C H A P I T R E 19
https://youtu.be/TguL5J4LKT4
Musique d'ambiance : "Kris Allen - Lost"
PDV Derick Wanderbilt
- Tu l'as tué ? soufflé-je en regardant mon père intensément dans les yeux.
- Quoi ? Non...
- Tu viens de me dire que ton gène l'a contaminé.
Je me lève rapidement alors qu'ils essayent de me calmer. Je refuse qu'on me dise de me calmer ! Tout ça c'est...
- Calme toi Derick je n'ai pas fini de t'expliquer.
- M'expliquer quoi ?! Tout est claire !
- La preuve que non !! Mais enfin pour qui est-ce que tu me prends !?
Je gesticule dans tout les sens. C'est à s'arracher les cheveux.
- Assieds-toi mon garçon, me dit calmement Richard.
- Fermez-là ! Vous étiez au courant ?? Et toi !! m'emporté-je en fixant l'autre imbécile derrière nous.
- Thomas n'a rien à voir là dedans. Maintenant calme toi et laisse moi te parler !
- Non !! Je ne veux pas t'écouter ! Je ne veux plus écouter personne ici, tout ce que je veux c'est me barrer !!
Je me précipiter à l'extérieur du bureau quand Thomas fait l'erreur de me retenir. Je le bouscule violemment contre le mur en grognant méchamment. Je sors du bureau d'un pas décidé et cours presque vers la porte de sortie avant de débouler les marches. Stefen tente de me rattraper en m'appelant mais je ne me retourne pas.
- Derick !! Revient !
Je continue de marcher, la colère qui jusqu'ici s'est atténuée revient petit à petit à la surface. Les poings serrés je m'arrête brusquement et contrôle ma respiration lourde avant de me retourner vers mon géniteur.
- Putain aucun de vous n'a pris la peine de me dire quoi que ce soit !! hurlé-je en le pointant du doigt. Pendant tout ce temps tu m'as mentis en me faisant croire à cette histoire de maladie génétique alors que tu savais très bien que c'était de ta faute !!
Il ne dit rien et pinçait les lèvres avec un regard dur.
- P-pourquoi tu...
Incapable de sortir un mot je me mords si fort la joue que le goût du sang fini par apparaître. Toute cette histoire, toute mon enfance n'est qu'une immense connerie. Je tourne en rond, mes muscles sont à vif, je ne sais pas quoi dire, quoi faire ou qu'est-ce que je dois penser.
- Tu me laisse t'expliquer maintenant ? reprend-t-il.
Je me frotte le visage pour me réveiller tandis que mon cœur continue de tambouriner dans ma cage thoracique.
- J'aimais ta mère. Elle était le centre de mon univers et lorsque nous nous sommes rencontré nous n'avions aucune connaissance des risques que cela pouvait représenter.
- Et eux ? finis-je par dire en montrant le château de Rick. Ils n'étaient pas au courant ? C'est pourtant des putains de Loup !! Ils sont censé savoir plus de choses que nous !!
- Nous n'étions pas ici lorsqu'on s'est rencontré, nous avions nos vies chacun de notre côté à New York et elle n'avait que le gène du Loup Garou, elle ne se transformait pas. Et même si il y avait des rumeurs qui parlait de ces risques nous continuons de nous voir parce que nous n'y croyons pas.
- Et bien vous auriez dû !! crié-je encore.
- Peut-être mais tu ne serais pas là aujourd'hui ! Même si notre union lui a coûté la vie elle ne regrette en aucun cas le choix qu'elle a prit de te concevoir ! Et moi non plus. Nous étions liés, Derick. Les rumeurs et les dires des autres nous n'en n'avions rien à faire ! Cela nous a aveuglé sur beaucoup de choses.
Je le regarde tout en respirant toujours fortement.C'est pour ça qu'il disait que les liens ne sont pas toujours une bonne chose ? Ses lèvres retroussées et ses yeux bleu brillant mais fatigué, triste.
