C H A P I T R E 20


- Et après ?

- Rien. On a rien dit de tout le trajet.

Les filles me fixent toute alors que je me remémore la scène.

- Mais t-tu ne l'as pas... vraiment embrassé ? balbutie Kristy.

Je secoue négativement la tête sans la regarder.

- Elle l'a effleurée.

- Tu crois que c'est mal ?

- Nan, répond Annabelle, c'est mieux !

- Quoi ?

Je suis encore hébétée, je ne réfléchis plus aussi bien qu'avant.

- Oui c'est mieux ! Tu as reculée avant que ça n'empire.

- Exactement, maintenant reste où tu es et évite de rester seule avec lui dans la même pièce !

- Nan mais plus sérieusement, tu en avais envie ?

Je me bloque soudainement mon corps se crispe. Je ne sais pas si j'ai honte de ma réponse ou si j'ignore encore celle-ci. Sur le chemin du retour, non seulement nous ne nous sommes pas parlé, mais en plus il ne m'a pas regardé une seule fois. Comme si je n'étais pas là. M'en veut-il ? Il sait pour moi et Derick, ce serait idiot de sa part qu'il m'en veuille de l'avoir repoussé sous prétexte que mon copain n'est plus ici et qu'il peut tout se permettre. Mais tu le voulais !! Tout au fond de toi tu en avais envie !! Maintenant je redoute le moment où nous allons nous recroiser.

- Hmm... Ce silence veut tout dire, insinue Kristy.

- Arrête ! Je suis sûre qu'elle n'en avait pas l'intention. N'est-ce pas ?

- Oui, réponds-je mollement.

- Quoi qu'il en soit il t'a fait changer les idées, c'est bien non ? intervient Isi.

- C'était cool.

Un silence s'installe pendant le quel je décide de mettre ça de côté quand Nina me suggère une activité :

- Killian nous a proposé de nous rendre au sous-sol des salles de simu'. Ca te dis de venir ?

Cela me semble être une bonne idée. J'ai pour habitude de commencer les entraînements vers dix-sept heures, une heure et demis plus tôt en avance c'est bien aussi ! Et puis j'ai récupéré pas mal d'énergie et d'adrénaline grâce au rallye.

Nous commençons à partir quand je me souviens d'une chose. J'interpelle Jessie en lui retenant le bras.

- Je peux te parler cinq minutes ?

- Euh... Oui.

Je la rassure en lui adressant un petit sourire avant de prévenir les filles que nous les rejoignons. Elles s'en vont en nous laissant seule dans ma chambre, je m'assoie avec elle sur le lit en inspectant son visage et ses grands yeux bleu. Elle tente de cacher ses émotions mais même sans empathie cela se voit qu'elle n'est plus aussi guillerette et souriante qu'avant, ça ne lui ressemble aucunement.

- Qu'est-ce qu'il ne va pas ?

- Comment ça ?

Ses yeux clignent plusieurs fois, elle se met à changer de position.

- Au déjeuner je t'ai sentis angoissé et stressé. Et tu as beau te tartiner de fond de teint je vois très bien que tu n'as pas bonne mine.

Son regard fuit le miens et ses mains commencent à s'entremêler.

- Ce n'est rien.

- Ce n'est pas rien, Jessie. Je comprends que tu n'ai pas envie d'en parler parce que tu pense que ce n'est pas grave mais ça le sera si tu le garde pour toi.

Elle hésite à en dire plus mais ses yeux commencent à s'humidifier.

- C'est rien, vraiment. J'ai juste...

- Tu as du mal à dormir, pourquoi ?

Elle pince les lèvres avant de me regarder dans les yeux.

- Je fais des cauchemars à cause de ce qu'il s'est passé à Elgia.

J'articule un "Oh". Je ne m'attendais pas vraiment à cette réponse, mais maintenant qu'elle le dit je trouve cela normal. Ce genre d'événement peut marquer.

- Je vois constamment ce monstre énorme et ma sœur... Mes parents morts.

- Je vois... Il y a autre chose ?

- Oui, répond-t-elle avec un petit rire jaune. J'ai tué des gens.

Je me mords la lèvre. Le voilà le principal problème, le fait de tuer quelqu'un.

- Je sais ce que tu vas dire, continue-t-elle. Ils n'étaient pas humain, ils voulaient notre mort et celle de Nina, on avait toute les raisons de réagir comme on l'a fait mais ce n'est pas pareil ! Dans ma tête, humain ou pas ça ne fait aucune différence. Ils ont un corps humain, ils ont souffert.

