Chapitre 1 : Étranges Lumières

Hugo se réveilla en sursaut. Il sentait qu'il y avait un problème, mais il ne savait pas quoi.

D'instinct, il se tourna vers son kwami. Bullo était éveillé et avait l'air agité. Lui aussi avait détecté le problème.

Le garçon posa le doigt sur ses lèvres, faisant signe à la petite créature d'être discrète. Il avait envie de réveiller Emma, qui était plus sage que lui et savait souvent mieux quoi faire. Mais il savait qu'elle n'apprécierait pas d'être éveillée sans raison.

Alors qu'il délibérait avec lui-même, et vaguement avec son kwami, par regards éloquents, il sentît une main se poser sur son épaule. Manifestement, sa sœur était réveillée aussi.

« Qu'est-ce qui se passe, idiot ? Pourquoi tu es tellement agité ? Je sens ton inquiétude jusque dans mes rêves.

— Je sais pas, mais j'ai l'impression qu'il y a un problème. Et Bullo l'a senti aussi...

— Oh mince. C'est inquiétant, ça. Tu crois que ça peut venir de Duusu ?

— Je ne pense pas, je n'aurais pas pu le détecter. Mais peut-être qu'il y a une akumatisation.

— Ça peut. Alors il faudrait réveiller Maman.

— Je ne prends pas en charge de lui expliquer qu'on s'est réveillés à une heure du matin parce qu'on croit avoir détecté une akumatisation. Je te rappelle que Maître Su-Han nous a strictement interdit de révéler nos identités à nos parents !

— Tu as raison, Hugo. Mais qu'est-ce qu'on peut faire, alors ? Nous ne sommes pas assez forts pour nous battre seuls, et quand bien même... Il faut Ladybug pour purifier l'akuma.

— On demande à Aurore ? Elle sait toujours quoi faire.

— Bonne idée, murmura Hugo, j'aurais dû y penser plus tôt.

» Bullo, transforme-moi !

— Paani, transforme-moi ! »

Vingt secondes plus tard, deux super-héros se tenaient dans la chambre partagée. Hammela s'approcha de la fenêtre et l'ouvrît silencieusement. Puis elle fît signe à son partenaire de sortir sur le balcon en premier.

Ce n'était pas la première fois qu'ils s'évadaient au milieu de la nuit, ils avaient l'habitude, ils avaient perfectionné leur technique au fil des semaines.

Depuis huit mois déjà, depuis l'anniversaire de leurs onze ans, les jumeaux aidaient leurs parents dans leur tâche de super-héros, grâce à la confiance de maître Su-Han.

Discrètement, ils étaient devenus des pièces maîtresses dans le groupe de super-héros, avec leur tante et leur meilleur ami. Malgré sa désapprobation, Ladybug avait bien dû reconnaître que les enfants étaient indispensables.

A présent, Farfalla dosait ses coups, empêchait ses akumatisés de frapper au maximum, faisait tout pour épargner les plus jeunes. Ce qui facilitait grandement les combats, il fallait le dire.

Hammela tourna la tête dans tous les sens, vérifiant que la voie était libre, et surtout, que leur mère n'était pas à la fenêtre. Une fois que ce fût fait, elle leva le regard vers le ciel, calculant la trajectoire pour atterrir sur le balcon de l'immeuble en face.

En apercevant le phare de la Tour Eiffel, elle déglutît. Au lieu du pâle faisceau blanc habituel, le ciel de Paris était traversé d'une traînée rouge sang.

« Pesce, il y a un problème. Un gros problème.

— Qu'est-ce que je t'avais dit ? Je le savais.

— Mais je doute que tu t'attendais à ça, rétorqua-t-elle en pointant le phare.

— Ah. Effectivement. Surtout qu'il ne change jamais de couleur, contrairement à la Tour même, qu'ils illuminent régulièrement...

— Tu crois qu'elle est allumée ?

— Normalement non, tu sais bien qu'il l'éteigne à une heure du matin pour économiser l'énergie.

— Alors on doit aller vérifier. »

Le héros hocha la tête. Déjà que la couleur du phare était étrange, si la Tour était encore allumée, cela voulait dire qu'il se tramait vraiment quelque chose, au milieu de la nuit.

