ᴅɪᴀᴍᴏɴᴅ ᴅᴏɢs, part.49
La fin de l'année approchant, les maraudeurs ne retournaient en cours qu'à de rares occasions pour faire plaisir à Remus. Il fallait certes maintenir les matières qui revenaient tout les ans avec les mêmes professeur∙es, mais personne ne prendrait la peine, par exemple, de dire adieu à l'enseignant de défense contre les forces du mal qui disparaitrait sans nul doute dans les prochains jours.
Ainsi en cette fin d'après-midi, les quatre adolescents étaient libres de faire ce qu'ils voulaient, c'est-à-dire pas grand chose. Ils n'avaient pas prévu de farces de fin d'année ni même de sortie et ils n'avaient pas pris la peine d'aller à la retenue donc tout le monde avait oublié l'heure et la cause. On savait qu'une autre ne tarderait pas à la remplacer.
Sirius dessinait, Remus lisait, Peter était à la serre et Frank sans doute avec ses amis. Un disque de Bowie tournait à vide.
James s'ennuyait à en crever. Distrait, il réglait son réveil à l'heure du coucher du soleil pour ne pas risquer d'oublier de réciter la formule qui le transformait en animagus. Ils avaient déjà dut tout recommencer car il avait manqué de rigueur et cette fois ce foutu orage tardait à venir. Ils comptaient sur l'été. Ils commençaient à sentir un autre battement de coeur se joindre au leurs, c'était effrayant, mais il ne fallait pas penser à ça. Il fallait penser au sourire de Remus.
« J'ai faim.
- T'aurais pas faim si tu avais mangé plus ce midi, rappela le loup-garou qui l'avait poussé plus tôt à remplir davantage son assiette.
- C'était de la viande. » rappela James en fronçant les sourcils.
Dès fois il se sentait vraiment en décalage. Encore plus depuis l'été. L'année avait été moins facile que d'habitude et personne ne l'avait remarqué.
Ils sursautèrent quand une chouette frappa son bec contre vitre de la fenêtre. James reconnu aussitôt la chouette en question, celle de ses parents. Étrange de la voir à cette heure-ci. Les deux autres garçons bloquèrent leurs souffle d'étonnement, puis d'inquiétude. James saisit la lettre dans la patte de l'animal et lui caressa les plumes d'un air absent en l'ouvrant.
« Tout vas bien? demanda Sirius.
- Ouais. » répondit James sans lâcher l'écriture maladroite des yeux.
Il froissa la lettre et la posa sur une bougie, ne voulant pas que quelqu'un tombe dessus et faisant mine de n'avoir aucune attache pour les objects.
« Je vais prendre l'air. »
Il sortit du dortoir puis s'éloigna de la tour des Gryffondor. La nuit tombait au ralentit, faute à l'été. Il avait besoin d'un ciel voilé de tristesse alors que le soleil brillait toujours. Il longea les murs de pierre sans savoir où il allait mais marchant d'un pas ferme. Il avait encore un peu de temps avant le coucher du soleil.
Il poussa la porte des toilettes de Mimi Geignarde, espérant être seul et regretta son geste aussitôt.
Par terre devant l'un des lavabos, un garçon était recroquevillé. Il avait laissé entrevoir des traits brisés et des larmes un instant mais il se ressaisit vite, relevant les yeux vers le vide et reprenant son habituel usuel. Il assassina James du regard qui ne se laissa pas faiblir.
Il s'installa à ses cotés.
« Vas voir ailleurs, Potter.
James ne bougea pas. Même si par le passé il lui était arrivé de déprécier Regulus, il n'aimait plus voir le petit frère de son meilleur ami dans cet état et avait même envie de se rapprocher de lui depuis un moment. Il soupçonnait son coeur de trop s'emballer, d'ailleurs, à son plus grand désespoir.
« Tu peux me parler, tu sais. Je dirais rien à personne.
- Tu sais déjà ce qui ne vas pas. cracha-t-il Je suis sûr que Sirius te raconte tout !
En réalité Sirius n'avait plus prononcé le nom de son frère depuis un moment.
- Même si c'était le cas, tu n'es pas Sirius. Et j'aimerai avoir ta version.
- Et toi ? esquiva Regulus. Qu'est ce que t'as ?
