mauvais signe.
 
- Qu'y-a-t-il? je demande.
- Je ne sais pas ce qui se cache là-dessous, mais ils ne veulent pas que n'importe qui puisse y accéder. Le mauvais code et l'immeuble explose bloquant ainsi tout accès à ce fameux tunnel et tuant au passage ceux qui auront été trop curieux. Ne paniquez pas, le désamorçage est plutôt complexe, mais j'ai déjà vu pire. Seulement, je n'ai pas le droit à l'erreur, je dois être prudent, alors cela me prend plus de temps.
 
Mon cœur s'accélère. Décidemment, le temps ne joue pas du tout en notre faveur.

Pdv Alex
 
Cela doit bien faire une demi-heure que nous marchons à grandes enjambés dans ce tunnel lugubre. L'humidité est à son comble, j'ai l'impression que tout l'air que j'inhale ne se rend pas à mes poumons. Avec la cadence que nous maintenons, j'ai du mal à trouver mon souffle.
Nous nous arrêtons quelques minutes plus tard, une immense porte se dresse devant nous. C'est alors que je remarque que le couloir c'est élargie. Il faut dire que dans la pénombre, je n'y vois pas grand-chose. Elle doit bien mesurer quatre mètres de haut sur deux mètres de large.
En son centre, un ordinateur un peu plus grand que celui qui se trouvait dans l'ascenseur. Brad entre un code et une immense poignée, un peu comme celle des coffres forts d'une banque, ressort de la porte. Il l'empoigne et la tourne dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.
D'un coup une bourrasque d'air s'échappe de l'autre côté me faisant reculer d'un pas.
La lumière à l'intérieur m'aveugle. Quand je peux enfin garder mes yeux ouvert plus de deux secondes, je reste surpris.
Devant nous se dresse une somptueuse pièce aux teintes de rouge et or. Des meubles anglais d'une époque lointaine sont disposés de part et d'autre, mais ce qui retient véritablement mon attention se situe au centre de cette grande salle.
Dos à nous, un homme immobile. De longs cheveux noirs parsemé d'un peu de gris. Des épaules larges, de long bras... Tout m'est familier et je ne doute pas un instant de son identité, mais comment est-ce possible?
Quand il se retourne, je recule d'un pas, estomaqué. Je me fais saisir les bras par deux hommes et suis amené juste devant lui.
Si je ne le connaissais pas, il me serait méconnaissable. Son visage est mutilé, pas une parcelle de celui-ci n'a été épargnée. Une brûlure d'un très haut degré probablement. Son nez semble taillé au couteau, sa bouche n'a plus de lèvres et ses yeux...n'en sont plus. Je n'ai jamais vu ça. Une couche de peau recouvre l'orifice où seraient logiquement ses yeux, comme s'il n'en avait jamais eu. C'est déroutant, je ne sais pas comment réagir. J'ai l'impression qu'il n'est pas vrai, mais j'ai beau battre des paupières, il reste devant moi, sauf qu'à un moment, une grimace, qui doit en fait être un genre de sourire, se dessine sur le coin de sa bouche.
 
- Alex , comme tu dois être surpris de me voir! Il est vrai que cela fait un moment. Laisse-moi te regarder, du moins à ma manière.
 
Il s'approche de moi et me saisit le visage de ses mains qui elles ne semblent pas avoir été endommagées. Je retiens mon souffle. Dire que je ne peux que me laisser faire. Cet homme à tuer toute ma famille et je suis devant lui impuissant. Je sens mes muscles se tendre et je commence à bouillir de colère. Quand sa main ose passer sur mes lèvres je n'hésite pas à le mordre aussi fort que je le peux.
Wilden retire sa main endolorie en criant de frustration. Sous l'effet de surprise et voulant surtout porter secours à leur « maître », mes deux gardes ont lâché un peu leur prise, suffisamment pour me laisser me libérer. Je frappe alors mon hôte violemment sur ce qui lui reste de visage, mais lorsque je veux recommencer une immense main me saisit le bras, me le tord dans un angle douloureux et m'envoie sans aucun effort quelques mètres plus loin. Ma tête heurte quelque chose et j'ai l'impression que l'Univers tout entier est sans-dessus-dessous.
 
- Allez-le préparer, fait la voix de mon oncle.
 