Et ils savaient tous les deux qu'ils ne pouvaient pas affronter Farfalla seuls. Ils n'avaient qu'onze ans, ils n'avaient que six mois d'expérience. Si c'était vraiment elle, ils devraient lancer l'alerte akuma, réveiller les adultes, il n'y aurait pas d'autres solutions.

Ils s'élancèrent sur les balcons puis les toits de Paris, filant vers la Tour Eiffel. Arrivés au niveau de la place de la Concorde, ils déglutirent.

La Tour était illuminée en rouge sang, et striée de bandes noires, éteintes. Au sommet, un projecteur jetait vers le ciel l'image effrayante d'un Papillon noir aux ailes immenses, qui semblaient vouloir englober la ville entière dans son ombre.

Pour les deux jeunes héros, ce symbole était la menace absolue, comme la Marque des Ténèbres de leur univers.

Hammela contracta tous ses muscles pour ne pas trembler. Son frère lui passa un bras autour des épaules, rassurant. Il lui murmura qu'il la protégerait, qu'elle n'avait rien à craindre. Mais il fallait appeler les autres.

L'héroïne hocha la tête, récupéra le marteau accroché à sa taille, passa la main à l'arrière de la tête, découvrant son moyen de communication. Elle l'utilisa pour lancer l'alerte akuma, murmurant qu'il y avait un étrange phénomène à la Tour Eiffel.

Elle savait que la notification d'alerte akuma réveillerait les adultes, et décida de les attendre, envoyant Pesce chercher Oxi et Aqualta. Il devait être discret, surtout. Et bien faire attention à ce que les parents soient déjà partis quand il entrerait, pour ne pas être surpris.

Parce que Su-Han les avait prévenus : ils étaient la meilleure arme contre Farfalla, mais si leurs identités étaient découvertes, ils devraient dire adieu à leurs pouvoirs. Ce qui auraient été très difficile pour chacun d'entre eux, qui s'attachaient à ces rôles de héros qui leur permettaient d'échapper à la monotonie de la vie civile et de montrer leurs vraies capacités, sans surveillance. Pour le bien de la ville, ils pouvaient s'épanouir réellement.

Alors que Pesce s'apprêtait à repartir, une voix les fît sursauter.

« Les enfants ? Que faites-vous ici ?

— Mayura ? Comment...

— Je ne dormais pas, je suis venue immédiatement en recevant la notification de l'alerte akuma. C'est vous qui l'avez lancée ?

— C'est moi, répondît Hammela, je savais qu'on aurait besoin de tout le monde, Pesce s'apprêtait à aller chercher Oxi et Aqualta.

— Mais pourquoi étiez-vous réveillés ? Que s'est-il passé chez vous ?

— Rien, ne vous inquiétez pas. On a juste senti qu'il y avait un problème, ça nous a réveillés.

— Pesce, je croyais qu'on s'était tous mis d'accord pour se tutoyer les uns les autres, soupira Mayura.

— C'est... C'est vrai. Mais j'ai du mal, tu es tellement plus grande que nous...

— Et c'est pour ça que je tiens à ce que vous ne me traitiez pas différemment de Ladybug, Chat Noir, Rena Rouge et Carapace. Compris ?

— Compris, répondirent les deux petits en cœur. »

Pesce salua Mayura et Hammela et partit, courant sur les toits pour aller chercher ses amis, craignant de croiser les autres adultes. Evidemment, puisque Mayura était déjà sur place, ce serait plus simple de récupérer Aurore.

En courant sur les toits, le jeune garçon croisa Rena Rouge et Carapace, puis Chat Noir. Autant la rencontre avec les parents d'Antonio l'avait rassuré, autant croiser son père l'inquiétait. Surtout que Ladybug n'était pas là. Ce qui était suspect, puisqu'ils ne sortaient jamais l'un sans l'autre.

Il questionna le héros à ce propos. Et Chat Noir répondît que Ladybug ne se sentait pas en état de sortir, elle avait dû rester à la maison. Par ailleurs, elle lui avait confié la mission de garder l'akuma en lieu sûr et de le lui apporter.

Pesce hocha la tête, croisant les doigts pour que sa mère se rétablisse rapidement. Cette absence l'inquiétait sincèrement. On ne pouvait pas battre un akumatisé sans Ladybug. Et puis, si sa mère n'allait pas bien... Comment est-ce qu'ils s'arrangeraient en famille ? Ils étaient purement incapables de vivre les uns sans les autres.

