C H A P I T R E 9

https://youtu.be/AMvIfxRrY0k


J'ai trop chaud. Beaucoup trop chaud, impossible de bouger, comme emprisonnée, étouffée. J'arrive à peine à respirer, à ouvrir les yeux. Puis je comprends que je ne suis ni réveillée, ni endormis...

Du feu. Des cris. Une grotte. Des voix. Des flash.

Tout devient plus clair, ma vision dérive sur le souvenir de la simulation. La fin, surtout : je me revois debout, les yeux noir charbon et la peau cendrée. J'ai beau assister à la scène, je ressens encore cette puissance grandir dans mon ventre, mes muscles se contractent. Puis le visage de ce vieille homme fou et hargneux qui ne cesse de me répéter : "Fais ton choix Aileen !".

Tout va vite, je me revois encore arracher la pierre de résurrection de sa cage thoracique, celle-ci venant vers moi jusqu'à ce que je la touche et que toute cette énergie solaire en moi explose en désintégrant tout ce qu'il y a autour...

Puis ses paroles me reviennent en même temps que le visage ridé et diabolique de ce vieil homme, d'autre images défilent : "La pierre, ou tes parents. Choisis bien, Aileen. La pierre ou tes parents... La pierre... Ou tes parents..."

Des paroles répétées qui résonnent de plus en plus fort dans ma tête comme une prière. Une chaleur insupportable, du feu et des cris.

Mes yeux s'ouvrent tout d'un coup, avec l'absence de lumière je mets du temps à me rendre compte que je suis dans ma chambre, allongée sur le côté face à mon mirroir où je vois mon reflet me regarder. Je ne le quitte pas des yeux quand il se met à parler d'une voix grave et chaude :

- Il ne reste que deux mois Aileen. Tu ne le retrouvera pas sans moi. Tu devra me laisser faire.

Paniqué et paralysé par la peur, la chair de poule m'envahit, puis le vertige.

Encore une fois, mes yeux s'ouvrent en grand mais cette fois face au plafond de ma chambre. Je viens de faire cauchemars sur cauchemars, ma respiration est irrégulière, saccadée. Il y a toujours très peu de lumière. Puis le silence s'interrompt par le bruit d'une autre respiration, celle de Derick qui dort profondément sur le ventre, la tête enfouis dans l'oreiller et son bras encerclant mes hanches. Je prends le temps de le regarder dormir, il a l'air tellement bien et serein que je l'envie d'avoir un aussi bon sommeil...

Quand je tourne ma tête vers la fenêtre, mes yeux retombent sur le mirroir brisé et couché au sol ainsi que des tiroirs et des portes de placard ouverts. Le bas des rideaux est brûlé et la moquette également à certains endroits. Un sourire se dessine sur mes lèvres quand je repense à la veille. Même si on a pas couché ensemble c'était parfais, j'ai réussis à tout oublier jusqu'ici. Mon cauchemars commence à m'angoisser. Pour commencer la journée il n'y a rien de mieux ! Surtout que je dois me rendre à Washington aujourd'hui pour voir mon grand-père à l'hôpital, que mes professeurs débarquent de je ne sais où pour me redonner des cours.

Alors non. Il est hors de question que je me traîne toute ces angoisses en travers de la gorge pour qu'elles me bouffent mon énergie. Je m'occuperais de mes visions plus tard. 

Je m'empare de mon téléphone qui est tombé par terre et regarde l'heure : cinq heure et demis du matin. Je lève les sourcils, surprise de voir que j'ai dormis aussi longtemps. C'est une première depuis longtemps, j'en ai oublié à quel point cela peut être agréable.

Je commence à vouloir bouger en faisant attention à ne pas réveiller Derick. Je lui prends délicatement le bras pour le relever afin que je sorte du lit et que je me faufile dans la salle de bain pour me laver rapidement.

Une fois fini je sors, il est endormis sous les draps blanc. Je ne résiste pas à l'envie de le rejoindre alors j'enfile un tee-shirt et pantalons de survêtement avant de grimper sur le lit pour le rejoindre et lui déposer un léger baiser sur le front puis ses pommettes. J'observe son visage se plissé au contact de ma bouche suivit d'un petit gémissement qui sort de sa gorge. Je ricane et commence à caresser les muscles de son dos avec mon indexe quand il gesticule avant d'ouvrir ses petits yeux fatigués pour me regarder. Je dois avoir le sourire niais d'une gamine collé sur mon visage. 

