Chapitre 7 : Teaghan

— Teaghan ! Qu'est-ce qui t'arrive ?!

La voix de Katy me parut lointaine. Un peu comme si elle était étouffée par un bruit semblable au rugissement des flammes d'un immense incendie.

— Teaghan ! Arrête !

Pourtant, il n'y avait pas de feu ici. J'étais certes en train de faire appel à cet élément auquel j'avais le plus facilement accès, mais je voulais simplement effrayer ce Scientek qui s'en était pris à Dan.

N'empêche... Cela avait l'air de drôlement bien fonctionner vu la tronche qu'il tirait à présent.

D'ailleurs, il avait même l'air un poil trop effaré pour une machine de guerre dans son genre. Alors certes, le Feu était l'élément le plus instable et mes congénères n'étaient pas tous capables de faire appel à son essence pour l'utiliser comme une arme, mais tout de même ! C'était quoi ce Scientek qui flippait devant une minuscule boule de feu, franchement ?

— Teaghan ! Tu veux tous nous tuer ou quoi ? Je te préviens si tu...

Bon... Il est vrai que j'avais un peu chaud tout à coup...

D'habitude, mon appel à ma magie du Feu ne me faisait pas cet effet-là. C'était peut-être une conséquence du rituel ? Je n'avais pas vraiment eu le temps de tester mes pouvoirs, mais j'avais tout de même senti que mon attirance naturelle envers cet élément s'était un peu accentué depuis.

Mue par un mauvais pressentiment, je me détournai du Scientek au chignon pour vérifier un truc. Je baissai les yeux vers mes mains et...

Ah... Merde.

Mais... Bon sang ! Qu'est-ce que c'est que ce truc ?!

Mes bras étaient en train de scintiller comme des foutus rubis éclairés par des flammes et des espèces de disques rouges incandescents tournoyaient dans mes mains et tout autour de moi.

J'étais stupéfaite, car je n'avais jamais vu ça et puis, surtout... c'était vachement dangereux ! Qui plus est dans un bâtiment entièrement en bois !

Il fallait que je...

Ma prise de conscience et mes questionnements furent tout à coup noyés – au propre comme au figuré – sous des trombes d'eau.

Je crachai et toussai, incommodée par la flotte qui était entrée dans mon nez et dans ma bouche, ainsi que par l'odeur et la fumée qui se dégageaient de moi.

Oh mes Dieux ! Avais-je réellement failli me transformer en torche vivante au milieu du Vestiarum ?

Que m'avait-il pris ?

— Mer... merci, finis-je par balbutier à l'intention de Katy qui m'avait... euh... éteinte juste à temps.

De l'eau sortait encore de ma bouche. Je postillonnai donc mes remerciements vers elle de façon très... élégante.

Mon amie me regarda avec un air ahuri, les yeux écarquillés et la bouché bée. Elle la referma en secouant la tête.

— Ce n'est pas moi qu'il faut remercier, lâcha-t-elle finalement. Mais eux.

Mes yeux suivirent la direction que son index droit indiquait. Et c'est là que je les vis. Les Médiateurs Draoid'hean présents dans la salle. Je ne les avais pas remarqué jusqu'à présent.

Je frissonnai.

Maintenant, je ne pouvais plus les louper. Ils fixaient sur moi un regard choqué et mécontent...

Alors, bien sûr, l'utilisation de n'importe quel pouvoir issu des Dieux ne pouvait être sanctionné. C'était noté dans le règlement des Jeux. Je savais aussi que des altercations avaient lieu chaque année dans le Vestiarum. Être parqués ainsi tous ensemble ne pouvait que conduire à ce genre d'échauffourées.

Mais... faire cramer tout un bâtiment – regroupant tous les participants de cette année – avant même que les Jeux aient officiellement commencé, pouvait-il passer pour un petit incident dans le même genre ? Était-ce passible d'une sanction ?

Je me composai l'expression la plus désolée et repentante que j'avais en réserve – utilisée un nombre incalculable de fois avec ma mère, avec un taux de réussite pas franchement excellent – et m'inclinai de façon respectueuse devant les Médiateurs. Leurs mines se firent encore plus sévères. Raté.

