C H A P I T R E 4

Je rejoins le hall d'entrée et m'apprête à sortir quand Mark m'interpelle avant même que je n'ai pu franchir les portes de sortie : Il est accompagné d'un jeune homme qui fait une tête de moins que lui, de petites épaules et une mâchoire carrée. Il porte un pantalon noir, un tee-shirt gris délavé et une veste en cuir marron. Pas du tout le style d'un agent d'ici, puis je remarque une ceinture autour de sa taille avec un flingue dans une housse. Qui est ce type ?

- Tu ne pensais tout de même pas partir toute seule ?

- Si. Qui est-ce ?

Je dévisage l'inconnu sans grande gentillesse.

- Chris Dawson, enchanté.

Il me tend sa main mais je l'ignore en les dévisageant tout les deux. Puis, pour ne pas paraître trop désagréable je décide de la serrer d'une poigne ferme. Je distingue un léger mouvement de sourcils ainsi qu'un pincement de lèvre.

Je lui ai fait mal ? Je n'ai même pas remarqué...

Nous continuons de nous défier du regard alors que la bouche de Mark remue sans que je n'entende quoi que ce soit. Je détache enfin mes yeux du jeune homme pour me concentrer sur lui qui lève les yeux au ciel en voyant mon manque d'attention.

- C'est mon neveu. Il va t'accompagner.

- Quoi ? 

- Je dois rester pour faire des recherches à propos de tes visions. Et puis je t'avoue que ça ne m'enchante pas plus que ça d'avoir à faire à un Loup-Garou.

- Parce que tu crois que ça m'enchante ?

Le neveu exprime son désaccord pendant que je réalise ce que Mark venait de dire. Derick, un Loup Garou ?

- C'est bien toi qui m'a dit que tu voulais faire partis de l'action ? Et bien voilà ! Tu devrais me remercier parce que jamais de la vie ta mère n'aurait acceptée cela.

Chris soupire en secouant la tête puis commence à partir alors que je reste plantée sur place. Mark reprend la parole :

- Faites attention à vous, si vous avez besoin de quoi que ce soit des renforts seront à proximités.

- Des renforts ? (Je marque une pause) Si Derick est vraiment comme tu le dis, tu ne pense pas qu'il flipperait de voir du monde braquer une arme sur lui ?

- Parce que tu crois qu'y aller toute seule c'est mieux ?

- Oui ! Il me reconnaîtra et j'arriverais à le calmer !

- Ça c'est toi qui le dit Aileen. Vous n'avez plus de lien, tu n'as plus autant de contrôle sur tes pouvoirs qu'avant, le Phénix noir a prit une place tellement importante que tu commence à t'habiller en noir... ! 

Surprise, je me regarde. C'est quoi le problème avec ma tenue ?

- Tu dis n'importe quoi.

Même moi je ne suis pas convaincu de ce que je viens de dire, mais je continue :

- Et puis je suis toujours moi même. En tout cas en ce moment. J'aurais pus me débrouiller sans ta baby-sitter et ton groupe de GIGN au basque.

Il lève un sourcil.

- Qui essayes-tu de convaincre ? Toi ou moi ?

Une partie de moi ne peut pas s'empêcher de se dire qu'il a raison. J'appréhende très fortement ce qui peut se passer, mais je le fais pour Derick. Il m'a aider à ne pas me perdre lorsque j'étais sur l'Île, il était la pour moi, alors je serais la pour lui. Mark continue de me regarder comme pour me forcer à avouer qu'il a raison.

- Alors ? On y va ?

Chris s'impatiente dehors avec la voiture noir aux vitres teintées déjà stationnée devant la porte. Je n'ajoute rien de plus et baisse les yeux en serrant la mâchoire avant de tourner les talons.

En arrivant dehors, je me dirige vers le côté conducteur où Chris est déjà confortablement assis en me regardant sans comprendre pourquoi je n'allais pas m'asseoir côté passager.