- Tu te moque ?

- Nan, c'est mignon.

Il se frotte le visage contre l'oreiller avant de se tourner vers moi. On ne se dit rien pendant un petit moment jusqu'à ce qu'il passe son pouce sur mes lèvres en fronçant les sourcils.

- Tu as les lèvres gercées.

Je clignote des yeux en passant l'indexe et le majeurs sur mes lèvres. En effet, il y a même un léger goût de sang.

- Tu es anxieuse à ce point ? dit-il en gardant son regard adorable et compréhensif.

Je baisse les yeux en lui prenant la main encore sur mon menton. Je n'ai pas encore dit un mot qu'il s'empresse d'ajouter :

- Si c'est à cause de l'hôpital je te l'ai dit, tu n'ira pas toute seule, me rassure-t-il.

J'ai presque oublié cette histoire d'hôpital... 

- Ce n'est pas qu'à cause de ça. J'ai fais un mauvais rêve cette nuit.

Je lève les yeux sur mon copain quand il fait la moue.

- A propos de la pierre ?

- Comment tu le sais ?

- Mark m'en a parlé. C'est la dernière chose qui a du te marquer hier, c'est pour ça que tu en a rêvé.

Il joue avec mes doigts alors que mon sourire s'élargie lorsque je le regarde en me rapprochant de son visage.

- La dernière chose qui m'a marqué c'est ce qu'on a fait hier soir.

Je lui taquine l'oreille en souriant de toute mes dents. Il retient un rire en se penchant pour m'embrasser avant de me pousser sur le lit pour se mettre au dessus de moi.

- Si c'était le cas tu n'en ferais pas un cauchemars, dit-il en frottant son nez sur mon front.

- Hm... C'est vrai.

Je fais la moue puis il m'embrasse le front, le bout de mon nez, ma bouche avec de petit bisous qui se prolongent. Je passe mes bras autour de son coup, il se colle à moi avant de murmurer contre mes lèvres :

- T'essaye de me faire changer de sujet là ?

- Hmm...

- Tu m'auras pas comme ça.

- Hmm...

- D'accord.

Il sourit avant de balader ses lèvres le long de mon coup jusqu'à ma clavicule. J'inspire en savourant se contact qui me fait aussi tôt oublier mes soucis. Lorsqu'il arrive jusqu'à ma poitrine il dégage ma bretelle droite mais le plaisir de sa respiration sur ma peau s'arrête tout d'un coup.

- C'est quoi ce truc ?

Sa voix prend une teinte plus grave et sérieuse, quand je le vois se redresser son visage reflète l'inquiétude. Ne comprenant pas je l'interroge du regard en m'asseyant.

- Tu as quelque chose sur le côté droit de ta poitrine...

Je fronce les sourcils en me regardant quand je vois un large point bleu qui vire au rouge. Il est petit, il y a comme des vaisseaux presque noir qui partent sur les côtés. On aurait dit un hématome. Je l'effleure en appréhendant une douleur que je ne ressens finalement pas. Je n'y ai même pas fait attention dans la douche !

- Tu m'explique ? réagit Derick sèchement en faisant les gros yeux.

Je secoue la tête de gauche à droite en relevant ma bretelle, le visage déformé par l'incompréhension et la peur.

- J-je sais pas ce que sait...

- Tu viens de me dire que tu as fait un cauchemars. Raconte moi.

Il serre la mâchoire, perplexe. Il doit s'inquiéter. Je soupire puis me lance dans le récit sans qu'il ne me coupe, sans même sourciller. Sur la fin, je me tortille les doigts en attendant qu'il me parle.

- Comment ça "il te reste deux mois" ?

- Tu te souviens du journal d'Isobel ? Le jour où elle doit mourir ?

Un silence s'en suit et ses yeux se baisse. Puis ses sourcils se froncent lorsqu'il vient de comprendre.

- Oh...

Il passe sa main dans ses cheveux en soupirant.

- Et donc tu n'as aucune idée du lien qui peut y avoir entre ce Oscar et la pierre ?

Je secoue la tête en réfléchissant.

- Je crois que c'est une sorte de devinette, supposé-je. J'ai besoin de me faire un schéma, de rassembler toute les pièces du puzzle.

Il acquiesce en me regardant, pensif. Il ne sourit pas et se lève pour se diriger vers la salle de bain.

- Avant de partir tu montrera ton hématome à un scientifique ou n'importe qui ici.

