ʜᴜɴᴋʏ ᴅᴏʀʏ, part.10
En un clin d'oeil, c'était déjà les vacances d'avril.
Elles passèrent au ralentit. Le silence pensant de la maison des Lupin ne faisait que rappeler à Remus à quel point il était seul. Certes, il n'aimait pas le bruit et s'épuisait très vite en compagnie des autres mais, à l'écart dans sa chambre, c'était pire que tout. La mélancolie lui rongeait des organes.
Ses amis lui envoyèrent quelques nouvelles. Ils avaient échangé leurs adresses avant de partir et Remus leur avait même expliqué sans y croire comment se servir d'un téléphone. Il avait reçu des hiboux de Peter et Lily, quelques gribouillis de James. Rien de la part de Sirius.
Un jour, il fit une excursion à Londres avec ses parents qui voulaient aller au musée. Il bu un chocolat chaud hors-saison à la terrasse d'un café et entra dans une boutique de musique. Comme il ne demandait jamais rien, ses parents acceptèrent de lui offrir un vinyle ; celui du type qui meublait radios, télévisions et esprits depuis peu. Il semblait sorti d'un autre monde. Ce fut une belle journée dont Remus ne pu profiter jusqu'au bout car elle tomba la veille d'une nouvelle pleine lune.
De retour à l'école il n'osa pas se plaindre des vacances surtout lorsqu'il vit Sirius. Celui-ci avait perdu l'étincelle de malice qu'il avait toujours eue dans le regard. Le coeur de Remus se tordit à l'idée qu'elle ne se rallume jamais.
Cette nuit là, il l'entendit pleurer trop longtemps, et, après une bonne heure d'hésitation, finit par le réveiller.
« Sirius ? » dit Remus, prenant son courage à deux mains et se postant debout devant le lit de son ami.
Il s'était réveillé. Il avait les yeux vides. Pendant un instant, il pensait être encore au Square Grimmaurd et ne reconnu pas le garçon qui l'appelait. Puis le soulagement l'envahi : il était à Poudlard. En sécurité.
Il regarda Remus qui s'approcha encore pour s'assoir en face de lui comme ils l'avaient fait le jour des dessins mais n'y trouva pas la même magie. La bulle autour d'eux avait été envahie de désespoir. Sirius prit Remus dans ses bras pour confirmer à son corps qu'il n'était plus seul. Remus se figea sous l'étreinte mais y répondit en sentant que son ami tremblait.
Il était étrange de voir quelqu'un comme Sirius Black trembler ou pleurer. C'était un des courageux∙ses. Remus pensait qu'il ne pleurait pas. En vérité Sirius se cachait, vestige de son éducation.
« Tu veux en parler ? »
Il y eu un silence. Ils entendirent les respirations régulières de leurs camarades, Peter se retourner dans ses draps, James parler en dormant.
« Si je te dis mon secret, tu me diras le tien ?
Remus baissa la tête, considérant l'option pour la première fois.
Quelques mois plus tôt il n'aurait révélé son secret pour rien au monde, surtout après avoir découvert le traitement réservé aux loups-garou par certain∙es. Mais il avait confiance en Sirius. Il ne savait pas pourquoi mais il était sûr qu'avec lui rien de mal ne pourrait jamais lui arriver. Et puis c'était la nuit, il avait l'impression d'être dans un rêve.
Il hocha la tête.
Sirius commença à raconter. Trop calme pour que ce ne soit pas glaçant. La maison, les elfes empaillés, "Toujours purs", l'arbre généalogique dont on brûlait les infidèles, les mariages arrangés, l'obscurité même en plein jour, les visites de gens aux yeux noirs de haine...
Puis les punitions, les cicatrices, la peur constante, le contrôle, la voix stridente de la mère à laquelle il ne pouvait pas échapper, le père comme un fantôme, le petit frère tremblotant dans ses bras.
Par habitude, tout cela avait cessé de faire de la peine à Sirius, Il n'y avait plus que de la colère. Le manque d'amour de ses géniteur∙ices était une préoccupation très lointaine qui n'inquiéta que Remus.
