C H A P I T R E 1

Vendredi 20 Janvier 2017

New York ; 23h00

PDV Aileen Campbell

La neige tombe à gros flocon, les rues de l'Upper East Side sont pleins de jeunes fêtard, les filles sont pour la majorité habillées en robe à paillette, chaussure et accessoire hors de prix. Certaine sont plus jeunes que d'autre et tente de s'incruster dans les boîtes et les soirées branché à thème. L'hiver est pourtant là, un peu tard, mais elles n'hésitent pas à mettre les jambes à nues. Les garçons, eux ne sont pas mieux et se traîne avec plusieurs filles sous les bras, certains sentent déjà l'alcool.

Cela dit je parle des filles en tenue légère, mais elles au moins portent des manteaux de fourrure ou en laine. Quant à moi, je marche bien tranquillement avec une veste en cuir, un jean et un tee-shirt sans manche. C'est l'avantage lorsque l'on a une température corporelle de cinquante degrés ; on sent à peine le froid, voire pas du tout. Les flocons fondent à la seconde où elles se posent sur mes cheveux, sur mes joues.

Il y a longtemps que je n'ai pas vu de neige, j'ai donc décidé de me promener dans les rues de New York à l'heure où il y a plus d'ambiance et moins de gens pressé par le temps. Au moins les gens rient, se tiennent par la main, boivent, fument, prennent des photos... Vivent sans penser au fait que le monde dans lequel ils sont change de jour en jour. Je les regarde tout en marchant jusqu'à ce que la foule se dissipe et que je tourne sur une rue moins bondé, la voiture n'est pas loin, cependant mon instinct me dit de ne pas partir tout de suite. Sans savoir pourquoi je commence à ralentir.

Je n'entends que le brouhaha de la rue de derrière, les éclats de rires. Mise à part les cris d'euphorie ou de joies et de la musique qui gronde dans les bars, je n'entends rien d'autre. Pourtant je n'arrive pas à m'enlever ce pressentiment, jusqu'à ce que la sonnerie de mon portable retentit, je sursaute avant de le sortir de mon petit sac à main : Derick.

Je pince les lèvres en hésitant à répondre, craignant une autre dispute. Comme celles de tout à l'heure, puis celle d'hier, puis d'il y a cinq jour... Je ne les comptes plus. Qu'est-ce qu'il veut ? Me demander où je suis ? Ou me reprocher pour la énième fois d'aimer le danger plus que lui ? Je ferme les yeux en attendant que la sonnerie s'arrête. Une fois que c'est fait je recommence à marcher quand... Un cri d'homme me fait m'arrêter net. Ce n'était pas un cri d'appel au secourt mais... Il lutte. Je range mon téléphone et trottine vers les bruit ; quelqu'un lui fait du mal. Je traverse une rue tranquille avec des café et des bars encore ouvert, tout le monde est à l'intérieur en train de s'éclater alors qu'à quelque mettre il se passe quelque chose de grave. Je sens que j'approche, mon ouïe me guide jusqu'à une ruelle où j'aperçois deux ombres, l'une couchée contre le mur, l'autre qui pointe une arme sur elle. Sans réfléchir mais avec l'adrénaline qui monte, je réagis sans même m'annoncer et fonce rapidement sur la silhouette armé qui tire au moment où je l'écarte. Je ne regarde pas où la balle part et frappe le visage avec mon coude, le désarme en lui tordant le bras, le frappe encore avec mon poignet dans la gorge, puis dans l'estomac avec ma jambe... Ces suites de mouvement ne le laisse pas réagir, voir ce connard se plaindre de mes coups, à vomir, me fait presque plaisir. Je décide de finir son calvaire en le poussant contre le mur de brique. Il suffoque et tente de respirer, je lui laisse trente secondes au bout duquel il se met à m'insulter mais je ne le laisse pas finir et le prend par la gorge, le soulevant pour mieux voir son visage couvert par une capuche, il a les yeux jaunes, le teint blafard, une odeur d'alcool et... Une autre odeur que je ne reconnais pas mais tout aussi amère.

