C H A P I T R E 24

PDV Derick Wanderbilt

Il est là. Je le sens en moi tout les jours. C'est pire que d'habitude, il ressort à chaque mauvaise humeur, quand la fatigue vient, quand je suis contrarié, quand j'ai de la peine. La pleine lune arrive dans treize jours, j'ai le temps de me préparer mentalement, mon père m'a prévenue que ce sera la journée la plus pénible compte tenue de mon état actuel. Il se demande même si mon rituel ne devrait pas se faire ce jours là. Il est le seule à parler en ce moment, je ne fais qu'écouter.

J'ai commencé à m'entraîner il y a cinq jours avec Thomas : au début j'ai eu du mal, ça me démangeait de lui mettre mon poing dans la gueule, puis j'ai fini par me faire une raison. J'en suis au point où même la colère me fait du mal. Les médicaments que je prends pour ma maladie n'agissent plus, les symptômes n'agissent que la nuit tombée pour le moment. Le soir je fais des cauchemars, je me réveille avec des griffures sur le corps et les murs, les draps trempés. Quand je sens les crises venir j'ai l'impression que je vais me transformer à tout moment, alors je vais dans la forêt, ou près du lac, là où il n'y a personne. Mon père s'inquiète, il en parle sans arrêt avec Rick. C'est à se demander si je vais survivre à en voir son visage blême et angoissé chaque fois qu'il me regarde.

Les entraînements que me fait subir Thomas me servent à garder un maximum de contrôle sur mes émotions, il a plusieurs fois joué la carte de la provocation, ça ne marche que très peu, au bout d'un moment je finis toujours par craquer. Le combat à main nues occupe une bonne partie de nos journées, il y a longtemps que je n'ai pas utilisé mon épée, il pense que ce n'est pas utile, que si je sais me défendre sans, je ne suis pas obliger de m'entraîner avec.

Cependant ces jours passés avec lui ne sont pas qu'une partie de plaisir : Il a essayé plusieurs fois de me mettre en situation de danger, comme la fois où il m'a maintenue la tête dans l'eau froide. Je devais rester le plus longtemps possible sans m'énerver, sans laisser ce monstre remonter, mais l'eau était tellement glaciale que je ne sentais plus rien, je n'arrivais plus à respirer, ça me rappelait les cauchemars que je fais la nuit, je me suis agité violemment sous le maintient de Thomas qui ne lâchait pas sa prise, puis ne pouvant plus j'en suis venue à le griffer et à l'entraîner dans l'eau pour qu'il daigne me lâcher avant que je ne sorte la tête de la rivière. Il m'a fait ce genre de plan au moins trois fois rien que cette semaine, j'ai du mal à gérer, je me sens diminuer et en même temps j'ai l'impression que cette chose se développe pour prendre toute la place. Aujourd'hui il m'a laissé la mâtiné pour me reprendre de l'entrainement d'hier, je l'en ai remercié. 

Aujourd'hui nous sommes le Samedi 3 Septembre, il est quatorze heure et Rick discute avec mon père dans son bureau alors que Mme Delorrier essaye de me convaincre d'avaler quelque chose avant que je parte m'entraîner avec son fils prodigue. Je n'ai aucune envie d'avaler quoi que ce soit, il y a plusieurs jours que je n'ai pas fais un repas entier, je me suis contenté que des quartiers de pommes, des fruits secs et de l'eau. Alors pour faire plaisir à cette femme qui me culpabilisait à répéter qu'elle a passé plus d'une heure à faire ces pains au chocolats ce matin pour le quatre heure. Enfin je ne suis plus un enfant !  Et puis zut, ça ne va pas me faire mal ! J'en prends un puis la remercie en jetant des coups d'œils insistant sur la porte du bureau de son mari, elle s'ouvre enfin. Le visage du maire paraît contrarié, ses rides du fronts s'accentuent, ses traits affaissés laissent tout de même deviné que c'était encore un jour sans. Il baisse les yeux quand mon père sort de la pièce en se frottant la mâchoire. Qu'est-ce qui peuvent bien se raconter tout les jours ? Est-ce à propos de moi ? Je ne parle quasiment pas à mon père le soir, il n'est pas beaucoup à la maison et à vrai dire je n'ai pas envie de parler à qui que ce soit après des journées de labeur. Ils s'arrête au milieu du hall pour faire encore des messes basses, je décide d'ignorer pour me forcer à avaler mon pain au chocolat sans vraiment faire attention au goût.