Et il parla à son tour.
Il raconta le visage de Greyback, la douleur, le sang, la peur, l'impression d'être paralysé, les blessures, la fatigue, la honte...
Puis le regard des autres, le secret, les longues pleines lunes desquelles il oubliait tout sauf cette idée qu'il avait fait du mal, c'était certain. La faim, l'envie de tout casser quand le loup l'envahissait, de tuer, de mordre.
Son histoire lui semblait bien faible en comparaison de celle de son ami - lui au moins avait eu le droit à du soutien. Mais Sirius n'était pas du tout de cet avis, horrifié par le récit du jeune homme. Encore plus quand il répéta à mis-mot ce qu'il avait toujours pensé :
« Je suis un monstre. »
Il n'avait pas le contrôle de son ami, aussi il fondit en larmes, tentant de rester silencieux pour ne pas réveiller les autres.
Cette fois, Sirius le prit dans ses bras pour le rassurer lui. Et ne le lâcha plus.
Remus sentait un poids s'ôter de ses épaules. Il avait tout dit. Tout haut. Ça faisait du bien.
Et Sirius ne lui avait pas fait de mal. Sirius le tenait dans ses bras.
La bulle qui les entourait recommençait à être douce. Ils avaient réussit à chasser le désespoir. Aucun d'eux n'avait envie de se rendormir pour se confronter de nouveaux aux cauchemars.
« Tu restes avec moi ? proposa Sirius. On fait une nuit blanche ? »
Remus réussit à sourire.
« Tu ne le dira à personne ?
- Jamais. Toi ?
- Jamais. »
La nuit blanche de dura pas. Ils s'endormirent une heure plus tard, bien trop fatigués, mais ils dormirent bien. Serins.
.
Le lendemain après les cours, James traîna les autres au dortoir en prétendant qu'il avait une chose incroyable à leurs montrer. Il fouilla dans sa valise pendant un moment sous les regards perplexes jusqu'à ce qu'il ne présente la chose en question en s'exclamant :
« Tadam ! »
Au début, Remus cru à une cape de vieux sorcier quelconque et eu du mal à se montrer enthousiaste.
« Magnifique mon pote, cette fois Lily va te tomber dans les bras.» ironisa à son tour Sirius.
Ils revinrent sur leurs première impression quand le garçon mis la cape sur ses épaules, faisant par la même occasion disparaitre le reste de son corps.
« Wow.
- Putain !
- Language Sirius.
- Non d'un chaudron ! se corrigea ce dernier. Vous imaginez tout ce qu'on va pouvoir faire avec cette merveille ?
- Cadeau de Papa. Je suis devenu assez responsable apparement.
- Je crois que ton père ne te connais pas, James. » souligna Remus.
Ce dernier leva les yeux au ciel et replaça son trésor dans sa valise. Il voulait aller voir le match de Quidditch. Il était trop jeune pour intégrer l'équipe mais ne manquait pas une seule occasion d'essayer d'y rentrer quand même. Alors qu'ils se dirigeaient vers la porte, Remus demanda à Sirius de rester avec lui.
Il sortit de sa valise le tourne disque qu'il avait piqué à ses parents - iels ne s'en rendraient même pas compte, analysa comment le faire marcher et saisit le disque qu'on lui avait acheté à Londres.
Il le tendit au garçon.
« Cadeau.
- Pourquoi ?
- Thérapie contre Walburga Black... ?
Sirius lui offrit un sourire.
- Hunky Dory ?
Remus hocha la tête et sortit le disque de sa pochette pour le placer sous l'aiguille. Il avait fait en sorte de prendre un appareil mécanique qui ne serait pas brouillé par les ondes magiques du château et croisait les doigts pour que ça marche.
- Tu vas voir, tu vas aimer. » dit-il au moment où les premières notes marquèrent l'espace.
La voix de Bowie s'éleva. On oublia James, Peter, le Quidditch, la lycanthropie, les vacances, Walburga. On oublia tout.
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