Le regard menaçant je plante mes yeux oranger brillant dans les siens, ses pupilles sont dilatés, il s'agite en parlant d'une voix étranglé :

- L-lâche moi... salle folle...

Je ne peux m'empêcher de sourire alors que la victime derrière gémis de douleur. Une partie de moi me dit que je dois laisser cette larve et l'aider, mais une autre partie me dit qu'il faut qu'il se souvienne de ce moment. Alors je ne le lâche pas et le fixe, il n'a pas l'air rassuré et tant mieux. Toute mon énergie part de mon ventre pour se déployé dans chaque recoin de mes membres, le feu irradie autour de moi. Je sais que ce que je fais est risqué, peut-être même mal... Mais je ne le comprends que trop tard lorsque mon esprit entre dans le siens pour le faire souffrir et brûler de l'intérieur... Des flash-back me reviennent... Des visions d'il y a quelques mois... De mon réveil... De mon coma... De ce qu'il s'est passé avant... Puis je reviens à moi alors que je remarque à travers la neige qui tombe que la chair de ma victime est à moitié brûlée et que ses yeux s'illuminent. Mon visage se détend, je le lâche aussi tôt, il tombe comme une épave sur le sol neigeux, je recule en le regardant geindre, jusqu'à pleurer, tremblant de douleur. Il ne guérit pas comme d'habitude lorsque je lâche avant, pourquoi ?

- Un démon... Un démon !!! cri-t-il faiblement alors que je reste là sans rien faire.

Il se lève difficilement, glisse même plusieurs fois avant de s'enfuir en titubant comme un zombie. Je ne le regarde pas, je reste immobile quand une autre petite voix derrière me fait immédiatement retourner.

L'homme en tenue de bureau et long manteau de laine tient son épaule en gémissant et grimaçant de douleur. Du sang coule à travers ses doigts mais il est toujours conscient. Je me jette sur lui, il ne semble pas avoir peur de moi, a-t-il vu ce qu'il s'est passé ? Si oui, il doit se dire qu'il a halluciné. J'espère... Autrement je vais en entendre parler...

- Qu-qui êtes-vous ? Demande-t-il.

Il ne montre pas de peur mais sa question veut sûrement dire qu'il a vu quelque chose.

- Je...

Je ne sais pas quoi dire et préfère ôter sa veste pour m'occuper de la blessure. Il retient un cri entre les dents.

- Pardon...

Il perd beaucoup de sang... Le mieux serait de l'emmener à l'hôpital mais par ce temps je doute que les ambulanciers arrivent vite. Que faire ?

- Je vous ai vu... La façon... dont vous vous-êtes battue... C'était rapide.

Je le regarde entre deux gestes, il transpire malgré le froid, la blessure à l'air profonde mais pour être sûre je passe ma main derrière son épaule... Rien...

- La balle est à l'intérieur, constate-t-il.

Cette fois mon visage s'affaisse. Il faut que je l'enlève, mais comment ? Je ne peux pas risquer de montrer mes pouvoirs encore une fois ! Je pourrais l'emmener jusqu'à ma voiture, puis à la maison. Sauf que ce n'est pas chez moi mais chez Derick, je ne peux pas me pointer avec un mec blessé devant lui, il va péter un plomb. L'hôpital pourrait s'en charger mais vu son état je ne sais pas si il va réussir à marcher. Et merde... Au point où j'en suis.

- Je vais vous aider à enlever votre manche pour que j'y vois plus claire.

- Quoi ?

Je commence à enlever son manteau puis à déboutonner sa chemise alors qu'il fait moins neuf degrés.

- Je vais geler !

- Mais non.

Je place mes mains sur ses épaules, inspire et me concentre pour transmettre de la chaleur. Cela semble marcher puisqu'il lève des yeux ahurit sur moi. Il va commencer à paniquer.

- Comment vous faites ?

- Chut.

- Ne me dites pas chut !! Vous êtes quoi ?

- A quoi cela sert de le savoir ? J'essaye de vous guérir.

- N'importe qui chercherait à savoir. Vous avez quasiment cramé ce type !

