C H A P I T R E 5

https://youtu.be/-uJ61jgFCMM

Musique d'Ambiance : "Fade Into You - Mazzy Star" 

"Aileen, je ne sais pas où tu es, ni ce que tu fais en ce moment, où même comment tu vas. Nous sommes tous au courant pour tes parents... Mon dieu j'ai du mal à y croire... Je n'ose même pas imaginer ce que tu dois ressentir. As-tu des nouvelle de ton grand-père ? Y aura-t-il des funérailles ? Je comprends si tu ne veux voir personne. Mais sache que nous serons là pour toi. Ryan et Janis ce remettent doucement de leurs blessures de l'accident, mais toi ? Comment est-ce que tu t'en est sortit ? J'ai tellement de chose à te dire et à te demander que le faire au téléphone serait trop compliqué... Je t'embrasse fort chaton."

Je relis le message de mon amie Grace, plus je parcours les lignes, plus je me culpabilise de les laisser dans l'ignorance. Si je leur avoue tout, comprendraient-ils ? Ou vais-je les mettre en danger ? Et puis comment a-t-elle su pour mes parents ? Je croyais que le CSM ne tenait pas à ce que ce soit rendu public ? Ils n'ont quand même pas parler d'un massacre créé par un surnaturel ? Non, Grace me l'aurait dit si cela avait été divulgué.

Mes pouces flottent au dessus de l'écran ; j'hésite à lui répondre. J'ai beaucoup trop de chose dans la tête et tout se mélange : Derick est un Loup Garou qui semble différent de la norme, qui n'arrive pas à contrôler ses transformations et qui vient de m'avouer qu'il est amoureux de moi. J'ai de plus en plus de mal à rester dans l'ombre de l'histoire de mes parents, je pense toujours à organiser un enterrement. Je n'ai pas eu l'occasion de leur dire au revoir, pas comme je l'aurai voulu, c'est l'occasion.

Je relis encore le message alors que je suis assise par terre dans le couloir du mini hôpital du CSM. Derrière la porte d'à côté, l'infirmière effectue plusieurs examens sur Derick, Mark et son père sont resté avec lui, ce qui me fait penser que je ne connais toujours pas le prénom de se dernier. Je verrouille mon téléphone avant de souffler un bon coup. J'ai l'impression d'avoir retenue ma respiration depuis que j'ai découvert ce message.

Je tapote le haut de mon téléphone sous mon menton en réfléchissant à tout ça : ne pas répondre et rien dire, ou les appelés et me confier. Me confier ? Mais sur quoi Aileen ?! Ils ne savent pas ce que tu es et ce que tu peux ressentir ! Je ne dois rien leur dire sur mes pouvoirs, sur ce monde là, il faut une autre excuse !

Quant à mon grand-père, je ne sais vraiment pas comment lui dire. Il doit être dévasté et compte tenue de son vieil âge, je m'inquiète encore plus pour lui. Je dois faire un enterrement, ce n'est pas discutable. Je devrais parlé de tout ça à Mark, peut être qu'il va me refaire son sermons mais je m'en fiche.

- Aileen ?

La peine tente de s'immiscer dans mon cœur mais je décide de ne pas la laisser entrer en la chassant de toute mes forces. Je plaque mes mains des deux côtés de ma tête en agrippant mes cheveux.

- Aileen !

Je lâche un râle en relevant la tête d'un seul coup pour fusiller du regard la personne qui ose me déranger avant de répondre avec agressivité :

- Quoi ?

- Qu'est-ce que tu fais ici ?

- J'attends qu'on me donne des nouvelles. Pourquoi ?

Chris secoue la tête avant de pincer les lèvres. Il y a quelque chose qu'il ne me dit pas. Je continue de le dévisager jusqu'à ce qu'il ose croiser mon regard et qu'il s'arrête de basculer. Je plisse les yeux.

- Il y a un problème ?

- Non, pas du tout...

Sa voix tremble légèrement. Il ment !

- Dit moi !

Il lève les yeux au ciel et soupire en regardant la petite vitre sur la porte d'à côté. Qu'est-ce qu'il peut bien me cacher qui le stresse autant ?

