C H A P I T R E 3
PDV Kristy Williams
Londres
– Psst ! Hey !
Mes yeux finissent par se décoller de l'écran de mon ordinateur portable pour se tourner vers un jeune... Geek. Ses lunettes rectangulaires reflètent la lumière et cache ses yeux. Je l'entends m'appeler et le vois zyeuter sur moi depuis déjà vingt bonne minutes, jusque-là j'étais suffisamment concentrée pour l'ignorer. Je le dévisage en essayant de ne pas paraître agacé.
– Salut, dit-il nerveusement en levant la main.
Je ne réponds qu'avec un rapide sourire forcé.
– Il est cool ton tatouage !
- Quoi ?
Il montre mon poignet droit d'un signe de tête. Ce tatouage.
Oui Kristy ! Pas celui que tu t'es fait faire en haut de la cuisse pour Noël !
Je reviens sur terre en observant le tatouage en question : les vaguelettes et la lettre « W ». Ma main, est en train de triturer le crayon à papier sans que je n'arrive à la contrôler, elle fini par se stopper net.
– Merci, réponds-je simplement.
Il est le premier à me dire cela. D'habitude on me pose des questions sur ce qu'il représente, ou on le regarde avec insistance en haussant légèrement l'arcade sourcilière. En fait les gens sont plus dubitatif car ce n'est pas vraiment un tatouage mais plus une marque de naissance qui se dessine plus précisément au fur et à mesure que l'on grandit, de ce fait, cela n'a pas la même couleur et cela n'a pas le même rendu qu'un tatouage, ce qui le rend d'autant plus intriguant. Mais jamais on m'a dit qu'il était "cool".
Je reviens à mon article sur internet...
– Et sinon...
... Mais la voix nerveuse du Geek m'interpelle à nouveau :
– Qu'est-ce que tu étudie ?
Je savais que faire mes recherches à la salle de lecture du British Museum était une mauvaise idée.
– Rien.
Cette fois ma réponse est plus sèche, il a dû remarquer aussi puisqu'il n'insiste pas et hoche la tête avant de se tourner face à ses livres, comme un animal triste, le visage écarlate.
C'est bon, détend toi ! Si tu n'aimais pas le voisin de bibliothèque fallait rester chez toi ! Oui, seulement je n'ai pas le droit d'emporter plus de trois livres à la maison.
Je lève les yeux au ciel en essayant de me détendre. J'ai décidément bu trop de café ce matin.
– Excuse-moi.
Le Geek met un temps à comprendre que je m'adresse de nouveau à lui, il a l'air content lorsqu'il s'en aperçoit.
– Je m'informe sur la mythologie.
Son visage s'éclaircit soudainement, il hoche la tête.
– Qu'est-ce que tu veux savoir ?
– Tu t'y connais ?
Ses épaules se lèves, il fait signe de la tête.
– Ouais ! Euh...
Je lève un sourcil.
– Ca dépend quoi.
Mouais... En gros tu veux m'intéresser. Je souris malgré tout. Autant en profiter pour papoter, voilà un moment que je n'ai pas eu une réelle vie sociale. Depuis que j'ai commencé mes recherches je n'ai pas vraiment eu de contact extérieur : au travail j'ai la tête ailleurs, même Harry a préféré ne pas se montrer aussi souvent que d'habitude. Il a dit que si j'avais envie de le voir, je l'appellerai. Faut dire que la dernière fois je ne l'ai pas bien accueillit parce que je n'ai pas dormis pendant deux nuits à cause de tout ça. Il est temps que je reprenne le contrôle de ma vie.
L'occasion s'y présente. Je ne peux pas parler du journal de mon grand-père à un inconnu mais je peux lui demander si il sait quelque chose à propos de Poséidon.
– Je m'intéresse à ça, dis-je en lui montrant le livre ouvert sur le sujet.
Curieux, il avance son siège, se penche et ajuste ses lunettes avant de regarder les petites illustrations et de lire quelque ligne. Je me mords l'intérieur de la joue en me demandant si c'était une bonne idée de demander à un humain de m'aider sur un sujet comme celui-ci. Ou il peut croire que c'est un sujet normal pour quelqu'un qui étudie là-dessus.
Les informations sont toujours autant à l'affut de nouvelles rumeurs concernant les Surnaturels. Ils en viennent parfois à inventer des âneries pour alimenter la journée de quelques « bobo » en manque de potins. Ça devient affligeant et inquiétant. Il y a déjà eu plusieurs manifestation à ce propos, des gens se mettent à flipper, à penser que nous sommes des êtres venus d'ailleurs pour les envahir. Il y a pourtant une époque – certes très lointaine – où les hommes et les Surnaturels arrivaient à cohabiter ! Puis il a suffi d'une erreur pour les mettre à dos. Aujourd'hui nous devons nous faire plus discrets que jamais, même si ils ignorent encore tout de nous et de comment nous repérer.