Merde. Il a bien vu. Je ravale ma salive en clignotant des yeux et tente de le calmer.

- Je vous ai sauvé. Je ne suis pas quelqu'un de méchante, croyez-moi. Ce que j'ai fait n'a servi qu'à lui donner une leçon... Mais je vous promets que je ne suis pas quelqu'un de mauvais, vous devez me faire confiance, dis-je en le regardant dans les yeux.

Il a l'air de se détendre, il hoche la tête.

- Bien, c'est quoi votre nom ?

- Ben.

- Ben. Je vais vous enlever la balle de votre épaule, il va falloir vous détendre.

- Me détendre ? C'est une blague ?

- Non. Je sais que ça va faire mal et c'est pour ça que je vais plaquer ma main sur votre bouche pour vous empêcher de crier.

Il me regarde avec méfiance lorsque j'avance ma main vers son visage mais me laisse faire. C'est parti. Mes yeux vont des siens à sa blessure, j'essaye de ne pas paraître inquiète, stressé ou apeuré, à moins que ce soit ses sentiments à lui... Je lève mon autre main et me sert de ma télékinésie pour sentir la balle et la ramener rapidement vers moi. Il gigote et pousse un cri sous ma paume qui, heureusement ne s'est pas fait entendre. Je pince les lèvres en comprenant sa douleur, des larmes coulent de ses yeux. Je ferme les yeux puis souffle un bon coup avant de le lâcher. Il respire fort, sa saigne encore. Je dois arrêter l'hémorragie, mais avec quoi ? Il me regarde en attendant la suite et semble avoir deviné :

- Vous... Vous trouverez un tee-shirt dan... Dans mon...

Je comprends tout de suite et prend son attaché-case où se trouve un tee-shirt avec le logo d'un club sportif et... Une bouteille d'eau presque vide. Géniale. Je verse un peu d'eau sur le tissus et commence à nettoyer le sang sur son bras.

- C'était mon tee-shirt préféré... marmonne-t-il.

- Les Giants ?

Il sourit légèrement, les yeux fermés.

- Vous en aurez d'autre.

- J'en ai d'autre. Mais pas aussi bien.

C'est à mon tour de sourire.

- Vous allez me dire enfin qui vous êtes ?... Aille !!! Merde ! Vous l'avez fait exprès ?

- Non vous êtes juste douillet.

Je le surprends lever les yeux au ciel. Les flocons sont plus petits et moins nombreux.

- Vous savez... On parle souvent de... De ces jeunes aux supers pouvoirs.

Je continue de nettoyer en faisant semblant de ne rien entendre.

- Comme quoi certain sont méchant et d'autre pas... C'est vrai ?

- Pourquoi vous me dites ça ?

- Ne vous foutez pas de moi. On parle de vous dans les journaux, à la télé... Vous allez me faire croire que le dragon à Atlantic City c'était un montage pour faire le buzz ?

Je m'arrête brusquement, ma boule au ventre me revient, puis à la gorge. Je me retiens de respirer pendant quelques secondes.

- J'ai raison, vous en êtes une.

- Qu'est-ce que ça peut bien faire ? Je vous fais un garrot, je vous emmène à l'hôpital et une fois que ça sera fini je rentrerais chez moi, vous rentrerez chez vous et vous n'oublierez pas de passer par les grandes rues bondées lorsque vous rentrerez du travail et tout le monde sera content.

- Je ne crois pas que le connard qui m'a agressé le soit, lui. Si vous voulez passer inaperçue c'est mal barré.

- Je m'en contre fiche. Il était bourré et même drogué si ça se trouve, il pourra croire qu'il a halluciné et quand il ira le raconter personne ne le croira. Voilà comment ça va se finir.

- Et moi ? Je ne suis ni bourré ni drogué.

- Quoi ? Vous voulez me dire que vous allez balancer cette histoire ?

- Ça peut vous faire de la pub !

- Vous avez l'air de bonne humeur pour quelqu'un qui vient de se faire tirer dessus, dis-je avant de lui serrer le nœud autour de l'épaule, il hurle.

- La délicatesse vous connaissez ?