- Je n'allais pas te le dire, je me doute que tu le sais déjà. Ils ont peut-être souffert lorsque tu t'es servis de ton arme mais si tu ne l'avais pas fait tu ne serais pas là et ta sœur non plus. Ils avaient toute les raisons de mourir.

- Mais comment tu fais, toi ?

- Comment-ça ?

- Tu n'étais même pas au courant de ce monde il y a trois mois, toi aussi tu y as participé alors que tu te disais pacifiste.

Je penche la tête en réfléchissant à sa réflexion.

- C'est vrai. Je ne suis pas insensible à tout ça, mais il y a des choses que j'ai réalisé pas plus tard qu'hier. Je sais que la mort est là, partout, elle nous attend tous, même si nous sommes des surnaturels. Je le savais mais j'en ai réellement pris conscience lorsqu'Anastasia est morte, elle et d'autre qui ont été tué par Grégoire. Puis il y a eu mes parents. Et je crois que mon pouvoir en est pour beaucoup aussi, il m'a donné pas mal de caractère et de force. Je me sens moins vulnérable qu'avant. En tout cas maintenant.

- Pourtant tu l'étais lorsque tu as appris pour tes parents... 

- Oui. Mais je ne sais pas si je m'en serais remise aussi facilement si je n'avais pas mes pouvoirs. Et vous.

Elle acquiesce en essuyant rapidement ses yeux puis se remet à sourire quand je lui prends la main.

- Cette partie là est fini, c'est du passé. Tu as passée un cap difficile qui t'as préparé pour la suite. Steve m'a dit qu'à partir du moment où j'ai eu mes pouvoirs, ma vie a changer et mon monde aussi. Tôt ou tard on le voit de nos propres yeux, on subit, on souffre, on apprend et on se renforce. Ce genre de chose t'endurcit et tu finis par encaisser. Plus longtemps pour des choses plus grave mais tu ne seras pas toute seule à le faire parce que nous sommes là.

Elle commence à respirer plus régulièrement et je vois à son visage qu'elle s'est à présent détendu.

- Merci, murmure-t-elle.

- Je t'en pris. Je n'en parlerais pas à ta sœur, si tu préfère le faire.

Elle me sourit comme pour approuver puis je me lève.

- Tu viens avec nous ? 

Son sourire s'évanouie sans vraiment disparaître.

- Non, merci. Je ne pense pas être prête pour ça encore. 

- Je comprends. Ca ne t'empêche pas de venir et de regarder, tu n'auras qu'à dire à ta sœur que tu ne te sens pas très bien. 

Elle réfléchit à ma proposition puis fini par accepter. 

~

PDV Derick Wanderbilt.

La peau écaillée de la Sirène rouge brille beaucoup moins à la lumière du jour. En revanche ses yeux verts luisant se voient toujours autant, ils me dévisagent. Je ne perçois que sa tête qui sort de l'eau, ses longs cheveux roux flottent autour de son long coup. Cela fait un petit moment que je me lamente en silence sur cette plage, elle m'a sûrement entendu, ou sentit, peu importe. De loin je n'ai pas la même sensation d'attirance qu'hier soir mais trouvant son regard troublant et pour le moins gênant je n'arrive pas à détacher mes yeux des siens, jusqu'à ce qu'elle décide de réduire la distance entre nous.

Elle se rapproche en traînant dans l'eau, je pensais qu'elle allait s'arrêter mais elle continue jusqu'à ralentir au rivage. Surpris et intimidé je la vois grandir, découvrant sa poitrine cachée par ses cheveux qui arrivent jusqu'à la taille, ses jambes couvertes d'un tissu couleur chair mouillée, presque transparent, un peu comme un paréo qui fait office de seconde peau, c'est étrange. Son corps fin et ses longues jambes marchent vers moi avant de s'asseoir. Je la détaille de haut en bas, la bouche entre ouverte. Voyant mon air ahuris elle esquisse un petit sourire avant de prendre la parole :

- Je ne peux rester plus longtemps sur terre. Autrement nous suffoquons, m'explique-t-elle de sa voix enchanteresse.

Me trouvant un peu idiot en ne sachant quoi répondre je fuis son regard.

- Pourquoi te retrouves-tu seul ? Et triste ?

- Je ne suis pas triste.

- Le mot « triste » ne te convient peut-être pas ?

- Je suis contrarié c'est tout.

- Seulement contrarié ? Je détecte plusieurs mal en toi. Ton côté loup prend de plus en plus le dessus. Il est puissant.