Plongé dans ses pensées, il faillit louper le manoir Agreste, mais se reprît juste à temps et fila vers la chambre d'Aurore, dont la fenêtre était ouverte. Le garçon se faufila par l'ouverture, se glissa comme une ombre jusqu'au lit de sa tante et lui posa la main sur l'épaule.

Aurore sursauta violemment, le repoussant d'un geste brusque et manquant d'appeler son père. Heureusement, Pesce l'en empêcha d'un geste, indiquant la canne à pêche qu'il portait sur le dos. La jeune fille hocha alors la tête et ordonna à Hydris de la transformer, sous le regard toujours émerveillé de son neveu.

Ensemble, ils filèrent par la fenêtre avant de se diriger vers les Tuileries auprès desquelles habitait le dernier de leurs camarades, Antonio Lahiffe-Césaire, alias Oxi, porteur du Miraculous du Taureau.

Ils y furent au bout de quelques courtes minutes de course sur les toits parisiens et descendirent discrètement toquer à la fenêtre de la chambre de leur ami. Celui-ci leur ouvrît et se transforma immédiatement, tout en demandant ce qui se passait.

Pesce informa alors ses coéquipiers des événements dans un murmure à peine perceptible. Son réveil étrange au milieu de la nuit et l'inquiétude de Bullo, le réveil d'Emma et leur virée à la Tour Eiffel, puis le lancement de l'alerte akuma. Il mentionna aussi l'absence de sa mère, une nuance d'inquiétude dans la voix.

Ses deux amis le rassurèrent doucement, puis ils filèrent tous en direction de la Tour Eiffel. A peine furent-ils arrivés qu'elle se mît à briller en gris et blanc, tandis que le phare devenait extrêmement blafard.

« Je ne sais pas ce qui se passe, mais je n'aime pas du tout chat, lâcha Chat Noir entre ses dents.

— Ce n'est pas le moment de blaguer, Chat Noir ! Sérieusement, un méchant qui manipule l'éclairage ? Elle a déjà fait beaucoup mieux...

— Désolé Rena, je stress. Mais je la soupçonne de tramer quelque chose et de distraire notre attention. Après tout, ce n'est pas juste une vilaine comme était le Papillon, c'est une super-vilaine.

— Et c'est quoi la différence, demanda Mayura, mi-vexée mi-amusée par la réplique du blond.

— La mise en scène, s'exclama Hammela en retenant un rire.

— Je ne sais pas qui t'a élevée, commenta Carapace, mais tu les féliciteras de ma part, tu as de très bonnes références cinématographiques. Quant au goût de mise en scène de Farfalla, on ne peut pas en douter, ça au moins on en est sûrs.

— Carapace, soupira Mayura, on a déjà réglé la question. Ça ne peut être que Lila Rossi, tu sais bien. Puisqu'il n'y a que Félix pour oser voler les Miraculous, et qu'elle est sa seule relation.

— Sa seule relation connue ! Lila n'est pas assez bête pour se battre contre nous en nous laissant connaître son identité !

— Félix est un ermite, Carapace, tu peux comprendre ça ? Un ermite ! Il n'a aucune relation, avec personne sauf Lila, il vît cloitré et refuse de rencontrer qui que ce soit, depuis la mort de sa mère ! Il n'y a pas d'autre solution !

— Mais si, justement. C'est un illusionniste, tu le sais encore mieux que nous, Chat Noir ! Il n'a pas besoin de Miraculous pour faire voir des choses qui n'existe pas, il vit à trafiquer la vérité.

— Ça suffit !! Arrêtez ! Sérieusement, c'est à se demander qui sont les enfants dans le lot, s'exclama Aqualta, excédée par l'attitude puérile des plus grands.

» On a actuellement un vrai problème urgent et ce n'est pas de savoir si votre adversaire préférée est à l'origine de ce bazar ou non qui nous aidera à nous en sortir ! Regardez donc ! »

Elle désigna d'un large mouvement la scène qui se déroulait devant leurs yeux. Farfalla était encore en train de prouver son goût avancé pour les effets spéciaux. La Tour Eiffel avait de nouveau changé de couleur, passant de gris et blanc à brun et vert foncé, puis rouge et orangé. Finalement, dans un gigantesque nuage de fumée, elle prît une couleur rouge très soutenue puis d'un coup devînt très claire, presque blanche, et sembla commencer à fondre. C'était éblouissant.

