ʟᴏᴅɢᴇʀ, part.82

Quand je pense qu'à la base c'était un OS...

Entre "★ " j'ai intégré la nouvelle Harry Potter, the prequel à ce chapitre. C'est une nouvelle de 800 mots écrite par J.K Rowling pour l'association PEN et qui n'est pas hyper connue donc dont je voulais vous faire profiter. Je la trouve pas mal pour redécouvrir les personnages étant donné que j'ai fait un bond dans le temps entre deux chapitres. (Let's do the time warp again du temps où J.K. luttait pour une aide aux personnes dyslexiques au lieu d'être une connasse transphobe :,)  

1979

★ 

La motocyclette prit le virage serré en trombe ; elle allait tellement vite que les deux policiers qui la poursuivaient en voiture s'exclamèrent « Whoa ! » Le sergent Fisher appuya à fond sur le frein, persuadé qu'il était que le passager arrière avait dû tomber sur la chaussée. Mais la motocyclette tourna sans faire tomber ses passagers et elle disparut dans une ruelle dans un clignement de phare arrière.

« On va les avoir ! cria l'agent Anderson, tout excité. C'est une impasse ! »

Fisher tourna le volant à fond, passa toutes les vitesses les unes après les autres et érafla la moitié de l'aile de la voiture en forçant le passage dans la ruelle.

Les phares projetaient de la lumière sur ceux qu'ils poursuivaient. Ils s'étaient assis, enfin immobiles après une chasse qui avait duré au moins un quart d'heure. Les deux motards étaient coincés entre un grand mur de briques et la voiture de police, qui se ruait sur eux comme un prédateur grognant aux yeux de lumière.

Il y avait tellement peu de place entre les portières de la voiture et les murs de la ruelle que Fisher et Anderson eurent du mal à s'extraire du véhicule. Ils se sentaient offensés d'avoir à avancer vers les mécréants à petits pas de crabes. Le ventre généreux de Fisher frottait contre le mur, déchirant les boutons de sa chemise au passage ; il finit par arracher le rétroviseur avec son dos.

« Descendez de la moto ! hurla-t-il aux deux jeunes qui souriaient d'un air narquois et se prélassaient dans la lumière bleue clignotante, comme s'ils s'amusaient.

Ils firent comme on leur disait. Fisher réussit enfin à se libérer du rétroviseur cassé et les dévisagea. Ils avaient un peu moins de vingt ans. Le conducteur avait de longs cheveux noirs ; son charme insolent rappelait à Fisher le petit ami de sa fille, ce fainéant de guitariste. Le deuxième garçon avait aussi des cheveux noirs, mais ils étaient coupés plus court et partaient dans tous les sens. Il avait des lunettes et un large sourire. Ils portaient tous deux des T-shirts décorés d'un grand oiseau doré – certainement l'emblème d'un groupe de rock assourdissant et discordant.

- Vous n'avez pas de casques ! » cria Fisher, montrant du doigt leurs têtes découvertes. « Vous dépassiez la limitation de vitesse de – de beaucoup !  (En fait, la vitesse enregistrée était tellement élevée que Fisher refusait de croire qu'une motocyclette pouvait aller aussi vite.)  Vous ne vous êtes pas arrêtés, alors que la police vous l'avait ordonné ! 

- Nous aurions adoré nous arrêter pour un brin de causette, répondit le garçon aux lunettes, mais nous essayions...

- Ne joue pas au malin avec moi – vous allez avoir un paquet d'ennuis ! répliqua Anderson d'une voix hargneuse. Vos noms ! 

- Des noms ?  répéta le conducteur aux cheveux longs. Eh bien, voyons... Il y a Wilberforce... Bethshabée... Elvendork...

- Ce qu'il y a de bien avec celui-là, c'est que ça marche pour tout les genres, ajouta le garçon aux lunettes.

- Ah, vous vouliez dire NOS noms ?  demanda le premier. Anderson bafouilla de rage. Il fallait le dire ! Lui, c'est James Potter, et moi, je suis Sirius Black !

- Ça va être sérieusement black pour toi dans une minute, espèce de petit insolent... 

Mais ni James ni Sirius n'écoutait ce qu'il disait. Soudain, ils étaient devenus plus alertes qu'un chien de chasse. Ils regardaient quelque chose derrière Fisher et Anderson, au-dessus du toit de la voiture de police, dans la bouche noire de la ruelle. D'un même mouvement fluide, ils tendirent la main vers la poche arrière de leurs pantalons.

