EPILOGUE
Sa bouteille se vida complètement en moins de vingt minutes. Son bras pendait dans le vide alors qu'elle était allongée dans son canapé. Endormie. Complètement endormie. Lui ? Il venait de rentrer et venait d'assister, une fois de plus, à ce triste tableau. Elle n'aurait jamais dû commencer à boire. Au départ, c'était innocent. C'était quelques fois. Pour oublier. Puis ça avait été plus souvent. Encore et encore. Puis elle ne faisait plus que ça. Elle ne faisait plus que ça : boire. Jusqu'à s'endormir profondément. Et lui, lui il rentrait des cours. Lui il la regardait. Se détériorer. Et il avait essayé de lui en parler. De la guérir. Il avait essayé de de lui parler, mais à chaque fois il se résignait et lui disait de s'endormir en lui embrasser amoureusement le front. Il avait essayé, mais se résignait en la portant jusqu'à leur chambre à coucher. Il tentait d'aimer pour deux. Il aimait pour deux. Parce qu'il l'aimait trop pour la laisser partir. Mais il était fatigué de vouloir la sauver. Pour tenter de la sauver et de se confronter à un mur.
Et quand il assistait à la scène avant le portrait, il faisait face à la femme de sa vie complètement détruite. Il la voyait, allongée, sa bouteille à la main. Les détendus, mais les yeux noirs. Le regard vide. Le regard vague, perdu. Comme si elle n'était même plus de ce monde. Alors au lieu de faire face à ça, il préférait partir. Sortir. Il ne savait où, ne savait combien de temps. Mais il préférait s'en aller, loin des cauchemars de son amante, loin de ses tourments, loin de ses peines qu'il ne comprendrait jamais pour ne pas les avoir vécus avec elle. Et lorsqu'il était loin d'elle, il maudissait cet homme qui l'avait fait sombrer ainsi. Et lui-même de ne pas être capable de la sauver. Puis il commençait aussi à boire. Mais plus raisonnablement qu'elle. Plus rarement. Pour oublier aussi. Et il se mettait à se dire qu'il aurait été mieux qu'il vive. Au moins pour elle. Qu'il n'ait pas été égoïste en voulant mourir en héros invisible.
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Xavier avait voulu survivre toute sa vie. Il avait survécu toute sa vie. Il avait survécu en Amérique, entre les coups de gun, entre le racisme et les meurtres invisibles. Il avait survécu en prenant l'avion il ne savait plus combien de fois pour aller d'un point a à un point b. Il avait survécu lorsqu'il prenait le volant, lorsque ses parents prenaient le volant. Il avait survécu en traversant les routes, passant à côté des chantiers en construction. Il avait survécu en se rendant ici, au Japon. Il avait survécu en s'installant dans ce pays, en ayant d'autres choix que d'intégrer l'Elite. Puis il avait survécu en tombant éperdument amoureux de sa collègue, d'Himawari Akabane Suzuki. Il avait survécu en l'aimant et en étant aimé. Il avait survécu à sa mort qu'il l'acheva presque. Survécu à l'horreur qu'on fit vivre à sa bien-aimée. Il avait survécu, une seconde fois, dans les laboratoires de l'Elite. Il avait survécu en rencontrant la fille d'Himawari. Il avait survécu en la sauvant. Il avait survécu, encore, à son procès, à sa condamnation, à son enfermement et à la torture quotidienne. Xavier avait survécu à beaucoup de choses, même au gouvernement.
Cependant, Xavier n'était pas aussi fort que pouvait penser les autres. Il n'avait jamais survécu à la mort de la femme de sa vie. A son enfermement. A la torture de Rui ni à sa propre torture. Il n'avait pas survécu à la société. Et donc, n'avait pas survécu au gouvernement. Parce qu'il n'était pas aussi fort qu'il pouvait le prétendre. Il avait essayé de survivre, encore. Il avait tenté, mais n'y arrivait pas. N'y arrivait plus.