- Arrêtez de râler vous irez bien, la balle ne vous a pas traverser ni perforez d'organe vitale.

Je l'aide à se lever et à remettre son manteau.

- Comment ça se fait que personne ne soit venu ? Remarque-t-il.

- Il n'y avait quasiment personne quand je suis arrivée, tout le monde était à l'intérieur avec la musique à fond.

- Et vous voulez qu'on sorte d'ici comme si rien ne s'était passé ? Mon manteau et mes mains sont pleins de sang, les votre aussi !

- Il est presque minuit, on est Vendredi, personne ne fait attention aux mains ni aux fringues des gens... Ma voiture n'est pas loin, nous avons juste à traverser la rue. Vous arriverez à marcher ?

Il acquiesce et nous finissons par sortir de notre cachette afin de se diriger rapidement vers la petite Fiat 500 rouge foncé qui nous attend à quelque pas. Des gens passe leur chemin sans vraiment prêter attention à la pâleur du blesser qui m'accompagne.

- Essayons de paraître normal.

- Vous portez une veste en cuir et des talons de dix centimètre par un temps de neige et de verglas, c'est déjà bizarre.

- Pas tant que ça si on me connaît bien, dis-je en le traînant vers ma voiture quand mon téléphone se remet à sonner.

Encore Derick, il y a déjà deux appels manqués, je me mors la lèvre en pensant à ce qu'il va m'infliger à mon retour.

- Vous ne répondez pas ?

Je sers mon téléphone dans la main et sur un coup de tête je décroche. Qu'est-ce qui m'a pris ?

- ... Allô ? Réponds-je d'une petite voix, comme une gamine qui aurait fait une bêtise.

- Bon sang qu'est-ce que tu fous ??

Ça commence bien...

- Rien, je me promenais... Je ne vais pas tarder, excuse-moi.

Je l'entends soupirer avant de raccrocher. Non mais je rêve ! Il faut qu'il arrête ce cinéma je suis capable de faire ma vie toute seule bordel !!

- C'était votre père ? Demande-t-il naïvement.

Je ne réponds pas et préfère ignorer sa question avant d'ouvrir la porte et de l'aider à monter dans la voiture avant de m'installer côté conducteur.

- Je vous accompagnerez jusqu'aux urgences, ensuite je rentre, ça ira ? Demandé-je clairement en démarrant la voiture.

- Oui... Merci.

- Pas de quoi.

Il y a un silence pendant lequel je pressens la nuit de merde qui m'attend tout à l'heure. A moins que j'arrive à faire taire mon copain et jouer la carte de « l'amour passionnelle et agressif » en lui faisant l'amour cette nuit. Mais je refuse d'y penser en conduisant, je secoue la tête gêné par ces pensées érotique en serrant les mains sur le volant et en me concentrant sur la route.

- Je ne vous ai pas demandé votre prénom.

- Pourquoi ? Vous n'aurez qu'à l'inventer quand vous le raconterez à vos potes.

- Je ne plaisante plus maintenant. Excusez-moi d'avoir été embêtant mais... Ce n'est pas tous les jours qu'on rencontre un super héros.

Je ne peux retenir un gloussement.

- Un Super Héro ? Sérieux ?

- Vous m'avez sauvé. Peu importe ce qu'on dit à la télévision vous faites partit des bons.

Voyant que je réagis à peine il continue :

- Je ne suis pas quelqu'un de très occupé, j'ai une vie banale, une routine. Le matin je me lève, je bois mon expresso double latté, je prends les transports et je vais au travail. Mes... Mes « potes », comme vous dites, sont ceux qui me demande des faveurs ou de l'aide quand ils en ont besoin parce que je ne me débrouille pas si mal que ça dans mon travail, mais... Par contre ils ne prendraient pas cinq minutes sur leur temps de pause déjeuné pour rester discuter avec moi ou même m'inviter à leur partie de Bière Ping-Pong.

Je ne dis rien mais écoute, il doit être sincère pour me déballer sa vie.

