Je deviens aigrie (Réflexion sur l'existence)

Petit coup de blues ce soir

J'ai 17 ans, et j'ai la sensation d'être déjà aigrie.


J'ai de plus en plus de mal avec les relations humaines et, honnêtement, ça m'inquiète.

J'ai toujours été assez solitaire, mais je crains arriver à un stade où plus je vais grandir, moins je vais supporter la présence d'un autre. Et puis je suis tellement déçue par la vie, en général.

Le pire c'est que je m'intéresse à la philosophie de Montaigne, et lui prône vraiment la solitude pour découvrir son soi, pour apprendre à se connaître, pour ne plus être dépendant de quelconque amitié, jusqu'à devenir meilleur ami avec soi-même. Mais ce qui m'inquiète c'est que j'ai l'impression de tendre de plus en plus vers cette philosophie-là, de la prendre même au pied de la lettre, alors que je n'ai que 17 ans !

Les amitiés sont si futiles, et la communication si peu existante. Comme disait Bernard Werber, le jour où nous saurons réellement communiquer est loin d'être arrivé. L'autre nous dit quelque chose, mais cette chose qu'il nous dit est relative à lui, et nous l'interprétons autrement, ainsi on répond d'une manière tout aussi relative, et ça crée un dialogue de sourds.

(Le problème avec cette philosophie, la "philosophie de Montaigne", c'est que si tout le monde pense pareil, nous ne serons plus que des corps déambulant sans aucune interaction, étrangers entre nous, qui n'aimons passer du temps qu'avec notre personne.
C'est pas du narcissisme, c'est une protection.)

Je suis fatiguée d'essayer de me faire comprendre. Je perds patience. Ça me rend agressive et condescendante. Mais en plus de ça j'ai l'intuition tenace d'être une vieille âme qui se demande ce qu'elle fiche là.

Là où mon entourage voit de la prétention et du mépris, ce n'est qu'un ennui devancé de mon existence. Sors-moi quelque chose d'intéressant ou je pars. Je n'ai pas de temps à perdre avec des choses aussi futiles.

(Je suis d'un cynisme aberrant.)

Sérieusement, je suis blasée. J'ai l'impression de me retaper une énième vie, que je connais presque déjà tout de la vie, mais que je suis obligée de la refaire, et d'en souffrir au passage. Après je ris aussi, beaucoup, je fais des trucs cools, j'ai des projets... Et j'aime me retrouver seule, silencieusement, et ne plus avoir affaire avec des gens.

Cependant, parfois j'oublie tout ça, je ne veux plus y croire, alors j'idéalise l'autre.

Donc je suis déçue.

Et je deviens aigrie.

Je comprends de moins en moins le concept du couple. Je pousse la réflexion aux limites de l'absurde.
Néanmoins, j'ai besoin de serrer quelqu'un. J'ai envie de faire l'amour, je vous jure. Et ça commence à peser tout cet amour que je porte en moi mais dont personne ne veut.

J'arrive pas à oublier quelqu'un que j'ai un peu trop aimé. J'en parle toujours sur le ton de l'humour, mais en réalité j'en souffre. Un peu.

Je suis aussi dans une phase où mon corps m'embarrasse. Littéralement. Je n'aimerais être qu'une âme, nue, transparente, sans défaut, qui n'est pas dépendante d'un corps aussi pesant, aussi ingrat, et dont l'occupation me coûte. J'aimerais qu'on me voit telle que je suis réellement. Ou du moins, qu'on me colle le physique que j'idéalise lorsqu'on entend mon nom.

À quoi bon avoir un corps si c'est pour ne pas sentir l'autre dans ses bras ? 

Je suis un petit peu perdue, ce soir.

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