Chat Noir, Carapace et Rena Rouge voulurent se précipiter vers la Tour, poussés par leur instinct de super-héros surdéveloppé par l'usage. Mais Mayura les retint d'un regard. C'était exactement ce qu'elle aurait fait si elle avait voulu les attirer dans un piège, autrefois.

Farfalla ne pouvait pas se cacher sous le monument soi-disant en flammes, et elle n'avait pas non plus le pouvoir de réellement mettre le feu, elle avait besoin d'un akumatisé pour cela. Or, ils avaient pu remarquer au fil des combats qu'elle refusait de mettre quiconque en danger de mort, ce qui aurait été le cas. Blesser, oui, tuer, jamais. Ils faisaient donc face à une illusion, particulièrement bien montée...

« On peut s'akumatiser soi-même, demanda Rena Rouge en serrant nerveusement son Miraculous entre ses doigts.

— Oui, à condition d'être détransformé... Gabriel l'a fait une fois, pour éloigner les soupçons...

» Chat Noir ? Que se passe-t-il, s'étonna-t-elle en remarquant que le regard du héros s'était soudain perdu dans le vague et qu'il ne réagissait plus.

— Je n'aime pas repenser à cette époque, répondît le blond, les yeux rivés vers le monument, c'est tout. Ce n'était pas facile, j'étais en conflit quasiment permanent avec mon Père et Ladybug me mettait souvent à l'écart, je ne connaissais pas vraiment Maître Fu et je n'ai jamais rien su de leurs règles... Mais c'est du passé maintenant.

» Vous croyez que Lila se serait akumatisée en Volpina pour nous attirer ?

— Ca n'a pas de sens, répondît Aqualta, Farfalla ne ferait pas ça. Elle n'est sortie qu'une fois depuis qu'elle a le Miraculous, pour porter secours à un akumatisé. Elle ne va pas risquer de venir nous affronter tous ensemble sans raison, s'exposer à nous alors qu'elle connait sa faiblesse. Elle ne peut pas nous attaquer, Oxi, Hammela, Pesce et moi. Elle ne fait pas de la provoc. Elle fait des choses utiles. Elle veut les Miraculous, elle est focalisée sur cet objectif, et elle en profite pour créer le plus de pagaille possible, parce qu'elle aime la pagaille.

— Aqualta ? Je sais que tu passes tes nuits à réfléchir à des sujets existentiels et que tu dors très peu, commenta Hammela, mais je tiens à te faire remarquer qu'il est une heure et demie du matin. A cette heure-là, normalement, des enfants de notre âge ayant des parents responsables dorment. Elle espérait peut-être que nous ne soyons pas là.

— C'est pas possible, Hamm', tu le sais. Elle sait qu'Oxi et moi sommes insomniaques, rétorqua son frère. Elle ne miserait pas une bataille sur notre sommeil. En plus tu l'as dit, Aqualta a tendance à veiller tard, malgré ses parents...

— Le Papillon ne sortait jamais, lança Chat Noir, vraiment jamais. La seule fois où il l'a fait, il voulait nous parler... Sans vraiment faire une démonstration de forces, même s'il avait un peu « mis les petits plats dans les grands » pour cette sortie... Peut-être qu'elle veut nous parler ?

— Nous parler, fît Rena Rouge avec une forme de colère, mais pour nous dire quoi ? Qu'elle voudrait nous voir morts, récupérer nos Miraculous, éventuellement mettre la main sur la boîte-mère et même celle de Su-Han ? Franchement, je vois pas pourquoi, on s'en doute assez !

— Du calme, Rena, dis Carapace doucement, pas besoin de t'énerver. On peut toujours y aller, je nous protégerai si besoin.

— Tu es sûr ?

— Ne t'inquiètes pas, tout se passera bien. »

Il lui prît la main, un sourire rassurant sur son visage, lui témoignant toute l'affection qu'il lui portait.

Oxi avait reculé, fermant les yeux. L'inquiétude de Rena lui rappelait pourquoi il était si fier d'être un héros, pourquoi chaque combat le poussait un peu plus à se dépasser. Parce que son père était régulièrement sujet à des maux de têtes extrêmement violents, qui pouvaient littéralement l'assommer.

Mais personne ne le savait en-dehors de la famille. Personne ne devait le savoir. C'était leur secret à tous les trois.

