sᴛᴀᴛɪᴏɴ ᴛᴏ sᴛᴀᴛɪᴏɴ, part.57
Pour la première fois James Potter et Sirius Black franchirent ensemble la barrière qui menait jusqu'à la voie 9 ³⁄₄ et s'installèrent en avance dans le septième compartiment. C'était une belle matinée de fin d'été, des rayons de soleil se faufilaient à travers les grandes fenêtres de la gare pour éclairer le quai, les mines fières des parents, l'appréhension des premières années, l'excitation des autres. À l'endroit où il se plaçait toujours, Regulus se tenait droit, le regard dans le vide. Ses yeux étaient cernés, ses lèvres sellées et il ne cessant de se gratter le bras. Sirius vit que James le regardait depuis leurs fenêtre sans que son frère ne puisse les voir. L'ainé senti son coeur se pincer, la culpabilité s'infiltrer dans ses veines.
« Dans tout les cas, ne fais plus jamais ça !
L'interrompit Remus dans ses pensés en faisant coulisser la porte de verre suivi de Peter, tandis que celui-ci contrait :
- C'est très enrichissant de voir les choses sous un autre angle, tu sais.
- Je vous cherchais et je me suis rendu compte qu'il y avait un rat sur mes valises ! s'écria Remus, s'adressant aux deux autres garçons qui rirent en coeur en imaginant la réaction de leurs ami.
- Être un rat c'est fascinant, je vous jure, on a l'impression que vous êtes tous des géants ! Je suis très content d'avoir cette forme là. Je n'aurais pas aimé être un chien ou pire, un cerf.
James pris un air outré.
- Les cerfs sont les incarnations de la perfection !
- Les chiens les surpassent en tout point ! Lunard ! Défend moi !
- Les chiens sont mieux. Affirma Remus.
- Ouais tu dis ça parce que tu as la trouille des rats ! bouda Peter.
- Mais pas du tout ! C'est de la surprise. »
Le débat sur la meilleure forme d'animagus possible s'engagea sans que Sirius ne l'écoute.
Il laissa dériver ses pensés vers toutes sortes de préoccupations, se refusant d'imaginer la douleur que ressentait Regulus et cet autre sujet auquel il ne voulait pas faire face mais qui prenait de plus en plus de place dans sa tête...
Dans le compartiment d'en face, Dorcas venait de rejoindre Marlène, Mary, Alice et Lily.
« 6ème année ! s'exclama-t-elle plus enthousiaste que jamais en balançant sans aucune douceur toutes les affaires par terre. Je vais bientôt avoir 16 ans, l'âge d'apprendre à transplanner et surtout l'âge de bai-
- STOP !
Marlène lui plaqua une main sur la bouche. Elle n'avait pas le coeur de lui dire que si les relations hétérosexuelles étaient autorisées à 16 ans pour les sorcier∙es d'Angleterre, ce n'était pas le cas des relations homosexuelles qui étaient tout simplement interdites par la loi.
- On a comprit l'idée. sourit la blonde, néanmoins heureuse de voir son amie de si bonne humeur. Dorcas était souvent comme ça lorsqu'elle entrait à Poudlard, à se demander si elle était aussi heureuse qu'elle le prétendait chez ses parents.
Elle fit mine d'être déçue et se laissa tomber sur le siège voisin de celui de Mary, occupée à annoter un livre ce qui avait pour effet de faire crier Lily au sacrilège et ce fut finalement Alice qui eu le courage de dire à Dorcas que les relations sexuelles entre personnes de même genre étaient illégales.
- Je me fous de cette lois stupide ! Si tu crois que je vais la respecter ! Au pire j'irais chez les moldu∙es ! Au moins là bas on a le droit de coucher avec qui on veut... enfin même s'il faut attendre d'avoir 21 ans pour se taper une fille... décida de rigoler Dorcas en tentant de masquer son énervement contre la société. Personne n'en saura rien à part celle avec qui je partagerai mon lit !
