sᴛᴀᴛɪᴏɴ ᴛᴏ sᴛᴀᴛɪᴏɴ, part.65
Au début Remus était resté seul. Il avait déménagé dans sa chambre de préfet, choisit les tables du fond des classes et négligé les heures des repas (à chaque fois, il trouvait à coté de son lit une assiette, sans savoir si c'était l'oeuvre des elfes, d'un maraudeur ou une tentative de Sirius pour se faire pardonner). Il s'attendait à être renvoyé d'un instant à l'autre et envisagea même de partir par lui-même. Les regards lointains de Sirius, les accusations peu discrètes de Rogue et les mines inquiètes de James et Peter lui étaient insupportables.
Il avait le coeur brisé. Le pire restait qu'il l'aimait encore.
Puis, Lily s'installa en face de lui à la bibliothèque. Elle n'avait pas sa mine enthousiaste habituelle. Elle agissait avec appréhension.
Jusque là elle avait réfuté l'hypothèse d'un Remus lycanthrope. Quand elle s'était renseignée sur le sujet on lui avait dépeint des créatures sanguinaires, des personnes violentes, impolies et manipulatrices, ce qu'elle considérait comme l'opposé de Remus. Mais forcée de constater qu'elle avait changé d'avis au vu des événements récents. Elle avait passé si longtemps à se construire une vision négative des loups-garous à l'image de celle qu'avait la société sorcière qu'elle n'arrivait plus à voir son ami de la même manière qu'avant.
Elle lui adressait la parole avec crainte, comme s'il allait la dévorer d'un instant à l'autre ce qui exaspérait Remus au plus haut point. S'il avait aussi perdu Lily, alors il ne lui restait plus grand monde. D'autant que les autres filles passait de longs moment avec les maraudeurs.
Un matin il retrouva Lily pour une révision d'astronomie et fit glisser devant elle le livre Gueule de loup, coeur d'homme. Il savait qu'il ne trouverait pas les mots pour tout lui expliquer ni détruire ses pré-jugés mais elle était une jeune fille brillante et ouverte d'esprit qui s'était toujours battue contre l'injustice, si on prenait le temps de lui expliquer, elle comprendrait. Et elle avait besoin d'un ami en ce moment.
Dès qu'il eut le dos tourné elle dévora le livre en une nuit, curieuse et de plus en plus honteuse de comprendre que ce qu'elle avait lu auparavant n'avait rien à voir avec des observations vérifiées et fiables. Même en croisant les sources, si elles étaient toutes les mêmes, elle n'aurait jamais put évoluer sur son opinion. Ce livre la n'avait rien à voir. Il était informatif sur la transformation, des symptômes, les rares avantages et témoignait de la profonde douleur d'être un loup dans un monde qui ne nous accepte pas.
Quand elle retrouva Remus elle se confondit en excuse pour tout ce qu'elle avait pu dire. Iels cachèrent le livre dans la bibliothèque où il n'était pas censé être, espérant que d'autres viendrait bientôt s'y ajouter.
Et Remus resta à Poudlard.
Ce qui restait des Maraudeurs se disloquait également. En colère contre Sirius, James passait le temps qu'il pouvait avec Regulus, le reste du temps avec Peter qui, lui, préférait rester avec Mary ou Neil plutôt que de gérer des conflits.
Seul, Sirius s'attelait à finir de construire la carte de l'école, piquant la cape d'invisibilité pour aller explorer et voler des ressources. Il ne prêta pas la moindre heure aux cours et aux devoirs, il dessina plutôt, rassembla des papiers déjà griffonnés de croquis, étudia deux semaines un sorts de localisation... s'écroula à chaque fois qu'il pensait à Remus. Il se dégoutait lui-même. Il avait enfin eut Remus, il y avait cru et il avait tout gâché.
Il comprenait bien que ce n'était pas le moment de tenter des excuses, celui qui avait été son petit-ami ne voulait à l'évidence plus le voir.
Cependant, au bout d'une semaine il décida de parler à James.
Il le repéra dans le dortoir dans lequel les autres n'allaient plus que pour dormir. Le garçon, ses lunettes à la main, était assis au pied de son lit, essayant de les réparer, un genou battant dans l'air. Il ne se décala pas quand Sirius s'installa à ses cotés, il jeta juste un coup d'oeil vers lui pour constater sa présence.
Le verre redevint intact, il replaça l'objet sur ses yeux et toisa son ami en lâchant un soupir.
« Ok, je t'écoute.