J'aperçois la porte coulissante d'une autre pièce du manoir s'ouvrir sur Thomas et sa sœur Mélanie, petite brune aux yeux vert claire, comme son frère, ils se ressemblent tellement que s'en est presque déstabilisant. Seule différence : son sourire enjôleur qu'elle arbore beaucoup plus fréquemment que son frangin. Elle s'empare de sa veste sur un fauteuil, d'un pain au chocolat et embrasse sa mère qui la regarde partir vers la porte d'entrée d'un œil curieux :

- Où tu comptes aller comme ça jeune fille ?

- Rejoindre deux trois amis. On doit organisé la fête d'anniversaire de Daniel.

Mme Delorrier hoche la tête avec une bref hésitation, j'entends d'ici les pulsations de Mélanie s'emballer et pourtant son visage garde un sourire franc qui inspirerait confiance à n'importe qui. Je ne sais pas quelle était la véritable raison, ça la regarde. Thomas me demande de le suivre alors que je n'ai toujours pas fini mon petit déjeuner. Il porte sur son dos un gros sac noir, qu'est-ce qu'il peut bien emporter là dedans ? Je finis le dernier bout puis m'empare de ma veste :

- Il sont réussit Madame, merci.

- Je t'en pris, appelle moi Sylvie, sourit-elle.

On devine les origines française de cette femme.

- C'est l'heure ! s'impatiente Thomas.

Je lève les yeux au ciel en me dirigeant vers la sortie.

- Ne le pousse pas trop à bout Thomas, il n'est pas comme toi, prévient-elle.

- Non, en effet.

Même avec ses proches il paraît toujours aussi austère. La remarque de sa mère me fait sourire, il ne tient décidément pas d'elle, même son père est plus sympathique, en tout cas quand je l'ai rencontré. Pour ce qui est des trois autres enfants je ne les ai toujours pas vue de près.

Nous saluons les vieux avant de partir, je n'adresse qu'un bref regard à Thomas qui a l'air déjà de me prévenir de ce qui allait m'attendre. Ca va, fou moi la paix ! Je me retiens de lui dire à voix haute. Au lieu de ça j'observe sa sœur qui marche avec nous. Lorsque nous arrivons à un croisement où se trouve la route pour aller au village je m'attends à ce qu'elle se sépare de nous mais elle n'en fait rien. Nous continuons de marcher quand elle surprend mon regard sur elle, son sourire s'efface pour me dévisager :

- Un problème ?

- Tu n'es pas censé voir tes potes ?

- De quoi je me mêle ?

Elle détourne la tête, je hausse les épaules en faisant la moue. Thomas marche devant nous sans se retourner.

- J'ai demandé à mon frère si je pouvais assister à l'un de vos entraînement, ça pourrait être amusant.

Amusant ? Son frère lui a enjolivé les faits ou est-elle simplement en train de se foutre de moi ? Je secoue la tête, je sens qu'elle me fixe et son sourire se transforme en un ricanement. Ouais elle se fiche de moi.

- Relaxe, ok ? Je suis pas ici pour faire la juriste, je suis juste curieuse.

- Curieuse de voir un gars se faire tabasser ?

- Tabasser ? T'exagère pas un peu ?

- J'en sais rien, tout dépend où on se place.

- Mon frère ne fait pas ça pour le plaisir de te frapper, il le fait pour te confronter à toi.

Elle s'arrête pour me faire face, elle a un regard sérieux et pénétrant, heureusement qu'elle sourit autrement on pourrait croire qu'elle va nous tuer.

- Mon père m'a dit que tu t'es fait agresser par un loup un soir de lune d'argent. Plutôt bien tombé pour se balader en pleine forêt !

- Je ne le savais pas à ce moment là.

Menteur ! Tu savais qu'un loup se baladait en pleine nature et ta curiosité nous a mené là !

- Peu importe. Il m'a aussi dit que tu étais un Lunairien avant. Aujourd'hui tu te retrouve à devoir faire un choix entre deux identités, mais pour cela il faut que tu connaisses tout de toi, que tu dépasse tes limites afin d'être mieux préparé à ce qui va t'attendre le jours où on va te débarrasser de l'une de tes identités.

- Je le sais tout ça ! m'emporté-je. J'ai juste... Je n'ai aucune idée du choix que j'ai à faire.

- Hey ! cri Thomas plus loin.

Nous avançons à pas plus lent.

- Je m'en doute. Mais tu n'auras peut-être pas à choisir en fin de compte. Tu as eu de la chance d'avoir survécu à cette morsure.