Marlène la regarda, admirative. Elle n'en montrait rien mais elle trouvait Dorcas très courageuse et forte d'oser s'assumer de cette manière. Elle se serait effondrée à sa place.
... D'ailleurs, à ce sujet il serait temps que vous vous trouviez des mecs ! Parce que moi j'ai une excuse pour n'avoir personne, mais vous vous n'en avez pas ! continua à monologuer la jeune fille en laissant reposer ses pieds sur le siège en face d'elle qui était à moitié occupé par Lily.
Les autres filles soupirèrent.
... Quoi ? Vous avez la chance d'avoir la possibilité de pouvoir vivre une histoire d'amour normale et vous en profitez pas ! Personne n'a envie de se faire--
De nouveau, Marlène l'interrompit juste à temps.
- Mais t'es une vraie obsédée, c'est pas possible !
- Je suis une ado contrôlée par ces hormones, que veux tu ? Tu dirais ça si j'étais un garçon ?
- Oui ! répondit Marlène. C'est justement pour ça que je déteste les garçons !
Elle s'interrompit un instant en réalisant ce qu'elle venait de dire.
- Je veux dire... je déteste leurs caractère ! J'aime les garçons !
Elle devint rouge pivoine et fut sauvée in extremis par Alice qui déclara l'air de rien :
- Je sort avec Franck.
Toutes les filles se tournèrent vers elle, les yeux écarquillés.
- Depuis quand ? bégaya Dorcas.
- Six mois. répondit l'autre en haussant les épaules.
- Mais pourquoi tu nous l'as pas dit ? demanda Marlène, ahurie.
- Vous me l'avez jamais demandé. » répondit naturellement Alice en jetant un coup d'oeil à sa montre avant de décider qu'il était temps d'aller voir de nouvelles têtes.
Seule Mary, continuant d'écrire dans son livre, n'avait aucune réaction.
- Mary ! Tu ne dis rien ?
- Je voudrais lire en tranquillement. soupira Mary en levant les yeux au ciel. Fou moi la paix avec tes histoires de couple. »
Dorcas se renfrogna. Une tristesse profonde la gagna quand elle se souvint de la phrase que lui avait un jour dite Remus : "Nous sommes de celleux qui n'ont pas le droit à l'amour". Elle décida de chasser cette idée de sa tête. Remus n'était pas connu pour son aisance en matière de relation sociale. Mais des filles qui aimaient les filles il devait bien y en avoir à Poudlard, de même que des garçons qui aimaient des garçons, et, parmi elles, il n'y avait aucune raison qu'aucune ne soit sensible au charme de l'adolescente.
.
Une fois de retour dans le dortoir et sur leurs lits respectifs, Sirius se mit torse nu devant le seul miroir de la pièce pour observer ses bras, son dos et son ventre dans tout les angles possible. Les garçons n'y prêtaient plus attention depuis les longues minutes - ou faisait mine de l'ignorer, dans le cas de Remus - quand il sortit de sa longue réflexion pour hocher la tête, l'air très sérieux
« Je pense que les runes sont la meilleure solution. affirma-t-il.
- Tu connais des runes, au moins ? taquina James.
- Non, mais j'ai Moony pour m'aider !
- De quoi ? se réveilla Moony en prenant bien soin de regarder son ami dans les yeux.
- Mon premier tatouage ! répondit Sirius. Je veux recouvrir cette horrible cicatrice. D'ailleurs, tu devrais toi aussi !
Son interlocuteur reçu comme un coup de poing dans le ventre. Il comprenait que Sirius n'aime pas ses propres cicatrices et ressente le besoin de se les ré-approprier, mais dans son cas, voilà un moment qu'il avait accepté ses marques comme des parties de lui et des témoins de son histoire. Sirius ne les voyait-il pas comme telles ? Remus ne pourrait-il jamais espérer que son ami ne le trouve beau à cause de ça ?
