Chapitre 16 : Ecouter avec attention
Tard le soir.
Allongée dans son lit, Cépheia fixait le plafond. Il devait être plus d'une heure du matin, elle n'arrivait pas à dormir.
À l'extérieur, elle entendait les échos lointain d'un combat nocturne. Elle plaignait intérieurement les héros qui avaient dû sortir de leurs lits à une heure pareille.
Plus près d'elle, dans le salon, elle entendait des chuchotements, des murmures. Le ton était à mi-chemin entre la supplication et le débat houleux. Et la voix de Max débordait de nostalgie, sa fille l'entendait.
Et demain, il y avait la visite de Madame Greenleaf, leur auteure préférée, que les professeurs avaient réussi à convaincre. Et l'excitation n'aidait pas à s'endormir.
Sur la pointe des pieds, elle se glissa hors de son lit, faisant bien attention à ne pas faire craquer le plancher. La maison était organisée presque sans couloir, et sa chambre donnait directement sur le salon. Un coup d'œil lui permettrait de savoir qui venait à la maison à une heure si tardive.
« Tu ne peux pas faire comme si ce n'était rien ! Tu t'es déjà laissé écraser bien trop de fois !
— Je ne peux pas, Max.
— Reviens. Nous t'aiderons. »
Une pensée-éclair foudroya l'adolescente. Sa mère. Ça devait être sa mère qui discutait d'une voix brisée.
Manifestement, elle allait mal.
L'œil collé au trou de serrure dans la poignée de sa porte, Céph essayait d'apercevoir l'adulte, mais dans la pénombre où le salon était maintenu, elle ne pouvait que la deviner. Elle était assez grande, et très fine, d'après sa silhouette à peine visible. Et elle avait une jupe. Pas très consistants comme indices...
Elle décida de rester à écouter, espérant que son père fourcherait, lui laisserait entendre le nom.
« Je peux pas revenir... Max, elle... Elle m'en voudrait tellement...
— Tu ne connais pas Céph. Elle a un cœur d'or. Et surtout, elle ne rêve que d'une chose, te rencontrer, te connaître. Avoir sa mère. Non, elle ne t'en veux pas, elle ne t'en voudra pas.
— Merci... J'ai toujours si peur... Je ne sais même pas qui je suis, et j'ai trente-trois ans, c'est ridicule, complètement. Je ne sais pas m'imposer, je n'ai jamais appris, je ne sais pas me montrer, et je ne crois pas avoir la capacité d'avoir un rôle... Je ne suis pas un personnage principal, ni même secondaire, je suis complètement en arrière-plan.
— Pas tant que ça. Tu es quelqu'un d'extrêmement fort, respectueux, intelligent, attentionné. Et rien qu'avec ça, je peux te garantir que tu tiendras très bien ton rôle dans la vie de Cépheia.
» Mais maintenant, promets-moi que tu vas pas te laisser réduire à néant par ton imbécile de patron, cœur.
— Je sais pas faire... Et puis, il est tellement susceptible, si je ne fais pas ce qu'il dit, je...
— On. S'en. Fiche. Je veux que tu existes, tu en as le droit. Et n'oublie jamais, tu es celle qui nous permet de nous retrouver quand nous nous égarons, alors on a besoin que tu ne te perdes pas !
— Andouille, marmonna-t-elle, mais d'accord. Je ne vais pas rester au-delà du raisonnable, je ne me ferai plus écraser. Je te le promets. Je t'aime, tu sais ?
— Je sais, oui, sourît Max, moi aussi je t'aime. Et même si tu ne veux pas qu'elle te connaisse, notre fille t'aime aussi. Tu veux rester ce soir ?
— Je ne suis pas prête. Si...
— Elle ne te verra pas, je te le promets. Elle commence à neuf heures, ce ne sera pas difficile pour toi de t'échapper avant son réveil.
— Ça ne te dérange pas ?
— Non, bien sûr, répondit-il avec un sourire audible, j'aime beaucoup quand tu es là. C'est comme avoir un doudou géant.
— Espèce de clown. Mais d'accord, je veux bien... Puis, tu as raison. C'est agréable d'être avec toi. Je crois que c'est les seuls moments où j'arrive à comprendre que j'existe et que j'ai de la valeur.
— Un jour tu sauras voir ta valeur sans mes yeux. Sans nos yeux. Je te le promets. Aller, viens. »
Céph vit une étreinte s'échanger, puis ses parents disparaître dans la chambre de son père.
Un faible sourire était monté sur son visage. Elle avait tellement d'indices sur l'identité de sa mère, dont elle pourrait discuter avec ses amis. Elle pourrait peut-être même essayer de l'apercevoir le lendemain matin. Et elle avait à présent la certitude que l'adulte l'aimait, et que ce n'était pas son albinisme le problème. Mais juste le manque de confiance en soi de sa mère. Et elle était décidée à l'aider.