- Dehors, ordonné-je en ouvrant la porte.

- Quoi ? Et pourquoi ce serait à toi de conduire ?

- Parce qu'on y arrivera plus vite et que je sais très bien où aller. Et ça me clamera de conduire.

Il lève les yeux au ciel et sort du véhicule en marmonnant un juron à travers ses dents. J'ignore son caprice et monte dans la voiture.

Sur la route personne ne parle. Je m'efforce de me concentrer sur mes sens pour détecter la présence de Derick et jusque là, je ressens très peu mes changements d'humeur. Il n'y a aucune musique et les seuls chemins que nous empruntons sont rocailleux où alors c'est une route étroite à double sens entourée d'une forêt danse et verdâtre. Je roule vite avec une étrange confiance en moi au moment où je prends les virages alors que j'ai habituellement toujours peur de croiser une autre voiture en face. A ce moment là je dirais que c'est plutôt Chris qui doit avoir les jetons, puisque j'entends ce bruit insupportable lorsqu'il se ronge les ongles ou sa respiration qui s'accélère lorsque que je passe un virage en quatrième vitesse.

- Tu peux peut être ralentir la cadence ?

Je ne dis rien et reste concentrée sur la traînée de lumière blanche qui circule entre les arbres et l'odeur de Derick qui emplit mes narines. Voilà tout ce qui m'empêche de m'emporter : sa présence, même sensoriel.

- Attention !!

Son avertissement me fait sursauter lorsqu'une biche saute sur la route avant de s'arrêter devant nous. Mon pied percute violemment la pédale de freins et nous nous plaquons aussi tôt au fond de notre siège lorsque la voiture s'arrête à quelques centimètres de l'animal. Ma respiration reste en suspend tandis que la biche nous dévisage tout les deux. Si elle pouvait parler, elle nous aurait insulté. Chris se détend en soufflant tout en passant ses mains dans ses cheveux blond foncé. Moi, je reste toujours bloquée sur mon siège, les bras tendu et les mains crispées sur le volant.

La biche s'en va aussi vite qu'elle est apparût, je peux enfin me détendre pour démarrer.

- Tu es sûr que tu es capable de conduire ?

Je ferme les yeux avant de répondre.

- On est pas mort à ce que je sache ! Alors oui.

- Arrête de faire comme si tu étais sûre de toi. Ce genre de chose ça ne marche pas avec moi.

Tout en passant la seconde, mes yeux se tournent rapidement vers lui qui continue de regarder la route. Même si sa remarque n'est pas fausse, je ne veux en aucun cas montrer mon inquiétude sur mon visage.

- Pourquoi est-ce que tu es comme ça ?

Sa question me déconcentre.

- Comment ça ?

- Tu es à la limite du bipolaire.

- Je ne suis pas à la limite, je le suis.

Je reste les yeux fixés sur la route mais devine qu'il a le regard sur moi.

- Ton oncle ne t'as rien dit ?

- Non. Il m'a juste dit que je devais t'accompagner pour une mission assez importante.

Je ris intérieurement en m'étonnant de la situation.

- Il t'a laissé seule avec moi alors qu'il sait très bien dans quel état je suis en ce moment ?

- Hey, c'est toi qui a voulut conduire. Tout ce que je demande moi c'est de travailler sur une mission qui a de l'intérêt.

- Tu n'a pourtant pas eu l'air d'apprécier l'hypothèse du Loup Garou tout à l'heure.

- Ce n'est pas ça. Mais il a dit qu'il ne se sentait pas d'affronter cette hypothèse, comme tu dis, alors qu'il m'a demandé d'y aller, moi !

Je ne le comprends pas. Il dit qu'il veut participer à l'action et pourtant il flippe comme une fille ! Comme moi.

- Il ne m'a rien dit sur toi à part de ne pas trop te contrarier, c'est tout. Je n'avais pas besoin d'en savoir plus.

Je souris. Je n'ai pas besoin des autres pour me contrarier, je le fais très bien toute seule.