- Aujourd'hui la promotion aurait dû me revenir mais c'est un collègue qui l'a eu et qui n'a pas été là une bonne partie de l'année, c'est moi qui ai fait le boulot à sa place, comme un idiot. Et là je rentre et on me tire dessus parce que, pour une fois, j'ai su dire « non » à quelqu'un.

D'accord, là ça devient vraiment triste.

- Tout ça pour dire... Vous avez sauvé ma journée, Mademoiselle. Vous m'avez donné de l'espoir alors que je pensais que l'univers se foutait de ma gueule. Pour ça vous êtes mon héroïne, et j'estime avoir le droit de connaître votre nom.

Je soupire, tout ce déballage émotionnel m'a sonné. Ce qu'il me dit est certes très touchant, mais je ne peux m'empêcher de ne pas y croire. Je n'y peux rien. Je suis comme ça maintenant.

- Je m'appelle Aileen Campbell. Et je ne suis pas une héroïne... J'ai des responsabilités, c'est tout.

- C'est ce que disait Oncle Ben à Peter Parker, dit-il avec amusement, je lève un sourcil. « Un pouvoir implique de grande responsabilité ».

Encore une fois je ne dis rien jusqu'à ce qu'on arrive à l'hôpital, je m'arrête rapidement devant les urgences puis coupe le moteur avant de me tourner vers lui :

- Écoutez... Ben. Je comprends tout ce que vous me dites, je vous en remercie... Mais autant vous le dire tout de suite, ce monde-là... Mon monde, n'est pas un film. Ce n'est pas tiré d'un Marvel et je ne suis pas une X-Men ou une femme araignée. J'ai reçus mes dons de mes ancêtres, de mes parents, de mon arrière-grand-père. C'est un héritage. Le monde dans lequel on vit maintenant est en train de changer. Maintenant que nos identités sont révélées de plus en plus de gens comme moi apparaîtront et comme vous l'avez dit, il y a des bonnes et des mauvaises personnes... Je fais partis des bonnes, comme beaucoup d'autre, mais arrivera un jour ou les mauvaise referont surface et où vous serez tous en danger. Seulement je ne peux pas vous garantir un « happy end » car, je vous le répète, nous ne sommes pas dans les comics.

- Mais vous serez là ? Le jour où cela arrivera, vous serez là pour nous venir en aide ? Demande-t-il avant d'avaler sa salive, comme pour se rassurer.

Ne pouvant pas le promettre tout haut, je le regarde dans les yeux en tentant d'être la plus convaincante possible, puis secoue la tête avec un sourire plus ou moins sincère. J'aurais pu faire mieux, mais ce soir n'était pas le bon soir. Au moins il s'est détendu.

- Allons-y, dis-je en ouvrant la porte.

~

C'est l'heure de rentrer. J'ai pu échapper au médecin qui se posait des questions comme : « pourquoi n'ai-je pas appelé la police ». Pourquoi faire ? Ils auraient relâché l'agresseur. Au moins grâce à moi il se souviendra de son erreur. J'ai pu m'éclipser en vitesse comme une voleuse, en revanche je ne sais pas comment éviter le visage fermé et la mauvaise humeur de mon copain. Pour commencer il faut déjà que je me décide à franchir la porte de l'appartement, ce serait un bon début. Mais je n'ai rien à faire car c'est la porte qui s'ouvre sur lui. Nous nous regardons dans les yeux sans mal, il semble soulager de me voir en un seul morceau et fait tout pour que ça ne se voit pas car il est toujours contrarié. Ses yeux me dévisagent, j'ai pris soin de mettre mes mains en sang dans les poches de ma veste mais il ne va pas tarder à sentir l'odeur.

- Tu étais où ?

- Je te l'ai dit, je me promenais.

Je franchis le seuil de la porte pour me précipiter dans la salle de bain de la chambre. Lui s'empresse de fermer la porte et de me suivre.

- Pourquoi tu ne me dis plus rien ? Chaque fois qu'on se parle tu fuis !

Je rentre a grand pas dans la chambre, la traverse dans dire un mot en priant pour qu'il ne sente pas l'odeur avant que j'ai eu le temps de tout nettoyer. Une fois dans la salle de bain je claque la porte et me débarrasse de ma veste, de mon tee-shirt, de mes chaussures et de mon jean en les jetant par terre pendant que je lui parle à travers la porte.