- Ecoute, personne ne m'a expliqué les raisons de ta venue ici, mais je suppose que ça a un rapport avec ce que j'ai entendue...

- Entendu quoi ?

Ma voix est étrangement calme alors que son ton m'indique que cela ne va pas me plaire. Il se mord la lèvre.

- J'ai du passer à la morgue tout à l'heure parce qu'ils ont emmené le corps du Loup Garou qui a attaqué Derick et étant donné que j'apprends encore les bases de ce métier je dois être là lorsque les experts sont chargés de faire le débriefing. D'ailleurs ce qu'ils ont découvert était...

Il fait exprès de s'écarter du sujet. Agacée, je lèves les yeux aux ciel avant de me lever.

- Chris arrête et dit moi ce qu'il y a !

Couper dans son élan, il s'interrompt en enfonçant ses mains dans les poches de son pantalon.

- Ok... Lorsque j'ai voulu partir pour annoncer l'arrivé du corps à Mark je suis passé à côté de deux médecins légistes qui parlaient de deux autres patients qui devront être examinés dans les prochaines heures. D'après eux ce serait un couple et ils ont également ajouté que... Que leur fille était ici.

J'écoute attentivement ce qu'il me dit jusqu'à ce qu'il finisse en me regardant, comme si c'était à mon tour d'avouer quelque chose. Je baisse les yeux pendant qu'il lève les sourcils.

- Mark m'a dit que tu as vécu des choses difficiles. C'est de ça dont-il parlait ?

Je fronce les sourcils à cette pensée. Je n'ai jamais envisagé le fait que les corps de mes parents peuvent se retrouver pas loin de moi. Encore. Je déglutis difficilement, sentant encore cette douleur familière monter un étage de plus jusqu'à ma gorge. Je finis par regarder Chris qui a toujours les mains dans les poches. Ses yeux claires me fixent avec douceur, tandis que les miens doivent être brillant et débordant de peine et de colère. Je respire et force cette peine à partir avant de pouvoir enfin dire quelque chose :

- Oui. C'est ça.

Faire transparaître de l'assurance dans ma voix relève du défit, on aurait dit qu'une pression s'exerce autour de ma gorge. Chris fait bouger sa mâchoire et ses yeux, il est gêné.

- Tu... Est-ce que tu as entendu autre chose à ce sujet ?

J'articule à voix basse, les bras croisés sur ma poitrine. Il réfléchit un temps avant de répondre :

- Non. Seulement que les corps vont arriver et qu'ils ont camouflés le massacre.

Ce qui explique comment Grace l'a su... Mais tout de même ! Ils ont été rapide !

- Comment s'y sont-ils prit ?

Il hausse les épaules.

- Je ne sais pas trop, je n'en ai pas parler. Dés que j'ai entendu ça je suis venu ici pour en parler à Mark et je t'ai trouvé.

En voyant sa tête baissée je devine qu'il aurait préféré ne pas me le dire. Je le comprends et le remercie quand la porte s'ouvre en grand sur Mark habillé de son éternel costard, suivit du père de Derick. Chris s'écarte pour les laissé passer, je m'empresse de regarder rapidement derrière eux : je ne vois que l'infirmière qui range son matériel avant que l'on ne ferme la porte. Déçut, je me tourne vers Mark en pinçant les lèvres.

- Désolé. Il doit se reposer.

- Ca fait presque une heure que j'attends. Comment va-t-il ?

- Et bien tu attendra encore. Il va bien mais il est dans les vapes. On a du lui refiler pas mal de calment.

Je détourne le regard en secouant la tête de gauche à droite. J'ai besoin de le voir. Surtout après ce qu'il m'a dit. Je n'ai même pas répondu à sa révélation et ma voix n'a pas pu sortir. Je suis restée la bouche entre ouverte en le regardant s'affaiblir devant moi. Sa transformation a du puiser dans son énergie, il a fini par faire un malaise. Lorsque le "GIGN" est arrivé avec les voitures pour l'emmener ici, je me suis tournée et retournée le cerveaux en repensant à ses mots : "Je suis tomber amoureux de toi". Est-ce qu'il le pensait vraiment où est-ce que c'est sa faiblesse qui l'a fait parler ? Et moi ? Qu'est-ce que je ressens pour lui ? Je sais que je tiens à lui, énormément, que j'aime être avec lui, que je me sens bien avec lui et que le fait de le savoir à mes côtés me rassure. Mais il me manque quelque chose. Pour ce qui est de mes réels sentiments et de mes émotions, je sens qu'il va falloir repasser plus tard. Rien est clair dans ma tête, je passe d'un état à l'autre en quelques secondes. Je dois y réfléchir.