— Teaghan Tel'Andrasta, commença le plus âgé d'entre eux d'une voix vibrante de colère, par votre inconscience, vous avez bien failli tous nous tuer ! Qu'avez-vous à dire pour votre défense ?

Pas grand chose... Mais j'allais improviser.

— Je suis sincèrement navrée, Médiateur, commençai-je. Je voulais simplement défendre un ami et montrer aux Scienteks que les Draoid'hean ne se laissaient pas faire. Malheureusement, la situation m'a échappée. Je... La pression sans doute... ajoutai-je d'une toute petite voix mélodramatique.

À côté de moi, Katy se raidit. Je lui jetai un rapide coup d'œil et vis qu'elle se mordait la lèvre pour ne pas éclater de rire. Parce que je n'avais certes pas fait exprès de me transformer en torche humaine, mais delà à me repentir comme une pauvre petite chose apeurée...

J'avais très vite appris à analyser une situation et à rebondir lorsque j'avais merdé.

Ce qui était le cas cette fois-ci, il fallait bien l'avouer. Je n'aurai jamais dû me laisser aller à provoquer Keir et ses amis. C'était puéril et extrêmement stupide.

Voilà pourquoi la Teaghan humble et timide devait entrer en scène. Celle qui faisait passer son clan avant tout autre chose. J'avais donc adopté un ton ultra-respectueux et mis en avant la défense de l'honneur des Andrasta face aux O'Connor qui nous méprisaient. Je savais que je ne pouvais pas faire mieux pour toucher la corde sensible de ce vieux Médiateur : la fierté d'un Draoid'hean trop souvent humilié par nos ennemis. Mon pari n'était pas vraiment osé. Tous les membres de mon clan faisaient un complexe d'infériorité vis-à-vis des Scienteks.

Je sus que j'avais visé juste quand le vieux Draoid'hean se tourna vers ses congénères. Leurs mines n'étaient plus du tout sévères, mais plutôt embarrassées.

Le vieux Médiateur reporta son attention sur moi.

— Nous acceptons vos excuses, Teaghan Tel'Andrasta, déclara-t-il finalement d'une voix beaucoup plus douce. Néanmoins, nous ne pouvons pas faire comme si rien ne s'était passé. Je suppose que vous comprenez ?

Malgré la peur qui commença à s'insinuer en moi, je hochai poliment la tête.

— Bien, approuva le Draoid'hean. Sachez donc que pour vous punir de votre dérapage, vous perdez le droit de participer au tirage au sort qui vous aurait permis de décider du terrain sur lequel se déroulera votre affrontement.

Ah.

Même si cela aurait pu être pire, ce n'était pas franchement une bonne nouvelle.

Il fallait savoir que la presqu'île sur laquelle se déroulait les Jeux était effectivement « divisée » en plusieurs terrains naturels. La forêt – que j'aurais choisi si je ne venais pas de perdre bêtement cette possibilité –, la lande, les falaises et... le lac.

— Le choix reviendra donc à votre adversaire Scientek...

Et merde...

— ... et nous vous conseillons vivement de ne plus faire de vagues pour le moment.

Euh... Venait-il de tenter un petit trait d'humour ? Ou ne se rendait-il vraiment pas compte que c'était un peu gonflé de parler de « vague » à quelqu'un qui était trempé-mouillé ?

A priori, mes questions resteraient à jamais sans réponse car, une fois la sentence prononcée, les Médiateurs me tournèrent immédiatement le dos comme si rien ne s'était passé.

À la fois surprise mais pas mécontente de m'en tirer à si bon compte, je commençai à essorer ma tresse. Katy m'aida à faire sécher mes fringues à l'aide de la magie de l'Air. Elle faisait souffler sur moi un petit vent chaud plutôt agréable. Dan nous rejoignit rapidement et entreprit de filer un coup de main à mon amie. Son vent était légèrement plus frais.