Je fronce des sourcils. De la chance ? Voyant que je ne comprends pas elle continue :

- A ce qu'on ma dit la lune d'argent est un phénomène qui ne se produit qu'une fois tout les dix ans un truc comme ça. Elle a plusieurs effets sur les loups, ça les rends plus sauvage, ils sont incapable de contenir leur soif de sang humain, certains subissent des effets comme des hallucinations, ils deviennent fou. Ici on ne craint rien car Black Lake est protégé mais à l'extérieur c'est plus dangereux. On dit que si un homme subit une morsure de loup garou pendant cette période il peut soit mourir, ce qui arrive tout le temps, soit se transformer en une créature plus puissante. Les choses ont été différente pour toi visiblement.

Première nouvelle, ça explique cette sensation horrible que j'ai eu lors de mon attaque, j'ai cru m'enfoncer un peu plus chaque seconde qui passait dans un profond sommeil en plus de cette immense douleur qui ne s'arrêtait pas. Un vrai calvaire. Et pourtant je suis là, mais j'ai plus l'impression de mourir lentement que d'être en vie.

- Toi tu pense que je ne retrouverais pas mes pouvoirs d'origine ?

Elle pince les lèvres puis secoue la tête.

- Je n'en sais rien à vrai dire. Thomas ne me raconte jamais comment se passe tes séances, je voulais voir par moi même.

- Et tu n'as pas idée de pourquoi les choses ont été différente avec moi ?

Elle réfléchit puis hausse les épaules.

- Ta mère avait le gène du Loup, non ?

- Oui. Tu pense que je l'avais aussi ?

- Ça me paraîtrait logique. Un gêne bien caché qui s'est réveillé ce soir là.

- Pourtant ça m'a contaminé.

- Ecoute, tout ça ne sont que des déductions, je ne détiens aucune vérité, d'accord ? C'est justement parce que je suis curieuse de ce phénomène que je viens avec vous.

- Je t'intrigue tant que ça ?

Elle penche la tête en levant les sourcils.

- Ne te fais pas de film ! Tu es juste l'un des premier à survivre à ce genre de truc, je veux juste suivre ton évolution, c'est tout.

- J'ai l'impression d'être un rat de labo.

Nous continuons plus loin, moi qui pensait qu'on allait s'arrêter à notre endroit habituel nous passons un pont en pierre au dessus d'une rivière. Le vent souffle, l'automne n'est pas encore là et pourtant le temps l'a déjà bien devancé. Ces changements fréquent de température m'intrigue, un jours il y a une pluie torrentiel pendant une journée entière, un autre il fait un temps d'été, le soir même l'orage s'installe jusqu'à nous réveiller la nuit... Sans parler des vingt-huit degrés qui passe à quatorze du jours au lendemain ! Ca arrive de plus en plus souvent et j'en viens même à me demander si Nina n'y est pas pour quelque chose, puis je me ravise. A moins qu'elle soit là je ne vois pas comment ses pouvoirs peuvent se manifester ici.

Les arbres verts et jaunes nous entours, le ciel est gris, les feuilles mortes volent dans tout les sens par terre quand nous marchons en direction d'une maison abandonnée aux vitres brisées. Cette vieille bâtisse est entourée de feuilles de lierre, celles-ci grimpent les murs et les piliers sans tout couvrir, de la mousse pousse au dessus des toits arrondit d'une véranda, il y a même des pierres brisées au sol caché par la pelouse. En me rapprochant j'examine ce qu'il y a de gravé sans arrivé à lire. Des pierres tombales ?

- Où est-ce qu'on est ? demandé-je à notre accompagnateur qui s'apprête à entrer dans la véranda.

- Une maison abandonné par les humains qui habitaient ici avant.

Sa sœur le suit sans se poser de question, sans même grimacer à la vue des toiles d'araignée sur les murs et les vitres salles.

J'entre à mon tour, l'intérieur sent l'humidité et la vieille pierre froide, comme dans les églises. Les murs de brique craquent mais tiennent encore debout, le sol est remplit de plante qui se faufilent entre le carrelage brisé, des arcades donnent sur un large couloir et d'autre pièce de la maison, un salon poussiéreux avec un vieux tapis effilé, des meubles cassés pour certains et recouvert de draps blanc pour d'autre. Au fond se trouve une autre pièce plus éclairé. Ce devait être une belle maison, pourquoi a-t-elle été laissé à l'abandon ?

