CHAPITRE XVI

Riku Yamada voulait être un héros. Il était fait pour en être un. Né avec un Alter qui lui permettait de créer des lasers du bout de ses doigts, il avait été élevé avec le rêve le plus commun de devenir, plus tard, un grand héros. Il avait la détermination, l'Alter, et la force de réaliser son rêve. Et il l'a fait. Il était devenu un héros. Riku, alias Reza, était une personne attentionnée envers ses proches. Ses parents étaient fiers de lui, sa sœur l'adorait et le prenait pour exemple, et sa seule cousine comptait énormément sur lui. Il était aimé et admiré de la plupart des gens, et même si son métier ne volait pas très haut, il était heureux que sa vie d'adulte commence ainsi.

Néanmoins, un seul point noir venait assombrir ce tableau de vie parfait : Himawari Suzuki.

Sa tante avait toujours été une gentille personne. Petit, sa mère et elle étaient très proches. Elles se connaissaient depuis l'université et étaient restées très proches en vieillissant. Lorsqu'il naquit, sa tête était déjà en couple avec son oncle. Himawari et Shikoku s'étaient mariés six ans plus tard, un an après la naissance de sa cousine. A cette époque, il se souvenait que sa tante venait à peine d'ouvrir son cabinet de fleuriste. Ses souvenirs étaient un peu flous à ce sujet, mais se souvenait que cette époque fut très heureuse pour l'entièreté de leur famille.

Quand sa tante partie, ce fut un véritable drame. Sa mère ne sourit plus jamais comme avant, son oncle tomba légèrement dans la dépression, et sa cousine... sa cousine changea. C'était lorsqu'il avait treize ans. Rui s'était renfermée sur elle-même. C'est lui qui la releva au départ d'Himawari. C'est lui qui lui dit d'abandonner lorsque sa mère ne manifesta plus aucun intérêt pour elle. C'est lui qui la combla d'amour lorsque son père s'en sentait incapable.

Rui et lui avait grandi comme deux jumeaux, malgré leurs cinq années de différence. Ils avaient grandi ensemble et étaient restés très proches en grandissant, même lorsque leurs routes se séparaient. Quand il entra à Yuei, ils eurent beaucoup plus de mal à se voir. Mais leur lien ne resta pas moins fort pour autant. Malgré tous les coups bas que la vie lui avait faite à lui et sa famille, il s'était toujours relevé, un sourire aux lèvres et optimiste pour l'avenir.

Mais cette optimiste se détruisit lorsque sa tante réapparue dans sa vie.

Il était en deuxième année à Yuei. En plein milieu d'année. Il devait se rendre sur les terrains d'entraînement ce jour-là, quand il fut attrapé pour ensuite être dissimulé dans les buissons. Et quand il ouvrit les yeux après sa chute, il fut stupéfait de voir devant lui le visage d'Himawari. Cerné, fatigué.

Le noirâtre connaissait sa tante, ou du moins la connaissait un minimum. Et le sourire qu'elle lui fit ce jour-là n'était pas rempli d'animosité, mais plutôt de mélancolie et de nostalgie. Ce sourire le poursuivit jour et nuit après cela. Et les mots qu'elle prononça, qu'elle implora, ne purent que rester tatoué sur son esprit.

« Riku... S'il te plaît, il faut que tu ailles à cette agence. Il faut que tu y entres et découvre ce que... ce que je cache. Je t'en prie Riku... Je t'en supplie, protège Rui... »

Les paroles suppliantes de sa tante et sa fuite précipitée ne purent qu'intriguer et surprendre le jeune homme aux cheveux noirs. Pourquoi ? Pourquoi se présentait-elle à lui maintenant ? Pourquoi pas à sa propre famille qui avait sûrement bien plus besoin d'elle que lui ? Pourquoi ne pas donner de réponse ? Riku se retourna plusieurs fois dans son lit cette nuit-là, incapable de trouver le sommeil. Il aurait pu tout simplement l'ignorer. Continuer sa vie comme si elle n'était jamais réapparue devant lui. Mais il n'y arrivait pas. Pourquoi voulait-elle qu'il protège Rui ? Et qu'est-ce que cette agence avait de spécial ? Tout ce flou le perturbait.