S'il n'y avait que ça, haha. dit la voix, d'un rire sans joie.
Voyant qu'il l'avait blessé, Sirius se rattrapa aux branches, ajoutant avec précipitation :
... Je voulais juste dire que si à tout hasard tu voulais un tatouage ce serait sympa de le faire ensemble. Mais je ne pense pas que tes cicatrices à toi soient horribles. Tu es... tu es magnifique, Remus.
- Comment tu vas t'y prendre pour faire des tatouages à Poudlard ? s'empressa de demander ce dernier pour faire dévier le sujet en sentant son visage chauffer.
- Pas à Poudlard, Moony ! Je vais aller à Londres pendant les vacances ! Je suis libre maintenant, mes vacances m'appartiennent.
- Et tu comptes faire comment pour manger, dormir, te payer ton fameux tatouage ?
- J'ai de l'argent. Marmonna Sirius.
- De qui ?
- Mes géniteur∙ices, entre-autre. J'ai pris des réserves avant de partir. Iels en ont tellement, je pense qu'iels ne vont même pas s'en rendre compte. Et puis mon oncle Alphard m'a envoyé de l'argent il y a quelque jours.
Remus fit une grimace gênée, il avait encore du mal à se faire à l'idée de la fugue de son ami. La nouvelle, qu'il avait apprise au travers une lettre - première lettre que Sirius ait jamais réussi à lui envoyer sans encombre -, n'était devenue concrète qu'au moment où il avait vu le nouveau regard du jeune homme dans le train.
- Tu vas aller à Londres pendant des vacances pour te faire tatouer ? répéta-t-il, ne pouvant pas s'empêcher d'être inquiet.
- Tu as tout compris.
- Mais tout seul, comme ça, avec tout les gens qu'il y a dans cette ville ? Avec les mangemorts ?
- Oh, tu t'inquiètes ! C'est adorable ! rigola Sirius ce qui fit devenir son ami encore plus rouge. Et je serai du coté moldu, bien sur ! James n'as pas voulu venir avec moi pour des raisons personnelles...
Peter leva un sourcil.
- Quelles raisons personnelles ?
- Mais tu peux venir avec moi, si tu veux, Moony.
Remus se tourna vers l'autre coté de la pièce car Sirius était bien trop proche de lui maintenant et qu'il commençait à croire que ses joues allaient finir par prendre feu de l'intérieur.
- Je vais venir avec toi.
Juste pour m'assurer que tu ne te plantes pas sur la signification des runes que tu va garder gravées sur ton corps pour le restant de tes jours. »
.
À la sortie d'un cours dans lequel Flitwick désespérait de faire apprendre aux élèves un sortilège d'amnésie, Regulus vint trouver le groupe des maraudeurs qui était assis sur un banc du parc, dos à un des longs murs en pierre du château, profitant d'un bref temps libre avant une nouvelle sécession de cours. Le plus jeune, debout et suivit de loin par Evan Rosier, jetait un regard noir aux autres, en particulier à Sirius.
« Salut Reg. marmonna Sirius assis sur le dossier, les jambes sur le banc.
- Tu n'avais pas le droit de partir. formula pour seule réponse Regulus, en français, langue que les deux frères n'avaient jamais employée à Poudlard.
C'était leurs mère qui leurs parlait dans cette langue depuis leurs enfance et ils ne voulaient pas avoir le moindre souvenir d'elle dans l'endroit qui était devenu leurs refuge. Sirius fut parcouru d'un frisson. Était-ce là une façon de signifier à son frère qu'il avait choisit le camp des mangemorts ? Ou bien était-ce juste un moyen de s'assurer que les maraudeurs ne comprendraient pas leurs conversation ?
Sirius se leva avec lenteur pour s'élever face à son frère qui faisait désormais presque sa taille, prenant soin de laisser un bon mètre entre eux.