- C'est pour cela que tu m'as laissé prendre le volant ? Pour ne pas me contrarier ?

Je me tourne vers lui avec un air amusé alors que nous avions quitté la route étroite pour en reprendre une autre plus large qui mène à un parc de randonné. Il ne semble pas vouloir l'avouer mais fini par le faire en se mordant la joue.

- Ouais.

Je me retiens de rire puis commence à ralentir.

- Tu as quel âge ?

- Pourquoi cela t'intéresse ?

J'hausse les épaules.

- Tu trouve que je suis trop jeune pour ce métier de gros dur ?

Un métier de gros dur ? J'ai une soudaine envie rire.

- Non je me demande surtout pourquoi Mark m'a refilé un gamin pour jouer les baby-sitter ?

Je me retourne vers lui avec un rictus. Son sourire fier s'évanoui, il ne répond pas tout de suite. Je m'arrête sur un petit terrain avant d'éteindre le moteur et de descendre.

- Je ne suis pas un gamin, j'ai vingt-et-un ans.

Chris ferme la portière et observe les lieux.

- Tu ne les fait pas.

Je ne le regarde pas, mais je sens son sourire en coin se dessiner sur son visage. Un gamin !

~

- Alors ? Tu ne veux pas me dire pourquoi je devrais m'inquiété de traîner avec toi ?

Une fois dans les bois j'ai pu enfin me focaliser sur Derick avant qu'il me pose cette question.

- Je croyais que tu ne voulais pas savoir.

- C'est vrai. Mais ta bipolarité, ta poignée de main et le fait que tu as dégagé une chaleur monstrueuse dans la voiture m'a fait reconsidérer la question.

Je fais la moue lorsque je repère des empruntes. Une odeur qui ressemble à celle de Derick avec une touche boisé mélangé à de la transpiration, elle prend la direction sud.

- Alors ? Qu'est-ce que tu es ?

Je soupire en basculant la tête en arrière avant de me tourner pour lui faire face.

- Je suis un Phénix.

Il ne répond pas tout de suite, il a l'air encore moins surpris. Il me regarde en hochant la tête, les yeux plissés.

- Mais encore ?

La tête toujours penchée je l'ignore et me concentre sur les traces que j'ai trouvé.

- Aller quoi ! On va traîner ici jusqu'à je ne sais pas quelle heure alors autant trouver un sujet de discussion !

- On ne "traîne" pas ensemble, pour commencer. On cherche quelqu'un ! Si tu es là pour m'aider ou me surveiller, fait au moins semblant de chercher !

Je reste à le fixer tout en essayant de me sentir à l'aise. Je suis instable et ne sais pas comment me tenir alors qu'il me toise avec un sourcil levé et acquiesce en levant les mains, il abandonne. Tant mieux ! J'ai besoin de silence. Je continue d'avancer quand il reprend :

- Ok, je me tais. Mais juste au cas où tu te demande : il y a les renforts qui sont arrivés.

Suite à cette remarque, je me mets à écouter tout ce qui se passe autour et en effet, des chuchotements et des bruits de pas plus lourd que les nôtres se faisaient entendre. Déjà ? Je ne les ai même pas vu sur la route.

- Qu'est-ce qu'on est censé chercher ?

- Je croyais que tu devais te taire.

- T'es drôle toi ! Je veux bien t'aider mais il va falloir que tu m'en dise un peu plus !

Soudain, un cris grave et paralysant qui me perce le cœur m'arrête d'un coup. Je m'empresse d'écouter en suivant les ondes qui proviennent de ce cris afin de laisser mon oreille me guider.

- C'était quoi ça ?

Je lève la main pour lui faire signe de se taire, je l'entends soupirer.

Il n'est pas loin, je le sens. Et n'a pas l'air d'aller bien. D'ici les battements rapides et précis de son cœur se font entendre, je ne peux m'empêché de me remémorer les paroles de Mark : un Loup Garou. Cela explique l'odeur d'humidité et de chair ainsi que les grosses griffures sur le mur de la chambre.