Sa tante était une personne gentille et attentionnée. Elle était sa tante préférée lorsqu'il était petit. Son départ avait choqué tout le monde, lui plus que n'importe qui. Le noiraud avait toujours été un très bon observateur. Il voyait bien tout l'amour qu'offrait sa tante à sa tendre cousine. Alors qui aurait pu se douter qu'elle partirait ainsi du jour au lendemain ? Surement pas lui. Aucun signe ne démontrait un futur départ en tout cas.

Le fait qu'elle ait évoqué sa fille de façon si dramatique le dérangeait. Et ce fut pourquoi il partit rencontrer cette agence ce week-end-là, avec les indications que lui avait fourni Himawari. C'était une petite agence, à la limite de la clandestinité. Il ne savait pas pourquoi il avait été envoyé ici, cependant, le noiraud avait d'une certaine manière placé sa confiance en la personne de celle qu'il considérait jadis comme sa tante. Il voulait croire qu'elle se souciait encore un tant soi peu de sa famille qu'elle avait laissé derrière. Alors avec une voix assurée, il avait demandé à voir le directeur de l'agence et avait discuté avec lui.

Il l'avait d'abord interrogé sur leur but, expliquant sa situation sans trop non plus se confier. Kakashi Sakamoto lui avait alors tout expliqué dans les moindres détails. Leur agence, Heroes One Day, avait été créé dans le but de mettre un terme aux agissements plus que suspects du gouvernement. Evidemment, ce genre d'agence était très rarement accepté par celui-ci, voir jamais accepté, ce qui expliquait leur clandestinité. HOD était l'une des rares agences à encore tenir, la plupart éradiqué, complètement effacés par le gouvernement. Comme si elles n'avaient jamais existé. Et évidement, rares étaient ceux qui connaissaient ce genre d'agence.

Suite à cette rencontre, Riku avait réfléchi un long moment avant de prendre une décision. Il voulait croire en Himawari, mais un doute subsistait dans son esprit. Il voulait croire en les mots de cet homme, Kakashi, mais un doute subsistait. Pourquoi voulait-il devenir un héros ? Il voulait protéger les innocents du mal. Il voulait le bien de tous. Mais surtout, il voulait la sûreté de sa sœur et de Rui. Mais alors, allait-il devenir héros dans le mauvais quand si tout cela s'avérait être vrai ? En qui devait-il placé sa confiance ?

Cette nuit-là encore, il ne réussi pas à s'endormir, l'esprit tourmenté. Néanmoins, celle-ci l'aida à prendre la décision la plus difficile et pourtant la plus juste de sa vie. Il décida de faire confiance à sa tante, et dès le lendemain il retourna se faire une place à Heroes One Day. Aussi simplement que cela.

Evidemment, dû à son jeune âge et à son inexpérience, le jeune Yamada n'avait pu entrer dans l'agence immédiatement. Il avait dû attendre de recevoir au moins son diplôme de héros professionnel. Cependant, cela ne l'empêcha pas de s'investir dans les affaires de HOD. C'était comme s'il était un membre à part de cette agence, en enlevant le fait qu'il ne partait jamais en mission avec eux.

Après avoir obtenu son diplôme, il a aussi commencé à aller sur le terrain. Il participait à quelques-unes des missions d'espionnages et, parallèlement, il poursuivait ses études à Himegaki. Il aurait pu être dupé par sa tante et Sakamoto. Mais avec le temps, il avait appris à faire confiance, complétement, à ces personnes. Il n'était pas là pour rien. Et pour sa sœur et sa cousine, il serait prêt à tout.

Malgré son investissement, Riku n'avait aucun droit de regard sur les documents officiaux de l'agence sur le gouvernement. Tout ce qu'il découvrait sur le terrain, il n'en comprenait même pas la moitié et c'était souvent ses coéquipiers qui rapportaient tout à leur patron. Il ne comprenait pas pourquoi il ne pouvait jeter un coup d'œil aux informations, et avait surtout l'impression d'être le seul à ne rien savoir. Alors comme tout le monde, la seule chose qu'il trouva à faire fut la suivante ; aller chercher lui-même ses réponses dans la salle d'archives. Et ce qu'il y découvrit lui glaça le sang.

