sᴛᴀᴛɪᴏɴ ᴛᴏ sᴛᴀᴛɪᴏɴ, part.56

Il faisait nuit noire dehors, et il pleuvait des cordes.

Les résultats des examens étaient arrivés par hibou dans l'indifférence générale entre les murs de la demeure des Black. Si les résultats avaient été mauvais il aurait eu le droit à une punition, puisqu'ils étaient bon on ne disait rien.

Il n'y avait qu'une seule solution pour ne pas recevoir la marque le lendemain et il le savait bien. 

Couché sur son lit et regardant le plafond, Sirius Black songea encore une fois qu'il détestait ses parents. Du genre, pour de vrai. Il avait entendu dire qu'on ne pouvait pas haïr ses parents, qu'il y aurait toujours une grande dose d'amour pour nos géniteur∙ices qu'iels soit des démons sanguinaires ou des anges mielleux. Mais ce soir là, Sirius ne ressentait rien d'autre que de la haine. Pas la moindre parcelle d'amour. Il s'était battu avec Regulus la veille. Une histoire stupide d'insultes envers Croupton qui restait imprégné dans la tête des deux adolescents. Dans une poignée de jour ça serait oublié mais il n'en avaient pas conscience, pour le moment cela le concertait dans l'impression qu'il avait perdu son seul allié. 

Il arrêta de penser à son petit frère, hanté par sa mère sévère et froide, par son père colérique et absent, non, il ne ressentait plus rien du tout.

Il se redressa et jeta des coups d'oeil dans sa chambre. S'il se concentrait suffisamment, il pouvait imaginer qu'il était à Poudlard avec les autres et pas dans cette horrible maison. Sa chambre était décorée de poster de Quidditch, de poster de films qu'il n'avait jamais vu, de groupe de musique qu'il aimait - tous moldus, bien sur, pour mettre ses parents en rogne - des photos qu'ils avaient pris avec le Polaroïd de Remus au dernier Halloween... Il aimait bien sa chambre parce que quand il s'attardait sur ces souvenirs, il avait l'impression de ne plus y être. D'être loin du 12, Square Grimmaurd avec les têtes d'elfes découpées, les allées-et-venues des mangemorts transpirants de magie noire...

J'ai envie de partir loin d'ici.

Il fronça les sourcils, voulu sortir une cigarette du blouson de cuir noir qui trainait sur sa chaise en bois avant de se souvenir qu'il n'en avait plus car il avait bien trop fumé ces derniers jours, anxieux. 

Toute la journée encore, il était resté dans sa chambre aux douces couleurs de Gryffondor en chantonnant les airs des Rolling Stones, en écrivant à James, à Peter ou à Remus. En essayant de dessiner quelque chose malgré son talent approximatif en la matière, en tentant de lire sans arriver à se concentrer sur quoi que ce soit... Quand l'elfe de maison venait lui dire de manger, il refusait une fois sur deux. Il préférait crever de faim que de devoir s'assoir à la longue table verte sous les regards gris et vides des membres de sa famille. Bien sur, parfois, il n'avait pas le choix.

Par Merlin. Pourquoi avoir des enfants si c'est pour être comme ça avec eux ? Iels n'ont aucun amour à distribuer ? Aucune tendresse à partager ?

Diner avec les Black était comme parler à des feuilles de papiers. Et quand ils ne mangeaient pas en silence, coincés dans leurs tenues aristocrates avec leurs bijoux ternes, ils hurlaient contre Sirius. Ils se fâchaient. Il n'avait pas peur d'eux dans ses moments là. En fait, il avait plutôt l'impression de voir leurs vrais visages, sans masques glacés. Sa mère devenait une sorcière comme l'on en voyait dans les contes de fées moldus, son père un véritable fantôme qui s'éclipsait durant les disputes en lançant seulement à Sirius un regard qui voulait dire « Tu n'es plus mon fils ».