Thomas et Mélanie sortent des bougies du sac à dos, un briquet, un bol en céramique, plusieurs flacon de liquide, une bouteille d'eau et un bocal qui contient des pépites rose pâle, comme des sels de bain.

- C'est quoi tout ces trucs ?

On ne me répond pas tout de suite, Mélanie regarde son frère avant de placer les bougies pour former un cercle, elle les allumes une par une avec son briquet. Son frère se lève pour déposer le sac plus loin, je répète plus sèchement :

- Quelqu'un peut m'expliquer ?

- On va essayer un autre test, commence Thomas. Rien de dangereux si tu laisse ton esprit te guider.

- C'est quoi, de la sorcellerie ?

Il penche la tête comme pour confirmer. Je les regarde tour à tour, les sourcils froncés. Mélanie s'assoie devant le récipient, ouvre le bocal de sel pour en prendre une poignet, puis une deuxième, elle prend un des flacons pour en verser une, deux, trois, quatre goûtes. Je la regarde faire ses mélanges, ne comprenant plus. Elle jette un œil sur moi :

- Surpris ?

Je bafouille, elle semble amusé de la tête que je devais tirer.

- Tu n'est pas un...

- Une louve ? Non. Je suis la seule sorcière de la famille.

Merde alors !

- Du côté de ta mère ?

- Oui, dit-elle en versant les dernières goûte du troisième flacon qui contient un liquide bleu. Je le tiens de ma grand-mère.

Elle s'empare d'un petit broyeur et de sa bouteille d'eau qu'elle verse dans le bol en même temps de broyer. Elle est la petite sorcière de la famille, mon père ne me l'a pas précisé.

- Et ta mère ?

- Elle n'a pas de pouvoir, elle a seulement le don de bien cuisiner.

- Tu n'es pas du tout un loup ?

Elle secoue négativement la tête puis me sourit en fermant sa bouteille d'eau alors que son frère la regarde faire, les bras croisé.

- C'est surprenant, je ne pensais pas que les loups et les sorcières se côtoyaient ici. Les gênes de loup et de sorcière ça ne t'as pas causé de problème ?

- Non, ca n'arrive qu'avec les Lunairien, sous-entend-elle en me regardant tête penchée. Et ma grand-mère ne s'est pas marier à un loup, ce n'est pas très naturel.

- Pourtant ta mère l'a fait.

- Mais ce n'est pas une sorcière.

Je reste béat devant cette situation délirante, Thomas se met à marcher lentement à travers la pièce alors que Mélanie s'installe en tailleur tout en mélangeant sa « potion magique ». Un petit sourire amusé se dessine sur son visage. C'est donc la réel raison de sa présence ici.

- Je t'intrigue tant que ça ?

Je met un temps avant de comprendre qu'elle a utilisé mes mots, je souris.

- Tu devrais t'asseoir, m'invite Thomas en continuant de tourner autour de la véranda.

Il désigne des yeux le centre du cercle.

- Enlève ta veste, tu sera plus confortable, me conseille-t-elle.

Je l'écoute et pose ma veste par terre avant d'entrer dans le cercle. Les bougies scintillent à la lumière du jours, le cercle est suffisamment large pour que je m'allonge.

- En quoi va consister ce test ?

- A définir qui tu es.

Je me tourne vers Thomas, il me regarde de haut.

- Je pensais que ce serait la dernière étape celle là.

- J'ai changé d'avis.

- Pourquoi ?

- Parce qu'on a plus le temps. Les autres entraînement sont mineur, il est important que tu te prépare au plus important : La pleine lune approche et tu n'es pas encore prêt.

- J'en ai marre que tu change les règles quand ça t'arrange !

- Tu n'as toujours pas compris ? Je suis justement là pour cette raison précisément. Ton père ne peut pas t'aider, il est trop proche de toi et le miens est trop vieux.

- Et il n'y avait pas d'autre personne de ton âge pour te remplacer ? Ils ne sont pas aussi prétentieux et sévère que toi pour ce boulot, c'est ça ?

- Derick ! intervient sèchement Mélanie.

Un de ses rares sourire en coin apparaît.

- Tu as peut-être raison. Je suis aussi le seule qui arrive à te provoquer et à te contenir si jamais tu craque sous la pression.

Je serre les dents. Il est le seule de nous d'eux à se plaire dans son rôle.

- Ton père t'as amené ici parce que tu as un problème et ce n'est pas ta petite amie qui est en mesure de t'aider, mais moi. Si tu tiens à ce que ce soit fini rapidement je te conseille d'arrêter de râler, tu n'est plus un ado maintenant.