Quoi qu'il en soit, pour en revenir à cette histoire de terrain d'affrontement, il fallait savoir que – même si j'avais appris à nager depuis que Sam m'avait sauvée de la noyade étant enfant – je n'étais tout de même pas devenue une grande fan de l'eau en règle générale. Et la magie du Feu que j'affectionnais particulièrement n'avait pas non plus de grandes affinités avec cet élément. La preuve venait d'ailleurs d'en être donnée à tous les Vingtiales présents dans ce gymnase. Y compris aux Scienteks.

Y compris... à Keir, qui allait pouvoir choisir se déroulerait notre duel.

Et j'étais sûre de ne pas trop me mouiller si je pariais que son choix se porterait sur le lac...

Oh bon sang, Teaghan... Bravo. Vraiment.

Tout à coup, je me sentis complètement stupide.

Moi qui me targuais d'être une bonne observatrice, j'avais oublié que ce Scientek l'était également.

Par réflexe, je cherchais à l'apercevoir. Ce ne fut pas vraiment difficile, car lui et ses potes avaient les yeux braqués dans ma direction.

Katy me serra fort le bras quand elle le constata. Je pris sur moi pour ne pas blêmir et gardai un visage impassible. Mais à la façon dont Keir me dévisageait désormais, je compris tout de suite qu'il ne me sous-estimait plus.

Je venais de perdre ce que je considérais comme mon principal point fort : l'effet de surprise.

Mais je n'étais pas le genre de personne à s'apitoyer sur son sort, ni à baisser les bras.

J'étais même capable de me focaliser sur le positif de cette situation. Car grâce à mon petit dérapage, j'avais découvert quelque chose sur moi-même que j'ignorais jusqu'à présent : j'étais devenue bien plus puissante qu'avant le rituel. Peut-être même assez forte pour pouvoir réussir à venger mon clan sans avoir besoin de devenir une esclave...

Oui. J'étais peut-être devenue assez puissante pour tuer Keir O'Connor et revenir vivante de ces Jeux...

Rassérénée par cette constatation, je regardai à nouveau dans sa direction. Ses yeux gris métalliques étaient toujours braqués sur moi.

Je soutins son regard sans broncher et lui offris le même sourire glaçant que celui qu'il prenait pour sa spécialité.

****

Avant que mes ancêtres et ceux des Scienteks ne déclenchent la Quatrième Guerre Mondiale, il existait une compétition sportive qui faisait fureur dans le monde entier. On appelait cela les Jeux Olympiques.

Nos professeurs nous avaient expliqué que cette tradition remontait à l'Antiquité grecque. Il s'agissait de concours sportifs entre cités, destinés à honorer l'un de leurs Dieux : Zeus. Pendant une période d'un mois environ, ces mêmes cités – souvent en guerre les unes contre les autres – respectaient également une trêve.

Pendant des centaines d'années, cette tradition avait perduré, avant d'être interdite par un empereur romain acquis à la cause monothéiste.

Mais des siècles plus tard, l'idée de ces jeux avait ressurgi. Bien sûr, la compétition n'avait plus lieu pendant un festival religieux destiné à honorer Zeus, mais il s'agissait tout de même d'une grande fête internationale célébrant le sport et les valeurs qui y étaient traditionnellement attachées.

Avant la Troisième Guerre Mondiale, ces jeux ultra-populaires, regroupant des athlètes du monde entier, avaient lieu tous les deux ans en alternant jeux d'été et jeux d'hiver.

Après ce troisième conflit mondial, la fréquence des rencontres avait considérablement baissée. Primo parce qu'il n'était plus possible d'organiser de compétition en hiver, cette saison n'existant quasiment plus. Deuxio, parce que les pays qui n'avaient pas été engloutis par la montée des eaux, n'avaient plus forcément les moyens humains et financiers pour organiser ce genre de divertissements.

Néanmoins, lorsqu'ils avaient lieu, le succès était toujours au rendez-vous.

À cette époque, la donne avait tout de même changé concernant les participants. Scienteks et Draoid'hean arpentaient à présent le monde. Les êtres humains lambda leur avaient donc interdit d'y participer.

Cela faisait partie de ces injustices qui avaient peu à peu conduits mes ancêtres et ceux de Keir à vouloir dominer ce qui restait du monde.