Pendant un instant, les deux policiers s'imaginèrent qu'ils allaient sortir des pistolets, mais une seconde plus tard, ils réalisèrent que les motards n'avaient sorti que –

- Des baguettes de tambour ? railla Anderson. Vous êtes des petits rigolos, pas vrai ? Bon, je vous arrête pour – »

Mais Anderson n'eut pas le temps de dire pourquoi il les arrêtait. James et Sirius avaient crié quelque chose d'incompréhensible, et le faisceau lumineux des phares avait bougé.

Les policiers se retournèrent, puis reculèrent en titubant. Trois hommes volaient – VOLAIENT – vers eux sur des balais, et en même temps, la voiture de police partait en marche arrière sur ses roues de derrière.

Les genoux de Fisher l'abandonnèrent ; il tomba en position assise ; Anderson trébucha sur les jambes de Fisher et lui tomba dessus, alors que FLOMP – BANG – CRUNCH – ils entendirent les hommes sur les balais s'écraser contre la voiture qui était maintenant debout ; les hommes tombèrent par terre, apparemment insensibles, alors que des bouts de balais s'entrechoquaient bruyamment autour d'eux.

Le moteur de la motocyclette s'était remis à ronronner. Bouche bée, Fisher trouva la force de regarder les deux garçons de nouveau.

« Merci beaucoup !  cria Sirius par-dessus le bruit du moteur. On vous doit une fière chandelle ! 

- Oui, ravis de vous avoir rencontrés ! ajouta James. Et n'oubliez pas : Elvendork ! Ça marche pour tout les genres ! »

Il y eut un fracas dévastateur, et Fisher et Anderson se jetèrent dans les bras l'un de l'autre de peur ; leur voiture venait de retomber par terre. C'était maintenant au tour de la motocyclette de faire marche arrière. Incrédules, les policiers la virent s'élever dans les airs : James et Sirius s'élançaient vers le ciel, leur phare arrière scintillant comme un rubis qui se volatilisait.

Une certaine culpabilité habitait le coeur de Lily. Elle ne pouvait pas s'amuser ce soir tout en sachant que de nouvelles rubriques de nécrologies seraient publiées le lendemain dans tout les journaux. Elle avait participé à toutes les manifestations, s'était efforcée d'être présente lors de toutes les missions y compris sur ses heures de cours mais elle avait toujours le sentiment de ne pas en faire assez. Elle était surtout amère face à celleux qui arrivaient à sourire comme si de rien était. James lui prit la main à de nombreuses reprises, lui proposant de la ramener chez elle, mais elle refusa. Les autres s'autorisaient à profiter pour la première fois depuis des semaines, elle ne voulait pas gâcher ça.

Cette soirée, c'était une idée de James. Il voulait faire oublier la guerre aux autres à défaut de pouvoir se la faire oublier à lui-même, alors il organisait des sorties. Ça avait commencé par une soirée cinéma désastreuse (il n'avait pas compris le fonctionnement d'un ticket), un cirque-magique, et puis ce bar. Il avait choisi celui-là parce que c'était un bar gay et qu'il s'était dit que ça ferait plaisir à Sirius, Remus et Dorcas, d'être soit-même sans avoir peur. Lily devait admettre qu'elle s'y sentait un peu exclue, mais réalisa vite que se sentir seule parmi les homosexuel∙les étaient ce que ses amis ressentait en continu le reste du temps : seul∙es parmi les hétérosexuel∙les, tout comme elle se sentait seule née-moldue parmi les sorcier∙es.

À quelque mètres de la table où elle était assise, Marlène, cheveux blonds coupés au carré et vêtements noirs mêlant la mode moldue et sorcière, essayait de convertir Dorcas à son nouveau groupe préféré, Siouxsie and the Banshees, ce qui exaspérait l'autre qui lui parlait à l'origine de religion. Dès ses dix-sept ans, Dorcas avait quitté la maison de ses parents pour vivre dans un appartement proche de la faculté sorcière où elle, Lily et Alice étudiaient. Elle avait fait mine de rester en bon terme avec tout le monde mais elle était soulagée de ne plus avoir à subir le poids des croyances écrasantes de ses parents. Elle se battait pour l'organisation de Dumbledore (qu'on appelait l'Ordre du Phénix), luttait pour les droits des né∙es-moldu∙es, s'intéressait aux religions sorcières et cherchait une copine quand elle avait le temps. Marlène et elle s'étaient laissé aller à deux ou trois baisers, on ne savait pas s'il y aurait plus un jour mais ça leurs importaient peu car elles arrivaient tout de même à se sentir libres. C'était leurs vies maintenant. 