Je peux enfin tracer une direction : il faut qu'on traverse les bois mais si je commence à utiliser ma vitesse, Chris ne pourra pas suivre. Je ne me sens pas de me transformer maintenant, je suis trop instable et pas assez concentrée. Le seul moyens est de courir, mais pas trop vite.

- Tu te sens de faire la course ?

- Pourquoi crois-tu que j'ai mis des baskets ?

J'ignore sa remarque et commence à courir à travers les arbres, dans la direction du cris.

~

PDV Derick Wanderbilt

Étalé sur les feuilles je m'agrippe à l'herbe en arrachant des brindilles. Je serre les dents, mon pouls et mon cœur bat à une vitesse anormal. Je me tords de douleur, j'ai mal partout. Une souffrance indescriptible me ronge les muscles. J'inspire trois fois, bloque ma respiration en grognant à travers mes dents, inspire encore alors que mes poumons explosent, ils sont en feu, alors je pousse un cris de douleur qui me racle la gorge, qui fait voler deux ou trois piafs.

Je suis nu, en sueur et complètement perdu. Je n'ai aucune idée de ce que je foutais dans ces bois, ni pourquoi je suis resté inconscient à un moment de la matinée. Quelle heure est-il ? Où est-ce que je suis ? Pourquoi est-ce que je ne me souviens de rien ? A part...

Un grognement. Une griffure. Du sang. La douleur. Des cris. Un hurlement. La lune. Aileen.

Aileen ! Son visage pâle, ses yeux et ses cheveux qui ont perdu de leur couleur. Je me souviens de l'avoir vu pendant une minute ; elle m'appelait, me tenait la main, puis plus rien. Je rage. Encore cette douleur qui part de mon cœur et s'étend sur tout mon corps. J'ai un putain de trou de mémoire et par moment des excès de colère qui me donne envie de tuer quelqu'un.

Malgré la douleur, je tente quand même un mouvement du bras. Il faut que je bouge, que je me lève et que je parte de cet endroit.

Allez Derick bon sang ! Lève toi ! Essaye d'ignorer la douleur, fait ce que tu peux.

Je cris. Le simple fait de vouloir plier les jambes me fait mal. C'est pire que des courbatures, comme si on m'avait battu plusieurs fois et jours de suite.

Réessaye !! Fait le ! Lève toi !!

- Derick !!

Cette voix au loin. Je la reconnais.

- Derick !

Elle semble se rapprocher et je ne peux plus bouger. C'est elle. Je veux l'appeler, lui répondre mais la douleur prend le dessus, je grogne en serrant les dents. Je ressemble à un animal en rogne. J'entends Aileen se rapprocher. Son odeur, son inquiétude ainsi qu'une autre émotions qui est la colère, la peur et la joie. Quelqu'un d'autre est avec elle, l'odeur n'est pas la même. Un homme ?

Puis quelque chose de bizarre ce passe, mes muscles ont l'air de se développer. Mon cœur bat à l'intérieur de mon torse, si fort que j'ai l'impression qu'il s'agrandis à chaque battement, qu'il peut en sortir. Je ne me suis même pas rendu compte que je me suis accroupis, un genoux à terre, le dos rond. Je suis nu devant elle et un inconnu. Il a fallut qu'elle me voit nu dans ces conditions... Je l'entends balancer des injures quand elle se dirige vers moi. Son odeur a une étrange réaction sur moi, comme un électro choque. Tout mon corps tremble, ma tête me fait mal. Pourtant je bouge.

- Mon dieux...pas vrai...vas bien ? Rega... Derick !!

Elle se met à ma hauteur, hésite à prendre mon visage dans ses mains, puis elle fini par me toucher. Le contact de sa peau contre la mienne me donnait des frissons, elle était brûlante. Encore un électro choque. Est-ce bon signe ? Non. Je ne me sens plus moi même et mon souffle est roque.