Après tout, qu'est-ce qu'ils peuvent bien nous faire ? Nous chasser ? Nous trancher la gorge ? Nous brûler vif comme les sorcières de Salem ?
- Pourquoi t'intéresses-tu à ça ?
- Un sujet d'étude.
- Qu'est-ce qui t'intéresse chez ce Dieux ?
- Son trident.
- Oh... Si c'est des détails que tu veux, tu vas avoir du mal.
- Pourquoi ?
- Il n'y a pas vraiment de légende là-dessus. On sait surtout que c'est une arme assez puissante créé par les Cyclopes.
Finalement il a l'air de s'y connaître. Je croise les bras, l'oreille attentive.
- Et ?
- Et... A part le fait qu'il s'en est servi contre son frère Zeus et sa nièce Athéna, je ne saurais pas trop quoi en dire.
- Il n'y a vraiment rien d'autre ? Rien sur ce qu'elle est devenue après sa mort ?
- Sa mort ? Ce sont des Dieux, des légendes ! Rien ne dit qu'ils ont réellement existé !
Je lève un sourcil. Tendre naïveté.
- Admettons. Si ils avaient vraiment existé, où serait-il ?
- Je n'en sais rien... Probablement avec lui. Dans sa tombe, s'il en a une.
Sa tombe... Ça peut être une idée. Quoi qu'un peu idiote. Un Dieu mort qui détenait une arme aussi puissante l'aurait caché autre part qu'avec lui ! Sauf si sa tombe est réellement bien cachée.
- Tu as l'air d'y croire en tout cas.
Sa remarque me coupe dans mes réflexions.
- Ça t'étonne ?
- Un peu. Mais c'est plutôt mignon ! ricane-t-il.
Mignon ? Il est sérieux ? Laisse tomber, il va vite m'oublier après ça. Je décide d'en profiter pour lui poser une autre question :
- Qu'est-ce que tu sais sur Calypso ?
Encore une fois il s'étonne.
- Euh... Ça dépend. Tu fais référence à Pirates des Caraïbes ou aux livres mythologiques ?
Mes yeux le dévisagent pendant qu'il rigole de son ironie.
- Excuse-moi... Oui j'ai déjà lu quelques trucs sur elle. Mais il n'y a pas énormément de sujet là-dessus.
- Dit moi ce que tu sais.
- Honnêtement il n'y a pas grand-chose à savoir, c'est surtout une histoire d'amour à sens unique.
- Avec Ulysse ? deviné-je sans surprise.
Il acquiesce. Décidément mes recherches vont constamment vers un même point. Plus j'avance, plus je m'égare. Je commence à croire que les bibliothèques normales ne sont pas les bons endroits où chercher.
- Je sais que Calypso commande à la marée et aux Océans mais... Elle n'a pas vraiment une histoire captivante, j'en suis sûre, dit-il en levant les sourcils.
Je souris.
- Comment tu t'appelles ?
- Parker, répond-t-il, l'air content que je lui pose la question.
- Tu ne sais rien, Parker.
Ma réponse est suivit d'un bref sourire qui enlève toute expression de joie au visage du jeune Geek. Je me lève pour ranger mes affaires alors qu'il semble chercher autre chose d'intéressant à dire.
- Ravis de t'avoir rencontré, dis-je furtivement avant de tourner les talons.
- Attend !
Je me stop pour me tourner vers lui, attendant avec plus ou moins d'impatience ce qu'il a à me dire.
- Je ne sais pas si ça peut t'aider mais... J'ai regardé une émission il y a quelques jours sur le sujet. Ils ont supposé que Calypso est en quelque sorte liée à Poséidon. Comme si c'était l'équivalent féminin.
J'étudie cette supposition dans ma tête. Voilà une piste intéressante que je vais m'empresser d'explorer mais cette fois à la maison avec un chocolat chaud à la place du café.
Je remercie Parker puis part vers la sortie, le visage marqué par la réflexion. Toutes ces histoires de mythologie me donnent le tournis. Je suis sûre de pouvoir trouver d'autres informations à propos du trident et du rôle de Calypso dans l'histoire. Si ce n'est pas là, c'est probablement dans une bibliothèque Surnaturel.
Comme par exemple celle de l'Ile d'Elgia.