Alors que je me tripote la lèvre inférieur avec le pousse en regardant dans le vide, je sens une main se poser délicatement sur mon épaule. En me retournant, Mark me regarde de la même manière que Chris lorsque celui-ci m'a appris pour mes parents. 

- Tu te sens bien ?

J'hausse les épaules en continuant de mordiller mon pouce. J'évite son regard pendant que l'infirmière sort de la chambre. Tout en moi me dit d'y entrer.

- ...tu es anxieuse pour ça tu n'as pas à l'être. Il faut que tu te repose avant d'aller manger.

Je n'ai compris que la dernière phrase.

- Je n'ai pas faim. Et je ne suis pas fatiguée.

Il acquiesce sans mot dire, même si je sais qu'il a envie d'insister. Derrière lui, le père de mon ami se frotte l'arrêt du nez en remuant les lèvres comme pour marmonner dans sa barbe, mais Chris ne semble pas y faire attention. Mark dégage son bras de mon épaule et fait demi-tours, les mains dans les poches. C'est là qu'une question me revient :

- Comment est-ce qu'ils ont fait pour camoufler le massacre ?

- Des agents ont dû jouer les flics pour faire passer le meurtre pour un accident domestique.

Mes yeux s'ouvrent en grand, puis ma bouche, pour dire quelque chose qui ne vient pas. Un accident domestique ?? Avec toute les marques et griffures suspects qu'il y avait sur les corps ? Voyant mon air ahurit, il s'explique :

- Ils n'ont pas à voir les corps. Juste à entendre les constats. On a opté pour une fuite de gaz.

Je n'en reviens pas...

- E-Et les vitres brisées ? Le canapé cramé ? Le sang !

Plus j'enchéris, plus le ton de ma voix augmente.

- Du calme, on a prévu tout ça et ils étaient nombreux sur le terrain. Je te rappelle qu'on est meilleur que la CIA !

J'ai encore la bouche ouverte mais rien ne sort, alors je me contente de secouer la tête et de laisser tomber les bras sur mes hanches. Si ! J'ai encore un truc à dire et ça ne va surement pas lui paire mais je le redis, ce n'est pas un sujet à discuter pendant des heures:

- Je veux organiser un enterrement.

Le ton de ma voix se veut convaincant, à m'entendre il ne s'agit ni d'une proposition ni d'une possibilité, mais d'une détermination. Cela n'a pas l'air de plaire à mon interlocuteur, puisqu'il s'agace. Non mais sérieusement ! Il a été adorable et patient jusqu'ici, je lui suis reconnaissante d'être là pour moi, mais en quoi est-ce qu'il se permet de protester ce genre de décision ?

- Ce n'est pas négociable Mark. C'était... Ce sont mes parents et je te rappelle qu'avant toute cette merde j'avais une vie ! Des amis et une famille ! Je ne peux pas décider de tout plaquer sous prétexte qu'un taré veut s'en prendre à moi !

Je tiens absolument à articuler chacun de mes mots afin qu'il les entendent bien et qu'il voit que je suis sur de moi, mais mes mains ne peuvent pas s'empêcher de trembloter.

- C'est bien trop dangereux Aileen. Je ne peux pas te laisser sortir.

Je ferme les poings en contrôlant ma colère qui refait surface. La mâchoire serrée, je ravale les jurons qui menacent de sortir. Seulement lorsque je me sens en colère, j'ai du mal à contrôler ma prise de parole.

- Tu n'as aucun droit sur moi. Alors ne t'avise surtout pas de me donner des ordres et encore moins de désapprouver ce choix autrement je...

