ʜᴇʀᴏᴇs, part.72

Tw : sexualité (non explicite)

Le jour de son anniversaire, Regulus était absent. James le chercha partout - sur la carte comme dans le véritable espace - sans succès. Il en fut de même le lendemain et le surlendemain. Quand il le retrouva enfin, il l'aperçût au lieu de le voir et pour la première fois il s'interdit d'aller lui parler. Le garçon était soit entouré des membres du Club de Slug - qui n'était désormais composé plus que de Serpentard - soit plongé dans une solitude écrasante. James le chercha du regard sans jamais le trouver, terrifié à l'idée de le perdre et terrifié à l'idée d'aller le voir pour retrouver une personne radicalement différente. 

Les pages de la Gazette du Sorcier se couvraient chaque jour d'une nouvelle série d'attaques et de meurtres. McGonnagall avait déjà conseillé à un élève né-moldu de cesser de porter son collier cryptide. Le nouveau professeur de Défense Contre les Forces du Mal, bien moins bienveillant que les précédent∙es, avaient déjà renvoyé Lily de la classe pour s'être mobilisé contre l'idéologie des sang-purs. Était-ce ce à quoi la vie allait ressembler, maintenant ? 

James ne pouvait même pas compter sur les autres pour libérer la nouvelle tornade d'émotions qu'il enfouissait sous un masque de sourires. Peter restait indifférent au monde, souhaitant la paix au lieu du changement positif et Sirius et Remus, sans y mettre de mots, vivait dans la bulle d'euphorie de la naissance d'un amour. 

James se souvenait avoir été comme ça, au début, avec Regulus, quand rien d'autre qu'eux ne comptaient et qu'ils croyaient pouvoir tout supporter s'ils restaient ensemble. Oh, comme ils avaient été naïfs de penser que la guerre ne les emporteraient pas. Alors, James en pleurait la nuit, ne pouvant parler à personne d'autre. Et il restait amoureux de Regulus  en ne cessant de se répéter qu'il serait plus simple de l'oublier, de profiter des rondes avec Lily pour tenter de la séduire de nouveau, maintenant qu'elle semblait l'apprécier, ou bien d'accepter les rendez-vous de celles qui l'attendait, admiratives de son humour ou de son jeux de Quidditch. Mais à chaque fois qu'il y pensait ça lui tordait le ventre, il ne pouvait pas faire ça à Regulus, surtout quand le jeune homme était déjà abandonné parmi les sang-purs vides d'émotions et avides de nouvelle∙aux adhérent∙es. 


Sirius ne voyait rien du mal-être de James, ni même de celui de Regulus, qui, en plus de l'ignorer, lui adressait désormais des regards à lui glacer le sang. 

À la place, il courait de couloirs en couloirs, disposait des pièges en compagnie des Maraudeurs pour concurrencer Peeves. Remus et lui s'embrassaient les nuits où les autres désertaient le dortoir. Ils se prenaient dans ses bras, s'effleuraient les mains et les doigts quand personne ne les regardait, se souriaient et pensaient l'un un l'autre quand ils étaient séparés. On parlait des ASPIC à Sirius, il pensait à Remus. On parlait de la guerre à Remus, il pensait à Sirius. C'était égoïste, se disaient-ils parfois, mais ils regardaient alors autour d'eux, croisaient les rires encourageant de James et s'en contentaient. 


Un soir, la lune noire se fondait dans la nuit et les lits étaient vides. Seul Remus et Sirius se câlinaient l'un et l'autre sur les draps, sans considération pour le monde autour d'eux. Leurs lèvres se rencontraient puis se séparaient de temps en temps pour qu'ils puissent respirer et sourire avant de s'embrasser encore. Le garçon aux cheveux longs abaissa sa main vers la hanche de l'autre et souleva sa chemise avec douceur, attendant l'autorisation d'aller plus loin. Ils restèrent en suspens un instant.

« Tu veux continuer ? proposa Sirius, hésitant. 

Lui était sûr qu'il en avait envie, mais ressentait une certaine timidité à l'idée de toucher le corps d'un autre et de dévoiler le sien. Remus hocha la tête mais lorsque son ami aventura sa main plus bas il se figea.

- Non. Stop ! Désolé... arrête s'il te plaît. » Dit-il très vite.

Il sentit une panique inexplicable monter dans sa poitrine et fut effrayé de voir que l'anxiété se répandait en lui alors même que Sirius l'avait lâché aussitôt qu'il le lui avait demandé. Celui-ci s'éloignait d'ailleurs, pour laisser à l'autre de l'espace, s'en voulant d'avoir été peut-être trop brusque. Mais Remus voulait qu'il reste près de lui, il s'en voulait sans savoir pourquoi. Il s'excusa une dizaine de fois alors même que l'autre lui répétait que ça n'avait aucune importance, que c'était lui qui était désolé d'avoir été trop brusque et d'avoir gâché ce qui jusque-là se déroulait très bien. 

« Tu veux que je retourne dans mon lit ? Tu as besoin d'espace ?

- Tu ne seras pas vexé ?

- Pas du tout ! » s'empressa de dire Sirius en rejoignant ses propres draps. 

Il n'était pas vexé mais inquiet, inquiet pour Remus dont la respiration irrégulière se fit entendre pendant un moment dans l'obscurité. Pour la première fois depuis la reprise de leurs histoire, la petite bulle de bonheur se fissura, lui rappelant qu'ils n'étaient pas deux adolescents comme les autres, que Remus était un loup-garou, très anxieux et encore fragile, qu'une guerre éclatait dehors à cause des personnes qui avaient été sa famille. 

.

« On va à Pré-au-Lard cet aprem'?