Comme si je l'avais été un jour. 

Comme si j'en avais quelque chose à faire.

Et quand la colère de leurs mère éclatait, son frère baissait toujours les yeux.

À quoi bon m'entêter à rester pour lui s'il n'a même pas assez de courage pour me regarder. Je peux comprendre qu'il ne me défende pas, mais s'il ne me soutient même plus en secret, c'est que je n'ai plus ma place ici.

L'idée était apparue comme une évidence. Bien sur, il n'avait plus sa place ici depuis bien longtemps et regrettait presque de s'en rendre compte aussi tard. L'après midi sa mère l'avait engueulé à en réveiller les morts et lui avait jeté des sorts juste pour lui faire mal. Ce n'était que le début des vacances d'été. Il restait encore deux longs mois avant de retourner à Poudlard. Pas question de remettre les pieds au camp des sang-purs.

Sirius pensait qu'il pourrait attendre ses dix-sept ans pour partir. Que Regulus l'aiderait. Que ses parents finirait par arrêter.

Qu'est ce que j'ai été naïf.

L'évidence le frappait maintenant. Il était trop tard pour son frère et ses parents seraient ainsi pour toujours. Il se releva de son lit, parcouru le décor vermeille. Maintenant que l'idée était venue, elle ne sortait plus de sa tête et se concrétisait.

Je ne resterais pas un jour de plus ici.

Où allez ? Comment ?

Je suis un Gryffondor mais j'ai pas le courage de supporter tout ça encore une fois. C'est pas une famille qui vit derrière la porte. On dirait qu'iels ne vivent même plus. On dirait qu'iels ne sont plus humain∙es, iels rodent au lieu de marcher, obéissent au lieu de penser... J'ai une vraie famille, celle que je me suis construite.

Il attrapa sa malle. Il laissa tel quel les posters aux murs mais prit les choses les plus chères à son coeur en ayant en tête qu'il ne reviendrait plus jamais dans cette chambre.

Il faut bien leurs laisser des souvenirs de moi. pensa-t-il, sarcastique.

Il songea à laisser un mot à Regulus avant de se raviser. À ce moment là il était toujours en colère contre lui. 

Sa malle pleine, il enfila son manteau, prit le peu d'argent qu'il possédait et s'aventura dans le couloir. En fermant la porte de sa chambre pour la dernière fois, il eut l'impression d'entrer dans la cave sombre d'une maison hanté. Il connaissait par coeur l'emplacement des escaliers et n'eut pas de mal à descendre et à s'avancer vers l'entrée. Il aurait bien fait une sortie dramatique pour que ses parents le voient mais il était trop fatigué pour vivre une dispute de plus.

Iels ne se rendront peut-être même pas compte de mon absence.

Il poussa la porte d'entrée qui fit trop de bruit à son goût et, une fois qu'il fut dans la rue, un grand sourire éclaira ses lèvres et les gouttes de pluie qui dégoulinèrent sur son visage le rendirent heureux. Il ne l'avait pas prévu mais il se rendit compte qu'il se sentait libre maintenant. Il ne culpabilisait même pas à l'idée de faire quelque chose de grave. Il se sentait juste soulagé.


Une fois que l'euphorie d'être loin de cette maison de malheur fut dissipée. Il comprit qu'il n'avait nul-part où aller  et se posta au bord d'un trottoir des environs, sortant sa baguette pour aviser ce qui lui attirerait le moins de problème entre un sortilège en dehors de Poudlard ou une violation du secret magique. 

Un véhicule se découpa dans la nuit à la vitesse de l'éclair. Il s'agissait d'un bus à étage similaire à ceux qu'il avait vu les quelques fois où il avait pu traverser le Londres moldu, mais celui-ci était bleu dans l'obscurité, violet dans la lumière. Un jeune homme encore plus jeune que Sirius en sorti, détaillant le garçon de haut en bas. 