Toutes ces expériences menées, tous ces secrets cachés, toutes ces atrocités... Tout ce qu'il aurait dû savoir n'était qu'horreurs et dégoût. Tout ce que son patron lui avait caché, il aurait dû en être au courant depuis le départ.

« La première victime a été ma sœur. »

Kakashi l'avait rejoint, sachant qu'un jour ou l'autre Riku allait découvrir tout ceci. A son arrivée, il semblait si naïf que le vieil homme n'avait pas voulu lui montrer les horreurs du système. Il avait voulu qu'il trouve ceci de lui-même. La raison pour laquelle la salle des archives lui avait toujours été ouverte.

A partir de ce jour-là, Riku fut sans pitié. Peut-être était-ce la peur qui le conduisait à se comporter ainsi. Peut-être la peur que sa sœur et Rui disparaissent comme tous ces gens, qu'elles souffrent comme eux. Peut-être était-ce sa peur à lui. Mais peut importait. Il ne pouvait plus reculer. Il était bien trop impliqué jusqu'à présent.

Il fit des recherches sur chaque membre du gouvernement. Il remua ciel et terre pour trouver ne serait-ce qu'une seule information de plus. Pour sa sûreté, pour celle d'Hana et de Rui, il blessa, tortura, tua de nombreuses personnes dans le simplement but d'obtenir la moindre petite information. Son regard autrefois pétillant et encore innocent se changea bien vite en un regard plus mature, plus adulte. Comme s'il comprenait enfin par cœur la définition de ce monde. Ses mains tâchées de sang, il les posa de nombreuses fois sur sa cousine qui ne se doutait encore de rien. Son âme remplie de noirceur, personne ne la vit.

La dernière mission qu'il se devait accomplir était une infiltration dans un repère. La première depuis des années. Et dès lors, il savait qu'il ne s'en sortirait pas. Alors il était venu une dernière fois voire la jeune Suzuki chez elle. Il avait embrassé sa sœur et ses parents une dernière fois. Et il s'était couché dans son lit une dernière fois. Le lendemain, il ne rentrait plus à la maison.

Les dernières informations partagées -et à part des photos, quelques rares témoignages et des enfants disparus, il n'y en avait pas énormément- furent transmises par Blaze. Blaze qui revint de cette mission en sang, à bout de force et sans Riku. La seule chose qu'ils savaient pour sûr était celle-ci : un des ministres était à la tête de toutes ces recherches, et non pas tout le gouvernement comme ils le pensaient si fort. Un seul homme avait engendré toute cette misère. Un seul homme était responsable de tant de malheurs.

oOo

« Rui. »

Celle-ci se crispa sur sa chaise. Ses larmes s'écoulaient le long de ses joues creuses pour ensuite d'écraser sur une des pages du carnet de son Riku. Elle le ferma avec douceur avant d'essuyer rapidement ses perles d'eau salé pour se retourner vers le blanchâtre qui l'observait avec inquiétude. Elle lui sourit, en tentant de se montrer aussi rassurante que possible. Pas dupe pour un sou, Shun se rapprocha simplement d'elle pour la serrer contre lui. Il s'attendait à ce qu'elle verse un torrent de larmes, mais rien de survint.

« Riku était... »

Il écouta attentivement.

« Un super héros, elle souffla doucement contre lui. Il était né pour ce métier. Il était trop gentil, trop tout pour ne pas le devenir. Un vrai cliché. »

Elle rit, nostalgique.

« Il était trop gentil... Tu aurais dû le rencontrer, tu l'aurais adoré... Tout le monde l'aimait... »

Sa confidence était si profonde que Shun ressentait ses entrailles se resserrer à l'intérieur de lui. Rien qu'au son de sa voix, Shun pouvait ressentir à quel point son amour pour son cousin était profond et sincère. Et peut-être même qu'il ne comprenait pas vraiment à quel point leur lien pouvait être si fort.

« Je suis heureuse... et pourtant je m'en veux... pour lui avoir fait subir tout ça... Tout ce qu'il a fait, tout ce qu'il a vécu, sa mort... tout était en fait de la faute à ma mère pour l'avoir entraîné dans cette histoire... et moi. »

La sentant sombrer dans ses pensées noires, Shun se déplaça jusqu'à coller son front contre le sien. Il encra ses yeux couleur rubis dans les siens argentés tortueux.