Bien sûr, cela s'était mal terminé pour nous, puisque nous avions fini bannis sur une île.

Cependant, dans leur malheur de perdants, nos ancêtres avaient tout de même décidé de ne pas seulement s'apitoyer sur leur sort et – un verre de bière en entrainant un autre – ceux qui avaient l'alcool joyeux avaient finalement trouvé du « positif » dans cette situation. Le bannissement allait leur permettre de réparer une injustice dont ils avaient beaucoup souffert et qui avait en partie entraînée – entre autres raisons moins triviales – leur pétage de plombs mégalomane et génocidaire pour dominer la Terre : ici, sur cette île, ils allaient pouvoir créer leurs propres jeux.

Au départ, l'organisation de cette compétition avait évidemment un but un tantinet moins festif que celui des anciens JO. Car – autant joindre l'utile à l'agréable – il s'agissait surtout de régler des conflits territoriaux.

Mais il n'empêche – malgré les tensions et les morts à déplorer chaque année – la tradition avait perduré.

Bref.

Tout ça pour dire que les Jeux auxquelles ma classe d'âge allait participer cette année, s'inspiraient des anciennes olympiades panhelléniques. Enfin... surtout dans le sens où les participants s'affronteraient au cours d'épreuves plus ou moins sportives. Car, à quelques détails près, l'inspiration s'arrêtait là.

Les jeux grecques se divisaient en deux types d'épreuves : hippiques et gymniques – où ils concouraient complètement nus. De notre côté, nous n'avions pas assez de chevaux pour risquer de les sacrifier et il était hors de question de nous balader à poil face à nos ennemis. Il n'y avait donc pas d'épreuves hippiques et nous gardions nos fringues pour les autres.

Comme les anciens Grecs, nous avions des courses. Le but était effectivement de gagner, mais il fallait également empêcher notre adversaire de franchir la ligne d'arrivée par tous les moyens. Les Scienteks étaient néanmoins avantagés. Car même si leurs pouvoirs étaient moins étendus que les nôtres, leur force et leur vitesse génétiquement améliorées les rendaient quasiment imbattables. Les miens se contentaient donc généralement d'essayer de leur mettre des bâtons dans les roues et de survivre.

C'était la preuve que mes ancêtres, en plus d'être pétris d'orgueil et belliqueux, étaient également profondément stupides. De mon point de vue, reconnaître que nous étions moins « armés » que les Scienteks pour des épreuves de ce type ne faisait pas obligatoirement de nous des êtres inférieurs. Au contraire. Connaître ses faiblesses et réussir à les exploiter à bon escient était même la preuve, selon moi, d'une profonde intelligence.

Mais mes vaniteux ancêtres n'avaient jamais accepté de mettre en place un règlement mettant en avant nos différences génétiques, pourtant incontestables. Ils étaient bien trop orgueilleux pour ne serait-ce qu'envisager repenser la sacro-sainte notion d'équité face à nos ennemis.

Or, nous n'étions pas égaux. Les Scienteks étaient génétiquement modifiés, nous pas. Résultat : nous perdions quasiment toutes les épreuves chaque années depuis la création de ces Jeux.

Foutu complexe d'infériorité...

Heureusement, bien qu'un poil orgueilleuse, je n'étais pas – contrairement à mes ancêtres – stupide. Voilà pourquoi je m'étais entraînée si intensément. Et avec mes nouveaux pouvoirs, j'avais peut-être même une chance de gagner l'épreuve reine qui m'était destinée.

La lutte, le pugilat et le pancrace étaient les noms que les anciens Grecs donnaient à leurs épreuves de combat. Celui que nous mènerions Keir et moi n'en avait pas. Il clôturerait néanmoins les Jeux des Bannis.

— Teaghan ?

La voix de Katy me tira de mes pensées. Je me tournai lentement vers elle et croisai ses yeux brillant de larmes contenues. Le moment était venu. Mon cœur se serra.

— Les Médiateurs viennent de nous appeler...

Focaliser sur ma petite personne, je n'avais rien entendu. Je hochai néanmoins la tête. Vu la boule qui venait de se former dans ma gorge, j'étais bien incapable de dire quoi que ce soit.