« Hum hum. Bienvenue dans le Magicobus, transport pour les... euh... ha oui ! Les sorcières et sorciers en perdition. Je m'appelle Stan Rocade et...

euh... 

 je serai votre contrôleur pendant se voyage ! Désolé, je suis nouveau. L'ancien contrôleur vient de casser sa pipe. Il faudrait que je note tout ça. C'est quoi ton nom ?

- Frank Londubat, mentit Sirius en prenant son plus bel accent français à moitié pour se foutre de lui à moitié pour ne pas parler de la famille Black.

- T'es pas d'ici, hein ? 

- Je suis français. Je connais rien à cette ville, je me suis perdu en me promenant.

- C'est une drôle d'heure pour se promener, non ? 

- Décalage horaire. »

Il n'y avait qu'une heure de décalage entre l'Angleterre et la France mais le jeune contrôleur hocha la tête comme s'il comprenait parfaitement. 

Sirius suivit le garçon à l'intérieur du train pour découvrir un nombre important de lits à roulettes qui devaient donner la nausée à n'importe qui aurait l'idée de s'allonger dedans. Il favorisa la barre installée près de la cabine du conducteur pour pouvoir s'y tenir mais regretta quand Rocade se lança dans un monologue sur la façon dont il avait obtenu ce post - à savoir une façon pas très légale à base d'absence quasi-totale de Poudlard et de bouche-à-oreille. Il ne mettait les pieds à l'école que deux jours par an : pour la rentré et les examens. Cela expliquait sans doute pourquoi il ne reconnaissait pas Sirius. 

« On t'emmène où ?

- Godric's Hollow. »


Il n'était allé qu'une seule fois chez les Potter. Une journée. Pas assez longtemps pour considérer cette maison comme un foyer mais assez longtemps pour constater qu'elle était plus chaleureuse que la sienne. Toutes les maisons étaient plus chaleureuses que la sienne de toutes façons.

Euphémia Potter ouvrit avec surprise. Elle dit quelque chose que Sirius n'entendit pas. Il se rendit compte qu'il pleurait, qu'il était fatigué et qu'il avait mal partout malgré toute la joie qui l'habitait à l'idée d'être enfin loin des ses parents, débarrassé d'elleux pour de bon. Pour toujours.

Il n'entendait que des bourdonnements, voyait des silhouettes vagues. Le magicobus lui avait fait-faire un détour par l'imaginaire mais voilà qu'il avait replongé dans la réalité. Il se prenait sa situation en pleine gueule et sa faisait mal. 

Il sentit James le prendre dans ses bras. Euphemia et Fleamont Potter poser des questions auxquelles se fut leurs fils qui répondit. Ce fut une fois dans la chambre de son ami que Sirius recommença à penser normalement. Il voyait le regard de son meilleur ami nettement maintenant. 

« Viens, assieds toi. Lui dit James. 

En se rendant compte qu'il n'avait pas la moindre chaise qui ne soit pas encombré par les boites ou des piles de vêtements il lui désigna son lit sur lequel ils s'assirent ensemble. 

Sirius lui raconta ce qu'il y avait à raconter et un silence s'en suivit. Les deux amis se regardèrent un moment. Il était rare qu'ils se sentent dépassés par une situation trop rude car selon les mots de James : "Quand on est un maraudeur, les trucs rudes on leurs rit au nez ! Surtout pour Voldemort vu qu'il a pas de nez !", mais ils devaient admettre qu'ils n'avaient aucune envie de rire cette fois.

- Mais tout va bien. Je suis avec toi maintenant. dit Sirius pour briser le silence. 

James ne quitta pas son air inquiet pour autant.

- Tu t'es quand même fait torturé par tes parents tout l'été, excuse moi de ne pas sauter de joie.

- Mais c'est finit ! Ça n'arrivera plus. »

L'expression de James ne s'arrangea pas. Une grimace triste lui barra le visage. 

Ça ne t'arrivera plus à toi, oui. 