Et devant cet avenir qu'il ne voyait pas, il boucla cette boucle autour de son cou. Et d'un simple pas, pu rejoindre la femme qu'il avait le plus aimé dans ce monde sombre et rempli de solitude.
Au fond, il n'avait jamais survécu. Il avait tenté, mais n'y était pas parvenu. Il avait souhaité être fort, mais n'y était pas parvenu. Pas après elle. Et à présent, fier de ce qu'il avait accompli, il pouvait enfin la rejoindre.
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Une autre tombe devant laquelle s'agenouiller. Une autre raison de prendre un verre. De nouveau vêtements noirs à porter. Une nouvelle raison d'oublier.
Elle balança cette nouvelle bouteille contre le mur de leur appartement et fondit en sanglot. Encore un enterrement. Encore une bouteille verte à vider. Elle s'effondra au sol entre les débris de verre. Il n'était pas là. Encore. Il n'était jamais là. Il lui avait promis d'aimer pour deux, mais il n'était jamais présent. Elle était détruite. Elle était alcoolique. Et replongeait dans son calvaire à chaque respiration. Elle souffrait à chaque mouvement de poumons. Elle pleurait à chaque seconde sa rancœur envers ce monde. Oublier. C'était tout ce qu'elle souhaitait. Tout ce qu'elle voulait, c'était oublier. Et boire, c'était tout ce qui marchait. Elle avait voulu essayer de se droguer. Mais ça, elle ne voulait pas. Alors elle se contentait de boire. Un peu plus chaque jour. Seule. Seule. Sans lui. Et il n'était pas là.
Pourquoi il n'était pas là ? Où était-il ? Il devait en avoir marre d'elle. Elle le savait. Il n'était pas assez fort pour aimer pour deux. Il ne pouvait pas aimer pour deux. C'est pour ça qu'il était parti. Définitivement. Il ne reviendrait pas. Il ne reviendrait pas vers elle. Plus maintenant. Il en avait marre d'elle et de sa bouteille. Au moins, elle, elle ne l'abandonnait pas. Elle restait à ses côtés. Même Papa ne sait rien de tout ça. Il est très malade, c'est pour ça. Il ne faut pas le déranger.
Encore ce liquide rouge sur le sol. Encore ses jambes pleines de ce liquide. Et ses mains. Et sa main attrapa encore un bout de verre. Et elle tailla ses peines. Et elle tailla sa douleur. Parce que c'était la seule façon de se sentir mal. On le disait souvent non ? Se faire mal faisait moins mal.
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Il était parti. Il l'avait abandonné. Il l'aimait. Il l'aimait encore, comme un fou. Mais il n'y arrivait pas. Ils se faisaient mal. Alors il était parti. Et Airi l'avait poursuivi. Elle l'avait aidé. Et il avait tenté de se reconstruire avec elle. Parce qu'elle l'aimait. Mais il n'y arrivait pas. Il avait couché avec elle. Parce qu'il manquait d'amour. Et il savait qu'Airi l'aimait. Alors il l'avait utilisé. Il culpabilisait. Parce qu'en couchant avec Airi, il l'avait trompé elle. L'amour de sa vie. Alors il avait préféré la quitter que se faire encore plus mal. Parce qu'ils se détruisaient en restant ensemble. Il n'avait même pas de peine pour Airi. Alors qu'il ne faisait que l'utiliser. Tout ce à quoi il pouvait penser c'était elle. Tout ne tournait qu'autour d'elle. Rien d'autres n'avaient d'importance, et ce, même qu'ils n'étaient plus ensemble. Et pourtant, il avait abandonné. Parce qu'ils se faisaient du mal. Parce qu'ils ne réussissaient pas à guérir. Parce qu'il ne réussissait pas à la guérir.