Maintenant, elle était encore trop sous le choc de l'avoir aperçue, trop surprise, trop troublée d'avoir entendu sa voix si fragile en direct. Et elle commençait enfin à bailler et fermer les yeux, alors l'adolescente retourna se blottir dans son lit, serrant fort sa peluche cheval pour calmer ses émotions. Depuis toute petite, elle le gardait, c'était un cadeau de sa mère pour son premier anniversaire, et Cépheia l'avait toujours perçu comme le plus précieux des trésors.
Après encore quelques minutes confuses entre excitation du lendemain, atténuation progressive du choc de la visite, questions en pagaille et bâillements intempestifs, la jeune fille ferma finalement les yeux.
************
Le lendemain matin.
Cépheia se releva, se frotta les yeux. Elle se rappelait vaguement avoir prévu de se lever plus tôt que nécessaire, mais à la vibration de son téléphone sur la table de nuit, elle savait qu'elle avait manqué son objectif.
En même temps, avec l'insomnie de cette nuit...
L'insomnie.
Les souvenirs réveillèrent totalement la jeune fille, d'une espèce de claque. Sa mère était venue, et elle, elle l'avait manquée !
À moins que ça n'ait été un rêve, ce qui était hautement possible.
Elle sauta sur ses pieds, fût prête en moitié moins de temps que d'habitude et sortît de la chambre en courant presque.
« Holà, calme, Céph, s'exclama Max avec un sourire amusé, qu'est-ce qu'il se passe ?
— Ma était là cette nuit, répondit-elle d'un ton sans appel.
— Oui. Elle avait besoin de réconfort, elle est venue.
— Pourquoi t'es pas venue me chercher ?!
— D'abord, je pensais que tu dormais. Il était deux heures du matin. Ensuite, elle n'est pas encore prête. Pas tout à fait mais elle se prépare.
— Ça fait onze ans qu'elle est pas prête ! J'en ai marre d'attendre !
— Je comprends, Céph. Et je sais que, même si tu es en colère et déçue, tu comprends aussi pourquoi elle fait ça. Je sais que tu as beaucoup de patience. Elle m'a promis qu'elle essaierait d'être prête pour Noël. Tu peux attendre jusque là ?
— Mmm... On est le quatorze... Dix jours, quoi. Bon, d'accord. Je tiendrais. Mais, dis, est-ce que tu penses que certains de mes camarades la connaissent ?
— Tu ne me lâcheras pas tant que je n'aurais pas répondu, je suppose ?
— Effectivement.
— Bien. Prends ton petit-déjeuner. Pour ta question, Orion l'a sans doute déjà vue, mais pas les autres.
— C'est pas précis « sans doute », rétorqua la jeune fille en se servant un bol de céréales.
— Je dirais qu'il y a quatre-vingt-quinze pour cents de chances qu'il l'ai vue une fois, cinquante pour cents que ça se soit produit plusieurs fois. Ça te va ?
— Très bien, merci. »
La jeune fille termina son petit-déjeuner avec un sourire.
Là, elle avait de quoi faire une enquête avec l'aide d'Orion, et de ses amis.
Elle avait des indices, pour une fois.
Et même si elle avait dit qu'elle attendrait dix jours, elle savait qu'elle ne pourrait juste pas s'empêcher de réfléchir, même sans aucune confirmation.
Ça faisait onze ans qu'elle attendait des indices, tout de même. Et certes, la probabilité qu'elle trouve se situait sous les dix pour-cents, mais elle voulait essayer quand même. Jouer aux énigmes était un de ses passe-temps préférés.
************
1291 Mots, et beh, c'est mieux que ce que je craignais.
Oui, ce chap ne sert à rien. Sauf à dire que Lila ne dort pas plus que Gabriel et à m'éclater avec une intrigue complètement secondaire.
Le truc c'est que j'avais besoin de vous filer les indices sur l'identité de la mère de Céph, et que je voyais pas caser ça dans une partie d'un autre chapitre. Y aura un autre chapitre du même type, un peu différent, je pense, avec Céph plus affirmée.
Et le prochain chapitre de mon plan, je vais m'éclater à l'écrire. Ca risque de pas avoir beaucoup de sens vu que vous aurez remarqué que moi et la création d'akumatisés, c'est pas terrible, mais là c'est ma projection qui sera akumatisée, ça peut passer.
Aussi, vous êtes dans la même situation que Céph. Bon, sauf que vous risquez d'attendre plus longtemps qu'elle pour la réponse. En gros, vous pouvez balancer toutes vos théories, je ne validerai ni n'invaliderai aucune.
(Bon, sauf si vous me sortez un truc vraiment choquant pour moi...)
J'espère que ça vous a plu, que c'était sympa quand même, dites-moi tout,
Bises,
Jeanne
(04/10/2022, 14h22)
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