~
PDV Moira MacDonaill
Black Lake
Voilà bien une heure que je reste à l'écart de la réunion du comité des Iriel. Moi qui pensais pouvoirs participer à ce long débat vivifiants avec convictions, je suis déçue. De plus leur agitation au sujet des humains et de leurs récente découvertes à propos des surnaturels est pour moi une perte de temps considérable... Ils beuglent, tape du poing, braillent sans cesses leurs opinions non entendu comme un troupeau de taureaux. Excepté que ce sont en fait des Loups. A côté, ma mère fait le tour de la grande table en essayant de calmer cette mauvaise troupe, de sa voix éclaircis et habituellement autoritaire.
La grande salle de réunion de la famille Delaurier accueille les vingt délégués principaux, femme et homme, plus ou moins vieux. Seul trois d'entre eux ont plus de vingt ans. Ils sont tous des pères, des mères, des fils et fille de... Des directeurs, des gens important, intelligent... Selon eux. Capable de prendre des décisions pour le bien de « tous ». La plus part ne sont pas sorti de l'école d'ingénieur ou même de l'Ile d'Elgia, et pourtant ils sont là, à se demander comment nous allons résoudre le problème actuelle.
Pour être élu au comité, rien de plus simple : soyez plus malin, montrez-vous loyaux, exprimez vos idées haut et fort.
Ma mère, désespérée, s'avance vers moi en se retenant de ne pas s'arracher ses long cheveux blond bouclé. Pas un n'a levé les yeux sur elle. Richard, le Maire, ne l'a même pas soutenu, à croire que cette situation l'amuse.
- J'abandonne, souffle-t-elle, excédée.
- C'est absurde. Pendant qu'ils se chamaillent la terre est en train de dérailler complètement. Même les animaux des forêts alentours ressentent les effets ! Ce sont pourtant des Loups ?
- Pas tous. Certains ont le gène. Pour s'en rendre compte encore faut-il qu'ils n'aient pas l'esprit ailleurs et se concentre.
- Ce n'est pas gagné. Cela fait un mois qu'ils se prennent la tête avec ça et ils n'ont toujours pas trouvé de solution.
- Il n'y en a pas. Le mal est fait. Mais ils ont peur qu'il se répande et mène à...
Elle pince les lèvres en penchant la tête.
- La guerre ?
L'expression d'inquiétude sur son visage confirme mes dires. Je soupire en serrant mes bras autour de mon estomac qui se noue.
- Très bien. Mais si nous sommes ici ce n'est pas pour rien, nous sommes des messagères de la nature, pas seulement des convives. Nous devons leur rappeler que si la fin du monde a lieu une guerre sera inutile.
Ma mère me regarde sans protester, ses yeux me préviennent quand même d'agir avec prudence. Déterminé, je m'avance vers la table, point serrés en craignant de sortir un mot de travers.
- S'il vous plaît !
Ma voix n'est pas assez portante, je souffle un bon coup avant de recommencer. Du courage Moira.
- Ecoutez-moi !! crié-je.
Toujours pas. C'est pas vrai !
Agacée, je porte deux doigts à la bouche puis siffle un grand coup. Le bruit a l'effet d'un ultrason qui semble désagréable à leurs oreilles puisqu'ils grimassent et se plaignent en sursautant. Enfin un peu d'attention !
- Je suis navrée de vous couper dans vos discussions mais je me dois d'intervenir en urgence.
- Qui est-ce ? chuchote une petite voix parmi le groupe.
Je lève un sourcil.
- Oui, excusez-moi de ne pas m'être attardé sur les présentations, s'excuse Richard. Voici Moira MacDonaill et sa mère, Jenna MacDonaill. Moira est une Surnaturel.
- Une Surnaturel ? Je pensais que seul les Loups Garou pouvaient accéder au village ! Que fait-elle là ?
- Et bien...
- Inutile Richard, le coupé-je en levant une main. A vrai dire monsieur je vous remercie de me poser la question. Je ne suis pas seulement une surnaturelle, je suis une Gardienne.
Encore un silence avec quelque raclement de gorge.
- Une gardienne vous dites ? De quoi ? demande une autre voix, une dame d'un certain âge au chignon tiré à quatre épingles.
Comment ça « de quoi » ? N'en ont-ils jamais entendu parler ? Je me retourne vers ma mère qui m'incite à continuer.
- Connaissez-vous la légende des quatre Cristaux ?
Pas de réponse, seulement des regards, sauf pour Richard et d'autre qui ne réagissent pas. Cela me rassure que quelques un soient au courant.
- Si je ne me trompe pas, intervient l'un d'eux, un homme d'une vingtaine d'année. Il n'y a pas qu'une seule gardienne.