- Pourquoi tu tremble ?? Tu... brûlant...est-ce...tu as ? Parle... je... pris !!

J'entends à peine ce qu'elle me dit tellement mon souffle et le rythme de mes battements sonnent fort. Je relève la tête d'un coup ; mes gestes sont brusque, mes dents me piquent. Mes gencives, plus tôt. Je vois sa silhouette, ses cheveux roux, sa peau a reprit une teinte rosé et ses yeux brillent. Ma vue est flou, puis net et encore flou... 

- Qu'est-ce...il...passe...c'est quoi....yeux !

Des paroles incohérentes dites par la personne qui l'accompagne. Je me tourne vers lui sans le reconnaître.

Inconnu.

J'ai mal ! Où est-ce que je suis ! Pourquoi je ne me souviens de rien ?! La fille rousse veut encore essayée de me toucher mais j'ai un geste de recul, d'une voix menaçante et graveleuse, je l'avertis :

- Ne t'approche pas !!! T'approche pas ! Vous approchez pas !

- C'est moi Derick !! C'est Aileen !! 

Je commence à me redresser mais j'ai l'impression de ne pas me tenir normalement. Puis mes membres commencent à se tendre, mon torse comme mes musclesgonflent. Je pousse un cris en pensant que ça me soulagerai. Les deux personnes que je ne reconnais pas me regardent, ne sachant pas quoi faire. Je hurle :

- Partez !!!!!

~

PDV Aileen Campbell

Ce que je vois ne me semblait pas croyable. J'assiste à quelque chose que je n'aurais jamais cru possible. Derick n'est plus le même et ses yeux prennent des teintes différentes, ils semblent hésiter entre le gris et le jaune. Un jaune fade sans aucun éclat, avec le blanc de l'œil sanguinolent. Il transpire de partout en tenue d'Adam, mais je n'y faisais même pas attention.

- Aileen !! Il faut qu'on se tire !

- Non !

Je me retourne vivement vers Chris qui pointe son arme devant Derick. Celui-ci se tord dans tout les sens en criant de douleur. J'ai mal pour lui, ses cris me donnent le vertige et la chair de poule.

- Les autres arrivent !

Autour de nous, quelques hommes en tenue de protection et lourdement armés s'avancent à petit pas vers le faussé où nous nous trouvons. Je leurs fais signe de ne pas tirer et de garder leur calme, alors que moi même je suis en panique.

Derick semble changer, il devient plus grand, plus fort, plus musclé, sa peau plus foncée. Ses cheveux et des poils noirs poussent sur son corps pendant qu'il s'agite violemment en se tenant le crâne, en poussant des cris plaintif.

- Il se transforme !

Chris s'apprête à tirer alors que je continue de le fixer, debout, ne sachant pas si je devais m'approcher ou pas.

- Aileen fait quelque chose !!!

- Arrête de hurler !!

Je panique intérieurement quand Derick, qui a prit l'apparence d'un animal, s'éloigne à toute vitesse de nous, laissant derrière lui un cris plus grave, identique à celui d'un fauve. Des bruits de pas sourds résonnent, je me mets à courir après lui sans réfléchir.

Je n'ai même pas remarqué que des membres du CSM sont déjà à ses trousses et que des coups de feu sont lancés. Ma respiration est irrégulière, en cet instant précis je me fiche bien de me calmer. J'escalade les troncs d'arbres, évite les branches pendant que Chris fait tout ce qu'il peut pour aller au même rythme que moi. Il me parle ou essaye de me résonner mais je ne l'écoute pas.

Puis encore un hurlement. Un hurlement de Loup. Je ne m'arrête pas et continue ma course jusqu'à sortir de la forêt pour me retrouver sur un chemin où des traces de pas énormes sur la terre fraîche continuent un peu plus loin. Chris me rejoint essoufflé avec le GIGN derrière lui.

- Tu es complètement inconsciente ?!