Et ce soir encore, il coucherait avec Airi. Parce qu'il l'imaginait à sa place. Parce qu'il imaginait ce regard dans ses iris grises. Parce qu'il imaginait son corps à la place du sien. Parce qu'il imaginait sa voix sur la sienne. Parce qu'il imaginait Rui à la place d'Airi. Il était dégueulasse.
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Encore des tombes. Encore des tombes. Papa est mort.
Et elle boit. Et elle boit. Et elle boit. Et il n'était plus là. Xavier, Mina, Shun, Riku, Papa, Shoto... Tous parti. Même Maman. Elle avait même été la première à partir. La première de tous. Elle avait été la première à réaliser que sa fille n'était qu'un porte-malheur. Qu'elle n'apportait que l'abandon et la mort. Tous. Elle n'avait personne. Elle était seule. Elle n'était personne. Ses genoux saignaient encore. Ses mains saignaient encore. Ses poignets saignaient encore. Mais là, cette fois, Morphée l'accueillait avec joie. Pourquoi elle voulait dormir cette fois ? Oh. Ça doit être à cause de l'alcool...
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L'hôpital. Encore.
Du blanc. Encore.
Il n'y avait qu'à eux que ça arrive. Venir à l'hôpital autant de fois. Il avait entendu parler de sa mort. Au père Suzuki. Alors il avait voulu venir. Pour la voir. Au moins une fois ce jour-là. Il pensait la voir entre plusieurs bouteilles. Il l'avait vue entre plusieurs bouteilles. Brisées. Au sol. Avec elle. Elle avec du sang. Du sang autour d'elle. Les poignets taillés.
Puis le téléphone. Un appel. Une ambulance. L'hôpital. Encore. Et Airi. Qui l'avait rejoint. Mais il s'en foutait. Elle l'avait ramené chez elle. Mais il s'en foutait. Elle avait voulu le réconforter. Mais il avait rompu. Et elle avait pleuré. L'avait accusé. L'avait frappé. Elle avait été furieuse. Qu'il l'utilise ainsi. Qu'il lui ait fait croire qu'elle aurait pu être celle qui le rendrait heureux. Mais elle, elle n'avait jamais été rien. Rien comparé à Rui. Airi n'avait jamais été Rui. Elle n'avait jamais été plus qu'une remplaçante, qu'une image. Puis il s'était barré, alors qu'elle pleurait, alors qu'elle lui hurlait dessus. Il avait fermé la porte. Sans un regard pour elle. Et elle s'était effondrée en larmes.
Elle avait espéré que ses larmes le retiennent. Qu'il s'en veuille et lui refasse l'amour. Qu'il lui refasse l'amour... Ils n'avaient jamais rien fait d'autre que baiser, finalement... Après tout... Elle n'était pas Suzuki.
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Du blanc. Encore. Elle avait vu ce blanc tant de fois.
Oh. Mais ce n'était pas le même endroit. Ah oui. Une nouvelle chambre.
Soigner. Elle devait se faire soigner. Et pour ça, il fallait qu'elle fasse une chose : prendre des médicaments et arrêter de boire. Sale dépressive.
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Assit sur ce qu'ils appelaient leur lit, il soupira, le cœur lourd de regrets. Il savait qu'elle avait besoin de ça. De se guérir. Il avait juste horriblement mal qu'ils n'aient pas pu surmonter tout ça ensemble. Ils avaient vécu beaucoup trop pour se soigner. Il voulait qu'elle aille mieux. C'est pourquoi il la laissait s'en aller. S'en aller aux bras de ceux qui la guériront pour de bon. Il n'était celui qui lui fallait pour aller mieux. Il s'en était rendu compte. Peut-être un peu tard cependant. Tout ce qu'il voulait, c'était qu'elle aille bien. Et pour cela, elle devait panser ses blessures loin de lui. Et lui, loin d'elle. Parce qu'il se faisait beaucoup trop de mal en étant ensemble.