Il est tendu, son sourire enjoué qu'il a eu au réveil n'est plus là.

- T'inquiète pas pour ça Derick c'est rien...

- Rien ?!

Il revient aussi tôt dans la chambre en levant le ton tout en me regardant droit dans les yeux.

- Tu te fiches de moi ?! Tu as carrément un hématome au niveau du cœur, un fou furieux veut s'en prendre à toi après avoir massacrer tes parents et tu risque de mourir brûlée !! Ce n'est pas rien. Tu es en danger et personne ici n'est foutu de voir ce qu'il se passe ou de trouver une solution !!! Et toi tu prends tout ça à la légère !

Je le regarde à mon tour dans les yeux, la bouche ouverte. Comment peut-il dire que je prends tout à la légère ?

- C'est complètement faux ! J'ai craqué pleins de fois après ce qu'il s'est passée et ce qui t'arrive aussi me préoccupe, je te le rappelle. Si je n'arrête pas de pleurer, si je panique ou si je baisse les bras chaque fois que quelque chose se passe ça ne va pas m'aider au contraire. Je risque de ne plus être moi même, j'ai constamment de la colère au fond de moi !Je m'efforce juste de la contenir. Alors je t'interdis de dire que je ne fais rien où que je fais comme si de rien n'était.

Il serre les dents en secouant la tête tandis que je me lève à mon tour pour me poster devant lui.

- J'aime que tu t'inquiète pour moi mais je n'accepte pas que tu me cris dessus en pensant que tout cela m'est égale. C'est clair ?

Il me regarde sans sourire mais je peux quand même voir de la tendresse dans ses yeux et rien que ça, ça me fait du bien. Il m'entraîne dans ses bras en me serrant contre lui, humant l'odeur de mon coup tandis que mon visage est collé contre son torse chaud et nue.

J'avais besoin de lui autant qu'il a besoin de moi et des moments comme celui d'hier soir ou de maintenant son indispensable. Toujours le visage encré dans mon coup, il murmure :

- Excuse moi.

Je reste un moment comme ça, je ne veux pas me dégager de ses bras mais il interrompt lui même l'étreinte.

- Tu as déjà pris ta douche ? me demande-t-il en plissant les yeux avec un sourire en coin.

Je m'esclaffe.

- Aller file ! ricané-je en lui donnant une petite tape sur son bras.

~

Toute la journée j'ai essayé de cacher mon hématome sous mon tee-shirt. J'ai fais exprès d'en prendre un pas trop décolleté en mettant ma veste noir par dessus, jusqu'ici personne ne l'a vu et encore moins posé de question.

Cette découverte de ce matin me préoccupe. Isobel n'a pourtant pas fait allusion à ce symptôme dans son journal. Ou alors je ne m'en souviens plus, ou je n'ai peut-être tout simplement pas lu ce passage. Quoi qu'il en soit je ne veux pas attiser les regards ou les conversations des plus grand commères ; Je décide donc de ne pas divulguer ce détail, ni inquiéter Mark ou qui que ce soit d'autre, surtout que mes professeurs viennent aujourd'hui. Nous les attendons d'ailleurs dans le restaurant alors que la plus part des agents ont fini leur repas. Mark, Derick et moi sommes restés pour discuter de l'organisation de l'enterrement, l'agent Men In Black a prit soin de noter les invités principaux, d'appeler le service funéraire ainsi qu'un prêtre pour la cérémonie d'extérieur. Il n'y aura pas d'église. Mes parents n'étant pas croyant, de ce fait je préfère faire les choses simplement, ne pas m'éterniser. Ce sera une cérémonie simple mais avec quelques mots du prêtre et des gens qui auront prévu un discours.

Pour ma part, je n'ai aucune idée de ce que je vais pouvoir dire, ni l'explication que je vais devois fournir à mes proches concernant mon absence. Derick sera la tout du long avec moi et Chris aussi, ce qui n'a pas l'air de plaire à mon copain. Mais Mark a insisté et il y aura même des agents planqués un peu partout pour assurer la sécurité en cas de manifestation surnaturel non désiré, ce que je trouve un poile exagéré en vue des circonstances. Mais puisqu'il insiste et que je ne veux pas me bagarrer, je ne dis rien.

- J'ai une question ! interviens-je

Mark lève les yeux de la paperasse.

- Est-il possible de prévenir mes amies ?

- Je les ai ajouté à la liste.

- Non... Enfin...Oui mais... Je veux dire celles que j'ai connus sur l'Île.