- Par Circé et tout ses cochons, James ! Tu peux pas attendre quinze minutes ? C'est pour vous que je suis ce cours ! »

Prendre les leçons pour eux et les voir s'exercer à des sorts de triches était une habitude si encrée, maintenant, que Remus ne songeait même pas à les faire travailler. On aurait pu croire que cela faisait de lui une victime mais, en réalité, cela lui donnait plutôt un certain pouvoir. Un pouvoir de chantage très efficace. 

« Alors, on va à Pré-au-Lard ? répéta James.

- Ouais ouais, si tu veux. 

La lune rouge lui tapait déjà sur les nerfs et les professeur∙es parlant des ASPIC à la moindre occasion n'arrangeait rien. À presque chaque cours, iels avaient le droit à un long monologue sur l'importance de réussir leurs examens pour réussir leurs vies et le jeune homme en sortait démoralisé parce que, qu'il réussisse ses examens ou pas, il raterait sa vie. Personne ne voudrait d'un loup-garou comme employé. 

- Ouais ouais, on vas y aller parce que ça te changera les idées ! Je sens que t'es de mauvais poil. Et c'est le cas de le dire ! »

Remus leva les yeux au ciel. C'était incroyable l'état d'excitation dans lequel restait James ces derniers temps, pensait-il, et le nombre de jeux de mots douteux que cela lui faisait-faire. 


Pré-au-Lard était assez calme en ce début d'après-midi. La neige n'était pas encore tombée mais le village prenait malgré tout des allures de ville d'hiver quand on y trouvait les premières décorations de Yule. C'était magique, paisible et rassurant. Remus chassa d'un mouvement de tête toute la nostalgie qui l'envahissait en pensant que cet hiver à Poudlard serait le dernier. Ce n'était pas le moment. 

Ses amis firent la mue en entrant dans la boutique Tomes et Parchemins où le temps prit une allure distordue. Combien de minutes passèrent-elles avant qu'ils ne voient dans le ciel des nuages bien trop noirs ? Qu'ils n'entendent des cris bien trop sérieux ? 

Les quatre garçons quittèrent le magasin, paniqués. C'est quoi ces bruits ? C'est quoi ces flashs ?Ils leurs fallut un temps d'adaptation avant de comprendre la chose évidente et de réagir.

Une attaque. 

Peter eut le réflexe de retourner se cacher avant que le commerçant ne ferme sa porte et Sirius eut le réflexe d'attraper la main de Remus pour l'entrainer le plus loin possible. 

Dans la rue principale du village, des silhouettes masqués et encapuchonnés affrontaient celleux qu'iels trouvaient sans scrupules. Sirius se demanda combien de membres de sa famille, tiré de ses réflexions par la voix paniqué de son (petit-)ami. 

« Où est Cornedrue ? demanda ce dernier quand ils furent cachés derrière un chariot de bois. 

Peter, depuis la vitrine, montra un petit point noir au loin et Sirius jura. James n'avait pas eu le réflexe de se cacher mais celui de se battre. 

Et on ne laissa jamais tomber un maraudeur. 

Les trois amis sortirent de leurs cachettes d'un même mouvement et coururent pour rattraper le garçon à lunettes qui avait sortit sa baguette et affrontait l'un∙e mangemort sans pourtant y mettre tout son coeur. Ses yeux cherchaient autre chose. Une autre personne. 

Quand il la trouva la silhouette encapuchonnée se figea devant lui et il manqua de sentir ses genoux se dérober lorsqu'il la vit. Sirius aussi. 

Des aurors arrivèrent et la plupart des mangemorts transplannèrent.

Regulus enleva sa capuche, se tenant loin mais face à James. 

Il avait participé à l'attaque, dans le mauvais camp. Il avait le regard plein de culpabilité. 

J'étais obligé. On m'a forcé. 

« Il reste des mangemorts, ici ? » inspectait un auror avec une jambe de bois, un oeil artificiel et un visage mutilé.

Sa voix était sévère et forte. Il s'approcha de James en répétant :

« Il reste des mangemorts ici, petit ? 

James fixait toujours Regulus. 

- Non. répondit James, iels sont parti∙es. »

Il ne regarda pas l'homme. Il fixait Regulus et quand l'autre eu finit de l'interroger il s'approcha. 

Regulus pleurait. 

« Je suis désolé. J'aurais du te le dire. Je te jure que j'étais obligé. J'ai rien dit pour rester plus longtemps avec toi... je te promet que je n'ai blessé personne. »

James lui prit la main, vérifia que personne ne regardait et lui demanda de remonter sa manche. Le jeune Black ne refusa même pas, découvrant la peau de son bras pâle dans un silence de mort. 

Merde. Merde. Merde.

On n'avait jamais vu une marque si dégueulante de morbidité. Un tatouage noir à tête de mort menaçante, comme le démon d'une terreur nocturne. James sentait la magie noire sous ses doigts alors qu'il la frôlait, incapable de regarder celui qu'il aimait quand la manche se baissa. 

« Je te jure que je voulais pas. dit pourtant celui-ci, faible. 

- Je sais. »

Il ne savait pas s'il pouvait accepter ou pardonner une telle chose. Il savait ce que ça voulait dire. Ils furent éloigné sans le vouloir, Sirius tirant James en arrière. Lui ne regardait pas son frère. 

C'est à cause de toi qu'il est comme ça. lui disait sa conscience. 

Et ils rentrèrent au château plus tristes qu'ils n'y étaient jamais rentrés. Sirius et James en dernier et dans un silence inhabituel, parce qu'une personne qu'ils aimaient tout les deux avait été enrôlée dans le camp de Voldemort et qu'elle ne serait plus jamais la même. 

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