- Je m'en suis voulut au début, je culpabilisais car je savais que c'était en partis ma faute, même si Maélane ne cessait de me répéter le contraire. Nous avions pourtant cherché des solutions pour sa maladie, un remède, une formule magique, n'importe quoi ! Mais il n'y avait rien. Ses médicaments n'ont plus fait effet au bout d'un moment mais elle s'est battu jusqu'au bout pour te voir grandir un peu plus, pour que tu garde un souvenir d'elle.
Ma gorge se serre lorsque mes souvenirs me reviennent en mémoires. J'en ai très peu d'elle malade. Il lui arrivait de piquer des crises à cause de son travaille ou des quelques taches ménagère, mais je l'ai très rarement vue au plus mal. Elle devait être forte pour ne rien laisser percevoir.
- Nous te l'avions caché pour que tu aies une enfance à peu près normal. Tu n'avais que douze ans et tu n'avais pas encore tes pouvoirs à ce moment là. Elle avait insisté pour que tu en sois préservé.
Je retiens les larmes qui menacent de couler, je n'aime pas pleurer devant quelqu'un, même mon père.
- Ca veut dire quoi tout ça finalement, demandé-je plus posément. Je vais mourir aussi ?
Il secoue rapidement la tête en serrant les dents. Le vent balaye mes cheveux et me caresse le visage. Je remarque que maintenant que le soleil est caché par les nuages. Il ne fait plus aussi chaud qu'avant et on le ressent encore plus au Canada.
- Non. Nous allons trouvé un moyens de te sortir de cette situation. Mais tu vas devoir choisir entre être un Loup ou un Lunairien.
Mes yeux se plissent et ma bouche s'entre ouvre pour laisser échapper le peu d'air qui me reste.
- Si je choisis l'un d'eux ça supprime la maladie ?
- Nous supposons que oui.
- Vous supposez ? répété-je sèchement.
Il baisse les yeux.
- Nous n'avons pas toute les réponses. Mais quoi que tu face le processus risque d'être difficile.
- Difficile comment ?
- Il faudra l'aide de la magie. Il existe des rites, des sortilège... Mais séparer un pouvoir, une énergie aussi puissante que la lune ou la lycanthropie est un rituels douloureux. On enlève une partie de toi importante.
- Et quoi ? Tu as peur que je ne le supporte pas ?
Il hésite mais hoche la tête. Douloureux ? Aussi douloureux que de perdre sa mère ? Aussi douloureux que de se transformer ? Je pense pouvoir gérer.
- Pas de problème.
A son regard il semble surpris de ma réponse. Qu'est-ce qu'il attendait de moi ? Que je refuse ?
- Cela risque de changer pas mal de choses, tu en es conscient ?
- On a pas le choix de toute manière.
Était-ce de cela qu'Aileen voulait me parler ? Des changements qui risquent de se passer en moi ? Est-ce que ça changera mes sentiments pour elle ?
- Je dois choisir maintenant ?
- Nous avons le temps. Il faut d'abord contacter la personne qui s'occupera du rituels et de l'organisation.
- Bien.
Sans un mot de plus je tourne les talons et part sans savoir où aller. Tout ce que je veux c'est être seule pour réfléchir. J'ai besoins de temps pour me décider et évaluer cette situation merdique. Pourtant j'ai quand même envie d'être avec elle. J'avais besoin d'elle maintenant mais c'est impossible.
La colère réapparaît lorsque je descends la grande pente dans les bois. Grâce à mon agilité je ne tombe pas, ne trébuche pas et évite de percuter les nombreux troncs des pains. Je dévale la pente à une vitesse faramineuse en respirant bruyamment, les dents découverts et les membres contractés. J'arrive haletant sur la plage de galet en regardant le lac qui s'étend sur plusieurs kilomètre. Il n'y a personne dans les environs. Tant mieux, je peux exploiter mon désarroi et ma colère librement sans effrayer qui que ce soit.