Les huit héros débattirent encore un peu, mais quand des fusées de signalisation s'élevèrent de la Tour Eiffel, le doute ne fût plus permis. Farfalla était là, et elle voulait les voir. Vite.

Ils s'élancèrent d'un seul mouvement, filant vers le bout du Champ de Mars, traversant la Seine en une seconde.

Une fois entre les pieds du monument emblématique, ils aperçurent leur adversaire. Grande, élancée, vêtue d'une longue robe jaune sombre, parsemée d'immenses circonvolutions brunes et violettes, les cheveux bruns attachés en couettes étranges, un diadème violet ornés de papillon, le visage recouvert d'un loup de soie bleu roi.

Aqualta s'attarda sur son visage, délicat et déterminé, et, avec un frisson, elle reconnût certains traits d'une camarade de classe, mais en une version plus adulte. Cette fois, il n'y avait plus aucun doute pour elle : Farfalla était bien Lila Rossi.

Mais, trop absorbée dans cette contemplation, elle ne la vît pas passer à l'attaque, rapide comme l'éclair, séparant le groupe, isolant Mayura, et les enfants avant de se tourner résolument vers les héros de toujours.

Elle se précipita, bondissant comme une balle de ping-pong, arrachant un cri de surprise à Rena, qui avait senti son Miraculous près d'être arraché et qui fût bientôt plaquée au sol, rouée de coups par une ennemie en furie.

Mais Farfalla ne pût pas agir ainsi bien longtemps, Carapace se rua sur elle, l'éjectant au loin, puis hurla son pouvoir, qui l'engloba Rena, à ses pieds, et Chat Noir, debout à à peine un mètre d'eux.

Oxi avait laissé échapper un gémissement en voyant sa mère attaquée, mais s'était repris.

« Bien, je crois qu'il n'y a plus aucun doute sur l'identité de Farfalla maintenant, commenta sarcastiquement Mayura, vu comme elle a attaqué la réelle porteuse du Miraculous du renard.

— Comment osez-vous ?! Je ne suis pas une imposteur, hurla-t-elle en se jetant vers Mayura, folle de rage, je suis la seule véritable personne avec le pouvoir d'illusion ! »

Mayura dressa seulement la main, et aussitôt un soldat squelettique, entièrement et parfaitement armé se dressa devant elle, repoussant les assauts désespérés de la vilaine.

« Lila, arrête de faire l'enfant. J'ai vu ma meilleure amie mourir pour avoir trop utilisé le Miraculous que je porte, et j'ai failli y laisser la vie moi-même. Cela fait trente-trois ans que je suis en contact avec lui. J'en connais mieux les caractéristiques que n'importe qui. Je peux tout faire avec. N'essaye même pas de me défier. Tu es plus mature que cela.

— Mais vous ne comprenez pas, vous ne comprenez rien ! Ce n'est pas pour moi que je me bats ! Ce n'est pas seulement pour ce désordre que j'aime tant que je veux les Miraculous ! J'en ai besoin, est-ce que vous pouvez comprendre ça, ou c'est trop compliqué ? »

Elle s'effondra sur le sol, tremblant, suffoquée par une soudaine crise de larmes, incapable de s'énerver plus.

Aqualta se tourna vers son neveu, une insistance dans le regard, lui faisant comprendre qu'elle avait besoin de son pouvoir. Pesce hocha la tête, et saisît sa canne à pêche, murmura « Lien », puis pointa chaque héros du bout du bâton.

Ce fût lui qui prît la parole en premier, comme chaque fois qu'il déclenchait son pouvoir.

« C'est Aqualta qui m'a demandé de retisser le lien, déclara-t-il dans la tête de ses partenaires, que voulais-tu nous dire ?

— Je voudrais que vous me laissiez l'approcher sans vous interposer. Je dois lui parler. Mais restez à distance.

— C'est de la folie, protesta Mayura, c'est beaucoup trop dangereux. Lila est une embôbineuse de première catégorie, la laisser te parler seule à seule...

— Et puis tu as vu ce qu'elle a fait à Rena, s'étrangla Oxi, on va pas te laisser l'affronter seule !

— Je ne veux pas l'affronter. Juste lui parler. Avec intelligence.

— Oui, peut-être qu'en étant gentil..., avança Hammela.

— Tu rêves, rétorqua Carapace.

