« Plus que six mois ! »

S'écria James de retour à Poudlard, le matin du sept janvier. Lui vivait ça comme une célébration, impatient de quitter l'école pour gagner en liberté et en indépendance... Dans son imagination ce n'était pas la guerre, le travail ou les responsabilités écrasantes qui lui tomberaient dessus mais une porte ouverte vers la vie qu'il avait toujours rêvé d'avoir. 

En fait, ce n'était pas seulement l'ivresse d'une existence sans contrainte qui poussait James à l'impatience, c'était aussi une rumeur qu'il avait entendu rebondir contre un mur et qui ne quittait plus sa tête depuis : une organisation secrète dirigée par Dumbledore qui aurait pour vocation de se battre contre le Seigneur des Ténèbres.

Remus ferma le cahier dans lequel il recopiait une définition. L'idée de partir de Poudlard lui fit à lui au contraire l'effet d'un coup de poignard dans le ventre. 

Qu'est-ce qu'il ferait, dans six mois ? Il y avait bien eu les rendez-vous d'orientations présidés par McGonagall et Dumbledore, mais, si personne n'avait douté de ses capacités, il avait bien compris qu'il n'était pas prêt de trouver un métier. Mettre les pieds dans une école de sorcellerie avait déjà été un miracle, que pouvait-il espérer de plus ? Il n'y aurait pas d'autre Dumbledore pour lui faire une nouvelle place dans le monde des adultes, pas d'autres Sirius, James et Peter pour l'accepter tel qu'il était. 

Dans cette bulle de bonheur il en avait oublié qu'il naviguait vers le vide. Il ne trouverait pas de métier. Alors, quand les autres s'imaginaient aurors, médicomages, chasseur∙euses de fantômes ou éleveur∙euses d'hippogriffes, il se questionnait sur la façon dont il arriverait à manger à sa faim pendant le reste de sa vie. Il n'avait pas le luxe de réfléchir à un métier qui lui plairait, un métier tout court serait déjà énorme. Loup-garou avec une timidité maladive et amoureux d'un homme... il ne ferait long-feu nul-part. 

« Il faut qu'on parle à Dumbledore. » Répéta James.

Une heure plus tôt Remus lui avait rappelé la vitesse avec laquelle les A.S.P.I.C approchaient pour l'entrainer dans une séance de révision. James n'avait pas pu rester concentré plus d'une minute. Il jetait sans arrêt des coups d'oeil à sa montre et se balançait à rendre Sirius dingue. 

« Prongs, tu me stresses ! » rappela Sirius. 

Il cessa le mouvement de balancier mais recommença vite à bouger sa jambe. 

Pourquoi les autres n'étaient-ils pas pressé d'agir ? Plus le temps passait, plus les mangemorts gagnaient du pouvoir ! Dans un coin de sa tête il songeait à Regulus qui n'aurait pas le temps de réviser ses examens de fin d'année, lui. Qui n'aurait pas le temps de bavarder avec ses amis. Il peinait à penser qu'il devrait peut-être se battre contre lui mais il ne pouvait pas rester les bras croisé en sachant que l'autre se faisait avaler par le camp du mal. 

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Quelque chose de bizarre se passait. En fait, beaucoup de choses bizarres se passaient. Au delà du contexte général, il y avait eu les questionnements de Marlène, le baiser échangé entre elle et Dorcas, les attaques de mangemorts, la soudaine prise de conscience que c'était bientôt la fin et qu'on avait pas ouvert le moindre livre. Du coup, Dorcas avait la sensation d'avoir la tête pleine de noeuds. 

Elle soupira sur son lit, des parchemins de notes désorganisées éparpillés partout autour d'elle. Elle avait refusé d'aller à la bibliothèque avec Lily pour réviser et elle le regrettait car elle n'avait jamais révisé par elle-même de sa vie et qu'elle commençait à paniquer. La plupart du temps elle n'avait aucune difficulté en classe et n'éprouvait pas le besoin de prendre des cours supplémentaires, de faire des fiches... elle réalisait trop tard pourquoi les autres s'étaient embêté à faire ça pendant toutes ces années ! 

Elle était incapable de différencier une information importante d'une autre, incapable de retenir toutes ses stupides dates d'Histoire de la Magie et stupides définitions de sortilèges... sans parler des recettes "essentielles" de potions à connaitre par coeur. 

« Besoin d'aide ? se moqua Marlène en sautant sur le lit de sa meilleure amie, dérangeant les quelques fiches réussie du matelas. 

- Pas de ta part, merci, je vais plutôt aller voir Lily, Alice... ou même Remus, iels seront mieux que toi en enseignement. dit l'autre sur le même ton.

Marlène prit une fausse expression outrée. Elle était naturellement excellente en potions et sortilèges ce qui lui permettait d'avoir ses A.S.P.I.C sans problèmes et sans s'embêter avec de longues révisions. 

Arrêtant de blaguer, Dorcas soupira et ferma les yeux. L'envie de pleurer la traversa un instant. Depuis un petit moment elle avait des phases durant lesquelles elle se rebellait contre l'éducation, haïssait l'école, avait l'impression que tout était stupide, que rien n'avait de sens... tandis qu'elle s'imaginait un avenir où elle n'aurait pas de diplôme ce qui rimait pour elle avec un échec cuisant. Elle serait la honte de sa famille.

- Hey... s'approcha Marlène en passant une main dans les cheveux de Dorcas, essayant d'ignorer le frisson qui les parcouru toutes les deux, ne t'en fais pas... mais... Tu perds tes cheveux Dory. 

Dorcas porta une main à ses cheveux, apeurée. Si en plus elle n'avait plus de cheveux, ça risquait vraiment de mal finir !

- Pas beaucoup hein, tenta de rassurer la blonde, se rendant compte de la panique qu'elle avait risqué de causer. Tu vas bien ?

- Ça va. »

Je vais probablement foirer mon avenir, mes parents me détestent et maintenant je perds mes cheveux, mais ça va. ironisa la jeune fille pour elle-même.