- Je suis désolé de t'avoir laissé tomber, mais je n'avais plus le choix. Iels allaient me tuer, sinon. Je devais devenir un mangemort pendant les vacances. J'aurais pas put vivre avec ça.
- Mais tu peux vivre avec l'idée d'avoir abandonner ton petit frère derrière, hein ? Tu aurais pu me prévenir, m'emmener avec toi, me donner des nouvelles. Heureusement que James m'a dit où tu étais ! J'étais inquiet, moi ! J'ai cru qu'iels t'avaient tué ! Mais en fait non, tu es parti. Comme un lâche. Et tu m'as laissé là bas ! Qui vas se prendre les doloris maintenant, hein ? Qui va devenir le mangemort ?
Des larmes coulèrent le long des joues de Regulus et, même sans rien comprendre au monologue les autres maraudeurs s'étaient levé pour entourer les deux frères. Remus proche de Sirius, James proche de Regulus.
- Tu peux pas me reprocher ça ! On sais tout les deux que tu ne m'aurais pas suivit ! Qu'est ce que tu aurais voulu que je fasse ? Que je continue à tout subir à ta place ? Depuis que je suis petit que je me prends tout les sorts !
- Je t'ai défendu à chaque fois que j'en avais l'occasion ! Et moi aussi, on m'a blessé, ne fait pas semblant de ne pas savoir. argumenta Regulus. Grâce à toi ça arrivera de plus en plus souvent.
- Tu parles ! Maintenant que tu es leurs seul héritier iels ne te feront plus aucun mal ! Iels t'aiment trop pour ça ! Tu vas devenir un joli petit mangemort. Tu vas servir Voldemort, c'est ce que tu voulais, non ?
- Non ! Ce n'est pas ce que je veux !
- Tu te rebelles maintenant que tu es face au danger ?
- Sirius, stop ! intervint James.
- Tu es dégueulasse de me dire des trucs comme ça. »
Puis il leurs tourna le dos pour s'en aller. Le regard de James se perdit un instant entre les deux frères, ne sachant pas lequel il devait suivre. Il finit par opter pour Regulus qui allait rejoindre Rosier. Il le rattrapa juste à temps tandis que Sirius les regardaient sans s'approcher, n'écoutant pas ce que Remus lui disait.
« C'est peut-être pas le bon moment, mais Sirius sait pour nous. annonça James une fois à la hauteur de son petit-ami.
- Peu importe. Je crois qu'il va plus y avoir de nous bien longtemps, James. »
Celui-ci aurait pu lui en vouloir mais il se contenta d'encaisser, il savait qu'il avait raison. N'importe qui aurait senti la menace des mangemorts et perçu les camps se dessiner entre les Serpentard et les Gryffondor. On ne donnait pas plus d'un an au monde sorcier avant d'éclater en guerre, guidé par la monté en puissance de Voldemort.
L'un continua son chemin jusqu'à ses camarades tandis que l'autre allait se rassoir au près de ses amis où Remus essayait de rassurer :
« Tu as eu raison de partir. Il fallait aussi que tu penses à ta sécurité, il ne peux pas te reprocher ça...
- Si. Il a raison, j'aurais du être là pour lui, faire au moins quelque chose.
- On peut parler du fait que Sirius parle français ? demanda Peter, à moitié par curiosité, à moitié pour changer de sujet.
Le concerné fit semblant de rire devant l'admiration des autres tandis que James soulignait que "c'était de la triche, on lui a appris les deux langues et il n'a eu aucun effort à faire pour ça, moi j'ai appris une bonne partie de l'ourdou tout seul et personne ne me félicite".
- Dit quelque chose en français ! pressait malgré tout Peter, joueur.
- J'espère que James sera là pour mon frère.
- Quoi ? Tu as parlé de moi ? Ça veut dire quoi ?
- Ça veut dire que j'ai faim, c'est tout. »
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