Brad se poste devant moi, une immense seringue à la main sortie de je-ne-sais-où. Je sens une vive douleur dans mon cou et... plus rien.

*

J'ouvre douloureusement les paupières. J'ai l'impression d'avoir été écrasé par un bloc de béton. Où suis-je donc? J'essaie de me lever, mais mon corps ne me répond pas. Mon pouls monte en flèche. Je tente de nouveau de bouger, rien ne se passe. Qu'est-ce qui m'arrive? Je ne suis même pas capable de tourner la tête. Tout ce que je réussis à voir son les murs blancs qui m'entourent, mais surtout une affreuse machine accrochée au plafond juste au-dessus de ma tête. Je crois que je suis sur une sorte de table en métal et je constate ma... presque nudité, je n'est sur moi que mon boxer .
Je ne sais plus quoi penser, je n'arrive même pas à parler. Je pourrais me lamenter encore et encore, mais j'ai l'intuition que je ne suis pas encore arrivé au bout de mes peines.
Un petit écran s'allume soudain sur le plafond. Je ne l'avais même pas remarqué. Ce n'est rien de moins que mon oncle qui se tient bien droit dans un majestueux fauteuil. Il toussote un peu.
 
- Mon cher neveu, cette superbe machine que tu as le loisir d'admirer sera ton bourreau. Tu as survécu à cette fabuleuse nuit il y a...vingt-trois ans. Malheureusement ce n'était pas prévu et ce n'est qu'aujourd'hui que je pourrai enfin voir ta vie t'échapper.
 
Je voudrais hurler, lui demander pourquoi. Quel plaisir pervers va-t-il assouvir en me tuant? Je veux des réponses. Je regarde Wilden , il reste muet. Je ne crois pas qu'il va me dire quoi que ce soit et son apparence me répugne.
Je ferme alors mes yeux. La première image que j'ai est celle de Kaylee debout dans le cadre de porte de ma chambre. Son sourire quand je lui dis que je l'aime et que je veux vraiment l'épouser. Les baisers et les caresses échangées... Si je dois mourir, je veux qu'elle soit la dernière pensée que j'aurai.
 
- Alex, Alex... Ne fait pas cet air-là. Si fataliste. Je t'accorde un droit exceptionnel, car je t'ai toujours préféré. Je vais t'expliquer quelques petits détails qui t'ont probablement échappés. Mon père que tu n'as malheureusement jamais eu le loisir de connaître n'était pas un model exemplaire. Une nuit, plus précisément celle de la naissance de ton père, il a sauté un câble. Je devais avoir cinq ou six ans et il m'a battu et battu et battu encore. La folie l'avait emporté, et en voulant terminer le travail proprement, il a voulu me noyer dans la baignoire. Seulement, j'avais vu le coup venir et je l'ai assommé avec... je ne sais plus, mais ce fut efficace, car il est tombé inconscient la tête plongée dans la baignoire. J'ai laissé l'eau terminer le travail. Les autorités ont affirmé que j'avais agi par instinct de survie, mais... à partir de ce moment, ma mère ne m'a plus jamais adressé la parole. Malgré toutes mes ecchymoses, preuve de la faute de mon père, elle m'a rayé de sa vie ne donnant plus que de l'attention à mon frère. Ton père ne s'en plaignit pas et appris à me détester, pourtant il ne savait pas à quel monstre il aurait fait face si je n'avais pas tué notre père. Seulement, il avait beau me haïr, je le haïssais encore plus, il avait pris ma place.
 
Wilden se tait. Je le fixe. À quel moment de sa vie est-il devenu complètement fou? A-t-il vécu toute sa vie avec cette haine? Maintenant, il n'y a pas de doute, c'est la seule émotion qui l'habite. Même si j'essayais de le raisonner, de lui dire que ce n'est pas de ma faute, les ténèbres qui le rongent sont si sombres que cela ne changerait rien.
Certes, le traitement qu'il a subi n'est pas juste, mais il y avait certainement d'autres solutions que le meurtre. Il aurait pu partir, se faire une vie plus loin, créer sa propre famille, être heureux...
Seulement, je ne comprends pas pourquoi il a attendu aussi longtemps avant de ne me retrouver. Enfant, j'étais beaucoup plus simple à atteindre, plus vulnérable encore. Il se serait libéré de son fardeau bien plus vite. Où peut-être a-t-il peur de perdre sa raison d'être?
 