Il n'était pas fait pour elle pour l'instant. Il fallait qu'ils guérissent, mais chacun de leur côté. Qu'ils acceptent toute leur fatalité. Qu'ils acceptent leurs erreurs, leurs passés, leurs actions... Pour être ensemble, ils devaient avancés séparément. Mais il l'attendrait. Encore et encore s'il le fallait. Encore et toujours, comme il le faisait déjà auparavant. Parce qu'il l'aimait, malgré tout. Malgré toutes leurs erreurs commises. Malgré les cauchemars et les peurs. Malgré les nombreuses morts sur leurs fragiles épaules. Il attendrait son retour et bientôt, ils seront fiers et heureux. Parce qu'ils s'aimaient malgré tout. Malgré la douleur et la rancœur.
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Il était le premier enfant de sa famille, l'aîné, celui sur lequel reposait tous les espoirs. Pourtant, il n'avait pas l'impression de supporter tant de pression que semblait décrire ses amis. Au contraire, ses parents l'encourageaient dans n'importe laquelle de ses folies. Il avait essayé un jour ; il leur avait dit qu'il souhaitait être rappeur -alors qu'il chantait comme un pied- et ses parents l'avaient encouragé dans cette voie. Bien qu'il eût bien vu leurs grimaces réticentes. Tout ça pour dire qu'il se sentait soutenu par sa famille, et non pas sous pression.
C'était la rentrée ce matin-là, sa dernière année pour lui et la première pour sa petite-sœur. Rin était la petite chouchoute de son père, sa petite princesse. Il lui laissait tout passer, même si c'était la plus grosse bêtise du siècle. Il s'en fiche. Lui il était le chouchou de sa mère. Au même titre que leur petit-frère, Taichi.
« Mon cœur ?! Tu oublies ton déjeuner chéri ! »
Il rebroussa son chemin et rejoignit sa mère dans la cuisine. Sa mère se retourna vers lui, un doux sourire sur les lèvres, et lui tendit un bento. Elle lui embrassa le haut du crâne, tendrement, et lui prit le visage entre ses mains pour observer ses traits attentivement.
« Maman...
-Tu as tellement grandi... J'ai l'impression d'avoir accouché hier seulement.
-Merci pour les images, Maman..., grimaça son cher enfant.
-Tu fais bien attention à ta sœur, d'accord ? Et toi aussi, tu fais attention, compris ?
-Oui Maman. Ne t'en fais pas pour moi, je sais me débrouiller, il sourit chaleureusement.
-Je sais bien, Shin... Je sais bien... »
Elle le regarda une dernière fois avant de s'éloigner de lui.
« Tu es sûr que tu ne veux pas qu'on vous dépose ? Je suis sûre que cela fera très plaisir à ton frère, et ton père ne pourra pas nous dire non.
-Non, ne t'inquiètes pas Maman.
-Mais on ne vous verra plus aussi souvent maintenant... »
Devant le regard larmoyant de sa mère, Shin soupira lourdement. C'était le même cinéma à chaque rentrée depuis sa première année.
« Bon, ok. Si tu veux.
-Parfait ! Installez-vous dans la voiture, on arrive ! »
Ni une ni deux, sa génitrice se rua en dehors de la cuisine pour aller chercher son deuxième fils et son mari. A ce moment-là, une jeune adolescente aux longs cheveux mi bleu mi blanc entra dans la pièce, regardant avec un sourcil haussé l'adulte qui sortait à peine.
« Tu lui as dit oui ?
-Ouais...
-Je savais que tu ne tiendrais jamais. »
Le rictus amusé qu'afficha la jeune fille exaspéra son frère. Shin avait toujours été un fils à maman. Il adorait plus que tout leur mère et cédait toujours à tout ce qu'elle demandait. C'était pareil dans le sens inverse, sa mère ne refusait jamais rien à ses fils, sauf au-delà du raisonnable. Mais Shin, lui, au contraire de Taichi, aimait profondément celle qu'ils appelaient affectueusement « Maman » et ne profitait pas de son amour débordant. Rin l'avait toujours ressenti ainsi. Mais bon, elle, elle adorait leur père.