Je serre les dents, une boule d'énergie se forme aussi tôt au creux de mon ventre et mes mains s'agrippent fortement à mon jean. Le vent balaye nos visages, il est plus frais que tout à l'heure mais cela ne me fait rien. Je regarde le lac bouger et produire des vaguelettes pendant que Ligie la sirène maintenant humaine continue de me fixer.

- Ils t'ont demandé de choisir ?

- C'est ça.

- Connais-tu les risques que cela encours ?

Je la regarde, intrigué.

- Qu'est-ce que tu peux bien connaître des Loups-Garou ?

- Je sais tout. Je connais aussi bien les humains que les surnaturels. Nous autre sirènes nous voyageons dans tout le globe terrestre et nos pouvoirs nous servent à lire l'individu comme un livre ouvert. Comme je l'ai fait avec toi lorsque j'ai vu Aileen.

A ces mots je me retourne vers elle sans savoir quoi dire.

- Elle doit être importante pour toi si j'en juge par ton rythme cardiaque qui s'accélère. Tu as peur de la perdre quoi que tu fasses.

- Je n'ai pas besoin que tu me rappelle à voix haute ce que je sais déjà.

Mes sens ne font plus autant attention à sa voix, à son physique attirant.

- J'ai besoin de réfléchir, c'est tout.

- Mais ne réfléchis pas trop longtemps. Ton côté animal est né le soir de la lune d'argent, il est difficile de résister à un tel fardeau, surtout lorsque nous ne sommes pas né Loup.

Je fronce les sourcils en essayant de me détendre.

- Tu dis qu'il serait trop tard ?

- Je dis qu'il gagne du terrain. Mais si tu penses être un Lunairien et non un Loup, combat le et repousse le.

- Et si j'échoue ?

- Alors ton destin sera scellé et ton combat te changera. Mais ne traîne pas, autrement ce sera plus difficile.

Elle se lève lentement tout en me regardant avant de se diriger vers le lac où quelques têtes blondes, brune, même verte et argentée la dévisagent, comme pour l'attendre. Elles font presque peur à voir.

- Elle aussi risque de changer, ajoute-t-elle. Le jour de l'inhumation approche, le Phénix ne renaît pas tout de suite, quelqu'un doit décider de son destin, elle ou une autre personne.

Elle commence à s'engouffrer dans l'eau en me laissant là, dans l'incompréhension totale. Je me lève brusquement pour me rapprocher du lac :

- Attend !! L'interpellé-je alors qu'elle s'enfonce. De quoi tu parles ??

Je reste planter là en regardant ses sœurs me regarder, pensant que je vais sauter avec elles, puis elles disparaissent.

Je serre les poings et les dents nerveusement. Je sais qu'elle parlait d'elle mais ses derniers mots restent un mystère. Quelqu'un doit décider de la faire renaître ? On ne m'a jamais parlé de ça ! Elle ne m'a rien dit.

Évidemment tu lui as raccroché au nez espèce d'idiot !!

Je cherche précipitamment mon téléphone dans mes poches avant de le sortir et de le déverrouiller. Toujours pas de réseau. Merde, merde !!!

Sans réfléchir je cours le plus vite que je le peux pour traverser la côte raide et légèrement glissante. Mon agilité de loup m'aide à m'agripper aux arbres, à me porter et franchir les obstacles entre les sapins. Je dois avouer que c'est pratique mais je prends déjà trop l'habitude de ces changements. Tu es un Lunairien, Derick, pas un Lycanthrope !

Après être arrivé en haut je suis surpris de voir quelques passants dans la rue piétonne. Je me dirige à grande enjambé vers mon bungalow en espérant trouver personne et lorsque j'ouvre la porte avec les clefs je souffle un bon coup. Je suis seul. Le réseau apparaît mais reste un peu faible, je tente quand même d'appeler Aileen. Ça sonne, ça sonne... Le temps paraît ralentir et je tourne en rond, puis lâche un juron lorsque je tombe sur sa boîte vocale.

~

PDV Aileen Campbell

- C'est quoi ce truc ? demande Kristy devant l'une des nombreuses salles du sous-sol.

Nous observons toute les deux à travers une grande baie vitrée cette pièce lumineuse sans fenêtre où des techniciens trafiquent quelque chose sur des fauteuils noirs. Non, en fait c'est sur des casques transparent positionnés au-dessus de ces fauteuils qu'ils travaillent et le bruit des visseuses-perceuses s'entend à peine, la pièce étant bien isolée. Les nombreux techniciens semblent faire du bon boulot sur ces casques dont on ignore l'utilisation ainsi que sur les machines autours. Il y a un bazar pas possible, si bien que nous avons du mal à distinguer toute les machines et les pièces différentes.