- Le désir de te voir mort commence à devenir insoutenable, rit mon oncle d'un rire fou, coupant le fil de mes pensées. Cette sensation me vivifie, continuons de parler un peu.
 
Sa voix n'est plus la même, comme si d'un coup, sa raison l'avait quitté, bien que je crois qu'elle ne l'ait quitté depuis belle lurette.
 
- Oh oui, je sais, tu dois certainement te demander pourquoi j'ai attendu toutes ces années. Hm, hm, hm... Ce n'est pas sorcier, je suis sûr que tu serais capable de deviner, mais vu que tu ne peux pas parler... Je vais t'aider. En fait, je voulais que tu aies quelques choses à laisser derrière toi. L'entreprise familiale à son plus haut, un enfant, qui finalement s'est avérée une putain d'agente de ce connard d'Isaac. Ce n'est pas grave, tu en es tombé amoureux comme un imbécile, même prêt à te mettre la corde au cou. J'aurais peut-être dû l'enlever le jour de votre mariage, cela aurait été plus convivial, dans une belle robe.. Ah, mais j'étais trop impatient.
Attend, attend, je sais quel autre sujet serait intéressant. Je vais t'expliquer comment je m'y suis pris pour tuer tes parents. C'était mémorable et je suis sûr que ton frère t'a épargné les détails.
 
Je ferme les yeux. Je ne veux pas entendre ces choses, mais sa voix résonne dans ma tête.
 
- Je suis arrivé au milieu de l'après-midi chez toi. Ta mère, une vraie beauté, était dans la cuisine et préparait le repas du soir. Je l'ai salué, elle m'a souri, bien qu'elle me détestait et ne me supportait que parce que ton père lui avait dit de faire attention à son comportement en ma présence. Elle se demandait probablement ce que je faisais là, mais quand j'ai sorti le couteau de derrière mon dos son visage a changé et je pense qu'elle a saisi. Quand je l'ai éventré de haut en bas, ses yeux étaient tout écarquillés. Quand ses intestins se sont répandus par terre elle a murmuré un petit « non » bien charmant.
 
Je suffoque, mon cœur va exploser. Je veux qu'il cesse. Des larmes coulent le long de mes tempes. Arrête!
 
- Logiquement tu étais supposé rentrer avec ton frère une demi-heure plus tard, mais vous n'êtes jamais arrivé. J'ai donc patienté et me suis un peu amusé à compter les organes de ta mère. J'en ai disséqué quelques-uns, jeté d'autres sur les murs. Ça rebondit plutôt mal un cœur, d'ailleurs... Bref, quand ton père est arrivé, j'étais couvert de sang et il y en avait un peu partout dans la maison. Il a fait une tête mémorable. Il ne savait plus quoi dire, pour une fois je lui avais coupé le bec. Lui par contre je l'ai égorgé. Je voulais le voir s'étouffer dans son propre sang. Je ne m'attendais simplement pas à ce qu'il me le crache dessus aussi intensément... Il essayait sûrement de me maudire. Après, je me suis bien amusé à le découper un peu n'importe comment. Je ne sais pas combien temps je suis resté là à le couper, mais j'ai alors entendu des sirènes d'urgence. J'avais préparé mon coup. Je m'étais amené une dose de poison un peu comme celui qui coule dans tes veines. Pendant quelques heures j'allais être inconscient, presque mort. Seulement... Je n'avais pas prévu que les sirènes étaient en fait pour un feu qui s'était déclencher chez vos voisins. Le feu à brûler une bonne partie de votre maison, mon visage avec... La suite tu t'en doutes. J'ai réussi à m'échapper et panser mes plaies... Maintenant, mon petit Alex, c'est à ton tour de brûler. Ne t'inquiète pas, tu ne sentiras rien, tu n'auras qu'à admirer ta chair fondre à petit feu. Haha. Oh voudrais-tu dire un mot avant que cela ne débute? Non, rien? Très bien, ton choix.
 
Connard! Saleté de merde! Putain!
La machine se met en marche une petite flamme s'allume au bout d'un bras robotisé. Il se déplace lentement vers mes pieds.
J'ai le souffle court, quelques larmes coulent sans que je n'y puisse rien. Je n'en peux plus, je ferme les yeux. Kaylee ne m'en veut pas ...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top