Le rouquin sortit de la cuisine et croisa son petit-frère dans le couloir, prêt, un énorme sourire jusqu'aux oreilles.
« On y va ?! On y va ?! Ils sont prêts Maman et Papa ?! »
Le jeune homme sourit et ébouriffa les cheveux du plus jeune de la famille. Il amena toute la fratrie dans la voiture et ils s'installèrent en attendant sagement leurs parents. Ceux-ci ne tardèrent pas à arriver. Son père se mit au volant et tous s'en allèrent en direction de Yuei.
Shin aimait sa mère. Plus que tout. Elle était la femme parfaite à ses yeux, calme, sage, d'une gentillesse profonde... Sa mère les avait toujours soutenus et encouragés à sa manière, il avait toujours su trouver refuge dans ses bras qui renfermait un amour maternel si puissant qu'il en était débordant. Mais surtout, sa mère était la femme la plus forte qu'il connaissait. Elle les avait élevés dans l'amour et la douceur, dans un monde d'acceptation. Elle supportait chaque absence de son père lorsque celui-ci partait pour de longs mois en mission, inquiète, mais acceptant la pression en leur souriant doucement. Elle avait toujours répondu présente pour lui, en étant à ses côtés à chacun des problèmes qu'il rencontrait en chemin.
Pourtant, aussi forte que soit cette femme qu'il aimait tant, il la voyait, cette petite flamme de fatigue qu'elle tentait de camoufler derrière ses doux sourires remplis d'amour. Il la voyait, parfois, à bout de force. Et il se demandait à chaque fois ce qu'avait bien pu vivre sa mère pour être usée à ce point. Ce qu'elle avait pu bien traverser pour craquer quelques fois. Pour posséder toutes ces cicatrices sur son corps si frêle. Et puis, lorsqu'il lui demandait si tout allait bien, elle lui souriait encore pour lui dire : « Un jour, mon cœur, je te raconterais tout ce que tu souhaiteras savoir. Tout ce que ton père et moi avons traversé. Mais pour l'instant, profite juste de ton présent ». Et puis alors il n'insistait pas plus, conscient que cela devait être un sujet douloureux à ressasser pour ses parents.
Lorsqu'ils arrivèrent devant le célèbre lycée de Yuei, les deux adolescents embrassèrent leurs parents une dernière fois avant de marcher jusqu'à l'entrée du prestigieux établissement. Shin se dirigea de lui-même vers l'attroupement qui s'était formé devant les portes, sa sœur attrapant le pan de son manteau, nerveuse.
« Eh, Todoroki ! »
Les deux jeunes adolescents se retournèrent dans un même mouvement vers leur interlocuteur. Un grand brun les rejoignait derrière eux, accompagné d'une jeune fille aux cheveux noirs et au regard lasse. Yutaka Ashiatori et Erika Aizawa les rejoignait d'un pas rapide. Ils étaient les meilleurs amis de Shin et étaient inséparables depuis leur rentrée à Yuei.
Ils accompagnèrent ensuite la sœur Todoroki jusqu'à sa classe avant de la laisser et de rejoindre la leur. Shin observa ses amis longuement. Ces derniers ne cessaient de lui reprocher -avec une pointe d'humour parfaitement visible- que le jeune homme roux ne savait comment montrer ses émotions. Il fallait dire que Shin avait beaucoup hérité de son père, de sa couleur de cheveux jusqu'à son caractère timide. Le seul héritage qu'il possédait de sa mère était ses traits de visage et son sourire.
Cependant, même si le rouquin avait pour habitude de cacher ses émotions en public, pudique, la façon dont il se comportait chez lui était diamétralement l'opposé de celle qu'il adoptait en cours. Chez lui, il était bien plus chaleureux. Il ne se cachait pas et exprimait chacune de ses émotions, chacune de ses pensées.
