Chapitre 8 : Interrogations
Le lendemain, au collège, récréation du matin.
Cépheia s'était assise en haut des marches du collège. Elle avait regardé le combat, comme tous ses camarades, et son cœur s'était serré d'envie.
Enroulant une mèche blanche autour d'un doigt aussi pâle, elle réfléchissait à la manière dont elle utiliserait le Miraculous des Gémeaux si elle l'avait en sa possession. Elle savait bien que ce n'était pas correct. Mais si seulement elle avait pu... Est-ce que sa mère était comme elle ?
« Hey, Céph', ça va, questionna Dray en venant s'asseoir près d'elle.
— Elle avait le pouvoir de changer les couleurs, murmura sa camarade.
— Pardon ?
— L'héroïne de cette nuit. Elle pouvait changer les couleurs. Elle aurait pu m'aider...
— Céph... Tu sais bien que c'est temporaire !
— J'm'en fiche. Je voudrais juste pouvoir ressembler à mon père... Tu comprends ? Juste lui ressembler un peu. Puisque je n'ai pas de mère, au moins être comme lui...
— Je comprends, Céph, déclara Dray en lui passant un bras autour des épaules de son amie, mais on n'y peut rien. C'est comme ça. Et tu es magnifique comme tu es, tu le sais, hein ?
— Il paraît, ouais. Mais regarde-moi... Je suis plus blanche qu'aucun d'entre vous, et pourtant le seul parent que je me connais il a la peau chocolat. Mec, c'est pas normal ! J'devrais pas être comme ça ! Tout ça à cause de quelques gènes de travers. Et pof ! Pas de mélanine ! C'est tellement injuste ! »
Dray ne répondît pas, serrant son amie dans ses bras. C'est vrai que ce n'était pas facile pour elle, la pauvre. Sa mère était inconnue, et Max Kanté n'avait jamais voulu livrer le moindre indice sur elle ou la raison de son départ quand la petite n'avait que deux ans.
Malgré tout l'amour de son père, Cépheia était persuadée que c'était à cause de son « défaut » que sa mère s'était enfuie... Elle voyait bien la réaction des gens qui la rencontraient pour la première fois...
« En même temps, je ressemble à une morte, c'est normal que les gens aient peur. Et avec mes yeux rouges, je ressemble encore plus à un vampire...
— Eh, ils sont très bien tes yeux !
— Arrête la drague, Dray, on sait tous les deux que tu n'es pas amoureux de moi !
— Mouais, on verra dans trois ans...
— Idiot !
» Mais toi non plus tu vas pas bien, hein ?
— J'sais de moins en moins qui je suis, mais c'est rien...
— Dray ! On a déjà dit ! Tes malaises, ce n'est pas rien !
— Dixit celle qui dit que tout va parfaitement bien dans le meilleur des mondes alors qu'elle complexe parce qu'elle ne connaît pas sa mère et parce qu'elle est albinos...
— Nia, nia, nia. Ça, c'était mon comportement avant ! Tu m'en as fait sortir, alors je vais t'aider, espèce d'idiot. Je veux que tu m'expliques pourquoi tu ne te sens jamais bien.
— Laisse tomber...
— Hey, salut vous deux, ça va ?
— Oui, oui, t'inquiètes, mentirent-ils d'une seule voix.
— Et toi, ça va, Andromeda ?
— Oui, merci Cépheia.
— Vrai ? C'est génial !
— C'est rare à ce point ? Enfin je sais que d'habitude après les combats, je ne suis pas au top mais...
— Qu'est-ce qui t'as redonné espoir, alors, demanda la plus jeune.
— J'ai vu que n'importe qui pouvait devenir un héros, alors je me dis qu'Aurore a peut-être raison, je dois avoir le droit de rêver aussi...
— Effectivement. »
Le trio se sourît. Depuis longtemps, ils étaient proches, malgré les deux ans qui séparaient Andromeda de Dragory et Cépheia. Dès la maternelle, ils s'étaient trouvés, les enfants déphasés.
Cépheia, déjà dérangée par l'absence de sa mère et sa différence si tranchante avec son père.
Andromeda, dont les parents semblaient déjà paradoxaux, contradictoires, et dangereux, et qui les craignait déjà.
Et Dray, taquin et compétitif, qui n'avait pas vraiment de problème avec ses parents sinon qu'il se retrouvait parfois sujet à des concours idiots, mais qui avait tout de suite sympathisé avec Cépheia.