- Il est perdu c'est tout...

Je ne sais plus quoi dire pour justifier tout ce qui vient de se passer.

- Perdu ?? Tu te fous de moi !! C'est un Loup Garou ! Un putain de métamorphe et toi tu crois que lui courir après ou lui parler arrangera les choses ?

- Tu as une autre solutions miracle peut-être ??

Je le dévisage en lui criant dessus.

- C'est hors de question que je le laisse tomber, tu m'entends ?

Je me retourne pour m'adresser à l'équipe de GIGN en les regardant un par un dans les yeux. Ils ont l'air encore à l'affût et prêt à tirer sur n'importe quoi.

- C'est à moi de le sortir de là et je n'accepterais pas de le perdre. Alors si l'un de vous utilise son arme contre lui, le blesse ou pire, je lui arrache la tête c'est clair !!

Je ne remarque pas le tons que je prends. Est-ce moi qui vient de dire ça ? Ou l'autre moi ? Je viens de donner un ordre comme si j'étais à la tête d'une armée avec une menace qui a l'air plutôt convaincante. Personne n'ajoute quoi que ce soit mais ils se regardent tous en ayant l'air d'acquiescer. 

Je tremble et perd encore une fois de mon assurance. Celle-ci est venue comme un cheveux sur la soupe avant de repartir la seconde d'après. J'en ai plus qu'assez de ces changements d'humeur. Je prends une respiration à peu près normal puis inspire profondément en haussant les épaules avant de reprendre calmement :

- On ira pas tous ensemble. Deux d'entre vous devront allés chercher une voiture et un calment, au cas où. Toi !

Je repose mes yeux sur Chris, qui me regarde avec méfiance, toujours son arme à la main.

- Tu n'as pas besoin de m'accompagner, j'irais toute seule. Va plus tôt avec eux.

Il ne bouge pas puis fini par acquiescer d'un léger signe de tête avant de s'éloigner. Je suis surprise de ne pas le voir rouspéter ou protester ma décision. Je m'adresse ensuite aux deuxième groupe qui reste là à attendre mes ordres.

- Quant à vous je ne veux pas vous voir autour de moi, alors faite vous aussi petit que vous le pouvez.

- Et si il vous agresse ?

- Il ne le fera pas.

En vérité je n'en sais rien, mais je suis étonnée que mon corps et mes expressions faciale ne me trahissent pas. Je les regarde tous un par un, puis commence à partir en direction des traces de pas.

~

Les empruntes m'ont menés à un petit lac entouré par la forêt. Le temps est agréable, un ciel bleu et des températures douces. En d'autre circonstance je me serais sentis bien. Pourtant, Derick s'est transformer devant mes yeux. Je ne suis en aucun cas bien, je suis perturbée. Je ne suis pas une experte en lycanthropie, mais leur transformation ne devrait pas se faire pendant une nuit de pleine lune ? Tout ça me donne la migraine, alors je décide de fermer les yeux et de prendre une grande respiration avant de me torturer l'esprit encore une fois. Il n'avait pas l'air de ressembler à un Loup, il n'était pas sur quatre pattes quand il est partit. Pourquoi est-ce qu'il ne se souvenait pas de moi ? Il ne me reconnaissait pas.

Ce n'est plus lui. Il n'est plus lui même. C'est à toi de lui rappeler.

J'ai marché longtemps jusqu'à ce lac et je n'ai rien vu ni entendu. Je ne sens plus son odeur, je n'entends plus les battements de son cœur. Alors où est-il ?

Si vous n'avez plus ce lien, sers-toi de tes sens.

Et si je ne le sens plus ?

Utilise ton cœur.

Mon cœur ? Je délire. Tu délire complètement !!

Un Loup Garou repère sa proie grâce aux odeurs et aux battements de son cœur. Utilise ton cœur.

Mais à qui est-ce que je parle depuis tout à l'heure ! Ce n'est certainement pas le Phénix noir qui me donnerait ces conseils.