Je m'agite en plaquant les mains derrière la tête, un souffle roque s'échappe de ma gorge pendant que je fais les cents pas. J'avais de plus en plus de mal à retenir les larmes que je laisse finalement couler sans pour autant pleurer. Je frappe soudain violemment l'arbre d'à côté en laissant échapper un long cris de rage qui sort tout droit de mon ventre. Ayant puisé dans mon énergie pour hurler je me laisse tomber lamentablement sur le sol galeux en basculant d'avant en arrière pour me calmer.
Tête baissé dans les bras, je suis bercer par le silence du lac pendant un long moment jusqu'à ce que des chuchotements doux qui sonnent comme des plaintes attirent étrangement mon attention.
~
PDV Jessie Holmes
Au CSM
Quand j'étais petite ma mère me chantait une berceuse pour m'endormir. C'était un chant anglais qu'ils se passaient de génération en génération dans sa famille. Chaque fois que je faisais des cauchemars elle m'aidait a me rendormir avec cette berceuse, ça marchait. C'est comme un attrape rêve qui supprime toute mes craintes, mes pensées noirs, mes monstres intérieur. Je me souviens parfaitement des paroles :
Ô belle pluie,
vient purifier mes nuits.
Celles qui m'empêchent de dormir,
celles qui font venir les bêtes obscurs pour m'assombrir.
Ô vent d'automne,
doux vent aux odeurs rassurantes,
vient balayer mes peurs,
couvrir de tes feuilles la noirceur.
Ô nuit d'hiver,
aide moi à éloigner ces vipères,
de ta froideur légendaire,
ainsi je me sentirais guerrière.
Mais seulement si mon été,
si mon soleil,
vient réchauffer mon âme qui tiendra ma lame,
lorsque je les vaincrais.
Je récite distinctement chaque vers dans la tête en fermant les yeux.
Un cauchemars m'a réveillé cette nuit, m'a empêché de dormir. Tout ces visages sans vie, ces yeux livides, ces teints blafard et ces rires moquant, grinçant, méchant, frêle... Tout m'est revenu à l'esprit dans mon sommeil. Je me souviens encore de mon épée trancher ces corps. Je me persuade inlassablement qu'ils n'étaient plus humain et pourtant lorsque la lame de mon épée tranchait leur estomac je sentais bien celle-ci percer leurs organes. Leurs visages qui se décomposaient lorsque je la retirais, avant qu'ils ne disparaissent dans une fumée ardente. Je me remémore toute ces fois où j'ai eu peur de me faire tuer, cette peur perpétuelle de mourir, de perdre ma sœur, mes amies. J'ai eu cette peur au ventre la nuit et en ce moment même. J'entends encore leurs cris, je revois ce monstres énorme visiter ma chambre et moi qui me réveille baignée de sueur.
Je ferme les yeux en me récitant encore cette poésie, les genoux recroquevillés sur ma poitrine, serrant les jambes avec les bras, si fort que je n'arrive pas à respirer. Ma gorge se serre, je respire faiblement l'air humide de la salle de bain. Je viens de sortir de la douche, je ne portais qu'une serviette autour de moi avec mes cheveux mouillés et je suis incapable de me lever, incapable de revenir à la réalité.
- Jessie !! appelle ma sœur à travers la porte. Tu es là ?
J'ouvre difficilement les yeux en prenant le peu de souffle que je peux pour sortir un son de ma bouche.
- Oui, fis-je d'une voix étranglé.
- Ca fait combien de temps que tu traîne dans la salle de bain ? Moi aussi j'ai besoin de me doucher !
Je reprends le contrôle de ma respiration et de mes battements de cœur avant de décoller mes bras pour sécher les petites larmes sur mes joues. Je n'ai pas envie que ma sœur me voit comme ça. Elle ou qui que ce soit d'autre. Je finis par me lever doucement ; je ne sais pas combien de temps je suis restée assise là mais mes jambes sont engourdis. Je souffle un bon coup avant d'ouvrir la porte de la salle de bain et trouve Annabelle avec ses lunettes de vue sur le nez entrain de me fixer, la bouche entre ouverte.
