CHAPITRE XI

« Te voilà enfin. »

La voix avec laquelle il avait lancé cette réplique sonnait cyniquement dans ses oreilles. Les sourcils froncés, il fit glisser ses yeux vairons sur la personne qui se tenait contre le petit cabanon en bois au milieu des arbres. C'était une petite cabane, faite pour enfant, de petite taille. Si petite que pour s'adosser à celui-ci, Dabi s'était assit sur le sol dur et froid plein d'herbes. Shoto se rapprochait doucement de son aîné qui ne releva pas de suite le visage vers lui. Ce n'est que lorsqu'il fut proche de lui qu'il daigna enfin le regarder dans les yeux. Un sourire fleurit sur ses lèvres, toujours aussi moqueur. Le cœur du dernier des Todoroki cognait fort et douloureusement dans le creux de sa poitrine. Son appréhension revint à une vitesse fulgurante et tout son corps se tendit face à cette sensation.

« T'en as pris du temps.
-J'étais avec Fuyumi. »

Son sourire ne flétrit pas, mais Shoto pu aisément remarquer son regard se détourner du sien pour briller un court instant de ce qu'il semblait reconnaître comme de la nostalgie. Cependant, ce ne fut qu'un court instant avant que son regard ne reflète que de l'indifférence à nouveau.

« Je vois.
-Dis-moi ce que tu sais. »

Dabi tourna un regard amusé vers le jeune homme à la brûlure. Il ne perdait pas le nord, lui. Le noiraud tourna complètement son corps vers lui. Ses pupilles s'ancrèrent dans les siennes. Le silence plana au-dessus d'eux, stressant, lourd. Puis d'une voix claire et moqueuse, il dit :

« On ne connaît pas de Suzuki, ni même ce Riku. Autrement, je n'aurais pas hésité à garder en vie cette fille pour que tes héros ne viennent la secourir en groupe, comme avec le blond. »

Shoto écarquilla les yeux d'incrédulité. Son cœur rata un battement de déception, la colère l'envahit lentement et ses poings se serrèrent d'eux-mêmes. Le rire sarcastique du vilain l'énerva plus encore. C'est tout ? Il voulait seulement lui dire ça ?

« Je ne te crois pas, Shoto resta têtu avec une colère sourde vibrante dans sa voix.
-Tu n'as qu'à aller voir l'autre folle à la prison de Tokyo. Si tu veux des preuves, elle te les fournira. »

Le visage de Shoto se peignit d'incompréhension alors qu'il sentit une boule se former dans son ventre. Il déglutit douloureusement en envoyant un regard noir vers son aîné.

« Comment-
-On parle beaucoup, entre vilains. »

Marchant face à lui, Dabi observa son frère dos à lui, la tête incliner dans sa direction, méfiant.

« Tu sais ce qui est drôle ? C'est le fait que tu ne soupçonne même pas un peu le gouvernement pour la mort de ta copine. »

Shoto se retourna brusquement et complètement vers lui, et Dabi sourit face à l'éclat de colère qui brillait dans son regard.

« Ce n'était pas comme si on voulait faire d'elle une vilaine, et ce n'était pas non plus comme si on la connaissait. Enfin, avant toute cette histoire bien sûr. Je me suis renseigné sur elle. Fille d'une scientifique, très convoitée par le gouvernement, non ?
-Comment tu sais tout ça ?
-Tu sais pourquoi je suis devenu vilain ? »

Le noiraud stoppa sa marche.

« Pour faire payer aux gens leur erreurs. Parce que c'était la seule façon pour que les vrais « méchants », comme vous nous décrivez si bien. Papa surtout. Mais aussi le gouvernement, il marqua une courte pause pendant laquelle il sourit méchamment et moqueusement. Tu veux savoir pourquoi ? Ne me dis pas que tu as oublié les révélations que toi et ta copine avez découvert. Celles pour lesquelles elle s'est retrouvée avec l'autre folle de Rita Rosemarie. »

Les poings du jeune homme se resserrèrent sur elles-mêmes, signe de sa colère sourde évidente. Cela amusa beaucoup le noiraud. Rien qu'à ce geste, Crématorium comprit que ses mots avaient eu leur effet sur son frère.