C'est moi, Aileen. C'est Steve.

J'entends sa voix. Je n'ai même pas fait attention à sa voix ! En ouvrant les yeux je le trouve là, à deux pas, toujours les bras derrière le dos et habillé de la même manière : un pantalon militaire et un tee-shirt kaki délavé. Il me regarde avec des yeux pétillants, ses sourcils toujours froncés qui lui fait une ride du lion. Il a toujours son regard dur mais il sourit, sans grande conviction. Il semble troublé de me voir ainsi perdu, plus que moi je le suis de le voir à ce moment.

Le simple fait de voir mon arrière grand-père au moment où j'en ai le plus besoin m'émeu. Je n'arrive plus à bouger, alors il vient vers moi pour prendre mon visage dans ses mains tout en me regardant dans les yeux, il a l'air d'attendre que je dise quelque chose. Alors je commence, en me retenant de ne pas fondre en larme. Putain de bipolarité !

- Tu m'a prévenu.

Il pince les lèvres et hoche lentement la tête. Je secoue la tête de gauche à droite en sentant cette boule infernal se former dans ma gorge. Je continue malgré tout :

- Tu m'as fait promettre d'être forte et je me suis quand même effondrée. Tu m'a prévenu et je n'ai pas pu...

Voyant ma difficulté à continuer, il prend la parole :

- Tu as le droit de pleurer. Tu as le droit de t'y autoriser, d'aller à l'enterrement de tes parents, de leur dire au revoir et de te débarrasser de ce poids. Même si ce n'est pas le seul.

Ses yeux soutiennent mon regard.

- Fais-toi confiance. Ne pense pas à ce que tu as déjà perdu, pense à ce que tu ne veux pas perdre. Et surtout ne te perds pas, toi. Tu as besoin d'un point d'encrage et...ce Derick semble en être un. En tout cas tu en es un pour lui.

Ses paroles ont l'effet d'un calment. Sans savoir comment, mes muscles se détendent et mon envie de pleurer à chaude larme disparaît. Derick est mon point d'encrage et je suis le siens. Je viens de comprendre.

- Je dois utiliser mon cœur ?

Il hoche de nouveau la tête.

- Comment ?

- Appelle le. Tes sentiments et tes souvenirs de lui ont un effet sur toi. De là où il est il entendra ton cœur battre.

Je retrouve un espoir. Il m'a fait retrouver l'espoir de croire en moi, en ce que je suis capable de faire, encore une fois. Il lâche mon visage et recule en me regardant, avant de disparaître comme un fantôme.

Je prends alors une grosse bouffée d'air puis essuie mes larmes. Plus de temps à perdre. Je secoue les mains, bouge mes épaules et ma tête comme pour me réveiller et me concentre enfin sur les souvenir de Derick, son visage, son odeur, son sourire, ses baisers... On aurait dit que toute ces images, ce sentiment de bien être, l'envie de le voir se dirigent droit vers mon cœur. Je le sens battre et le laisse faire. Intérieurement, j'appelle celui que je désire voir, que je désire serrer dans mes bras encore une fois.

Puis les yeux clos j'attends encore pendant qu'une brise légère vient me caresser la joue. J'attends. Quand soudain, un hurlement de loup qui me semble proche me fait ouvrir les yeux en grand.

Ne te retourne pas et continue de penser !!

J'écoute ma conscience, laisse mon cœur le guider vers moi. 

Un grognement. 

Il est là, juste derrière moi. Je sens sa carrure imposante et son souffle rauque. Alors, d'un geste lent, je me retourne. Une partie de moi a peur de le voir, une autre est totalement sereine. Puis je le vois en face de moi : Il estt sur ses deux pattes, debout comme un humain, sauf que ce n'en est pas un. De long poil, ou peut être une crinière noir le couvre autour de sa tête, de longues oreilles pointent vers le ciels, une gueule tellement larges que s'en est presque affolant. Ses crocs ont l'air plus acérés que ceux d'Isi lorsqu'elle se transforme en Loup. Et son corps mi Loup, mi humain est impressionnant. Il était inhabituellement musclé, ses long bras se terminent par de long doigts avec des longues griffes. Ses pattes sont telles que je me les ai imaginés, énorme. Pour finir, ses yeux couleur de lune ont finalement prient leur teinte habituelle et contrastent parfaitement avec son pelage ébène.