- Oui. Nous sommes quatre. Réuni pour la première fois depuis des siècles. Je possède le pouvoir de la terre et de la nature. C'est pour cela que je suis ici. J'ai un rapport à tout ce que la nature créée. Surnaturel ou pas.
- Où sont les autres ?
- Pas ici. Mais ce n'est pas la question. Il y a urgence. Le monde entier est en danger et je pense qu'il est temps de se préparer à toute sorte de catastrophe.
- Qu'entendez-vous par là ?
- La nature perd son cycle originel. Les saisons se décalent de plus en plus, les animaux ressentent les changements inhabituels dans l'univers entier. Même l'homme le ressent sans s'en rendre compte. Cela affecte leur comportement, leur tension, leur santé, leur agressivité...
- Quel est le rapport avec ce dont nous parlons jusqu'à maintenant ?
- Le rapport de cause à effet n'est pas à écarter, intervient Jenna qui s'avance à côté de moi. Les réactions des humains peuvent empirer avec le temps. Le cristal de la terre est celui qui fait le plus de dégâts si son pouvoir est réveillé. Plus nous le laissons en liberté, plus il est dangereux. Il créé des catastrophe, rend les plantes malade, perturbe l'ordre des choses... Et pire... Les quatre réveillé nous assurent une fin lente et probablement douloureuse.
Plus je la laisse continuer plus je sens mon cœur battre à toute vitesse. Elle semble connaître les effets des cristaux mieux que tout le monde. C'est effrayant.
- J'ai lu quelque part qu'elles seraient capables de réveiller les anciens démons, dit une petite voix au fond de la pièce.
Une jeune fille aux cheveux brun foncé de moins de vingt ans s'avance vers la table derrière Richard qui a l'air de reconnaître cette voix, ce n'est que lorsqu'elle s'avance vers la lumière que je la reconnais également.
- Bon sang Mélanie ! Tu ne devrais pas être là, retourne avec ta mère !
- Je n'ai plus huit ans Papa ! Je suis une sorcière, j'ai le droit d'être au courant de ce qu'il se passe dans cette pièce. Je connais les Gardiennes, je les ai déjà vues.
- Peu importe, cela ne te concerne pas.
- Les Gardiennes doivent se rendre au solstice pour retrouver les clefs qui mènent aux Cristaux. Mais vous ne savez toujours rien à propos de ces mondes, n'est-ce pas ? me demande-t-elle.
Je fais non de la tête.
- Les réponses à certaines questions doivent se trouver dans les livres qu'il y a là bas.
- Et je compte m'y rendre aussi.
- Quoi ?! Depuis quand as-tu décidé cela ? proteste Richard sous les grands yeux des membres du comité.
A présent c'est eux qui doivent se demander ce qu'ils font là.
- Le solstice est un lieu fait pour les enchanteurs et tous ceux qui pratique la magie ! J'y apprendrais tout ce qu'il faut.
Richard ne dit plus rien, il se contente de se frotter le visage alors que je scrute chaque visage figé autour de cette table.
- Je ne comprends pas ! Si ces cristaux sont dans des mondes différent, comment peuvent-elles affecter notre monde ?
- Parce que même si elles se trouvent dans des mondes parallèles leurs effets se ressentent chez nous. Ces mondes ne doivent pas être très solides pour supporter autant de pouvoir.
- Comment expliquez-vous que nous n'avons rien sentit à ce propos ?
- La plus part d'entre vous sont des Loups. Si vous tendez l'oreille sur ce qu'il se passe à l'extérieur vous verrez comme moi que le moment est venu de se préparer. Notre rôle sera de ramener les pierres de ces mondes inconnus afin de contenir leur pouvoir.
- Et que feriez-vous ensuite ? Vous ne comptez pas les garder toute votre vie avec vous ?
Je baisse les yeux. Non, en effet. Aucune de nous n'a réfléchit à ce problème. Le brouhaha recommence, les membres du comité s'agitent sur leur siège. Je regarde de nouveau ma mère qui intervient aussi tôt avant qu'ils ne recommence à beugler.
- Comme ma fille vous l'a dit, elles n'ont pas toutes les réponses. Mais nous devions vous prévenir. Les cristaux sont puissants. S'ils ne sont pas contenus, ils peuvent faire ressurgir des fantômes du passés, des monstres qui peuvent provoquer le chaos sur terre.
A présent chaque visage devient blême. Pas une parole, rien que des soupires, des bruits de gorge... Des regards pleins d'inquiétude. Je hoche la tête avant de finir :
- Bien. Maintenant que vous êtes au courant je vous laisse continuer. Il est temps pour nous de partir, dis-je en m'adressant à mère.
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