Dans la tête de Shoto, c'était le chaos total. Il ne savait plus quoi penser. Ses mots semblaient si vrais, sans filtre. Dabi lui disait clairement que le gouvernement était derrière tout ceci, que tout avait été planifié par lui et seulement lui. Qu'ils étaient les véritables vilains de cette histoire. Mais des points restaient encore flou dans tout cela. Puis plus il réfléchissait, plus cela semblait logique. Après tout, si Dabi était au courant de cette histoire que personne n'était sensée connaître, pourquoi le gouvernement ne le serait pas aussi ? Si ce n'était pas la Ligue qui avait tué Rui, cela ne faisait aucun doute que c'était le gouvernement. C'était de la revendication. Mais pourquoi ne pas l'avoir tué plutôt s'ils étaient au courant de tout... ?

La tête bourdonnante, Shoto plaça une main sur son crâne, fermant les yeux douloureusement alors qu'il gémissait de mécontentement. Tout ce que Dabi lui disait, c'était que la Ligue n'avait rien avoir avec ce meurtre et que le gouvernement y était bien plus lié. La seule façon pour lui de connaître la réponse à ses questions était d'aller voir cette vilaine en prison. Il n'avait pas le choix. Et quelque part, il sentait que son frère ne mentait pas. Et pour une fois, il avait envie d'y croire. Shoto soupira de frustration avant de rencontrer les yeux rieurs de son aîné. Celui-ci avait à présent les mains dans ses poches, courbé nonchalamment vers l'avant. Shoto claqua dédaigneusement sa langue contre son palais en observant le jeune adulte aux nombreuses cicatrices.

« Fuyumi m'a parlé de toi, il commença d'une voix neutre. Elle m'a raconté pourquoi tu me détestais. »

Le visage de Dabi se décomposa, une action qui ne provoqua rien au jeune héros.

« Je ne te déteste pas. »

Surpris, Shoto ne pipa mot, et son étonnement si lit parfaitement sur ses lèvres qui se fermaient et s'ouvraient frénétiquement.

« Quoi ?
-Je ne te déteste pas. Je ne t'aime pas non plus. »

Ses pupilles vairons détaillèrent son frère avec attention. Puis il reprit plus calmement :

« Fuyumi m'a dit, que si un jour tu rentrais à la maison, elle et Natsuo seraient là pour t'accueillir les bras ouverts. Que tu pourrais rentrer à n'importe quel moment, ils seraient là. »

Sans qu'il ne s'en rende compte, Touya baissa les yeux en replongeant dans les souvenirs de son enfance compliqué. Les seuls moments de joie qu'il pouvait compter, il les avait passé en leur compagnie. Même s'il ne voulait pas le montrer, les mots que prononça Shoto, ces affirmations, le touchèrent en plein cœur. Il sentit son sang rouler sous sa peau, sa chaleur palpant dans son corps. Son esprit vagua un instant, se perdant dans les méandres de son âme. Ce court instant pour lui fut comme un retour aux sources. Puis en analysant chacun de ses souvenirs, il se mit à imaginer sa vie s'il n'avait pas été kidnappé, s'il n'était pas parti, s'ils avaient découvert son identité plutôt que deux ans auparavant. S'il avait pu être sauvé à temps. Et étrangement, tout sembla flou. Il ne parvint pas à imaginer cette vie utopique qu'il avait tant souhaiter vivre. Il n'arriva pas, ou plus, à se représenter ce tableau d'un autre adolescent aux cheveux roux, riant et souriant à sa famille, heureux. Puis ce fut comme si tout ceci avait été déjà écrit. Qu'il n'aurait pu y avoir d'autres déroulements, d'autres histoires que celles qu'il continuait à écrire.

Le visage assombri par cette perspective, Dabi leva la tête pour observer ce paysage où tout se ressemblait. Comprenant qu'aucun mot ne conviendrait à la situation, Shoto tourna les talons pour s'éloigner de cet homme qui partageait son sang. Ce même sang qu'ils détestaient tant tous les deux.

Dabi... Touya et Shoto n'étaient pas si différents l'un de l'autre. Tous deux avaient souffert du même père, tous deux possédaient un Alter aussi destructeur que sauveur. Leur chemin n'avait seulement jamais pu se rencontrer proprement. Autrement, ils le savaient tous les deux, ils se seraient entendus comme deux frères normaux. Comme une famille normale. Mais malheureusement, ils n'étaient pas nés dans une famille normale. Tel était le poids du nom Todoroki.