Je n'ai pas peur de lui, car je perçois quelque chose dans son regard, même si il grogne et que sa carrure peut faire fuir, je sais au fond de moi que j'arriverais à le faire revenir. Alors je m'avance vers lui au début sûrement, puis doucement quand il commence à se méfier en ayant ce geste de recul. Je lève mes mains tremblante vers lui.

- Tu n'as rien à craindre, je ne te veux aucun mal. Regarde moi.

Il a un regard fuyant.

- Regarde moi !

Cette fois il m'écoute, ses babines retroussées en se tenant comme si il se sentait attaqué, il finit par me regarder dans les yeux. A partir de là je ne le lâche plus. Je m'avance encore, il semble ne pas le remarquer.

Bien, continue Aileen. Vas y doucement, sans geste brusque.

Plus je m'avance, plus il s'agrandit, alors je lève les mains vers sa gueule, sans craindre qu'il me morde. Il me regarde de haut, je le regarde tendrement, comme pour lui prouver et lui montrer que je ne veux que lui et que je ne cherche qu'à le ramener. Qu'il peut me faire confiance. Et cela semble marcher puisqu'il s'accroupit. Il a arrêté de grogner mais un ronronnement résonne comme un bourdonnement à travers son corps. Nous sommes face à face, je plonge mon regard dans le siens : un regard animal et pourtant tellement humain. Je pose une main délicate sur son pelage doux et humide, il ne remarque pas mon geste, ou se laisse faire. Son visage se détend. Je souris en penchant la tête pour examiner n'importe quelle émotions qui en ressort. Si j'avais été spectatrice de ce moment, j'aurais pensé à un remake de la Belle et la Bête.

- C'est moi, Derick. Tu es là, avec moi, chuchoté-je.

Un autre ronronnement quand son regard refléte de la reconnaissance. Il est là. Je l'ai vu.

- Ça y est, je t'ai trouvé.

C'est alors que sous ma paume, son pelage se rétracte, sa gueule disparaît pour laisser voir un visage familier qui me revient. Ses cheveux redeviennent normal, son corps reprend une forme plus humaine tout en gardant une musculature d'homme. Le vrai Derick est revenu, il semble plus affaiblit. J'entends son cœur, sa respiration lourde alors que j'ai toujours une main sur sa joue. Je lui souris, heureuse de revoir ce visage que je reconnais enfin. Lui aussi, il me rend son sourire. Son sourire qui m'a tant manqué. Puis sans que je ne m'y attende, il me prend la main qui est posée sur sa joue et l'enlève pour m'attirer vers lui avec une certaine force. Je pousse un petit cris de surprise qu'il étouffe aussi tôt en posant ses lèvres sur les miennes, des lèvres étonnamment chaude, ou était-ce ma chaleur ? Peu importe. Je savoure se baisers, ces retrouvailles en enfouissant mes mains dans ses cheveux pendant qu'il me sert contre lui et que nos lèvres dansent et se cherchent à tour de rôle. Puis il se détache lentement de moi en me regardant comme si quelque chose l'avait dérangé.

- Qu'est-ce que tu m'as fait Aileen Campbell ?

Je l'interroge du regard. Il me pose cette question sans vraiment attendre une réponse. Puis je souris, pensant comprendre ce qu'il voulait dire.

- Je suis ton point d'encrage.

Je lui avoue cela comme si c'était logique. Il n'a pas de réaction et continue de scruter chaque recoins de mon visage en caressant mes cheveux.

- Et je suis tombé amoureux de toi.


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