Au fil des années, l'amitié s'était renforcée entre eux, ils formaient leur trio, et Andromeda les avaient rapprochés des grands, eux l'avaient entraînée à plusieurs reprises dans le groupe plus jeune. Si bien que les deux niveaux avaient fini par se retrouver extrêmement soudés, même si le trio à l'origine de ce rapprochement s'en détachait souvent.
D'en-bas, soudain, on les appela, leur demandant s'ils daigneraient se joindre aux autres et partager leurs retours sur le combat nocturne avec leurs amis.
Dray rît et approuva, descendant l'escalier en courant, flanqué de ses deux meilleures amies.
Une fois en bas, mêlés aux sixièmes et quatrièmes réunis, ils se lancèrent dans des analyses de toutes les attaques, ripostes, erreurs et avancées de la nuit avec les autres.
Cépheia répéta son désir de tenir le Miraculous du Gémeaux entre ses mains, parce qu'il lui donnerait la possibilité d'être normale.
Et là, la conversation s'éloigna d'un coup de son sujet, partant dans un débat sur ce que c'est que la normalité, l'anormalité, comment définir des normes.
De ce sujet, ils enchaînèrent sur l'amour, et les relations homosexuelles. Quand la discussion arriva là, Bellatrice Lavillant et Cassiopéia Kurtzberg reculèrent, estimant que leur avis sur cette question risquait de faire partir le débat en joute verbale. Surtout pour Bella, qui savait très bien que certains parents pouvaient être assez opposés à son existence.
« Ça va, Bella ?
— Tant qu'ils ne commencent pas à s'écharper à mon sujet, ça va, Cass. Mais quand on commence à aborder ce genre de choses, je me retire. Pour ne pas me faire entraîner dans les débats pro ou anti PMA. J'en suis issue alors j'évite.
— Tu t'es jamais demandé qui était ton père ?
— Tu cherches tes parents biologiques, toi ?
— Euh non...
— Bah voilà, c'est pareil. J'ai deux mères merveilleuses et je suis heureuse comme ça, je n'ai pas besoin d'un troisième parent. »
Cass sourît. Elle comprenait très bien la réaction de la plus jeune, elle avait plus ou moins la même attitude. Les parents qui l'avaient abandonnée à l'orphelinat où Marc et Nathaniel l'avaient trouvée, elle ne s'en préoccupait pas.
Au bout d'un moment, quelqu'un déclara qu'il avait été cherché, par curiosité, la version la plus longue du sigle LGBT+, et qu'il lui avait semblé qu'on pourrait en rajouter à l'infini.
« On peut toujours en rajouter, lança Aurore, parce qu'il y aura toujours quelqu'un qui ne se reconnaîtra pas dans les normes crées. C'est pour ça que le terme « queer » existe, et c'est pour ça qu'on met toujours un signe « plus ». Pour inclure tout le monde...
— Mais sinon, c'était quoi la version super longue sur laquelle t'étais tombé, demanda Dray.
— Alors, c'était vraiment long. LGBTTQQIAAP+, répondît Persée avec un sourire.
— Et t'es cap de nous le décrypter, lui lança Peggy, son meilleur ami.
— Oui. Lesbienne, gay, bisexuel, transgenre, transsexuel, queer, « questionning », c'est-à-dire ceux qui se demandent s'ils sont queers, intersexe, d'après ce que j'avais trouvé ça veut dire que génétiquement on est à la fois homme et femme. Après il y avait Allié, pour les non-queer qui soutiennent la cause des queers, asexuel et pansexuel.
— Il manque les genderfluids, releva Dray.
— Et les aromantiques, commenta Cépheia tout en notant la flamme de déception dans le regard de son camarade lorsqu'il avait pris la parole.
— Bon, ça peut vraiment s'alimenter à l'infini en fait, fît Cassiopéia, donc autant qu'on arrête de rajouter les lettres qui manquent entre nous...
— Je suis d'accord, approuva Bella. »
Les autres approuvèrent, sauf Cépheia et Dray, qui en auraient bien discuté encore un moment. Cépheia surtout, qui gardait en tête son éclair en faveur des genderfluids.
De toutes façons, ils ne purent pas discuter bien longtemps, puisque la sonnerie vînt couper court aux échanges, les rappelant dans leurs salles de classe.
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Le soir, à la sortie des cours.
La jeune albinos retînt son meilleur ami par la main. Cette fois, il ne lui échapperait pas. Elle en avait marre de le voir esquiver le sujet des malaises qui le secouaient depuis le début de l'année. C'était son ami, elle devait l'aider, même s'il ne voulait pas.
