CHAPITRE XIX
Daisuke se prit la tête entre les bras. Il n'avait le temps de rien pour d'autres problèmes. Il était déjà assez préoccupé par les futures élections pour être accaparé par d'autres futilités dans ce genre. Ces fourmis ne pouvaient-ils donc pas se tenir tranquilles ? Était-ce vraiment trop compliqué ? Exaspéré, l'homme bascula son dos contre le dossier de son fauteuil de bureau. Il se passe une main fatiguée dans ses cheveux blancs parfaitement coiffés. Tout d'un coup, un son strident s'éleva dans la pièce. Il répondit au téléphone non sans agacement :
« C'est pour quoi ?
-Nous les avons localisés, Monsieur. »
L'agacement qu'il ressentit se transforma bien vite en un intérêt et une lassitude soudaine.
« Où ?
-Une maison, dans la rue Ryusei à Tokyo.
-Brûlez-là. Comme nous l'avons fait avec Head Shot.
-Bien Monsieur. »
Il raccrocha et se réinstalla dans son fauteuil. Ses paupières s'abaissèrent d'elles-mêmes. Voilà donc un problème en moins.
oOo
Cela faisait une semaine. Une semaine depuis qu'il avait découvert cette vérité. Une semaine qu'il n'était pas retourné là-bas. Il n'y avait pas vraiment pensé par ailleurs, occupé avec l'agence Heroes One Day. Il avait été très surpris de voir Eraser Head aux côtés de ces personnes. Il n'avait pas pensé qu'il puisse avoir des doutes par rapport au gouvernement. Alors le retrouver là-bas avait été une surprise de plus à ajouter dans sa journée. Mais cela avait réussi à le calmer émotionnellement. Il pouvait à présent réfléchir sereinement.
Shoto pensait en marchant vers la maison des Kashima. L'appréhension agrippait son cœur avec fermeté et l'angoisse lui bouffait l'estomac. Il avait besoin de la voir. Ils devaient s'expliquer. Mais ça ne voulait pas dire qu'il ne se sentait pas du tout stressait. Cela faisait un an. Un an qu'il ne l'avait plus vu, un an qu'il ne lui avait plus parler, un an qu'il ne faisait que souhaiter la revoir. Il se sentait à la fois soulagée et anxieux. Comme s'il allait passer un examen. Non, c'était même pire qu'un examen. Il fallait qu'ils discutent, ça, il en avait conscience. Et il avait peur que ce qu'ils allaient se dire. De ce qu'ils allaient s'avouer. Il ne pouvait le nier : il avait peur de la redécouvrir. A quel point avait-elle changé en un an ? Parce qu'il fallait qu'il se l'avoue : elle, tout comme lui, doit sûrement avoir changer. Mais à quel point ?
Il allait bientôt arriver sur les lieux, environs dans moins de cinq minutes. Puis au bout de quelques secondes supplémentaires de marche, Shoto remarqua l'agitation qu'habitait les gens autour de lui. Intrigué, il se demanda pourquoi ils courraient puis il réfléchit et se demanda s'il ne se passait pas quelque chose de grave dans les alentours. Il arrêta un passant, interloqué, et celui-ci lui répondit assez alarmer :
« Il y a un incendie à quelques pas d'ici. »
Il n'en fallut pas plus pour faire réagir le jeune héros qui se rua sur les lieux en suivant la foule. Il arriva en moins de quelques secondes sur les lieux et ses pupilles se dilatèrent d'horreur en se rendant compte que la maison en question était celle des Kashima. Les flammes rouges ardentes montaient jusqu'au ciel et la chaleur était si forte qu'il la sentait jusqu'à lui. Pendant un instant, il ne bougea pas, stupéfait. Quand enfin il comprit la situation, la peur lui agrippa la gorge et il fonça sans réfléchir dans cette maison enflammée.