Sirius rabattit ses genoux contre son torse et fixa un point droit devant lui qui se trouvait être le lit vide de Peter. Le dortoir était bien silencieux. Le lecteur de disque était posé en vrac sur le sol à coté d'une pile de vinyles qu'on avait pas entendu depuis un moment.
- Je n'avais pas prévu de faire ça. commença l'adolescent quand il eut décidé que c'était ce qu'il fallait dire en premier. Quand je parlais de "donner une leçon à Rogue" je n'envisageais pas ça du tout. Mais je suis allé le voir, il m'a parlé de Regulus...
La jambe de James trembla plus fort.
... Il m'a dit qu'il avait quelque chose à voir avec l'attaque de Dufftown. Je sais bien que ça n'excuse rien mais j'étais tellement en colère contre moi-même d'avoir laissé mon frère devenir comme ça et contre lui qui avait l'air si heureux que ce soit le cas que... j'avais envie de lui faire du mal et c'est la première idée qui m'est venue, je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas ce qui m'a pris. »
Son ami hocha la tête l'air grave, il savait comme il était facile d'agir avec impulsivité. À peine avait-on dit quelque chose, sans réfléchir, qu'on réalisait le mal qu'on avait fait et que le retour en arrière n'était plus possible. Cela n'excusait en rien le comportement de Sirius, mais ça l'expliquait. Après tout James n'avait rien à envier à l'autre en matière de ce qui était d'agir sans réfléchir : quand il donnait des surnoms stupides à des gens comme Rogue, quand il avait l'idée d'une farce spontanée, il la faisait, emporté par le mouvement de groupe et par le moment. Il ne s'en voulait pas au début mais plus il grandissait plus il prenait garde à y réfléchir à deux fois, car le but était de rire et pas de faire mal. Mais il avait dépassé les bornes un bon nombre de fois, il le savait. Sirius aussi.
C'était sans importance. il avait besoin de lui. Surtout quand le reste n'allait plus.
Regulus était un mangemort, c'était un début de guerre. Le reste n'allait plus du tout.
« Crois moi, je m'en veux à un point que je croyais pas possible. Surtout d'avoir fait ça à Remus. C'est...
C'est le genre de personne qui ne mérite aucuns des malheurs qui lui tombe sur la gueule et pourtant qui en reçoit plein. Je sais comme il a honte d'être loup-garou, comme il a du mal à faire confiance aux gens, même à nous. J'arrive pas à croire que j'ai trahi tout... Tout ce qui était important pour lui juste comme ça, pour rien ! C'est le plus sage d'entre nous, c'est le plus moral d'entre nous, le plus magnifique d'entre nous même si ça n'a rien à voir...
Il essuya une larme, épuisé. James enlaça un bras autour de son épaule avec un sourire. Inutile de rester plus longtemps fâché contre lui, Sirius s'en voulait assez comme ça et il avait à l'évidence compris son erreur.
Et puis James ne tiendra pas une semaine de plus sans lui.
- Dis, tu serais pas en train de tomber amoureux, toi ? »
« Oh putain... s'écroula Sirius en seule réponse, cachant sa tête dans le cou de son ami qui lui lâcha l'épaule une seconde avant de la reprendre en soupirant, s'écartant un peu pour le regarder avec plus de sérieux.
- Tu l'aimes vraiment, c'est ça ?
Il se passa une seconde avant que le garçon aux cheveux longs ne réponde, non sans une certaine appréhension.
- Si tu savais, Prongs.
- Merlin.
James rit et Sirius aussi, les joues toujours pleines de ses anciennes larmes.
- Ça te pose problème ?
- Je sors avec ton frère, Pads. Je suis mal placé pour t'en vouloir d'aimer Remus.
C'est juste... surprenant.
Même si c'est logique, maintenant que j'y pense.
L'autre fronça les sourcils, l'air de demander des justifications :
... Tu as été là pour lui depuis le premier jour, tu le regardes comme si tu allais le dévorer et, pardonne le cliché mais tu es beaucoup trop flamboyant pour être hétéro.
- Hé ! Je suis très viril ! J'ai des tatouages ! se défendit Sirius sans colère en désignant le dessin d'encre sur son bras droit.
- C'était pas un défaut, crétin, répondit son ami en levant les yeux au ciel. C'est un des trucs qu'on aime chez toi... et que Remus aime chez toi, non ?
- Ouais, il faut peut-être que je t'avoue qu'il s'est passé des trucs entre nous. Histoire que tu réalises à quel point ce que j'ai fais est encore pire.
- Arrête un peu d'être une drama queen, Pads. J'ai compris.
Par contre tu as raison sur un point : je veux tout savoir. »
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