Il se remet à marcher autour des bougies, je serre les poing, ce n'est pas le moment de s'énerver. Plus tôt ce sera fini mieux se sera.

- Bois ça.

Je regarde la sœur qui me tend le bol, le prend et regarde d'un œil intrigué le liquide rose.

- Fait pas ta chochotte c'est un élixir, pas de la pisse de licorne !

J'essaye de me contenir pour ne pas partir en courant.

- Ca va me servir à quoi ?

- A dormir.

Je lève un sourcil.

- C'est dans tes rêves et tes visions que tu trouvera la réponse, cela s'appelle une quête. Ce n'est pas toujours facile la première fois.

- On risque d'y passé le reste de la journée.

Je les regarde tout les deux me fixer, impatient. Le reste de la journée ? Géniale.

- Et je dois faire quoi dans cette quête ?

- Déjà tu bois, tu t'allonge et tu me laisse faire mon boulot de sorcière sans poser de question !

- Sans poser de question ? Dis moi ça fait combien de temps que tu fais se boulot de sorcière ?

- Fais moi confiance et bois ta gorgé !! répète-t-elle en fermant les yeux d'impatience.

Et merde. De toute façon ça ne peut pas être pire. Je porte le récipient de bois à mes lèvres en plissant les yeux, appréhendant un goût bizarre, je n'avais pas tord : acide, salé, amer. Je donne le bol à Mélanie, essuie les contours de ma bouche puis m'allonge en attendant que quelque chose se passe. Elle se met à murmurer quelque chose dans une langue que je ne comprends pas... En fait si, je devine que c'est du français. Un français bien prononcé.

Je me sens partir petit à petit, les bruits des oiseaux que l'on entendait dehors se taisent, l'obscurité m'entoure lorsque je ferme les yeux, le silence est absolu.

~

PDV Exterieur

Pendant ce temps...

Chateau d'Invereray (Argyll) ; Ecosse.


C'est d'un pas nonchalant qu'Oscar contemple le hall d'entrée modeste et impressionnant du Château écossais. Il est vingt-et-une heure, les visites sont terminées depuis longtemps déjà et pourtant il est là avec sa canne dans la main, explorant les murs jaunes remplient d'arme en tout genre disposées de différente façon. Le plafond est d'une auteur effarante, la lumière du soir passe entre les carreau.

Il est littéralement hypnotisé par la décoration : Au dessus des deux cheminé des mousquets sont disposés de manière à former une cocarde, des minis canons sont posés sur les deux côtés des cheminé. Y sont exposé également des armes d'hast de toute taille, des haches... Une vrai armurerie !

- C'est un hall d'entré fort remarquable, constate-t-il.

Plusieurs apparitions de fumée noir viennent troubler le silence du château. Les Odroxe, toujours vêtu de leur large capuche rouge, se rassemblent dans le hall et sur l'escalier qui mène à l'étage. On entend les serrures de toute les portes se déclencher toute seule, l'air se fait plus pesant.

- Installez-vous messieurs ! S'exclame-t-il en se tournant vers ses disciples. La demeure est grande !

- N'est-ce pas Monsieur Braun !

Une imposante et intimidante voix d'homme résonne parfaitement dans le hall d'entrée. Oscar tressaute en regardant en haut des escaliers : l'ombre d'un homme au long cheveux lisse descend calmement les marches, les Odroxe restent immobile à son passage. Son visage blême aux traits marqués et à la mâchoire carré affiche un petit sourire constamment figé.

- Ne vous méprenez pas mais il me semble que cette demeure ne vous appartient pas. Pas encore.

- Oh ! Bien sure que non voyons ce n'est qu'une simple visite.

- L'Armaury vous fascine ?

Le grand homme au sourire figé observe les armes accrochés sur les murs.

- Avez-vous déjà entendu parlé de l'histoire de ce château, Monsieur Braun ?

- Mmh, très peu. Je ne viens pas de ce pays.

- Ce hall est le plus grand d'Ecosse. Il monte à vingt-et-un mètre de hauteur. Ici (il montre le plafond central), est affiché le blason du clan. Mais ce n'est pas le hall d'origine, le château ne l'est pas lui même.

- Il a été brûlée n'est-ce pas ?

- Exact. Par le marquis de Montrose. C'est le troisième duc d'Argyll qui a fait construire celui-ci, ainsi que la ville.

Il s'approche des murs pour regarder les armes de plus près.

- Ces haches de Lochaber sont vraiment de toute beauté, murmure-t-il.

