ʟᴏᴅɢᴇʀ, part.84
Média : M.C Escher
TW : mention de nourriture d'alcool et de sexualité
« Oh merde ! Je repasserai ! »
La porte en bois claqua dans un bruit retentissant ce qui finit de réveiller Marlène et Dorcas, leurs rêves coupés par cette intrusion inattendue. Une demie-seconde suffit à leurs crânes pour analyser la situation : draps défaits, boules de tissus au sol. Elles, ne pouvant s'empêcher de lâcher à leurs tour et en coeur un "Oh merde" avec des voix cassés autant par la fatigue que par l'angoisse.
Leurs corps étaient nus et collés l'un à l'autre, emmaillotés par endroit dans des draps, frissonnant d'être nus en ce matin d'hiver.
Oh merde.
« T-tu crois qu'on a...?
- Je crois que ça fait pas de doutes oui... répondit Marlène gênée comme jamais qui aurait voulu être n'importe où sauf ici.
Elle passa une main dans ses cheveux, s'en voulant lorsque son annulaire rencontra une mèche noire et bouclée, voisine de coussin de la tête de Dorcas. C'était quelque chose de savoir aimer les filles, c'était autre chose de se jeter sur sa meilleure amie. Plus elles s'éveillaient plus les souvenirs de la nuit leurs revenaient sans savoir si elles devaient en être heureuses ou mortes de hontes.
- Tu... tu étais d'accord ?
- Tu me l'as demandé dix fois, rit la bonde.
- Eu.. je.. Lily nous a appelé.
- Ouais, descendons. »
Elles s'habillèrent en hâte et descendirent jusqu'au salon dans une démarche trop uniforme à leurs goût - pourquoi fallait-il que leurs deux corps soient si connectés quand elles cherchaient à se prouver que rien d'anormal n'était arrivé ? - où un∙e insomniaque en dérive avait prit le temps de préparer un parfait petit déjeuner qu'iel avait disposé sur la table.
Dorcas et Marlène s'installèrent le plus loin possible l'une de l'autre et Lily les taquina du regard, ses yeux pétillants de malices. James et la rousse échangèrent un sourire, mais plus pour les mêmes raisons. C'était le lendemain de leurs mariage et même si le monde extérieur était très sombre, iels étaient radieux∙ses. Les sourires affrontaient de leurs lumières les nuages noirs de l'extérieur.
« Laissez moi, devinez, vous avez encore une annonce à faire ? demanda Sirius qui vola le chocolat d'un Remus à moitié endormi.
Cette fois James fut réellement vexé et se fâcha contre son ami sous prétexte qu'il "devait arrêter de plomber leurs annonces comme ça".
- Je peux deviner ? demanda Sirius.
- Non ! On doit vous le dire nous-même. On en a parlé toute la nuit.
- Ha, ça explique qui a fait tout ses croissants. constata Marlène en croquant dans l'un d'eux.
- Je suis enceinte.
Marlène lâcha son croissant.
- Je l'ai appris hier, continua Lily, on en a beaucoup parlé pour savoir si on devait... eu... le garder ou pas, au vu des circonstances. Et puis, on a décidé que oui.
Un court silence passa jusqu'à ce que Sirius ne se lève et ne court vers Lily et James pour les réunir dans un câlin collectif. Il s'éloigna d'elleux au bout d'un moment, les regardant tour à tour dans les yeux.
- Je suis le parrain ? s'assura-t-il
- Bah tu sais vu que James est musulman les parrains ça existe pas vraim...
- Un parrain pas religieux alors du genre juste guide, modèle, personne extraordinairement cool dont il faut suivre l'exemple ?
- Si ça te fait plaisir, accorda James.
- Moony ! On est parrains ! »
.
La maison était grande au point que James suspectait ne pas en avoir encore découvert tout les recoins. Au dernier étage, il y avait une pièce dont on avait fait un débarras car elle était très basse de plafond et que les poutres en bois qui y maintenaient le toit commençaient à vieillir.
La porte de l'endroit restait le plus souvent fermée et on accélérait le pas en passant devant. Les fantômes dans les greniers n'étaient pas que des légendes dans le monde sorcier et on savait qu'il ne fallait pas les déranger, pas plus que les lutins s'installant sous les lits ou les montres dans les placards. La plupart des familles sorcières cohabitaient avec leurs créatures sans prendre le risque d'aller leurs négocier avec elles mais ce n'était pas le cas de James. Il avait la chance d'avoir une grande maison, le fantôme pouvait hanter la cabane du jardin s'il le voulait, voir la chambre de Peter quand il n'était pas là, mais sa présence les privaient de presque tout le dernier étage ! Qui oserait sortir la nuit avec un fantôme au bout du couloir ?