Ça aussi, il le tenait sans faute de son père.
Sa mère n'était pas démonstrative, mais n'hésitait jamais à effectuer quelques gestes tendres envers eux ou leur père, qu'ils soient entourés ou non. Son père, lui, ne le pouvait tout simplement pas. Ou du moins, très rarement. Mais c'était ainsi que fonctionnait ses parents. Les autres, ceux qui ne connaissaient pas sa famille, disaient d'eux qu'ils ne s'aimaient pas, que la passion qui les avait animés avait disparu. Shin comprenait leur point de vue. Mais c'était complètement faux.
Peut-être était-ce sûrement parce qu'il était leur fils, mais lui pouvait le voir, tout l'amour qu'ils se portaient. Cela lui arrivait de surprendre son paternel enlacer tendrement sa mère, alors qu'il lui chuchotait des mots doux dans le creux de l'oreille et qu'elle rougissait presqu'imperceptiblement. Et pourtant, il était difficile de faire rougir sa mère. Cela lui arrivait de voir des regards amoureux qu'ils se lançaient lorsqu'ils pensaient être seuls, ou encore des baisers langoureux qu'ils s'échangeaient comme deux adolescents. Dans ces moments-là, il se pressait de rejoindre sa chambre, désireux de les laisser encore un peu enfermés dans leur monde qu'eux seuls connaissaient. Ses parents s'aimaient, pour sûr. Rin, Taichi et lui ne seraient pas nés sinon.
Shin soupira alors qu'ils se rapprochaient de plus en plus de leur classe. Il sentit Yutaka entourer ses épaules de son bras et le vit tout sourire.
« Alors, Todoroki, pas trop stressé pour cette dernière année ici ? lui lança le beau brun.
-Non.
-C'est plutôt à toi qu'on devrait demander ça, Yu. En plus d'avoir la grande et si célèbre Uravity comme professeur principale, il a fallu qu'elle soit ta mère. En sachant comment elle a été sévère avec toi ces deux dernières années, t'as pas peur qu'elle te mette encore plus de pression que d'habitude ? demanda leur amie aux cheveux noirs.
-M'en parle pas ! Elle n'a pas arrêté depuis deux mois à me rabattre les oreilles avec nos diplômes. Pourtant, je ne suis pas un mauvais élève, bougonna le jeune Ashiatori dans sa barbe.
-D'ailleurs, comment va ton frère ? Tu m'as dit qu'il postulait pour une agence la dernière fois.
-Ouais, bah il s'en sort. Il veut poursuivre les rêves de son père tu sais. Et comme Maman et Papa ne veulent pas qu'il se sente à l'écart, ils l'obligent à rester à la maison le temps que ses vacances se terminent.
-C'est cool qu'il veuille suivre la voie de son père. Katsuki Bakugo était un bon héros. »
Shin acquiesça gravement. Oui, c'était un bon héros... D'après ce qu'il savait, sa mère et son père avait été des camarades de ce grand justicier et de la mère de Yutaka. Sa mère lui avait expliqué les circonstances de sa mort il y a quelques années de cela à présent, et à quel point elle et Madame Ashiatori étaient restées proches ces quelques années. Elles ne l'étaient pas autant que sa mère et sa tante Mina, mais elles se donnaient des nouvelles de temps en temps.
« Mais on ne parlait pas de moi, on parlait de Shin.
-Laisse-le un peu. Il n'est pas l'enfant du grand Shoto Todoroki et de la grande Rui Suzuki pour rien je te signal. »
A l'entente de cette réplique, le roux sourit de fierté. Il était vrai que son père n'était pas méconnu en tant que justicier, prenait même place dans le top cinq des héros japonais. Sa mère non plus n'était pas en reste, grande médecin renommée de son époque. Il avait longtemps été apeuré à l'idée de décevoir ses parents, plus jeune. Mais très vite, ceux-ci s'étaient rendus compte de ses états d'âmes et l'avait rassuré, lui, l'aîné de la famille Todoroki.