Non... Non, non, non ! La mâchoire contractée, il défonça la porte d'entrée et disparu dans la chaleur de la bâtisse. Non, non, non, non. Il ne cessait de répéter ce mot dans son esprit. Son cœur battait à cent à l'heure et ses entrailles étaient tordues par la peur. Il ne pouvait décrire ce sentiment qui faisait bouger chacun de ses membres. Ni cette horreur qui le saisissait de toute part. L'adrénaline qui montait dans son corps lui provoquait des sensations à la fois horribles et surprenantes. Il n'avait plus conscience de rien. Il ne pensait qu'à Rui. Ce n'était pas possible. Elle ne pouvait pas disparaître maintenant alors qu'ils venaient à peine de se retrouver.
Les muscles contractés, il posa son bras contre son nez et sa bouche en respirant du dioxyde de carbone et toussa avec force dans celui-ci. Ses yeux plissés le piquaient et il avait du mal à voir à travers l'épaisse fumée qui remplissait l'environnement en plus de la lumière chatoyante qui provenait des flammes ardentes.
« Rui ! »
Il cria son nom aussi fort qu'il put. Shoto s'avançait dans les pièces tout en continuant de l'appeler aussi fort qu'il pouvait. Il tenta de tarir les flammes avec son Alter de glace, mais cela ne fit rien. Comme avec Head Shot. Alors en pestant contre son incapacité, il continua d'appeler la jeune fille, craignant qu'elle ne soit encore présente. Il monta à l'étage avec difficulté. Sa respiration se faisait plus lourde et compliquée. Ses poumons commençaient lentement à le brûler de l'intérieur et ses toux se firent plus conséquents.
« Rui ! il hurla de toutes ses forces. »
Il ouvrit la chambre d'ami dans laquelle il l'avait vu l'autre jour. Il sursauta et mis son bras au-dessus de sa tête en entendant un lourd crépitement venant du plafond. Il courut en avant quand un bout du haut de la maison en feu tomba sur lui. Todoroki poussa un cri de douleur quand un bout de bois brûlant tomba sur lui pour le brûler à cent degrés. Son haut prit feu et il s'empressa de le retirer de lui. Le jeune homme observa un instant la peau de son torse rougir pour ensuite voir des plaques prendre du relief. Il grimaça, les dents serrées, de douleur. Ça faisait un mal de chien ! Il avait l'impression de sentir sa peau se déchirer sur lui et cela fit remonter en lui des souvenirs désagréables. Il se mordit la lèvre inférieure en gémissant de souffrance.
Il toussa ensuite plus fort appuyer contre une armoire, la porte à présent bloquée par l'incendie. Il s'appuya contre celle-ci avant d'apercevoir une fenêtre. Le jeune héros se rapprocha de celle-ci aussi vite qu'il pouvait. Cependant, il était à bout de force. Il avait respiré bien trop de dioxyde de carbone. Le jeune homme avait la tête lourde et les membres engourdi, bien loin de la sensation d'adrénaline qu'il ressentait quelques instants plus tôt. Shoto ressentait la fatigue prendre le dessus, affaibli par la douleur de sa brûlure, et se laissa glisser contre la fenêtre. Et la dernière chose qu'il vit avant de complètement fermer les yeux, ce fut des particules lumineuses envahir son champ de vision.
« Shoto ? »
Elle toussa en respirant la fumée et plaça une main sur le bas de son visage. Elle observa les lieux, en feu, et s'empressa d'ouvrir la fenêtre de la pièce en grand. Alarmée par l'inconscience du jeune Todoroki, Rui se dépêcha de d'attraper le fils d'Endeavor pour se dématérialiser et sortir de cette maison en feu. Elle réapparu aux côtés de Xavier et Shun, qui l'observaient inquiets. Elle ne sut dire s'ils s'inquiétaient pour elle ou Shoto tant elle était accaparée par lui.
Elle l'appela encore, le secouant légèrement, les yeux remplie d'inquiétude. Mais il ne répondit pas et grimaça. Agitée, la première chose qu'elle fit fut d'appeler à l'aide les personnes aux alentours. Cependant, la noirâtre fut très vite stoppé par le vert qui mit une main sur sa bouche pour l'empêcher de crier encore plus.