- On ne se parle pas, on ne fait que crier et tu me reproches sans cesse des choses ! articulé-je en ouvrant l'eau du robinet. 

- Je te reproche d'être imprudente ! Les dernières fois que tu as voulu jouer les héro tu t'es mise en danger ! Toi et les autres autours !

Encore ce mot...

- Je ne suis pas un héros, marmonné-je en m'appuyant sur le lavabo.

Il y a un silence. Mon reflet dans le miroir me montre une Aileen dur, à la fois débordante d'énergie et fatigué.

- Qu'est-ce que tu as fait ce soir ? soupire-t-il. Ne me ment pas je sens l'odeur.

Et merde...

- Un gars s'est fait tirer dessus, je l'ai soigné.

- Et ? Tu vas me faire croire que tu as laissé le tireur partir tranquillement ?

C'est à mon tour de soupirer, je me nettoie et frotte mes mains pleine de sang, j'insiste et frotte tellement rapidement que je sens ma peau s'irriter. Ca me distrait, une fois finis je me passe de l'eau sur la figure quand mon tatouage au poignet droit attire mon attention, il me rappelle à quel point j'ai changé. A quel point on a tous changé depuis quelque mois. Je ne suis plus la même fille que quand j'étais la simple Aileen Creeg de Washington. Ni celle qui est arrivé sur l'île d'Elgia, toute craintive à l'idée d'avoir des pouvoirs surnaturels presque incontrôlable. Faut que j'arrête de me cacher. Après tout ce que j'ai vécu jusqu'ici je dois savoir que je ne suis plus seul maintenant et je dois m'efforcer à ne pas garder les choses pour moi. 

Je coupe l'eau et va ouvrir la porte pour lui parler en face alors que je suis en sous-vêtement, le visage humide. Plusieurs émotions circule en moi et le voir là, sans comprendre ce qui se passe, même pas un peu gêné par la vision de moi à moitié nue, ses cheveux brun en désordre et sa bouche entre ouverte, le regard soucieux, me donne envie de le prendre dans mes bras et d'enfouir ma tête dans le creux de son coup. Lui aussi à changer physiquement, il est plus fort, ses pulsions de Lycanthrope se sont atténuées, il les contrôle bien. En me proposant d'emménager avec lui il a voulu me protéger, veiller sur moi. Les semaines après mon réveil n'ont pas été dures que pour moi, mais pour tout le monde.

Et le voir là devant moi, toujours aussi beau, aussi attentionné, mais surtout là, près de moi. Je me sens égoïste. Alors je me précipite vers lui sans qu'il ne me voit arriver et l'embrasse en pressant ma bouche sur la sienne, passe mes mains dans ses cheveux et me serre contre lui qui n'a pas l'air de comprendre ce qu'il se passe. Il me force à me détacher en prenant mes bras et me regarder dans les yeux, le regard plus inquiet. Il sent tellement bon...

- Arrête de détourner mon attention comme ça, souffle-t-il.

- Je n'ai pas envie de parler ce soir, dis-je en réessayant de l'embrasser.

Il m'en empêche en serrant mes poignets, il a de la force... Presque autant que moi, pourtant je n'insiste pas car je ne veux plus utiliser ma force contre lui, comme j'ai pu le faire à l'hôpital il y a quelque temps. Je suis néanmoins frustrée et agacée.

- Pourquoi est-ce que tu t'obstine à vouloir que je déballe tout ? Tu sais bien que ça n'avancera à rien.

- Je ne veux pas que tu enfouie toute tes émotions comme tu as l'habitude de le faire.

- C'est ce que je fais là ?

Il me scrute en voulant essayer de me faire comprendre quelque chose.

- J'ai besoin de me rendre utile Derick. Je n'aime pas le danger plus que toi, j'ai juste... J'ai envie de sauver des gens et de me sentir vivante, c'est tout ! J'ai trop longtemps été une épave, une dépressive, une bombe à retardement...

