ᴅɪᴀᴍᴏɴᴅ ᴅᴏɢs, part.48

Elle se tenait dans le dortoir vide, assise sur ses draps rouges dans des habits gris. Dorcas regardait dans le vide en dégageant par moment des boucles de ses yeux. Elle tenait l'alcool, se souvenait de tout, et était persuadée que c'était pire que d'avoir été inconsciente. 

L'euphorie l'avait poussée vers Marlène et son cerveau embrouillée se souvenait s'être dit : « Il faut que je l'embrasse. Au moins une fois avant la fin de ma vie. »

On mettra ça sur le dos de l'alcool. Je l'embrasse avant de passer à autre chose, juste pour être sûre. Juste pour ce soir. On s'occupera des conséquences demain.

Et merde, on est demain. 

Les préoccupations évanouies hier reprennent ce matin. La jeune fille descend les escaliers avec une boule dans le ventre et dans la gorge. Le chemin jusqu'à la Grande Salle lui semble interminable. Elle a peur de ce qu'elle va trouver en arrivant. 

À la table des Gryffondors, ses amies sont réunies à leurs place habituelle, près du groupe des maraudeurs même s'iels reste divisé∙es en esprit. On reconnait sans peine la chevelure rousse de Lily, les sourires timides de Mary et on saisit les plaisanteries d'Alice. 

Marlène manque à l'appel. 

Quand Dorcas s'installe à leurs coté, elle sait qu'elles savent toutes. Elles étaient là, croit-elle se souvenir. Elles l'ont vu embrasser Marlène. Elle pourrait faire croire à un égarement, une blague, un défi, un test, mais elle n'en a pas envie. C'est pas son genre. Elle veut affronter maintenant pour ne pas remettre à plus tard. 

« Elle est où, Marlène ? 

Elle a perdu toute son assurance au moment de quitter la salle commune. Elle espère que ça ne s'entends pas. Les insultes homophobes de ses parents résonnent tout au fond de sa tête.

- À la serre. Elle a dit qu'elle nous attendait là bas. »

Elle ne fait jamais ça. 

C'est ma faute. 

Est-ce qu'elle m'en veut beaucoup ?

Alors on fait comme si de rien était ? demande le regard de Mary.

Des conversations s'élèvent autour, des couverts, des verres et des assiettes claquent sur les tables de bois. L'une verse du jus de citrouille aux autres. Dorcas agite ses jambes et cognent une cuisse, s'excuse. 

Alors on ne va pas en parler ? 

Mais je veux en parler. 

Ça fait tellement longtemps que je garde ça pour moi et que je vous écoute parler de vos histoires de garçons, évoquer les filles comme moi sans comprendre. Je veux que ça s'arrête et je veux que vous sachiez. Maintenant que vous vous en douter il faut que je le dise, une fois pour toute.

Je pourrais démentir mais c'est trop tard, dans ma tête c'est dit et c'est fait. 

Les mots s'échappent sans qu'elle ne les contrôle :

« Je suis lesbienne. »

Les maraudeurs se tourne vers le groupe de fille d'un même mouvement. Remus cherche les yeux de Dorcas qui ne les trouve pas. Peter cherche quelqu'un à imiter, James guette la réaction de Sirius, Sirius regarde dans le vide. 

Mary s'étouffe avec son jus de citrouille, ne s'attendant pas à une annonce aussi directe. Lily regarde Alice, par réflexe, elles se concertent sur l'attitude à adopter et elles penchent pour un sourire. 

« D'accord. 

Les garçons ne disent rien, ils ne sont pas invité dans la conversation. Ils se contentent d'écouter. 

C'est tout ? Ça va être aussi simple ? Des années de peurs résolues en un instant ? 

Elle ne sait pas encore que les cris, les critiques et les rires seront émis dans son dos.

- Je crois que tu devrais surtout parler à Marls'. 

- Ouais. Je sais. »


La serre était vide d'humain∙es et remplie de feuillages verts et de tiges en torsade. La lumière s'infiltrait de partout, une odeur de potion de pousse se dégageait de la terre. Ça aurait put être un havre de paix si le coeur de Dorcas ne battait pas si fort, si Marlène n'occupait pas tout l'espace. Être confrontée à elle était comme être face une créature magique : effrayant et attirant. Mais il ne fallait pas faiblir.

Les pupilles de Marlène rencontrèrent les siennes et Dorcas rassemblât tout le courage qui lui restait pour s'approcher.

« Je suis désolée de t'avoir embrassée. J'aurai pas du.

- Parce que je suis une fille ?

- Non. Parce que tu n'as pas dit que tu voulais. Je m'excuserai pas pour avoir embrassé une fille. Je n'embrasserai jamais que des filles.

J'aime les filles. »

Je t'aime.

Ça, elle ne le dis pas. Alors Marlène répondit seulement « Okay. »

Même si elles savaient que ça ne sera plus comme avant.

.

On ne tarda pas à quitter la Grande Salle pour rejoindre les premières salles de cours, les affaires sur le dos et jusque dans les mains. Sirius prétexta une envie pressante pour fausser compagnie à ses amis et personne ne s'en rendit compte, l'esprit encore brouillé par le lendemain de fête et par l'annonce de Dorcas, il fallait l'admettre. La dernière fois qu'on avait parlé d'homosexualité ça ne s'était pas bien passé. Aujourd'hui l'intolérance était remplacé par une gêne générale. 

Remus avait l'impression que c'était lui qui venait de tout avouer tant il ressentait fort les tourments des autres. James ruminait en faisant en sorte que ça ne se voit pas. Personne ne le vit, seul le silence témoigna de la particularité de la situation. 

Ce fut Peter qui les sauva, quand, devant la salle et se tortillant les doigts il osa demander à Remus :

« Du coup tu as trouvé si tu étais... comme Dorcas ?

Celui-ci sursauta et le regarda, piqué au vif. 

- Je crois pas qu'il soit lesbienne, plaisanta James que personne n'écouta.

- P-Pardon ? bégaya Remus.

Le souvenir de la liste s'installa entre eux mais ce n'étais pas la question de Peter. Il savait autre chose. 

- Je t'ai vu avec Neil, hier soir. Vous vous êtes embrassés et vous avez dormis ensemble... Je voulais pas t'espionner mais c'est aussi mon dortoir, donc...

Remus aurait bien aimer s'enfuir mais James ne lui laissa aucune échappatoire, lui posant un bras sur l'épaule et lui faisant un sourire évocateur. À l'intérieur l'adrénaline faisait pulser son sang contre ses tempes. Remus entendit son coeur s'emballer mais ne dit rien. 

- Héhé, Mumus devient un homme ! 

En temps normal, il serait mort de honte, mais il était trop concentré sur la surprise face au non-rejet immédiat de ses amis alors il bredouilla :

- Ça vous dérangerai pas si... je n'aimais pas que les filles ?

Il avait parlé si bas qu'il cru qu'on ne l'avait pas entendu.

- Tu as le droit d'aimer qui tu veux, Moony. » trancha James, moins taquin et plus doux. 

Sauf Sirius, compléta la voix dans sa tête. 

Et Peter mima des lèvres des mots muets pour que personne d'autre que Remus ne les saisissent : « Même Sirius. »

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