Pourtant quand James prit le temps d'ouvrir la porte de la pièce au cours d'une journée sans cours à l'académie des aurors et sans mission pour l'Ordre, il ne trouva aucun fantôme.
Son coeur s'arrêta, sa main se figeant sur la poignée. Lily était allongée par terre au milieu des cartons, les yeux grands ouverts mais ayant perdu tout leurs éclat. Sa poitrine ne bougeait plus au rythme de sa respiration et n'importe qui aurait su dire qu'elle n'était pas endormie. James s'élança vers elle et dut pousser un cri car Remus apparu au coin de la porte, suivit de près par Sirius. La respiration de James refusait de se calmer et il parcourait des mains la peau froide de sa femme.
« Non... non c'est pas possible. Lily est en bas, James. Je viens de lui parler.
- Les mangemorts, peut-être...
- C'est un épouventard, assura Remus en s'approchant et en faisant reculer son ami. Le corps de Lily se brouilla une pleine lune se découpant dans un ciel du nuage gris. Regarde.
Il prononça la formule tout bas et l'astre devint une balle de basket avec laquelle il fit quelque dribbles avant de la lancer dans un placard. James s'était relevé et se tenait figé, tremblant, quelques larmes coulant encore sur ses joues.
- C'était juste un épouventard, répéta Sirius. Lily est en bas et elle va très bien. »
Pour l'instant, songea James. Pour l'instant, mais pour combien de temps ?
.
« Marls... il faut qu'on parle. marmonna Dorcas en fermant la porte derrière elle et en regrettant aussitôt son geste. Sa mère lui avait souvent fait ça avant une conversation sérieuse pour que personne d'autre d'entende, sans se rendre compte que cela ne faisait que la faire sentir prise au pièce.
Marlène soupira, la tête dans les mains.
- J'ai pas envie.
- Moi non plus mais...
Elle ne finit même pas sa phrase. Elle avait passé des années à s'empêcher de faire ça et en une soirée un peu trop arrosée elle gâchait tout. Marlène ne la verrait plus comme avant, il y aurait toujours ce non-dit entre elles... Elles allaient perdre leurs amitié.
- Écoute, on peut oublier tout ça ? Les baisers et ça. On est amies, ça menace notre amitié. monologua Dorcas et Marlène répondit par une expression peinée.
- Tu veux qu'on oublie ?
- T-tu veux pas ça, toi ?
Marlène s'assit en tailleurs sur son lit et tordit sa bouche. Elle ne savait pas vraiment si elle devait mentir ou non. Et c'était la guerre, qui sait ce qui pourrait se passer ? Il fallait bien faire comme James et Lily : un∙e amoureux∙se et un bébé pour se préparer à la fin du monde.
- Non. Je veux pas ça. Pas du tout. »
Dorcas planta ses pupilles dans celles de son amie. Elle avait décidément du mal à la saisir ces derniers temps.
« Dory, je t'aime bien, je t'aime plus que bien. Je refuse d'y penser depuis un moment mais au fond je le sais et je crois savoir que tu ressens la même chose. Si tu me dis que tu ne m'aimes pas je te laisserai tranquille mais, dans tout les cas on ne peut pas juste oublier. On doit arrêter de se mentir à nous même, tu ne crois pas ? Oublier ça ce serait perdre quelque chose. Et on a pas le temps de passer à coté de ce qu'on pourrait vivre. C'est le moment ou jamais... parce que... on ne sera peut-être plus là demain, alors... »
Il y eu un silence. Durant lequel Dorcas, assise en face de son amie, avait pris une expression bouche-bée. Mais il n'avait plus fallut une seconde pour qu'elle l'embrasse et qu'elle ressente de nouveau cette sensation.
La porte s'ouvrit et elles se séparèrent à contre coeur :
« Mais merde Lily tu peux pas apprendre à frapper !? s'écria Marlène pendant que Dorcas se noyait dans un fou rire.
- Désolée, je tacherais d'y penser. dit la rousse avec un clin d'oeil.
- T'as une nouvelle annonce à faire ?
- Non j'ai juste besoin d'aide pour préparer le repas. Remus est en congé pleine lune et vu que je ne confirait pas une cuillère à James ou Sirius il ne reste plus que vous. Et je dois manger pour deux, maintenant.
Elles soupirèrent en se levant.
- Tu te maries et fait un enfant avec un gars à qui tu ne confierais pas une cuillère ? répéta Dorcas une fois appuyée contre le mur du couloir.
- Tu confierais une cuillère à Marls, toi ? chuchota la rousse, taquine.
Dorcas sourit.
- Pas vraiment, non.
- Je suis contente pour vous deux en tout cas, c'est officiel ?
- On en a pas encore parlé mais je pense que depuis cinq minutes on peut dire ça. » répondit l'autre en quittant en se dirigeant vers les escaliers.
Dehors, un orage grondait.
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