Je me mords aussi tôt la langue, si bien que je me fais mal. J'ai prononcé ces mots d'une voix grave et froide, mes poings sont toujours serrés et mon regard menaçant. Mark ne semble pourtant pas déstabilisé, contrairement à Chris dont les yeux effectuent des allés retours entre son oncle et moi.

- Ce n'est pas toi qui parle là.

C'est vrai. A l'heure qu'il est le Phénix noir profite de ce genre de moment pour essayé de prendre le dessus mais tant que je suis encore moi, je ne le laisserais pas prendre ma place. Alors une dernière fois et le plus calmement possible, je réitère ma suggestion :

- J'organiserais cette cérémonie. Que tu le veuille ou non. C'est important pour moi.

Il ne dit rien, ce qui n'est pas plus mal. Ce n'est pas le moment de me contredire et Chris semble de cet avis. Les deux hommes me regarde intensément, je voix au visage de Mark qu'il est sur le point de céder malgré lui.

- Tu n'aura pas à le faire. Je m'en chargerai.

Sur ces mots, l'agent tourne les talons et s'en va à grande enjambé. Un poids s'enlève de mes épaules, me soulage. Ma colère est partit comme une fumée qui s'évapore, mon visage se détend, mon souffle se régule. Je desserre les poings. Chris est toujours planté devant moi. Qu'est-ce qu'il fait encore là ?

- Tu ne voulais pas aller le voir ?

Je ne comprends pas tout de suite, puis il désigne la porte derrière lui de la main. Je ne bouge pourtant pas.

- Je dis ça parce que... Tu as l'air contrarié.

Surprise de ce qu'il vient de me dire je le regarde puis souris mollement. Il a peut être raison, voir Derick me ferait sans doute changer d'humeur, même si il est endormis, sa présence me ferait du bien. Après tout, c'est mon point d'encrage. Je remercie Chris d'un signe de tête en me dirigeant vers la porte.

- Tu veux que je reste surveiller ?

- Non, merci. Tu peux y aller.

Il acquiesce avant de partir dans la même direction que Mark.

Je me tourne vers la porte et regarde à travers la petite vitre : Derick dort paisiblement sous les draps blanc de son lit d'hôpital. Des sortes de patch sont collés à ses tempes et reliés à des fils qui mènent à une machine ressemblant à une sonde. Je place délicatement ma main sur la poignée froide en métal puis vérifie que personne ne m'espionne pour rentrer sur la pointe des pieds avant de refermer la porte derrière moi.

J'entends les "bipes" incessants et régulier de la machine et la respiration de cet homme endormi et tellement beau que j'en ai du mal à respirer. Je devine à voir sa bouche légèrement ouverte qu'il doit être détendu. En m'approchant je me retiens de pouffer de rire en voyant de la bave qui commence à couler sur le coin de ses lèvres.

- Je ne sais pas ce qu'ils t'ont donner mais j'accepterais volontiers la même chose.

Je passe une main hésitante sur son visage en traçant la ligne de sa mâchoire détendu avec mon indexe. Il est chaud et pourtant il ne transpire pas. Ses bras sont allongés le long du corps, ses vaines sont bleutées à travers sa cher et ses muscles. Le voir dans cet état me donne envie de me blottir contre lui et de m'endormir à ses cotés. Après tout, le lit une place est assez grand.

Je me mords les lèvres à cette pensée et ne réfléchis pas plus. Je m'assoie sur le fauteuil en cuire beige derrière moi pour enlever mes bottines à lacet puis ma veste avant de m'asseoir délicatement sur le lit et d'étudier la façon dont je vais m'installer sans le réveiller. Je prends son bras droit et le lève pour le placer autour de mon coup lorsque je m'allonge, le visage contre le siens. Le sourire aux lèvres, je prends un bout de tissus de sa chemise d'hôpital pour essuyer son filet de bave et approche mes lèvres des siennes en déposant un délicat baiser. Je pose ensuite mon front contre son menton et cale mes jambes et mes bras contre lui.

Même si il ne me serre pas dans ses bras je me sens quand même bien et ma colère d'il y a cinq minutes semble loin. Je laisse mes yeux se fermer et hume son odeur masculine pendant que sa respiration régulière et légère sonne comme une douce musique pour mes oreilles.

