Chapitre 12 : Evasions
L'après-midi.
Peggy soupira, saisît son téléphone portable et envoya un SMS à sa mère, demandant s'il pouvait venir s'entraîner au gymnase. Ses devoirs le rebutaient complètement, la journée avait été longue, et il avait besoin de décompresser des trois interros du jour.
Une fois que Kagami lui eût donné son accord, le jeune homme sauta sur ses pieds, son rire agitant ses cheveux bleus. Il saisît son sac de sport, son épée glissée dans un fourreau délicat, gratta les cordes de sa guitare en passant, et fila vers la porte.
Courant vers le gymnase voisin, où sa mère enseignait la gymnastique et l'escrime, quand elle n'était pas en train de dessiner les œuvres d'art pour lesquelles tous l'admiraient, le garçon souriait.
De son père, il avait appris la douceur, l'indulgence, la compréhension et le silence, en même temps que la musique.
Mais de sa mère, il avait tiré une exigence extrême, un goût du dépassement, et une énergie qui bouillonnait. Kagami avait appris à la canaliser dans son enfance, mais on sentait parfois ressortir son besoin d'action, qui avait plus d'une fois manqué lui coûter son Miraculous.
Alors, presque tous les après-midi, à la fin des cours ou quelques heures après, Peggy filait au gymnase et s'entraînait à l'escrime sous le regard attentif de sa mère, améliorant ses performances et apprenant à maîtriser son besoin de mouvements.
C'était ses petits moments d'évasion, parce qu'alors il oubliait tout. Le danger qu'était Farfalla, les difficultés scolaires, l'ennui mortel de certains cours, et son désir d'aider.
Arrivé au vestiaire, il enfila son masque, sa tenue de protection et courût dans la salle où Kagami l'attendait.
« Du calme, Peggy, ordonna-t-elle, et tiens-toi droit.
— Oui, Mère, répondit-il en se redressant, fixant un portrait de leur famille accroché au mur, sa cible habituelle.
— En garde. »
Les deux commencèrent l'entraînement, le garçon devant d'abord faire des enchaînements seul avant que sa mère n'accepte de le rejoindre pour commencer les duels.
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Chez les Bruel.
Persée repoussa les cahiers dangereusement accumulés sur son bureau, sortit une feuille, un crayon et une gomme. Une nouvelle idée venait de jaillir dans son esprit, et évidemment il avait besoin de la mettre immédiatement sur papier.
C'était le problème avec lui. Il avait tiré un enthousiasme et une énergie particulière de la fréquentation de ses amis et camarades, qui avaient progressivement diminué la timidité héritée de ses parents. Mais le contrepoids de cet enthousiasme et de cette énergie était une inventivité déconcentrante.
Heureusement, Persée avait des parents extrêmement attentifs, et même s'ils ne savaient pas toujours montrer ce qu'ils ressentaient, ils étaient pleins d'amour. Ils l'avaient toujours guidé, épaulé, catalysé.
Griffonnant les premiers mots d'une histoire, dessinant rapidement les personnages, imaginant leurs caractéristiques. Un plan se mettait en place dans sa tête, les éléments s'arrangeaient comme un puzzle.
Et pendant qu'il écrivait, des scènes autres se déroulaient sur un autre plan dans son esprit, les relations de ses amis avec leurs parents qui se succédaient en image et en mots, et celle qu'il entretenait lui-même.
Persée savait qu'il avait une complicité que même Dray ne savait pas créer. Il n'avait pas besoin de parler.
L'appartement des Bruel était sans doute l'endroit le plus silencieux de la ville, mais ce n'était pas un silence gênant ou pesant. C'était le silence de la tendresse, des regards échangés, des sourires, du calme. Il y avait parfois un éclat, comme un éclair traverse un ciel d'été, mais il passait toujours vite. Les souvenirs, les sourires, les craintes et les soulagements s'épanouissaient doucement comme les plantes qui ornaient la maison, créaient des baldaquins au-dessus des lits, embaumaient l'air de leur parfum de miel et de jasmin. Là, les énergies se ressourçaient, se recréaient, s'apaisaient et se condensaient, devenant gages de maîtrise.
Persée avait parfois l'impression de vivre dans un château de conte, perdu hors du temps, qui lui permettait de coordonner la force de ses envies, de ses projets. Il savait que ce cocon avait été créé par son père, pour limiter les crises d'inquiétude de Mylène. Et il s'était trouvé que ce cocon était celui dont ils avaient tous besoin, pour s'entendre et se développer.
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Le soir.
Antonio avait attendu que sa mère s'en aille et que son père s'endorme. Puis il était sorti sur le balcon, et avait escaladé la rambarde. Les jambes balançant dans le vide, il regardait au loin, son kwami voletant à ses côtés.
Le jeune garçon secoua ses cheveux bouclés dans les airs. Il avait envie de s'enfuir, comme souvent le soir. Le mardi, c'était Ladybug, Rena Rouge et Hammela qui faisait la ronde, et il en profitait souvent pour s'éclipser, se promener sur les toits de Paris, explorer la ville.
« Stierrè, transforme-moi. »
Un instant après, Oxi s'élançait dans ses chemins d'évasion, parcourant la Rive Droite, remontant le bord de Seine, s'élançant d'immeuble en immeuble.