- Alors ! Qu'est-ce que tu faisait ?
- Rien.
Je ne reste pas éternellement plantée là et vais jusqu'à ma valise pour prendre de quoi m'habiller.
- Ça ne va pas ?
Bloque ton esprit.
- Si, ça va.
Je lui souris rapidement puis commence à m'habiller alors qu'elle reste là à m'analyser derrière ses lunettes. Elle doit deviner que je ne laisse pas son esprit entrer dans ma tête puisqu'elle fronce les sourcils. Je continue de faire comme si tout va bien.
- Comme tu veux, finit-elle par dire avant d'entrer dans la salle d'eau.
Lorsqu'elle ferme la porte je m'arrête dans mon activité pour souffler un peu. Cela risque de ne pas durer longtemps. Quelqu'un va finir par deviner ce qui ne va pas chez moi, si ce n'est pas Annabelle ce sera une des filles. Quoi qu'il en soit je vais continuer à ne rien dire, parce que je ne suis pas prête à en parler.
Je finis de m'habiller puis me sèche rapidement les cheveux. Peut être que je vais adopter la technique d'Aileen : m'entraîner sur un sac de boxe pour me changer les idées.
~
PDV Aileen Campbell
- Nous avons pu recevoir un courrier qui concerne votre héritage mademoiselle Campbell. Il est important de régler tout ces papiers maintenant.
Je regarde l'enveloppe posée sur le bureau du supérieur, Monsieur Ribs. Une enveloppe blanche qui contient toute les informations sur mes parents, leur salaire, mes droits en ce qui concerne leurs biens, ce que je vais toucher comme somme d'argent... Mark se tient à côté de moi, me couvant du regard. Cela n'empêche pas l'anxiété de s'installer en moi car je n'ose pas toucher à cette enveloppe. Personne ne dit mot jusqu'à ce que je commence à parler.
- Pourquoi régler ça maintenant ?
- Et bien...(il s'éclaircit la gorge). On m'a parler de votre problème.
Il maintient sa phrase en suspend, je finis par détacher mes yeux de l'enveloppe pour les poser sur lui. Les lèvres pincées et les bras croisés sur son bureau il semble mal à l'aise. Je devine à quoi il fait allusion.
- En quoi ma mort préalable poserait problème sur la passation de l'héritage ?
La question posé a dût mettre un léger froid puisque Mark se tord sur sa chaise et Mr. Ribs se passe la main dans ce qui lui reste de cheveux.
- Vous êtes fille unique et mise à part votre tante et des cousins lointains... Il n'y a personne d'autre. Si vous acceptez maintenant vous en bénéficierez et ce sera fini.
Je me surprends moi même de ma rapidité à réfléchir.
- Mais si j'accepte et que je meurs l'héritage reviendra à ma tante de toute façon.
- Pas forcément, vous avez le droit de le passer à quelqu'un d'autre ou de le bloquer.
Le passer à quelqu'un d'autre ? A qui ? Aller Aileen, règle ça maintenant qu'on en finisse.
- Rien ne dis que tu vas mourir, on a encore une chance, intervint discrètement Mark.
Je ne le regarde pas mais je sais qu'il a raison. Du moins je l'espère. Je ne peux juste pas m'empêcher de m'attendre au pire. Je prends une profonde inspiration avant de tendre la main vers l'enveloppe pour l'ouvrir et sortir tout les papiers à signer.
- Voulez-vous prendre le temps de lire ? Je sais que ce n'est pas facile...
- Ca ira, coupé-je. Merci.
Je me force à afficher un rapide sourire puis commence à lire les papiers, cocher les cases, signer en bas des pages. Plus ça va, plus je maîtrise mon sang froid chaque fois que le sujet de mes parents est remis sur la table. C'est un progrès. Le fait d'être encore bien entouré me fait garder les pieds sur terre.