« James ? »

Le garçon à lunettes fronça les sourcils. 

Il essayait de regarder Sirius et de ne penser qu'au soulagement de savoir son ami en sécurité, mais il ne pouvait s'empêcher d'imaginer Regulus, les traits anxieux, poursuivit par tout∙es les mangemorts du monde en train de se laisser dévorer sans son frère sur qui compter. 

Ses mains se crispèrent sur la couette colorée et il ravala une larme. 

« James, il y a un truc que tu ne me dis pas. affirma Sirius. 

James planta son regard dans celui de son meilleur ami et soupira en avouant : 

- Je suis inquiet pour Regulus.

Silence. 

- Pour Regulus ? répéta Sirius, déconfit. 

James sentait les secondes devenir de plus en plus longues et se mordit la lèvre. Le temps ne s'était pas écoulé. C'était toujours le même soir, mais maintenant c'était de James dont on parlait.  Il espéra qu'il ne rougissait pas. Il ne voulait pas parler de ça. Pas maintenant, pas sans en avoir discuté avec Regulus. Mais il n'avait plus le choix. Il en avait déjà trop dit. 

... Tu me caches quoi ? insista Sirius, méfiant. 

- Rien. » nia James 

« Ok, Sirius. Il faut que je t'avoue quelque chose.

James resta muet encore une minute. Il sentit tout son corps se serrer. Il se fichait de l'avis des autres, mais pas de l'avis de Sirius. Parce que Sirius était le meilleur ami qu'il avait et qu'il ne voulait pas risquer de le perdre ou de le mettre en colère, surtout pas une nuit comme celle-ci.

- Tu peux tout me dire, Corn'. 

Celui-ci passa une main dans ses cheveux en bataille puis sur son visage. 

- Tu ne vas pas te mettre en colère ? 

- J'ai des raisons de me mettre en colère ? 

- Je sais pas. »

Silence. 

« Tu te souviens de toutes mes disparitions l'année dernière, quand j'allais voir quelqu'un∙e ? Moony a suggéré que c'était une amoureuse secrète.

Sirius hocha la tête, plantant ses iris dans celles de son ami. 

... Il avait raison. Mais c'était pas... 

Merde.

C'était Regulus. Je suis amoureux de Regulus, il est amoureux de moi. »

Sirius resta silencieux, visage neutre. Il traitait l'information. 

« Wow...

Depuis quand ? 

- Un an. 

- Un an !? Tu me l'as caché pendant un an !? s'étouffa Sirius. 

- Désolé... dit James en plissant le nez. 

- Ça veut dire que tu es gay ? 

- Ça, je sais pas trop. J'étais fou de Lily. Et il y a eu un autre garçon avant Regulus et maintenant lui, pourtant je suis presque sûr de toujours aimer les filles. Je crois que j'aime tout le monde. Je sais pas si c'est possible.

- Je sais pas. Il y a pas de raisons que ça ne le soit pas. »

Silence.

Silence.

On n'eut jamais vu une conversation entre James et Sirius comportant autant de silences. 

« Ça va ? Tu ne m'en veux pas trop ? 

Sirius secoua la tête. 

- J'ai pas de raison de t'en vouloir. C'est juste bizarre. 

- Je crois que ça fait un peu trop pour ce soir. s'excusa l'autre en regardant les affaires de son meilleur ami posé par terre et le jour qui se levait à la fenêtre. On... on vas dormir ?

Sirius hocha la tête et ils se levèrent pour que le garçon à lunettes aille chercher un coussin en plus mais le garçon aux cheveux longs l'interrompit et le prit dans ses bras au milieu de la chambre. Son ami, surpris, mis du temps à lui rendre son étreinte. 

- Merci de me l'avoir dit. Je... je suis heureux que Regulus t'ai. chuchota Sirius. Et merci surtout de m'accueillir ici. 

- C'est ta maison ici. » affirma James. 

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