~

Une petite douleurs à la hanche me réveille petit à petit de mon sommeil léger. J'ai du m'assoupir un moment car je ne me sens plus aussi confortable que lorsque je me suis endormis. Je me réveille mais garde tout de même les yeux clos. Cependant je ne peux pas ignorer mes courbatures et décide de changer de position pour me mettre sur le dos en faisant attention de ne pas réveiller Derick qui n'a pas dû bouger.

Je suis étonnée de m'apercevoir que j'ai bien dormis et qu'aucun rêve ou cauchemars morbide ne m'a dérangés. Je ne vois pas d'autre raison que la présence de Derick : son odeur, sa chaleur corporelle et sa respiration est tout ce qu'il y a de plus agréable pour dormir. Encore mieux qu'un lit dodue et deux grosses couvertures. Je me sens comme sur un petit nuage, si bien que je m'endors une nouvelle fois.

Quelque chose vient me chatouiller la clavicule et ma tête effectue un léger soubresaut. Je n'ouvre toujours pas les yeux mais une autre sensation frissonnante comme un souffle chaud me parcourt le haut du front, suivit d'un autre chatouillement sur le coin des lèvres, que je remue aussi tôt. J'ai l'impression de peser lourd, j'ai étrangement chaud. C'est au moment ou je tourne ma tête vers la gauche que je prends conscience que je suis encore endormis et que je viens une nouvelle fois de me réveiller. Quelques secondes après, un nouveau chatouillement, ou effleurement, effectue un parcourt sur le long de mon nez en descendant jusqu'au niveau de l'arc de cupidon avant de redessiner mes lèvres qui sont plus sensible. Ce contact inattendu me fait gesticuler la tête quand un petit ricanement me titille les oreilles. J'ouvre lentement les yeux, un peu perdu. Cette longue sieste m'a fait perdre toute notion du temps, j'en suis presque à me demander où je suis, ce que je fais là et pourquoi m'a-t-on réveillé alors que je dormais si bien

Je fronce les sourcils en parcourant la pièce blanche éclairée par une lumière oranger. Mes yeux remontent ensuite jusqu'à la personne qui se trouve à côté de moi. Derick est positionné sur le côté, le coude sur son oreiller retient sa tête. Je le détaille sans sourire, je me sens endormis et réveillée à la fois, toute les informations arrivent en trombe dans mon cerveau, je dois tout remettre en ordre.

Il me couve de son regard gris et mystérieux, ses cheveux sont en bataille et des mèches brunes retombent devant ses yeux. Quant à moi, je dois avoir la tête de quelqu'un qui vient de fumer au moins deux pétard, les cheveux désordonnés. Je me demande même si mon haleine n'est pas irrespirable et de ce fait, je n'ose pas parler et ne fait que contempler l'homme qui est à côté de moi, qui sourit de me voir la tête dans le cul, clairement.

- Tu as bien dormis ?

Je réponds par un acquiescement sonore suivit d'un sourire avant de tourner ma tête pour regarder l'heure sur le réveil de la table de nuit. Il affiche seize heure et quart. Je hausse les sourcils et attrape la petite bouteille d'eau juste à côté. Il faut vraiment que je m'hydrate la bouche avant de parler.

- Ça fait combien de temps que tu es là ?

Je finis de boire une gorgée avant de proposer la bouteille à mon ami qui refuse avant de la reposer.

- Trois heure, à peut près. Et toi ? Ça fait combien de temps que tu m'observe ?

Un sourire malicieux et adorable se dessine sur ses lèvres, je ne peux m'empêcher de ricaner face à son air enfantin.

- Ça doit faire vingt bonnes minutes. Je pensais que personne ne devait entrer sans y être autorisé ?

- Compte tenue de mes humeurs changeantes ils avaient tout intérêt à me laisser entrer.

Je dis cela avec un sourire comme si je plaisantais, mais si l'on m'avait empêché de venir le voir je n'aurais pas eu les mêmes expressions faciale et orale. Derick semble comprendre puisque son regard se plisse.

- Comment tu vas depuis...

Il ne termine pas sa phrase et semble chercher quelque chose. Je me mets dans la même position que lui avant de lui demander :

- Tu ne te souviens de rien ?