Dans le silence le plus gênant je finis de remplir les papiers lorsque je tombe sur la modique somme de : 450 667 000 $. Mon cœur manque un battement et ma bouche s'entre ouvre en voyant cette série de chiffre.
- Oh... murmurai-je. Ça fait beaucoup...
- Votre père et votre mère avaient un emploi important, ils ont mit énormément d'argents de côté.
- Oui, je m'en doute.
Je bafouille tout en réalisant la somme importante, je déglutis difficilement. Comment puis-je gagner tout ça alors que je n'ai rien fait pour ? A part des boulots de baby-sitter et un mois de serveuse ?
- Si tu ne veux pas tout ça tu peux partager ? ironise Mark.
Je ne pensais pas rire de sa blague, peut-être pas vivement mais un petit rire tout de même. Je finis par signer la dernière page et rend le tout au directeur. D'un signe de tête il me remercie et m'informe que j'aurais une réponse au plus tôt. Je ne suis aucunement pressée.
Je sors du bureau accompagnée de Mark puis nous nous dirigeons vers le self pour rejoindre les autres.
Je n'ai pas voulus parler de cette histoire d'héritage au déjeuner, préférant discuter vivement avec mes amies, de rire et de blaguer sur des sujets différent. Il n'y a que ça qui me change les idées et pourtant de la peur cherche quand même à se nicher dans mon estomac. Une peur différente de celle que je ressens d'habitude, je devine alors que ce n'est pas la mienne. En regardant mes amies s'esclaffer autour de moi, je ne vois que des sourires, en revanche quand mes yeux s'attardent sur Jessie, il y a autre chose : de l'anxiété, de la fatigue. Pourtant elle a l'air d'aller bien mais mon empathie me fait sentir qu'elle cache quelque chose, ne voulant pas gâcher l'ambiance je décide de ne pas intervenir.
Nous sommes arrivé vers la fin du repas quand Chris me tapote le bras :
- Ça te dis une sortit voiture ?
Surprise de cette demande inattendu je ne réponds pas tout de suite et prends le temps de me reposer moi même la question. Il continue de me regarder en attendant que je donne une réponse.
- Euh... Si tu veux.
Lorsqu'il me sourit je perçois de la malice dans ses yeux. Qu'est-ce qu'il entend par « sortit voiture » ?
J'attends avec Annabelle et Nina dans le hall, Jessie et Kristy veulent s'entraîner à l'escrime pour digérer le repas soit disant. Comment arrivent-elles à digérer en faisant du sport ? Moi je me sens tellement lourde que j'arrive à peine à marcher !
Chris arrive vers nous, clefs de voiture en main, tête haute et toujours son sourire malicieux aux lèvres lorsque nos regard se croisent.
- Qu'est-ce qu'il mijote ? me demande Nina en le fixant.
- Je me demande bien...
Je surprends Annabelle sourire.
- Dit nous !
- Il veut juste te changer les idées Aileen. Profite bien de la balade, dit-elle en m'adressant un clin d'œil avant de partir avec Nina.
Je suis prise au dépourvu quand il passe devant moi en m'ordonnant presque de le suivre. La bouche ouverte je regarde mes amies s'en aller, puis lui, sans arriver à dire quoi que ce soit. Je le suis jusqu'au parking où une Audi R8 argentée nous attend. Je ralentis la cadence et le regarde appuyer sur la clefs qui déclenche deux couinements avant d'ouvrir la porte côté passager.
- Après-toi !
- Où est-ce qu'on va ? demandé-je en croisant les bras.
Il hausse les épaules avant de répondre.
- Nulle part, et partout.
Ne comprenant pas je ricane en l'interrogeant du regard puis me décide à entrer. Il ferme la porte derrière moi puis contourne la voiture pour s'installer au volant. Celle-ci est étroite mais confortable, l'odeur du cuire doux emplit l'habitacle, le tableau de bord était vernis étincelle de toute part.
- Alors ? dit-il en me regardant observer chaque recoins.
- Quoi ? Tu veux que je te fasse un compte rendu de ta caisse ?