Katy repoussa une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille, incertaine. Puis elle se précipita sur moi.

— Oh Teaghan... souffla-t-elle dans une sorte de sanglot en me serrant dans ses bras.

Je lui rendis son étreinte et croisai le regard triste de Dan. Des larmes dévalèrent mes joues sans que je ne m'en aperçoive vraiment. Mon ami nous serra toutes les deux contre lui. Je respirai profondément pour graver leurs odeurs dans ma mémoire.

— Tu peux le faire, Teagh... murmura Dan dans mes cheveux. S'il y a bien une personne capable de faire mordre la poussière à ce Scientek, c'est toi.

J'avais envie de le remercier et de lui rappeler que eux aussi ils pouvaient y arriver. Non ! Qu'ils devaient s'en sortir ! Car si je survivais – et même si je n'étais plus avec eux, mais chez les Scienteks – je n'arrivais tout simplement pas à m'imaginer un monde où ils ne seraient plus là...

Mais la boule dans ma gorge m'empêchait toujours de parler, alors j'acquiesçai et tentai un petit sourire. Vu l'expression que Dan me renvoya, il devait plutôt ressembler à une grimace...

— N'empêche, si tu arrives à ne pas le tuer, intervint Katy en reniflant, je suis pas contre l'idée d'avoir un esclave qui lui ressemble... En tout cas, ça ne me dérangerait pas de lui apprendre deux ou trois trucs pour se réchauffer à ce grand glaçon ambulant...

Cette fois-ci, je faillis m'étouffer avec ma salive, mais je retrouvai ma voix.

— Katy !

Mon exclamation était à mi-chemin du sanglot et de l'éclat de rire. Mon amie avait toujours été très douée pour dédramatiser n'importe quelle situation. Malheureusement, c'était toujours en mettant son côté nymphomane en avant...

— Mademoiselle, Monsieur.

La voix froide d'un Médiateurs interrompit nos adieux. Katy et Dan étaient les deux derniers Vingtiales à n'avoir pas encore quitter le Vestiarum pour se rendre dans « l'arène ».

Mon ventre se tordit sous l'effet de la peur qui me saisit à cet instant. J'étais terrifiée, mais pas pour moi. Je n'arrivais pas à concevoir que je ne les reverrais peut-être jamais. C'était profondément... injuste et insensé. Ce n'était pas dans l'ordre des choses de devoir mourir si jeune. Ce n'était pas dans l'ordre des choses de mourir pour... pour quoi au juste ? Je ne m'étais jamais posée véritablement la question. Les jeux existaient pour...

Je secouai la tête. Ce n'était pas le moment de m'interroger sur le sens de la vie, nom de nom !

Pour éviter de m'effondrer, je me répétais mentalement qu'il était rare que des Vingtiales meurent pendant les épreuves. Bien sûr, ça arrivait. Mais ce ne serait pas le cas de Katy et Dan ! C'était hors de question.

Derrière mes amis, je sentis soudain le regard de Keir peser sur moi. Je l'avais presque oublié celui-là. Il m'observait et je frissonnai. J'avais l'impression qu'il lisait en moi comme dans un livre ouvert. Le pire, c'était que j'allais devoir rester seule avec lui jusqu'à notre affrontement. Cette foutue tradition était censée faire monter la tension entre nous. Comme si nous avions besoin de ça...

Je déglutis le plus discrètement possible, pensant à nouveau à maîtriser mes émotions devant mon ennemi.

Complètement hermétique à mes petits drames personnels, le Médiateurs pressa mes amis avec un air agacé. Nos regards brillants se croisèrent une dernière fois.

— Vous avez intérêt à survivre, je vous préviens ! lançais-je alors que mes larmes se remettaient à couler, foirant ainsi tous mes efforts de ne rien laisser transparaître devant Keir.

Katy et Dan hochèrent la tête de concert, tentant un petit sourire rassurant. Puis ils partirent à la suite du Médiateur.

Quant la porte se referma sur eux, j'essuyai rageusement mes yeux et défiai mon adversaire du regard.

Que la compétition commence... Et que triomphe les Dieux...

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