Il fait non de la tête, ses yeux font au mois cinq fois le tours de la chambre, cherchant quelque chose à raccrocher. Alors je bouge mon visage devant le siens pour l'inciter à me regarder, ce qu'il fait.

- Tu as des bribes de souvenirs ?

- Des petits. Mais j'ai l'impression qu'elles m'échappent chaque fois que j'essaye de m'en rappeler.

- Essaye.

Ses yeux finissent par trouver les miens, il s'aide de mon regard pour se remémorer. C'est alors que son visage passe par plusieurs émotions : peur, colère, tristesse, incompréhension, mal être, souffrance... Avant de se décomposer. Je regarde son visage passer par des tas d'expressions lorsqu'une une angoisse intense fait contracter ses muscles. Il veut se redresser sur sont lit, la mains dans ses cheveux en désordre, le regard à nouveau perdu. Il n'a plus ses patch blanc collés sur les tempes. Je me redresse à mon tour et l'observe en train de s'affoler. Je ne sais pas quoi faire d'autre que montrer que je suis à ses côtés en l'entourant de mes bras derrière lui. Sa respiration se fait beaucoup moins régulière, ses muscles tremblent et son cœur tambourine dans sa cage thoracique.

- Raconte moi ce dont tu te souviens Derick, ne garde pas ça pour toi.

- J-Je...

Il grimace en portant une main sur le haut de son crâne, comme si ses souvenirs le font souffrir.

- Je me souviens de la douleurs... Et... Du sang... Des griffures... De la pleine lune et du froid...

J'acquiesce tout en le serrant contre moi, utilisant ma chaleur corporelle pour le rassurer mais son cœur bat beaucoup trop vite à mon goût, cela me rappelle la scène effrayante de la forêt, lorsqu'il s'est transformer. Je lui chuchote à l'oreille :

- Reste avec moi, ok ? Dit moi autre chose.

Il gémis sous la douleur et se recroqueville en serrant mes bras si fort que le sang avait de plus en plus de mal à circuler. Je l'incite à continuer mais il a du mal à finir ses phrases.

- J-je me souviens aussi de...

Il se coupe en grimaçant à nouveau et en grinçant des dents avant de jurer.

- Merde !

- Qu'est-ce qu'il y a ?

Cette fois je change de position et me place face à lui.

- Je recommence à avoir mal aux muscles...

Il se tord en s'agrippant aux draps, les dents serrés, sa voix s'étouffe sous la souffrance et je tremble de le voir aussi mal. Mon empathie absorbe son angoisse, ce qui n'arrange rien. Je le couve de ma chaleur puis j'ai l'idée de sortir pour appeler quelqu'un quand j'aperçois au niveau de son lit un petit boitier avec un bouton rouge. Ce doit être ça !

J'effectue des acrobaties pour attraper ce boitier et appuie sur le bouton plusieurs fois de suite avant de le relâcher pour revenir sur Derick, en boule sur le lit, tremblant et les muscles dur comme du bois, le souffle rauque.

- Derick ! Reste avec moi d'accord ! Je suis désolée, je n'aurais pas du insister avec ces stupides souvenirs, ok ? Je t'en pris reste avec moi !!

Le ton de ma voix va crescendo, je cherche son visage. Un moment je crois avoir entendu un : "sors d'ici" entre deux souffle. Soudain, la porte s'ouvre en grand et deux infirmières entrent en trombe dans la pièce, leurs yeux effarés posés sur moi. Elles doivent se demander ce que je fais ici.

- On s'en fiche de moi !! Venez lui en aide plutôt !

Hébétées, elles accourent dans tout les sens pour reprendre les fils reliés au patchs et viennent à côtés de Derick en lui demandant de s'allonger, mais il n'a même pas l'air de s'être rendu compte de leur présence, jusqu'à ce qu'il relève la tête pour laisser voir ses yeux sombre mais toujours aussi blanc que la lune me fixer. Son visage a durcit, des dents pointu et acérées commencent à pousser. Mon cœur manque un battement lorsque je revois ce même visage que la dernière fois. Les infirmières, aussi paniquées que moi, n'insistent plus autant pour l'examiner et se mettent à appeler du renfort. De mon côté, je tente d'ignorer ce visage remplis de colère et de reprendre mon calme en plaquant mes deux mains sur ses joues brûlante - à moins que ce ne soit mes mains -, je le regarde droit dans les yeux.