- Killian ? Qu'est-ce que c'est que ça ?

Notre professeur, qui se trouve devant la salle aux vitres teintées où Nina exécute sa simulation s'adresse à Annabelle avant de nous rejoindre :

- Tu peux surveiller ses résultats ?

Mon amie acquiesce pour se mettre à sa place devant la petite borne pendant que Killian se dirige vers nous afin d'observer à son tour puis émet un bruit de gorge.

- Je n'en suis pas sûre mais j'ai déjà vu ces fauteuils quelque part.

- Oui, dans Matrix, plaisanté-je.

- Ça y ressemble. Le CSM voulait mettre en place un nouveau système d'entraînement avancé je crois. Ils en avaient parlé il y a quelques mois déjà, je ne pensais pas que ce seraient déjà installé.

Jessie se lève du banc pour nous rejoindre.

- Qu'est-ce qu'il aura de plus que les salles qui sont là ?

- D'après ce que j'ai entendu les casques serviront à se connecter au cerveau et à tous ces neurones, puis avec les machines et les ordinateurs on pourra y envoyer des informations.

Je lève les sourcils.

- En étant éveillé ?

- Non, endormis.

- Quels informations ?

- Plusieurs sortes !

L'intervention venait d'un homme blond de grande taille qui doit avoir une trentaine d'années. Il sort de la pièce en enlevant ses gants de protection tout en souriant gentiment. Je remarque une cicatrice allant de sa pommette gauche jusqu'à la mâchoire, sans doute le prix à payer lorsqu'on fait ce métier. Surpris de sa prise de parole, nous nous retournons tous vers lui, il continue :

- La machine sert d'émetteur au casque, puis au cerveau. Ça servira à importer ou exporter des souvenirs, implanter des idées, des informations que des personnes auront oubliées et qui sont enfouis dans leur inconscient, ce genre de choses...

- Importer ou exporter des souvenirs ? répète Jessie. Des faux comme des vrais ?

Le technicien acquiesce fièrement puis ajoute :

- Elle peut très bien « endormir » un agent comme le réveiller. Les scientifiques sont pour la plus grande majorité des surnaturels douée d'un savoir-faire et d'un QI surélevé. Je les envie !

Je reste ébahi face à ces explications en réalisant à quel point la technologie avance à une vitesse effarante alors que nous sommes qu'en 2016. Mes amies ont l'air tout aussi impressionnées que moi.

- Comment avez-vous réussis à arriver à ce résultat ? demande Killian.

- Et bien personnellement je ne m'occupe que de l'installation... Le reste il faut demander aux scientifiques qui ont participé à ce projet. Cela a pris pas mal de mois pour résoudre les calculs, trouver les pièces adéquates, organiser des réunions avec le comité afin qu'ils approuvent ce projet...

- Oui, je me disais bien cela. Ils n'avaient pris que l'initiative il y a presque un an.

- C'est exact. Là nous installons tout le matériel.

- Vous avez déjà fait des expériences sur l'homme ?

- Bien sûre, autrement rien de tout cela ne serait ici.

- Quand est-ce que ce sera prêt ?

- Un mois et demi, grand maximums. Le temps de vérifier que tout fonctionne bien.

- Killian ! appelle Annabelle. Elle en est à quatre-vingt-huit pour cent !

- Bien, nous allons la faire revenir doucement, fait-il en se dirigeant vers la borne.

Je reste fixé sur la grande vitre en regardant tout le monde travailler pendant que Kristy pose les questions.

- Est-ce que c'est le même système de simulation que sur l'île d'Elgia ? On avait le même casque transparent sur la tête lors de notre examen.

- Non ça n'a pas cette fonction. En revanche, les scientifiques pensent que ces machines ont la capacité d'intégrer des méthodes d'entraînements en insérant des clefs ou des cartes SD, comme dans un ordinateur.

Le sourire presque moqueur du technicien me fait penser qu'il n'y croit qu'à moitié. Quant à Kristy elle semble vouloir y croire absolument que s'en est comique.

- Et ? C'est possible ?

- Honnêtement je n'en suis pas si sûre... Ils ont quand même ajouté cette fonction dans la machine, selon eux les résultats doivent être revérifié et modifiés en cas de besoin. C'est juste un programme qu'ils ont ajouté, ça ne nécessite aucune désinstallation du matériel.

- Pourquoi n'ont-ils pas testé ce programme ? Demandé-je.