— Oui, tu es toujours aussi idéaliste Hamm', fît Pesce, Aqualta, je t'accompagne.

— Non. J'y vais seule et je la bats. Vous me faites confiance et vous partez soigner Rena. Rien de plus. »

Un soupir général s'échappa des lèvres des héros tandis qu'Aqualta s'approchait de leur adversaire, s'agenouillait à côté d'elle et entamait la conversation.

« Lila... Je sais ce que tu veux faire, ou je crois le savoir. Mais c'est impossible. La mort fait partie de la vie, qu'on le veuille ou non. C'est douloureux, mais on ne peut pas forcer un mort à revenir. Sinon, on doit payer la contrepartie. Et il se peut qu'elle soit d'un prix encore plus élevé. Il doit apprendre à vivre malgré la mort. Il ne peut pas s'y arrêter. Il doit vivre. Pour toi. Et pour elle. Elle a besoin de lui, tu comprends ?

— Je ne peux pas, murmura-t-elle, je ne peux pas lui dire ça. Il ne le supportera pas, et je déteste l'idée de le blesser... Ou même de risquer de le blesser... Il est orphelin, tu sais ? C'est tout ce qui le raccroche à la vie...

— Je sais. Mais... Regarde Mayura : elle n'a pas osé le dire, et elle a failli en mourir. Il peut encore être raisonné, même si vous vous battez depuis plus de cinq ans. Vie pour vie... Si tu veux vraiment la ramener, je sais ce que coûtera la contrepartie. Il a plus besoin de toi... Apprends-lui.

— Je verrai... »

Aqualta sourît. Elle savait qu'elle s'était fait prendre, que Lila allait l'attaquer, parce que la méchante ne pouvait pas supporter le discours raisonné qui lui avait été servi par une enfant d'à peine treize ans.

Aussi elle ne fût pas surprise quand elle sentît, alors qu'elle était à quelques mètres, la canne de Farfalla venir s'écraser dans son dos, et la faire tomber. Elle se releva aussitôt, saisît son trident, le pointant vers Farfalla. Et, le bras gauche tendu en avant, elle invoqua son pouvoir spécial.

« Wave ! »

Une gigantesque vague surgît du sol, s'abattît sur la papillonne, l'assommant un instant. Mais elle se releva rapidement, fila vers Aurore et la plaqua au sol, furieuse de s'être fait avoir.

« Oxi, à toi de jouer ! Je n'ai plus de temps, s'exclama Pesce.

— Ok, je m'en charge, file ! »

Oxi se dressa droit sur ses pieds, assurant sa position. Un air dur sur le visage, il s'approcha avec détermination de Farfalla, et fît claquer son fouet, invoquant dans une exclamation le pouvoir qui lui avait été accordé.

« Deinos ! »

Farfalla se mît soudain à trembler. Le garçon de onze ans lui semblait soudain gigantesque, la Tour au-dessus bien fragile, tout la menaçait, tout voulait la blesser. Elle se releva, et partît en courant, n'arrivant pas à combattre la terreur qui s'était abattu sur elle d'un coup.

Oxi sourît fièrement, aida Aqualta à se relever, puis se dirigea vers Hammela, qui les attendait debout. Un instant plus tard, ils furent rejoints par Mayura, Carapace, Rena Rouge, Chat Noir et enfin Pesce. Ils se réunirent en cercle, fermèrent les poings et les frappèrent en lançant leur « bien joué » final, à l'instant où la tour reprenait ses couleurs normales, signe que Farfalla était détransformée.

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3824 Mots.

Premier combat, avec un petit tour d'horizon des nouveaux pouvoirs et la présentation du costume de Farfalla. Je vous préviens tout de suite, il n'y en aura sans doute pas beaucoup, car je ne suis pas très à l'aise avec ce genre de scène.

Je crois qu'on sent un peu que j'ai mis trois siècles à écrire ce chapitre, parce que je n'ai pas vraiment expliqué l'éclairage de la Tour Eiffel que Lila a bidouillé... C'était vraiment juste pour attirer l'attention...

Mais à part ça, j'aime vraiment bien ce début, il me pose des bases que je vais m'amuser à creuser... Et y a la première évocation du personnage-idée de génie que j'ai très, très hâte de vous présenter.

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Laissez-moi vos impressions !

Bises,

Jeanne.

(Ecrit le 26/09/2021)

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