Au bout d'un moment se fut vers James que Dorcas finit par se tourner pour parler religion tandis que Marlène, elle, jetait un coup d'oeil amusé à Sirius qui se levait et écartait la foule de la piste de danse en entendant retenir les premières notes de Starman

« Poussez-vous, c'est ma chanson ! »

Il se trémoussa sur la musique, trop sur de lui pour avoir l'air ridicule. Remus le contempla en souriant. Il échangea avec Peter un regard compatissant. La musique et la lumière commençaient à lui donner mal à la tête mais il n'aurait abandonné Sirius pour rien au monde. 

« Sirius Black ? 

Celui-ci suspendit ses mouvements en reconnaissant la voix puis l'allure et les traits de cellui qui l'avait interpellé. 

- Mx Angora ? 

- En personne ! Comme tu as grandi. Sans tes cheveux je ne t'aurais pas reconnu ! 

L'ancien professeur n'avait pas changé d'un pouce, iel expliqua la situation à la personne qui se trouvait derrière ellui avec quelque chose comme « c'est un de mes anciens élèves ». 

- Mes amis sont là aussi si vous voulez bavarder, maintenant que vous êtes plus notre prof. 

- Avec plaisir ! »

Rutabaga Angora et son amie, donc, suivirent Sirius jusqu'au groupe étalé sur deux tables. Iels reconnurent toustes leurs ancienne enseignante de défense contre les forces du mal qui s'excusa d'avoir oublié la moitié de leurs noms. 

« Je vous présente Séléné au fait, ma compagne. précisa-t-iel tandis que cette dernière s'installait à coté de Remus qui ne put s'empêcher de s'éloigner à s'en cogner au mur. Il n'aimait pas être proche des gens. Qui n'est pas tout à fait ma compagne puisque nous sommes en quelque sorte des anarchistes relationnelles. »

Cette précision piqua la curiosité de Peter et Mary de même que celle de Remus qui écoutèrent Séléné parler de sa façon atypique de voir les relations amoureuses, tandis que Sirius continuait de parler à Rutabaga. Un sujet le taraudait en particulier et iel était la seule personne qu'il connaissait à savoir bien y répondre : le genre. Il questionna jusqu'à ce que Remus ne s'endorme sur la table, sur-stimulé. On décida que c'était l'heure de rentrer. 

En sortant du brouhaha euphorique du bar la réalité les frappa. Il n'y avait plus ni rock moldu ni lumières scintillantes, juste du chaos, du chagrin et des boutiques fermées. La guerre grondait. 

.

Marlène avait rit en recevant la visite d'un Sirius en moto volante qui lui avait proposé de quitter la maison de ses parents pour venir habiter avec les autres. 

« Les autres ? 

- J'ai acheté une maison pour moi et Moony, mais il la trouve trop grande. Du coup James et Lily sont venu∙es avec nous mais il reste encore deux chambres de libre... enfin une, l'autre est réservée à Peter. Tu devra partager une chambre avec Dory et payer un petit-peu de loyer mais... » 

Marlène sourit, amusée, reconnaissant bien là Remus comme Sirius. Qui achetait une maison avant même ses vingt ans ? Et qui possédait une maison "trop grande" sans en profiter à cent pour cent ? Elle passa une main dans ses cheveux. Elle fit attendre attendre Sirius devant la porte, prévint ses parents qu'elle partait quelques minutes avec un ami et attrapa au passage sa veste noire. 

Elle enfila un casque et monta à l'arrière de la moto, derrière Sirius. 

« Vas-y fait moi visiter, idiot. 

- T'es pas obligée de m'insulter ! protesta le garçon au cheveux longs. J'adore ta veste. 

- Merci crétin. »

Elle cessa d'insulter Sirius quand iels s'envolèrent sur la moto, un sort de brouillard les protégeant. Elle n'était jamais monté sur une moto avant ce jour et avait du mal à se faire à la vitesse, même si elle n'en montra rien. Elle dut cependant reconnaitre que c'était efficace. Iels arrivèrent devant la fameuse maison en un rien de temps... et elle était effectivement gigantesque. 