Il rit.
- Juste un j'aime ou j'aime pas me suffit.
- Alors j'aime bien, souris-je.
Il hoche la tête puis commence à démarrer. Un bruit sourd et doux à la fois vrombit, je comprends que c'est Chris qui fait rugir le moteur.
- Elle est à toi ?
- J'aimerais bien.
Je me tourne vers lui en faisant les gros yeux, il fini de me répondre.
- Elle est à un pote à moi.
- Vraiment ? Il doit bien t'aimer pour te laisser la conduire.
- Ouais.
Nous commençons à partir quand je surprends un sourire en coin sur son visage. Il m'agace avec ses mimiques alors que je suis dans l'ignorance !
- Tu vas me dire ce tu prépare ?
Il hausse de nouveau les épaules.
- Je me suis dit que tu devais trouver une autre distraction que la salle de sport.
- Laisse-moi deviner, tu as parlé à Isi ?
- Correction, c'est elle qui m'a parlée. J'ai donc proposé une activité certifié et approuvé par mon oncle.
- Mark est dans le coup ?
Nous venons d'entré sur l'autoroute quasiment vide quand il m'adresse un de ses regards de séducteur.
- Il n'avait pas vraiment d'idée alors quand je lui ai parlé de ça il a accepté.
- Et tu crois que rester assise sur un siège à papoter ça va m'aider ?
Amusé, il secoue la tête négativement alors que nous nous éloignons un peu plus du CSM. Je devine à son regard ce qu'il a derrière la tête. Il veut que ce soit moi qui prenne le volant. Je ne dis rien, nous continuons de rouler.
Dix minutes plus tard nous arrivons dans un lieu vide avec un terrain plats où il n'y a qu'une route à double, voir même triple sens. Chris conduit la voiture jusque devant cette route qui a l'air de faire le tour du terrain.
- Où sommes-nous ?
- Sur un ancien circuit de rallye.
Il sort du véhicule pour m'ouvrir la porte en me regardant comme si il attendait quelque chose.
- Et maintenant tu me demande de conduire la voiture de ton pote ?
- Oui.
J'en étais sûre.
- Tu n'as pas peur que je l'abîme ?
- Si, mais si ça arrive je dirais que c'est moi.
Je pouffe de rire. Bon, après tout c'est son problème. D'un côté je suis toute excitée de me dire que je vais pour la première fois conduire une voiture de sport. Je descends et la contourne pour m'asseoir à sa place alors qu'il s'assied à la mienne.
- Il y a juste une condition que je vais devoir t'imposer.
- La quelle ? demandé-je en bouclant ma ceinture.
- Je ne veux pas que tu roule en dessous de 200 kilomètres heure.
Je fais les grands yeux en ouvrant la bouche puis la referme sans rien dire. Il a l'air sérieux.
- Ben oui, ajoute-t-il en voyant ma surprise. Ce n'est pas drôle autrement.
Je souris en me mordant la langue. Mark a autorisé ça ? A mon retour je lui demanderais ce qui lui a pris.
- Aller, roule ma poule.
- Arrête ça autrement je te jette par la fenêtre !
Il rit quand je commence à passer la première pour démarrer gentiment avant de passer la deuxième, puis la troisième avant d'accélérer un peu plus, toujours dans la barre des 100. je n'ose pas aller au delà, encore moins lorsque je suis sur le point de prendre un virage. J'ai la boule au ventre, les mains crispé au volant.
- T'es sérieuse là ?
Je me mords la lèvre. L'espace est suffisamment grand pour laissé passer trois voitures. Sur un coup de tête je décide d'appuyer sur l'accélérateur, ce qui nous plaque sur le dossier de notre siège en plus de faire sortir un petit cris de ma gorge. Le moteur gronde sous moi, je prends le virage en accélérant un peu plus, ce qui nous fait basculer à droite.
- Là tu me fais plaisir Campbell ! s'écrie Chris en tendant le bras vers le tableau de bord.