- Oh...

Sa réponse reste en suspends alors qu'il nous regarde à tour de rôle.

- Et bien... Je comprends que tu ai envie de les voir mais...

- Mais ?

Il gesticule sur sa chaise en posant les bras sur la table, les yeux baissés. Il ne sait pas comment dire quelque chose qui pourrait m'agacer, il a peur de se faire engueuler. Lorsque je regarde Derick, il semble lui aussi vouloir comprendre autant que moi.

- Dit moi ! insisté-je.

- Nous pensons qu'il serait préférable que tu les vois après ta remise en forme.

Je mets un temps à comprendre. Ma remise en forme ? Il plaisante ? Pourquoi devrait-il m'interdire une chose qui pourrait très certainement m'aider à aller mieux ?

- Mais c'est quoi encore ces conneries ?!

- Ton langage jeune fille !

J'ouvre la bouche en levant les mains, exaspéré, ne sachant quoi dire face à de tels absurdités.

- C'est toi qui a décidé ça, hein ?

- Non, c'est moi et mon supérieur ! Si trop de monde commence à roder autour de toi alors que tu es encore en pleine crise de bipolarité ça va mal finir.

- Mais c'est complètement idiot ! Je ne leur ferais jamais de mal et puis elles sont capable de se défendre ! Regarde Derick, il ne sait rien passé ! Enfin si, mais ce n'était pas de ma faute en tout cas.

Je regarde Derick du coin de l'œil, il lève un sourcils.

- Non, je regrette Aileen tu es encore trop fragile. Et puis Derick ce n'est pas pareil il est dans le même cas que toi. C'est moins risqué.

L'intéressé ricane avant d'ironiser :

- Oui, c'est sur, on est deux bipolaire dans le même cas. C'est pas comme si on pouvait s'entre-tuer.

- Tu ne devrais pas aller prendre tes médocs toi ?

- Bon ca suffit !

Je lève les mains en regardant les deux gamins assis à ma table. Je soupire en croisant les bras sur ma poitrine. Je n'aime pas être surprotégé, de voir qu'on m'écarte des gens que j'aime m'énerve au plus au point. Surtout que depuis que je n'ai plus mes parents, j'ai encore plus besoin de toute l'affection que mes amis peuvent me donner.

Me voyant bouder, Mark se penche vers moi.

- Hey ! Je te promets que tu pourra les voir. Mais pas avant d'avoir repris les entrainements.

- Et ça veut dire combien de temps ?

Je réponds sèchement.

- Le temps que cela prendra. Trois semaines, peut être un mois.

Je retiens ma respiration puis cette angoisse qui me monte à la gorge, qui prend tout l'espace dans mon estomac. Je me contente de crier intérieurement : c'est trop long !

Je sens Derick m'observer du coin de l'œil alors que je reste les bras croisés, adossé à la chaise sans dire un mot. Le silence et les bruits de feuille volante prennent la place de cette discussion, jusqu'à ce qu'un bruit de porte et de pas détournent mon attention. Nous tournons tout les trois la tête sur la porte de sortit quand trois silhouettes arrivent derrière avant que celle-ci ne s'ouvre pour laisser entrer Gail, Ella et Killian.

Aussi tôt mon humeur passe de la contrariété à la joie de voir enfin des visages familiers. Je me lève d'un bon, accours dans les bras de Gail qui a l'air surprise de ce geste mais tout de même contente. Elle me serre dans ses bras puis je passais à Ella et m'arrête sur Killian qui lève les mains et en fronçant le nez.

- Je me passerais de ce trop pleins d'affection, ma grande.

Coupée dans mon élan je fais la moue en penchant la tête et en souriant. Je suis plus que contente de les voir.

Derick et Mark arrivent pour les saluer, celui-ci serre la main à tout le monde :

- Bonjour, enchanté.

- C'est donc vous qui avez fait appel à nous ?

La voix chantante de Gail m'a manquée.

- Oui. Je m'occupe d'Aileen depuis que...

La suite de sa phrase reste en suspend, un malaise s'installe quand certains baissent la tête. Je rompt le silence en ajoutant :

- Oui, enfin je me gère aussi bien sans lui ! Ne vous en faite pas.

Il y a de petit rire jaune, le malaise était encore là, ça n'ira pas en s'arrangeant puisque qu'après s'être placé autour des tables pour discuter, me revoilà encore dans l'obligation de tout raconter une nouvelle fois.

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