- Mais en faisant ça tu as blessé des gens et toi aussi !

- Ils étaient mauvais !! crié-je en m'écartant de lui.

- Les flics s'en foutent de ça Aileen ! Aujourd'hui tous les surnaturels sont à découvert et tout le monde les cherchent : les journalistes, les hommes politiques, l'armé... Tout le monde ! Les gens ont peur et les médias leur font croire ce qu'ils veulent pour les retourner contre nous et si on ne se montre pas plus discret c'est toi, moi et notre entourage qui sera visé ! On sera des monstres de foire pour beaucoup de gens et pour finir on nous pourchassera !

- Tu deviens parano ! Ils ne sont pas tous naïfs et facile à manipuler.

- Mais il y en a quand même qui ne comprennent pas et dont leur seule défense est d'attaquer l'autre ! Les gens normaux ont peur de la différence, ça peut aussi bien les effrayer que les rendre jaloux ou haineux.

- Je le sais. Et c'est pour ça que je préfère leur montrer nos bons côtés plutôt que de ne rien faire et laissé les choses empirer. Parce que ça va empirer... Et à ce moment-là ce n'est pas l'armé ou l'Etat qui va venir à leur secours, mais nous. Et ça tu vois c'est ce qui me préoccupe aujourd'hui. Je me fiche de me mettre en danger, j'ai des responsabilités.

Mon ton redevient plus posé, le calme revient et je le vois encore baisser la tête. Cet échange a dû l'épuiser mais il affiche quand même un sourire.

- Tu n'es plus la même personne.

- Et ça te déçois ?

Il me regarde plus longuement, les yeux parcourant mon corps de haut en bas. Il redevient soucieux et malicieux à la fois, enfin.

- Non. Ça me surprend. J'ai plus besoin de veiller sur toi j'ai l'impression. Plus autant que je le pensais. 

Quoi ? Il plaisante ? Je m'avance vers lui et le force à me regarder en prenant son visage dans ses mains.

- Je n'ai peut-être plus peur mais ça ne veut pas dire que je n'ai plus besoin de toi. J'aurais toujours besoin de toi. 

Il ne dit rien mais son regard parle à sa place. Le désir, la fougue et la passion revient dans ses yeux. 

- Ne t'arrête jamais de t'inquiéter pour moi. 

Je dépose un léger baiser sur le coin de ses lèvres, puis un autre de l'autre côté. Il doit s'avouer vaincu puisqu'il se laisse faire, je me mets sur la pointe des pieds pour embrasser son front avant de le regarder à nouveau. Il a pris une tête de plus que moi, ce qui ne me déplaît pas, ça le rend plus sexy.

J'essaye de l'embrasser à nouveau mais il a un geste de recule.

- Tu me défie ?

- Arrête de me distraire. Je suis encore fâché contre toi.

- Derick... soupiré-je. Je suis en sous-vêtement et je n'ai qu'une envie c'est que tu poses tes mains sur moi, que tu m'embrasse et que tu me touches.

Mon visage s'approche du siens alors qu'il ferme les yeux. Ses mains son toujours le long de son corps, et c'est une torture d'être confronter à une statue alors que je brûle d'impatience. J'insiste en le suppliant du regard. J'ai envie de lui.

- S'il te plaît.

Ses yeux plongent dans les miens alors que je glissent mes mains sous son tee-shirt en mordant ma lèvre inférieure. Je le vois dans ses yeux qu'il en a envie aussi, alors je refais une tentative, cette fois il ne me repousse pas. Ses bras m'entourent et la sensation de ses mains qui parcourt l'ensemble du haut de mon corps me fait frémir. Enfin. Nos langues jouent, nos respirations se mêlent et s'accélère alors qu'il plaque ses mains sur les fesses pour me serrer contre lui. Je m'empresse de retirer son tee-shirt et lui mon soutient gorge avant de le pousser sur le lit et de m'asseoir sur lui, ondulant mes hanches en enlevant son jean et son boxer. J'ai envie de lui et de le sentir en moi. De m'oublier et d'oublier ce monde de fou.

Et ça toute la nuit.

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