Dray poussa un soupir. Sérieusement, s'il ne voulait pas lui en parler, c'était peut-être qu'il avait une raison, non ?
« Arrête, Dray, sérieux. Je vais pas te laisser aller mal et rien faire du tout ! Qu'est-ce qui ne va pas ?
— C'est super compliqué à dire, en fait. Je sais pas si je saurai trouver les mots.
— Essaie. S'il te plaît...
— D'accord. En fait, j'arrête pas de me poser des questions sur ce que ça veut dire être un garçon, être une fille, quels sont les critères pour définir si on se sent être plus fille ou gars... Je m'en pose tout le temps. Ça me perd un peu, je ne me sens pas à l'aise avec tout ça, mais en même temps je fais mes recherches sur moi-même, savoir si je me sens « comme je devrais », c'est-à-dire un garçon et parfois oui, parfois non, parfois je ne sais pas du tout... C'est le bazar dans ma tête. Et je pense pas vraiment que tu puisses m'aider à ranger tout ça.
— Je peux toujours essayer, répondît-elle en haussant les épaules, et surtout je peux déjà répondre à ta grande peur. On va pas te rejeter parce que tu te poses des questions et parce que tu as besoin de temps pour te connaître. Personne ne te rejettera pour ça. Alors arrête d'avoir peur de parler avec tes amis !
— Merci, Céph... Franchement, merci. Ça fait du bien de voir que tu m'acceptes quand même, même si je dois te paraître sacrément bizarre...
— Non mais t'as vu ma tête, s'exclama-t-elle dans un éclat de rire.
» Ce serait quand même un comble que je rejette la bizarrerie alors que j'atteins des sommets !
— T'arrives à en rire, maintenant ?
— Quand je suis de bonne humeur, lança-t-elle avec un haussement d'épaules, et là je le suis, parce que je peux enfin aider mon meilleur pote.
» Au fait, Drag', tu as une préférence pour un genre ?
— Que dalle...
— Ouais, j'm'en doutais. Ça t'arrangerait que je parle de toi au neutre ? Parce que tu m'as l'air sérieusement genderfluid, mon pote...
— Sérieux, tu ferais ça ?!
— Bah j'aurais l'air de quoi sinon, espèce d'andouille ? Sérieux, va falloir que tu te mettes ça dans la tête une bonne fois pour toutes : je suis ton amie, et je veux que tu te sentes bien. »
Dray sourît, serra son amie dans ses bras, et lui murmura qu'elle était la meilleure amie dont on puisse rêver. Iel éprouvait un immense soulagement d'avoir pu partager ses doutes avec son amie de toujours, se demandant pourquoi iel le lui avait caché aussi longtemps.
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1808 Mots. Pas mal...
Oui, je sais, ce chapitre n'a ni queue ni tête, mais l'objectif « présenter les complexes de mes choupins » est atteint. Le fait que Céph soit albinos et ne connaisse pas sa mère, la non-binarité de Dray, le fait que Bellatrice soit issue de PMA.
Je suis pas sadique, j'ai pas mis des problèmes à tout le monde...
Conscience : C'est ça, ouais. T'as épargné les jumeaux Agreste-Dupain, le fiston Bruel et Perfectman Junior. Ça fait quatre. Sur douze. T'as pas l'impression que c'est disproportionné ?
Moi : Mais noon. Fin si tu continues, Peggy va être gay, hein. Là, t'auras le droit de te plaindre. Et puis t'as oublié Orion...
Conscience : Qui n'a pas de père et je suis sûre que tu vas en profiter !
Moi : c'est bon, je peux parler ?
Donc. Non, je n'ai pas mis des complexes à tout le monde, même si y a une sérieuse proportion de personnes pouvant se sentir mal dans leur peau...
Le chapitre n'est pas très suivi, sans doute, mais je m'en fiche, c'est juste une journée d'école de lendemain de combat, comme il y avait eu dans « Discussions », et des discussions entre jeunes ça va pas être forcément suivi. Et encore une fois, mon objectif perso de ce chapitre est atteint.
Et accessoirement, j'ai commencé à développer les groupes d'amis plus en profondeur, j'aime bien aussi.
La recherche de Persée sur toutes les lettres du sigle « LGBT+ », je l'ai faite au début de l'été et je me suis vraiment dit que c'était infini...
Et comme vous avez dû le remarquer dans le dernier paragraphe, la narration va aussi utiliser le neutre pour parler de Dray. En même temps, iel l'a demandé...
Bref. Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? C'était bien ? Dites-moi tout !
Bises,
Jeanne.
(Ecrit le 25/10/2021.)
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