- Sur des animaux c'est inutile puisqu'ils ne peuvent pas démontrer les résultats. Et sur les hommes c'est risqué, car cela nécessite d'accéder à plusieurs parties importante du cerveau. J'étais bon élève en science mais tout cela est d'un niveau un peu trop complexe.

En effet, moi-même j'ai du mal à croire qu'on puisse accomplir ce genre de chose : implanter une leçon de combat dans le cerveau ? Je demande à voir.

Le technicien s'excuse auprès de nous avant de partir en direction des escaliers, Kristy s'exclame toute seule devant la vitre. Quant à moi je reste dubitatif. Jouer avec le cerveau semble être le passe-temps préféré des scientifiques surnaturel et je n'aime pas trop ça.

~

Pendant que je m'échauffe tranquillement dans les vestiaires je me fais une liste des choses à ne pas oublier avant ma simulation : me concentrer sur moi et sur mes objectifs, ne pas penser à ce que j'ai peur de faire, me concentrer sur mes souvenirs, sur ce qui me font ressentir, respirer profondément et ne pas laisser la colère m'envahir. Si elle apparaît, j'arrête et je reprends.

- Ça va aller, soufflé-je pour moi.

Je sors des vestiaires en tenue de sport noir : leggings court et tee-shirt avec deux dagues qui ne sont pas les miennes mais qui me serviraient juste pour m'entraîner. Je marche calmement dans le large couloir de brique en faisant tourner les dagues rapidement dans mes mains avant de les accrocher sur ma ceinture. Ce geste c'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas.

En regardant autour de moi, presque toutes les salles de simulation sont cachées par leur grande vitre teintée, ce qui signifie qu'elles sont occupées. Sauf la mienne, puisque Kristy vient de finir son entraînement il y a vingt minutes avec un résultat de quatre-vingt-six pour cent : cela correspond à son taux de puissance en fonction de ses capacités physique et mental ; ce que les résultats des examens à Elgia nous démontraient déjà avec les niveaux 1 à 5, qui indiquaient si nos pouvoirs étaient destructeur.

Tout cela je l'ai compris, mais lorsque j'attends devant la porte de la salle que Killian m'inscrive sur la borne, il me fait encore un topo :

- N'oublie pas, je guiderais tout depuis la borne. Lorsque tu entreras dans la salle tu te mettras au milieu et les lumières s'éteindront.

- Et ça c'est pour toi ! s'exclame Kristy en me tendant un sert tête noir avec deux petites plaquettes au bout.

- C'est quoi ce truc ?

- Un capteur connecté à la borne et qui transfert les images aux cerveaux.

Sans blague.

- Tu auras un peu mal à la tête au début, ajoute Nina. Ne t'étonne pas des bruits de machines et des lumières bizarre c'est normale.

- Ok, mais je pensais que seule la salle pouvait créer des cibles ?

- Elle peut mais ça c'est un programme de débutant, répond Kristy d'un air moqueur. Là c'est une simulation en 3D avec option paysage et cibles ennemie réaliste, très chère !

- La technologie de pointe qui enregistre notre niveau, évalue nos capacités physique et mental, font le point sur nos aptitudes et nos faiblesses, surenchéri Nina faussement impressionnée.

- Tout ça grâce à cet objet High-tech, ce magnifique capteur-neurorécepteur électro-intégrale dernier cris...

- Ca va les filles j'ai compris ! coupé-je. Merci.

Elles m'adressent toute les deux un signe de tête synchronisé avant de me céder le passage. Amusée, je secoue la tête puis place le sert tête qui a l'air de bien tenir. Les petites plaques froides collent les deux côtés de ma tête, je secoue les mains en soupirant.

- Détend toi, me confie Annabelle qui était assise avec sa sœur sur le banc. Tout ira bien, ai confiance en toi.

Je la remercie en souriant puis commence à entrer dans la grande salle faite en métal et inox. La porte se ferme mais je vois toujours les filles me regarder à travers la fenêtre et Killian me faire des signes : tout est prêts. Je hoche la tête et me place bien au centre. Une boule au ventre que je reconnais bien apparaît, je respire profondément en me rappelant de ma première simulation : ce même stress qui m'envahissait et cette peur de ne pas réussir, surtout en ce moment.

Je regarde à nouveau derrière la fenêtre et vois Isi et Harry arriver avec des boissons dans les mains, quand les vitres commencent à s'assombrir ainsi que les lumières de la salle qui s'éteignent petit à petit.

Mes bras commencent à trembler, tous mes membres tremblent soudainement, je serre les poings. Pense aux souvenirs qui t'apaisent, à l'amour qui s'en dégage, et tout ira bien.

Tout ira bien.  

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