« Shin... Nous ne t'obligerons jamais à suivre notre voie... Nous t'encouragerons toujours dans celle que tu choisiras, que tu sois aussi reconnu que nous ou non... Nous serons toujours très fiers de toi mon chéri...
-Ta mère à raison, mon garçon. Qu'importe ce que tu choisiras, nous serons toujours à tes côtés. »
Ce n'était pas toujours facile d'être l'enfant aîné de deux grandes personnalités. Surtout lorsque l'un deux était un héros particulièrement connu et reconnu, et que l'autre était un grand médecin proche de personnalités politiques importantes. On attendait de l'aîné une perfection irréprochable et un comportement exemplaire, et très vite, la pression devenait insupportable. Mais Shin avait de la chance. Ses parents seraient toujours à ses côtés. Shin était conscient d'avoir sûrement les meilleurs parents de la Terre. C'était ce pour quoi il était si reconnaissant envers eux pour l'avoir élevé dans cette ambiance si chaleureuse et familiale.
Shin ne savait pas ce qui l'attendait. Il ne savait rien de son futur, contrairement au demi-frère de Yutaka, et n'arrivait pas à se projeter à l'intérieur, complètement dans le flou. Il ne voulait simplement pas décevoir ses parents. Il n'avait pas vraiment envie de devenir héros ou même médecin ou docteur. Cela ne l'intéressait pas plus que ça. Il ne voyait aucun intérêt à faire ces métiers. Ses parents l'avaient élevé dans l'optique qu'il soit fier de la personne qu'il avait choisi d'être. Il avait été élevé pour croire que chaque homme bon sur cette Terre était un héros, que ce soit son métier ou qu'il soit boulanger. Ils l'avaient élevé de sorte à ce qu'il n'ait pas honte de faire d'aussi grande carrière qu'eux, tant qu'il vivait bien et qu'il était heureux. Et il les avait toujours remerciés pour ceci.
« Bon..., Shin soupira. Notre dernière année nous attend. »
Un jour, il connaitrait toute la vérité. Il saurait pourquoi sa mère semblait parfois si triste, pourquoi son père avait si peur de perdre sa mère. Pourquoi sa mère allait si souvent au cimetière, les personnes qui pouvaient bien s'y trouver là-bas. Il saurait pourquoi elle n'allait pas voire juste leur grand-père là-bas, pourquoi ses oncles et ses tantes semblaient si nostalgique et attristés en voyant ses parents. Un jour, il saurait pourquoi ses parents possédaient autant de cicatrices, pourquoi ses parents faisaient autant de cauchemars la nuit, ce qu'ils avaient bien pu vivre et endurer pour avoir ceci. Mais tout ça, ce sera un autre jour. Pas maintenant. Maintenant, il devait juste profiter du présent, comme le lui avait dit sa mère.
« Un jour, nous te raconterons tout Shin. Et tu raconteras cela à tes enfants à ton tour, l'héritage qu'on te contera. Mais jusqu'ici, nous voulons juste que tu profites de ta vie mon cœur. Alors attends patiemment, jusqu'à ce qu'on soit prêt à répondre à chacune de tes questions. »
Et il attendra. Il avait encore toute la vie devant lui pour recevoir ces réponses.
JOYEUX NOËL !!!
Et voilà, c'était le dernier chapitre... je me sens triste et fière d'avoir terminé cette histoire ou du moins la trame narrative principale... Mais on se retrouve bientôt pour un livre bonus sur cette histoire ! Je ne sais pas quand je le sortirais, mais les aventures de Rui ne sont pas fini alors je vous dis à très vite en espérant que cette histoire vous ai plu jusqu'à cette fin ! A très bientôt !
Bien à vous,
Motaku.
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