« T'as la folie des grandeurs, toi ! »

La bâtisse possédait deux étages, un jardin et, même si elle était perdue au milieu de nul-part ce n'était nullement dérangeant pour des sorcier∙es. Une fois à l'intérieur, Marlène fit des allés-relou à droite à gauche pour admirer et juger. L'endroit était agréable. La désorganisation des maraudeurs rendait le lieu vivant. Il y régnait la même ambiance qu'il y avait  jadis dans le dortoir des garçons : un vrai bazar causé par trois d'entre eux et une tentative de contrôle par le dernier. Les livres qui traînaient partout dans des cartons devaient être à lui, en revanche. Et la boite de vinyle devait appartenir à Sirius. Un tourne disque posé par terre jouait déjà l'un d'entre eux d'ailleurs, Lodger, tournant à toute vitesse sur Look Back in Anger

« Salut Marls ! Dit Dorcas, perchée en haut d'un escalier un vieux pull Gryffondor sur les épaules et un collier représentant une triple lune autour du cou. 

Une fois en bas elle se jeta dans ses bras puis s'éloigna pour admirer le trait d'eye liner dessiné sur sa paupière. 

- C'est trop beau. 

- Merci, répondit l'autre en rougissant malgré ses tentatives d'indifférence. Ça va ? 

- Super ! James et Lily m'ont imploré de venir visiter la maison et de prendre la chambre du haut avec toi. Iels ont dit que ce serait plus pratique pour les réunions de l'Ordre mais je pense plutôt que c'est parce qu'iels se sentent tout seul∙es. Du coup j'ai accepté contre un papier peint dinosaure - oui, Marls, je me suis faite achetée par un papier peint dinosaure. -

Marlène rit. 

- Sirius m'as fait exactement la même chose. Enfin, pas le papier peint... Pas encore. 

Dorcas prit la main de son amie et la fit courir dans les escaliers jusqu'à la fameuse chambre. 

Le papier peint ressemblait à celui d'une chambre d'enfant mais la pièce était très agréable. Comme elle était au dernière étage, la fenêtre dominait le jardin et offrant une belle vue. Il y avait déjà des lits sans draps, une bibliothèque vide et un bureau qui devaient avoir été posé là par Lily. Le reste était totalement vide et sentait encore la peinture. 

- Ça me changea de mon petit appart'. C'est plus loin de l'école mais héhé, je suis une sorcière. Tu penses accepter, toi ? 

Marlène sourit. Elle leva les yeux vers le papier peint. 

- Pourquoi pas ? Qui raterait une occasion comme celle-là ? »

Et en touchant le mur pour la première fois, elle eut un flash qui lui donna de l'espoir pour le futur. Dans cette maison, tout allait se jouer. Dans cette maison, iels allaient être sauvé∙es.


Une semaine plus tard à quelques jours près, Marlène débarqua de nouveau dans la maison dont les habitant∙es s'était déjà approprié la plupart des pièces :

Des livres de Remus et Lily débordaient des bibliothèques, une armoire à disparaitre "juste au cas où", les placards de la cuisine avait été prit d'assaut par des "cochonneries qui allait leurs boucher les artères" selon les dires de Lily, Dorcas avait décoré sa moitié de chambre, la partie gauche, avec une de ses peluches d'enfances, des pierres et des groupes de musiques sorcier. 

Marlène s'installa dans l'autre moitié sans trop s'éparpiller. Elle ne savait pas si elle resterait longtemps, elle avait l'intention de faire un test pour voir ce que ça donnait, de vivre ici. Elle espérait que ce ne serait pas trop incompatible avec son emploi à la boutique, à Pré-au-Lard. Elle pouvait vite transplanner, mais il faudrait qu'elle s'habitue à gérer ses nausées. 

« C'est cool d'être toutes les deux ! sourit Dorcas en la regardant faire. C'est un peu comme si on était de nouveau à Poudlard, dans le dortoir. 

- Il manque juste le dortoir et trois autres personnes. se moqua gentiment Marlène. 

- Tu vas voir, ça va être chouette ici. On vas pouvoir s'éclater... enfin quand on ne travaillera pas et qu'on ne sauvera pas le monde. Bien sûr. Nous sommes des adultes responsables.

- Bien sûr. »

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