Quand Shoto finit par arriver à la prison de Tokyo, sa demande de voir la fameuse Rita Rosemarie surpris les policiers. Connaissant leurs altercations qui n'avaient jamais été un grand secret tant cette affaire de kidnapping et de torture avait fait du bruit, l'entendre demander une entrevue pour discuter avec la vilaine avait susciter des regards curieux en sa direction. Ne prenant pas gare aux regards des policiers, Shoto suivis ceux qui l'amenaient vers la réponse à ses interrogations. Une fois entré dans une salle d'entrevue, le jeune homme fit face à celle qui le dégoûtait plus que tout. Rita le regardait avec de grands yeux ouverts, ses mains étaient enchaînées par des menottes anti-Alter. Le grand sourire qu'elle lui lançait lui donnait des frissons désagréables. Puis d'un coup, un rire dérangé s'échappa de sa bouche.

« Oh, le petit-copain de la gamine ! Comment elle va ?! Elle est toujours dans la cave ?! Ou alors elle fait les magasins... Ne dit rien ! »

Les yeux de Shoto la fixaient, dégoûté, avec une pointe de pitié. Cette femme était complètement folle. Complètement tarée. Sa démence dépassait l'entendement et sa perversité se dégageait à travers ses pupilles vides de toute émotion sensée. Il soupira avec mépris. Il savait qu'il allait être filmé. Mais il avait besoin de réponses.

« Ce n'est pas la Ligue qui l'a tuée n'est-ce pas ?
-Tué ? Qui, qui, qui ?! Qui a été tué ? Monsieur le vendeur de glace ? Ou Poupi ? Oh non... ! Pas Poupi ! Je l'aime bien Poupi, moi !
-Rui, il dit sans rien ajouter ensuite.
-Ah oui... ! La gosse ! Bah, je ne sais pas ! s'exclama-t-elle d'une voix enfantine et innocente en riant doucement. As-tu seulement vu, ou quelqu'un a-t-il vu le corps de cette gamine avant d'être enterrée ? »

Tout d'abord, il ne comprit pas pourquoi elle lui avait dit ça. Puis soudain, en analysant avec douleur chaque instant passé avant l'enterrement, il comprit. Personne n'avait pu voir le corps de Rui. Personne n'avait pu vérifier son authenticité. Bête et triste qu'il avait été, il n'avait pas pensé à ce qu'on puisse échanger les corps. Le gouvernement aurait eu les moyens déchanger les corps. Le médecin Yamato leur avait dit ne pas voir pu terminé l'opération lui-même, d'autres médecins ayant pris le relais tant celle-ci avait été rude. Il leur avait dit lui-même ne pas connaître les docteurs qui avaient opéré Rui après lui, et maintenant qu'il y pensait, c'était peut-être à ce moment-là que les corps avaient été échanger.

Il se prit la tête entre ses mains alors que Rita continuait à mener une discussion seule devant lui, sans remarquer sa non-attention. La supposition qui s'éclaira dans sa tête l'effraya. Il ne voulait pas y croire. C'était une option qui l'horrifiait plus que tout. Croire que Rui était toujours vivante. Mais il était perdu. Rita lui avait clairement sous-entendu qu'elle l'était toujours. Mais la peur lui tiraillait le ventre. Et s'il se trompait ? Et si tout ceci était faux ? Mais alors pourquoi Dabi et elle lui confirmait presque le contraire ?

Cette torture mentale lui fit plus mal que tout ce qu'il avait pu endurer physiquement. Cette lueur d'espoir lui brûlait le corps et le consumait de l'intérieur, comme si son Alter avait été activé en lui. Comme s'il brûlait entièrement et complètement.

oOo

« Allez, soigne-toi, sale chien ! »

Deux jours étaient passés depuis qu'il avait rencontrer ce regard d'argent qu'il connaissait si bien. C'était le seul moment où il pouvait la contacter sans que personne ne se doute de rien. Pendant ses heures de tortures. Les gardes qui s'occupaient de lui souhaitaient tant profiter de sa torture, qu'il lui enlevait ses menottes ces cons. Alors avec toute la force qu'il pu rassembler, Xavier se concentrer et activa son Alter de possession. S'il arrivait à bien le contrôler, Rui n'aura qu'à s'évanouir et sa conscience restera intacte, et ainsi ils pourraient discuter et il aurait ses réponses. Seulement s'il se concentrait correctement...

« Xavier ? Xavier c'est toi ? »

Et voilà...

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