Au bout de quelques minutes, il arriva sur la Place de l'Étoile, et, perché sur l'Arc de Triomphe, il observa l'Avenue des Champs-Élysées qui se déroulait à ses pieds. L'avenue rayonnait, les décorations de Noël étaient déjà sorties, illuminant les magasins de luxe, décorant les arbres. Le jeune homme repéra, le long des Champs, un magasin Dior entièrement tendu de blanc, décoré d'un immense étoile lumineuse dorée et blanche. Plus loin, des guirlandes rouges, blanches, argentées, décoraient la façade d'un fast-food.
Oxi sauta dans l'avenue, observant avec fascination les guirlandes, les illuminations posées sur les arbres transformant l'avenue en forêt mythique et enneigée, lumineuse.
Chaque magasin s'illuminait de parures enchantées, des boules dorées, des guirlandes lumineuses de toutes les couleurs de l'hiver, des étoiles, des anges, des fleurs éclatantes.
Le jeune héros traversait ce lieu presque légendaire de Paris, où il venait parfois. Ses yeux se remplissaient d'éclats d'admiration et d'émerveillement. Les Champs étaient impressionnants en tout temps. Mais au mois de décembre, décorés pour les fêtes, ils devenaient pure merveille d'imagination fascinante. Remontant la rue jusqu'au pont Alexandre III, jusqu'aux Petit et Grand Palais, laissant l'émerveillement réveiller ses rêves.
Puis, il retourna sur les toits, et en quelques minutes de course, il était à nouveau sur l'Arc de Triomphe. Là, il se détransforma et, Stierrè à son côté, il regarda le vide.
« J'aime la nuit, Stierrè, mieux que le jour. Regarde comme Paris est belle, la nuit.
— Bien sûr, sourît le kwami, tournant son regard sur les Palais illuminés, puis le Louvre, le dôme brillant des Invalides, la cathédrale illuminée, et au loin la Tour Eiffel à demi cachée.
» Oui, notre ville est belle la nuit, claire comme un jour nouveau, mais ce n'est pas pour ça que tu préfères la nuit.
— Non. C'est... La solitude, le silence, l'autre face des gens, des lieux, le mystère, et ses réponses. L'enquête de la nuit. La lumière différente. L'ambiance. La manière dont la ville se dépeuple. Le fait d'être sans mes parents aussi, ne pas avoir besoin de m'inquiéter pour Carapace. La fuite. Tu sais bien.
— Je sais, oui, répondit le kwami, je sais. »
Les deux regardaient Paris avec bonheur, discutant de tout et rien, Antonio se plaignant de l'aveuglité sur les sentiments qui régnait entre ses camarades, le chassé-croisé entre Aurore et Andromeda, la manière dont il arrivait à deviner ce qu'on lui cachait et dont on refusait son aide concernant ces secrets, ce qui le poussait à en découvrir encore plus. Puis l'inquiétude pour son père, et les colères de sa mère à ce propos, la charge qu'il s'imposait de sauver son père de ce poids.
Parfois, il aurait voulu lui dire qui il était, pour dire qu'il n'avait pas besoin de protection et de condamnation.
Mais dans la nuit de la ville, en discutant avec son kwami, son meilleur ami, il échappait à ces soucis et retrouvait un calme qu'il désirait plus que tout. La nuit étendait son manteau sur lui et la chaleur de sa paix le rassurait.
Au bout d'un moment infini, Antonio se releva, se retransforma et se dirigea vers chez lui, sentant confusément que le temps avait coulé, que la ronde serait bientôt terminée, qu'il devait rentrer avant Ladyrouge, pour qu'elle n'ait pas de soupçon et qu'elle ne s'inquiète pas.
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1358 Mots.
Alors ce chapitre... A la base, il n'y avait que la partie d'Antonio. Sauf que ça faisait que 666 mots, c'était trop court, il fallait que je trouve un moyen de rallonger. Du coup, j'ai décidé de mettre un pluriel au titre, originellement au singulier, et d'en faire le "complément" de "Relations", puisqu'il manquait dedans Peggy, Persée, et justement Antonio.
Et à cet instant ça a dérapé. Je plaisante à peine. C'est en simultané que j'ai décidé de faire le test des 16 Personnalités pour les personnages. (Si vous voulez savoir les résultats, demandez-moi).
Du coup, quand j'ai écrit leurs parties... Ça se sent pas forcément pour Peggy, où j'avais l'inspi, par contre Persée. Euh... Je savais pas quoi écrire, j'ai été dans la page "Strenghts and weakness" de sa personnalité, j'ai aperçu une phrase sur la difficulté à garder l'attention et j'ai fait "Allez, on y va!"
Par contre, j'aime beaucoup trop l'ambiance que j'ai mise dans l'appartement des Bruel. J'aime le silence, et j'avoue que je vois parfaitement Ivan et Mylène habiter dans un ilôt de silence.
Aussi, le coup des Champs-Elysées. C'est parce que, le vendredi avant les vacances, j'ai voulu rentrer à pied, je me suis perdue, je me suis retrouvée à la place de l'Etoile (Arc de Triomphe, extrêmité des Champs), et j'ai remonté l'avenue. C'était décoré pour Noël, et j'ai été fascinée... Donc, j'avais besoin de l'écrire.
Bref. Vous en avez pensé quoi ? C'était bien ? J'ai pas dénaturé Kagami sur son très court passage ? Dites-moi tout !
Bises,
Jeanne.
(Ecrit le 05/01/2022)
PS du 04/02/2022 : je sais pas combien de temps vous allez attendre le prochain chapitre, je l'ai toujours pas écrit, et je renâcle.
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