- Vous connaissez les armes ?

Le grand homme ricane silencieusement.

- Bien évidemment.

Il effleure des doigts la lame d'une des glaives. Oscar le regarde faire quand une flamme scintille sur le fer de l'épée. Le grand homme reprend sa marche lente à travers le hall en souriant.

- Vous savez ce qu'on dit sur ce château ? Qu'il est hanté.

- Je m'en serais douté. Hanté par qui ?

- Plusieurs personnes. Une femme tué par les jacobites, un autre qui apparaît lorsqu'un membre du clan Campbell approche de la mort. Mais le plus célèbre reste...

Il s'arrête, le silence revient. Le visage du grand homme s'illumine lorsque un son provenant d'une autre salle se fait entendre. Des cordes, une mélodie.

- Vous entendez ça ?

Oscar tend l'oreille. Le son vient de derrière l'une des deux portes sur les côtés du hall. Il se dirige vers l'une d'elle alors que son supérieur goûte au son mélodieux et berçant d'une harpe.

- Qu'est-ce que c'est ? Je pensais qu'on était seule ?

- Mais vous l'êtes !

Il le rejoint, la mélodie s'arrête, puis repart de plus belle. Ne comprenant pas, Oscar ouvre la porte en grand sur une grande pièce décoré à la française. Il n'y a personne, plus de bruit de harpe.

- Qu'est-ce que c'était ?

Le grand homme rit comme pour se moquer avant d'entrer dans la pièce.

- Auriez-vous peur des fantômes Monsieur Braun ? demande-t-il en posant une main sur l'instrument.

- Ce serait ironique, dit-il faussement amusé.

- C'est un jeune harpiste. Il est mort lors de l'attaque de 1644. Depuis son âme erre ici.

- Vous l'avez invité ?

- Je l'ai libéré. Son souhait était de continuer à jouer de son instrument même après sa mort. Je me suis dit que ce château manquait cruellement de musique.

Le vieillard acquiesce en s'efforçant de sourire. Il n'a pas oublié la raison de sa présence ici et il tient, malgré son appréhension, à le lui rappeler. Il s'éclaircit la gorge.

- La cérémonie approche, Messire. Il ne reste qu'un mois et demis. J'ai pensé qu'il serait symbolique de le faire ici, dans les jardins.

Il ne dit rien et se contente de le regarder, toujours avec son petit sourire figé.

- Si vous me le permettez, rajoute-t-il en inclinant la tête.

Il acquiesce.

- J'ai observé de loin ton travail à Atlantic City, fini-t-il par répondre en se remettant à marcher dans la pièce pleine de tapisserie et de tableau. Tu l'as testé ; elle a fini par tuer trois personnes. C'était malin.

- J'ai voulut montrer au monde entier ce qui les attendait, vous disiez...

- Que les mortels doivent savoir, coupe-t-il. Oui, je l'ai dis. Et c'est tout à ton honneur. Les médias s'en donnent à cœur joie, ils étalent cette histoire partout à travers le pays.

Il semble satisfait, mais Oscar détecte une hésitation. Il ne dit rien et le laisse parler :

- Aileen est coriace, dit-il en regardant le paysage nocturne à la fenêtre. Elle sera peut-être désemparée pendant un moment mais elle s'en remettra vite. Le Phénix l'aide à se renforcer.

- Plus pour longtemps ! Lorsque la date se rapprochera il ne sera plus capable de la protéger de la souffrance, ça nous aidera à agir et à prendre la pierre !

Il s'avance vers lui en agitant les mains, excité de constater que son plan avance à grand pas.

- Ne soyez pas pressé, Monsieur Braun. Il n'est de mission plus difficile.

- Oui, bien sur ! Mais vous croyez en moi ? Vous pensez que je serais capable de supporter un tel pouvoir ? De régner sur le monde à vos côtés ? Le pacte stipule bien que mes pouvoirs seront suffisant pour m'emparer de la pierre ?

Il le regarde dans les yeux, sa peau pâle faisant ressortir ses yeux gris, cet homme impressionnant aux épaules carré et à la chevelure noir lisse et longue. Ses lèvres s'étirent d'un large sourire.

- Absolument.

Oscar en frissonne d'excitation, son sourire tordu montre ses dents jaunes et ses mains maigre remplit de taches brunes serrent sa cannes.

La nuit assombrit l'espace, mais la présence de cet homme mystérieux et ténébreux alourdie l'atmosphère encore plus, la rendant obscure comme les enfer.

Après tout, c'était Hadès.

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