« Rui ! il réprimanda en chuchotant. Laisse-moi faire, d'accord ? »
Elle hocha rapidement la tête, ne souhaitant qu'une chose : qu'il le guérisse. Xavier s'attela alors à jouer de son Alter de guérison sur la personne de Shoto. Il plaça ses mains au-dessus de son torse et un halo vert illumina celui-ci. En sentant une chaleur s'éparpiller dans son corps, Rui vit les traits de son jeune ami se détendre. La jeune Suzuki finit donc par elle aussi s'apaiser. Elle observa la peau rougie du héros blanchir sous ce halo vert et demanda d'une voix prudente :
« Il aura des cicatrices ?
-Ouais. Mais ça ne sera pas aussi visible que ce qu'il a eu à son œil. »
Rui déglutit, se sentant un peu coupable. Il était entré dans cette maison par sa faute. Il était venu la chercher... Sa première cicatrice avait été faite par ses parents, et la deuxième était de sa faute...
L'alarme de pompier retentit jusqu'à eux, ce qui perturba Xavier qui cessa de suite son traitement. En entendant des pas froisser l'herbe, les trois compagnons d'arme durent s'envoler le plus vite possible hors de la vue de témoins. Rui se dématérialisa avec les deux autres hommes, sans néanmoins lancer un dernier coup d'œil anxieux vers son vieil ami. Et elle disparut ainsi alors que Shoto fut emporter par les secours jusqu'à l'hôpital.
Il fut de suite hospitalisée. A son réveil, à peine quelques heures plus tard, ce fut des murs blancs qui l'accueillirent à la réalité. Il ne pu s'empêcher de froncer les sourcils à la vue de cette couleur : combien de fois avait-il été soumis à ce blanc pur ? Il ne comptait même plus. Cette couleur à même presque faillit le rendre fou un jour tant il l'avait vu dans sa vie. Cette fois-ci, il garda son calme et fut même exaspéré de se retrouver une nouvelle fois entre les murs d'un hôpital. Et à la vue de ces chambres, il ne pouvait se trouvait qu'à Yoshiba. C'était le seul hôpital à posséder des chambres aussi spacieuses...
Sa famille, ayant été mise très rapidement au courant de cet incident, n'avait de cesse de gémir à ses côtés. Le dernier des Todoroki s'était fait gronder par sa sœur, coincé entre les bras de sa sœur et amicalement frappé par son frère qui vacillait entre le réprimander et le féliciter pour son acte héroïque. Bref, c'était un vrai bordel. Par la suite, il reçu la visite de ses quelques amis, notamment celle de Mina qui pleurait à chaude larmes à son chevet, le priant de ne pas recommencer. Ce qui était un peu ironique en vue de leur métier commun mais il ne releva pas ce détail, heureux et soulagé qu'elle lui reparle de nouveau.
Il devait rester une semaine à l'hôpital, son docteur voulant s'assurer qu'il n'avait aucune autre séquelle que cette cicatrise à son torse. Cela ne faisait que deux jours qu'il restait enfermé et, seul, le temps se faisait long. Même s'il en avait pris une étrange habitude. Ce jour-là, Aizawa se fit un plaisir de venir rendre une petite visite à son ancien élève. Ils discutèrent un court instant, le noirâtre s'assurant du bien-être de l'ex lycéen. Puis quand Eraser Head parti, celui-ci croisa, au détour d'un couloir, une jeune femme à la silhouette frêle muni d'une capuche sur la tête et d'une paire de lunette.
Il était vrai que les lunettes pouvaient changer l'apparence d'une personne. Mais lorsque cette dite personne avait fait partie du quotidien d'Aizawa pendant trois ans, il n'avait aucun mal à la reconnaître. C'est pourquoi il fut si pétrifié de recroiser là son ancienne élève. Dite morte.