« Rien n'est de ta faute. Tu n'étais au courant de rien, idiote. »

Elle sourit, un sourire un peu crispé alors qu'il faisait toucher leur nez dans un geste d'affection tendre.

« Je n'arrive plus à pleurer... J'ai pleuré tant de fois que j'ai l'impression que mes larmes ont tari... Je l'ai pleuré tellement de fois... Je suis heureuse qu'il ait autant pensé à moi... Je suis heureuse d'avoir cette dernière trace de lui... »

La noirâtre soupira doucement cette dernière réplique. Profondément dans ses pensées, le jeune Aoki ne répondit rien. Sa réflexion allait vite dans sa tête, un dilemme se jouant face à lui. Tout ce que souhaitait Shun, c'était la survie de Rui. Pour cela, il se devait de faire un choix important pour la suite des évènements. Il activa son Alter discrètement. Puis finalement il souffla, résigné, bloqué :

« Je sais qui est à la tête de cette organisation.
-Quoi. »

Leur regard ne se lâchait pas. Leurs mains se rejoignirent alors que Shun s'accroupissait face à elle.

« Tu me fais confiance ? »

Rui ne comprenait pas le sens de sa question. Bien sûr. Bien sûr qu'elle lui faisait confiance. Une question rhétorique à laquelle elle hocha tout de même la tête d'acquiescement. Ce a quoi il répondit par un petit sourire en coin.

« L'homme qui a commencé tout ça... C'est le premier ministre, Daisuke Shitoba. »

La jeune Suzuki ne réagit pas à première vue à cette déclaration mais ses yeux s'assombrir dangereusement. Le Ministre des sciences. Le vieil homme qui passait partout à la télé et qui était glorifié pour sa gentillesse et sa générosité en plus de son génie. Comment avait-il pu faire ça à tant d'innocent ? Qu'avait-il donc en tête ? Petit à petit, lentement mais sûrement, les pièces du puzzle commençaient à se remettre en place. Ils avaient le cœur du problème, maintenant, ne restait-il plus qu'à en rechercher les contours. Les pourquoi du comment surtout.

« Je suis rentrée.
-Bon retour, Kaori. »

Le son de la porte se refermant retentit jusqu'à eux, assit à présent dans le salon. Celle-ci les rejoignit quelques minutes plus tard, replaçant correctement ses lunettes sur le bout de son nez, un papier à la main. Les deux amants s'étaient installés sur le canapé, prenant une pause dans leurs recherches qui avaient une bonne partie de leur après-midi. Rui reposait sa tête tendrement sur l'épaule du blanc alors que celui-ci s'amusait avec une de ses mèches de cheveux fraîchement coupés à hauteur de menton. Ils s'étaient tous coupés les cheveux courts, ceux-ci ayant bien trop poussés durant leur séjour à la prison de Tokyo. Kaori s'affaissa complètement à leurs côtés, épuisée par la course qu'elle venait de faire et un peu ennuyée de retourner à Yuei en fin de journée. Elle déplia la feuille entre ses doigts, armés d'un stylo, pour la parcourir de ses yeux avec attention.

« Qu'est-ce que c'est ? interrogea Rui avec curiosité.
-Les papiers des prochaines élections. J'ai ramené ça pour mes parents et mon frère. Tu sais, ce sont les élections du premier ministre. Depuis que l'empereur à décider de reprendre la méthode d'élection des USA, au moins pour les élections du premier ministre, on a le droit de vote à notre majorité depuis. Même si c'est lui qui finit par choisir le prochain ministre au final, c'est cool qu'on puisse donner notre avis sur la question. »

Kaori ne sut pas pourquoi leurs yeux s'écarquillèrent à l'instant où elle dit ceci. Elle ne sut pas pourquoi ils se regardèrent avec sérieux durant un moment. Elle ne sut pas non plus pourquoi ils lui demandèrent de l'aide. Ce qu'elle sut par contre, c'était que Rui ne faisait jamais rien sans raison. Et ce fut pourquoi elle accepta de les aider avant même de savoir de quoi tout ça en retournait.

« Est-ce que tu pourrais aller voir All Might le plus tôt, s'il te plaît. Il y a quelque chose qu'il doit faire avant qu'il ne soit trop tard. »

Voilaaaaaaaaa.

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