- Ecoute moi. Ne te laisse pas submerger par tes émotions. C'est ton corps ! Tu dois laisser ton esprit te guider et non cette chose que tu as en toi, d'accord ?

En écoutant mes propres mots, je me rends compte d'une chose : ce qui lui arrive ressemble à ma situation. Il doit se confronter à sa nouvelle nature de Loup Garou mais étant un Lunairien, il est tiraillé entre ses pouvoirs qui repousse la bête, qui elle ne demande qu'à sortir. Il doit trouver le juste milieux. Comme moi. A nous deux nous allons être un véritable défit.

- Derick !

Mon ton est plus sec, je ne remarque même pas le reste du personnels qui s'affole derrière nous. Le visage du Lunairien continue de me menacer du regard mais je ne perds pas mes moyens pour autant, je ne le laisserais pas se transformer quand l'envie lui prend. C'est à Derick de décider.

- Regarde mes yeux et ne te concentre que sur eux. Ne pense plus à tes souvenirs. On sait ce qu'il s'est passé et tu n'as pas besoin de te les remémorer. Tu n'as tué personne et tu ne le fera pas. Tu es là, avec moi et tu dois rester avec moi, tu m'entends ?

Son souffle rauque s'atténue et devient moins grave même si sa respiration est toujours aussi forte. Puis c'est au tour des ombres sur son visage de partir et à ses dents de redevenir normal.

- C'est ça... Reste focalisé sur moi.

Mes yeux ne lâchent pas les siens et je constate que plus personne autour de nous ne bouge. Il y a un silence complet, seule nos deux respirations irrégulières tranchent avec le silence. Je laisse mes mains parcourir le bas de son visage et son coups pour se poser sur ses épaules quand je remarque ses yeux revenue à la normal, comme ses dents. Je suis prise d'un soulagement, soulager de voir qu'il a su résister, de constater que j'ai réussit à le ramener. Son visage se détend un peu plus, il cligne des yeux plusieurs fois avant que ceux-ci ne lâche les miens qui se ferment pendant que je lâche un soupire, toute la tension vient de retomber.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

La voix autoritaire de Mark me fait sursauter, quand je me retourne sur lui il porte son flingue dans une main et de la méfiance ce reflète sur son visage. Je ne sais pas trop quoi lui répondre, encore sous l'effet de l'adrénaline.

- Aileen ?

La voix faible et dérailler de Derick me fait tourner la tête sur lui. Il est en sueur et semble de nouveau faible. Ses muscles qui se décontractent, toute cette souffrance l'a certainement épuisé, comme si il avait fait deux fois le tour de la ville en courant sans s'arrêter. Il n'a pas l'air de remarquer ma présence et son visage perd de la couleur. Je soutiens sa tête avec mes mains et l'accompagne jusqu'à son oreiller pour qu'il s'allonge avant de descendre de son lit pour rejoindre Mark. Sans que je m'y attende, Derick attrape mon bras et glisse sa main jusqu'à la mienne, me faisant signe de rester, la tête tourné vers moi, les yeux fermés. Je pince les lèvres et pose mon autre main sur la sienne en la caressant avec mes doigts.

- Ça va aller mais... Je crois que je ne serais plus la seule bipolaire ici, désormais, annoncé-je en me retournant sur Mark.

J'affiche une moue perplexe quand je le vois se détendre qu'à moitié en rangeant son arme dans son étui. Il le montre à peine, mais je sais bien que toute ces histoires le fatiguent. D'un air déterminé et en se retenant de péter un plomb, il s'empresse de dire :

- Je ne rigole plus. On commencera les entraînements à partir de demain et si ça dégénère je vous enfermerait chacun dans une pièce s'il faut en arriver là ! J'appellerais vos professeurs dés ce soir.

Et comme tout à l'heure, il tourne les talons pour s'en aller, les docteurs et infirmière lui laisse le passage. Je ne réagis pas tout de suite à ce qu'il vient de dire. Serait-il vraiment capable de faire cela ?

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