Quand leurs regards se croisèrent, la jeune fille eut vite fait de détourner les yeux et d'accélérer son pas jusqu'à le dépasser et disparaître dans l'hôpital. Le héros dû se faire violence pour ne pas se retourner et la suivre pour quémander des réponses. Mais il sut immédiatement qu'en faisant cela, il pourrait les mettre tous en danger. Car il se doutait bien, après les révélations du jeune Todoroki, que sa survie ne tenait qu'à un fil. Alors il poursuivit sa route, difficilement, mais il le fit tout de même pour ne plus risquer la vie de cette enfant qui avait beaucoup trop souffert pour son si jeune âge. Car il l'avait vu dans son regard : cette souffrance insoutenable et incurable qui résidera à jamais le regard de son ancienne élève. Et ce fut ce qui l'avait le plus statufié.
Quand Rui arriva devant la chambre de Shoto, elle s'arrêta juste en face, essoufflée et étonnée par cette soudaine rencontre. Elle n'aurait pas dû écouter Shun qui la pressait pour partir. Elle aurait dû venir beaucoup plus tard. Néanmoins, elle reprit une respiration normale et toqua délicatement contre la porte. Puis elle l'ouvrit tout aussi légèrement quand elle l'entendit lui stipuler d'entrer.
« Bonjour Shoto... »
Ledit Shoto tourna si vite la tête vers elle que la Suzuki eut l'impression qu'il pouvait se briser la nuque rien qu'à ce geste. Elle se rapprocha lentement de lui et s'installa sur la chaise près de son lit. Elle l'observa un instant. Ses cheveux étaient plus courts et ses traits s'étaient davantage allongé. Il semblait plus grand, plus mature. Elle sourit tristement : elle n'avait pas été là pour voir ça...
« Tu es en vie, il ne trouva que ça à dire.
-Oui...
-J'ai pensé que tu étais morte. Je t'ai cru morte pendant des mois... »
En soi, ce n'était pas de sa faute. Elle n'avait pas souhaité que cela lui arrive. Pourtant, malgré ça, Rui s'excusa. Elle s'excusa de la peine qu'elle lui avait causé. Et de celle qu'elle allait lui causer.
« Je suis désolée...
-Ce n'est pas ta faute, Shoto regretta instantanément ses paroles en l'entendant dire ces mots.
-Je t'ai fait du mal... Et pas que moralement, regarde ce que tu as à cause de moi... Alors que tu en possèdes déjà une... »
Elle faisait référence à sa nouvelle cicatrice. Shoto soupira. Ce n'était pas bien grave. Il en avait déjà une, comme elle disait, une autre n'était pas grand-chose. Surtout qu'il pouvait dissimuler la sienne. Ce n'était pas de sa faute s'il avait décidé de la sauver au détriment de sa vie. Il prit ses mains dans les siennes, mais elle se recula, mal-à-l'aise. Il se pinça la lèvre inférieure, blessé, mais ne le montra pas vraiment. Rui continuait de l'aimer. Mais plus rien n'était comme avant.
« Tu es sûr d'aller bien ?
-Certain. »
Un malaise s'installa. Jamais encore, même à leur rencontre, il n'y avait eu ce genre de silence gênant. Mais aujourd'hui, c'était comme s'ils ne partageaient plus rien, comme s'ils ne se connaissaient plus. Et cela les gênait autant l'un que l'autre. Et plus il y pensait, plus Shoto se demandait si cela pouvait être considérait comme une conversation.
« J'ai besoin de toi Shoto... Il... Il faut que tu m'aides à arrêter le gouvernement. »
Il releva la tête, mettant de côté tous ses sentiments personnels pour être à l'écoute de la jeune fille. Le voyant attentif, Rui avala difficilement sa salive pour ensuite poursuivre avec gravité :
« J'ai besoin que tu parles à Monsieur Aizawa. »
Euh. Bah. J'ai fais ma flemmarde, c'est tout ce que j'ai à dire pour ma défense ._.'
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top