Il regardait James avec des yeux perçants, menaçants comme ceux des professeurs en colère ou des soldats durant les batailles. Mais le Gryffondor n'avait pas peur de l'autorité, il lui riait au nez. Alors il répondit, l'air de rien :
- J'ai rencontré un gars cet été. On a en quelque sorte... eu un truc - fait pas cet air dégouté Mini-Sirius, c'est toi qui a voulu savoir - Ma mère m'a envoyé une lettre pour me dire que j'allais surement le retrouver cet été.
Un silence s'en suivit meublé par la fuite d'un robinet. James serra ses mains pour qu'elles arrêtent de trembler.
Remus l'avait fait, après tout.
- Tu as aimé un garçon ?
Son ton n'était pas moqueur, pas horrifié et ne sonnait même pas si surpris.
- Ouais. C'est arrivé.
- Moi aussi. C'est arrivé.
James masqua moins bien sa surprise que le jeune Black.
- C'est pour ça que tu pleures ?!
- Si seulement il n'y avait que ça ! soupira Regulus.
- La vie craint un peu. reconnu James.
- Pourquoi tu n'en parles pas à Sirius ?
- Et toi ?
- Comment je ferai, au juste ? Je ne vais pas débarquer de nul-part et lui dire : Salut ! T'avais raison en fait, cette famille est à chier et j'aimerai bien changer de maison parce que je passe ma vie avec des gens qui ont envie de buter des moldu∙es sans aucuns remords. Oh et puis je suis gay aussi, pas de chance, hein ?! À quoi ça servirait d'en parler ? C'est pas comme si qui que ce soit pourrait y changer quelque chose.
Son ton était sombre, comme s'il connaissait son destin dans les moindre détails et qu'il n'y voyait qu'un puit sans fond.
- Tu peux encore tout changer ! protesta James.
- On t'as déjà dit que tu étais un idiot trop optimiste qui n'arrive pas à voir quand une cause est perdue ?
- Oui, très souvent, mais cette fois c'est juste toi qui est trop pessimiste.
- Je suis pas pessimiste. J'ai pas le choix. Je ne suis pas comme Sirius ou toi. Je ne suis pas aussi sûr de moi, je n'ai pas des ami∙es qui peuvent me soutenir et je sais très bien à quoi mon avenir vas ressembler ! Je vais devoir prendre la marque des ténèbres, ensuite je devrais servir le Seigneur des Ténèbres, et puis je mourrais probablement pendant la guerre. Je me suis fait à l'idée. De toutes façons je n'ai pas spécialement de trucs que je tiens à faire dans ma vie, je m'en fiche.
- C'est horrible. répondit James en fronçant les sourcils. Il pensa à toutes les choses qu'il rêvait de faire et qu'il lui restait encore à faire. Comment Regulus pouvait-il parler de laisser sa vie tomber en ruine avec une telle indifférence ? Comme si c'était quelque chose de tout à fait anecdotique ?
- C'est comme ça, la vie est injuste.
- Tu n'as pas envie que les choses changent ? s'écria James qui commençait à être en colère contre le clame olympien du jeune homme à ses cotés. Comment tu peux accepter ça ?
- J'ai été élevé comme ça. répondit Regulus.
- Comme quoi ? Une machine de guerre qui ne sert qu'à se battre et qui se fou de sa vie ?
- C'est à peu près ça, oui.
James regarda Regulus. Ce dernier ne le regarda plus.
- Tu ne vas pas me faire croire que tu es heureux comme ça.
- C'est trop tard pour espérer quelque chose d'autre. Dit Regulus en se levant suivit de près par un James en colère. Si j'étais allé à Gryffondor, par exemple, j'aurai peut être pu espérer que ce soit different, mais maintenant c'est trop tard.
- Il n'est jamais trop tard !
- Tu n'as jamais eu à te relever de ce genre de situation alors arrête de me sortir tes phrases toutes faites ! Si, des fois il est trop tard, et si, des fois on a pas le choix. La vie est injuste, tant mieux pour toi si tu l'as toujours pas compris. »
Il y eu un nouveau silence durant lequel James réprima sa colère.
« Regulus. T'as genre treize ans. C'est trop tôt pour penser que ta vie à aucun sens ! Donc tu sais quoi, je vais te montrer, moi, que la vie est un truc incroyable et je vais t'aider. Parole de maraudeur. Rejoins-moi dès demain près de la fontaine. »
Redonner le gout de vivre à quelqu'un, ça il pouvait le faire. Et se retrouver par la même occasion.
Il crut que le garçon ne viendrait pas au rendez-vous, mais d'une façon ou d'une autre il vint ce soir là, puis celui d'après, puis celui d'encore après...
et une nuit, ils s'embrassèrent.
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