Il a beau se réjouir je vois bien qu'il n'a pas l'air rassuré pour autant, quant à moi j'empoigne le volant de mes deux mains et continue d'appuyer sur l'accélérateur puis embraye pour passer la quatrième. Les vrombissement du moteur et le crissement des pneus me titillent le ventre, je me mets à respirer plus rapidement lorsque mes bras et mes jambes tremblent sous l'adrénaline. Je reste le dos plaqué sur le dossier en prenant un second virage à gauche, cette fois plus serré. Nos rire sont couvert par le bruit puissant du moteur et des pneus sur le béton, je me cale un peu plus à gauche pour ne pas percuter le barrage et me stabilise pour accélérer encore, j'arrive cette fois jusqu'à la barre des 300, 305, 310. Je regarde un instant Chris qui sourit de toute ses dents en ouvrant la fenêtre avant de pousser un cris que j'imite en reposant les yeux sur la route désormais droite. Le ciel ombrager annonce encore de la pluie pour cet après-midi, mais je m'en fiche. En cet instant j'éclate de rire bêtement, je prends mon pieds, j'ai l'impression de voler, mon cœur bat férocement dans ma poitrine alors que l'adrénaline monte en moi. C'est d'un geste spontané que j'appuie sur le freins en tournant le volant pour effectuer un dérapage contrôlé pour me retrouver sur la voie parallèle. Nous poussons tout les deux un cris alors que je recommence à dépasser ma limite de vitesse.
Je me sens mieux, beaucoup mieux, comme une gamine qui a fait sa première attraction à sensation forte, je ne pense plus à rien. Je maîtrise parfaitement la situation, je suis plus que vivante, ça me donne envie de le rester le plus longtemps possible. C'est une sensation si dévorante que je n'ai pas envie de m'arrêter.
Je prends un autre virage puis nous revenons sur la route de départ lorsque je commence à ralentir. Une fois arrêter je détache mes mains du volant tout en explosant de rire avec Chris.
- Tu sens ça ? me dit-il. C'est toute la pression qui ressort.
En effet lorsque je m'évalue, je me sens plus légère, beaucoup plus légère. Je m'arrête de rire et le regarde toujours en souriant.
- C'est un truc de dingue ! Je pensais pas qu'on pouvait se sentir autant libéré.
Je reprends mon souffle.
- Aller à moi maintenant.
Nous sortons de la voiture pour échanger nos places, c'est repartis pour une seconde course contre la montre avec Chris au volant qui a l'air de maîtriser le sujet mieux que moi. Je me laisse basculer à gauche puis à droite sans m'arrêter de rigoler pendant que le vent fouette mon visage et mes cheveux. Je ne me suis pas sentis aussi bien depuis longtemps.
~
- Quand est-ce que tu as découvert ça ? lui demandé-je alors que nous sommes assis sur le capot de l'Audi, garée à côté du circuit.
- Il y a cinq ans. J'étais en période d'examens, j'ai accumulé pas mal de stress. C'est un ami qui m'a emmené faire ma première course, ça m'a pas mal servis.
Il me tend sa bouteille de bière au fruit rouge que j'accepte volontiers en buvant deux gorgés. Je n'ai pas pour habitude de boire de l'alcool comme ça mais je me sens tellement différente d'il y a une heure et demi que je me sens presque capable de me mettre à la tequila.
- Je comprends maintenant pourquoi les runners ont cette obsession de la conduite.
Il sourit en regardant dans le vide. La lumière du jours c'est assombris, mon odorat détecte l'arriver de la pluie.
- Tu n'en a fais qu'une ?
- Trois. J'ai dû arrêter quand je suis arrivé au CSM.
- Tu y es rentré de ton plain gré ?
Il hoche la tête pour dire oui.
- On ne m'a pas forcé mais je crois que je voulais me prouver quelque chose.
- Quoi ?
- Que je valais mieux que mon père.
Son regard part dans le vide mais je voyais bien une pointe de déception.
- Raconte, proposé-je en lui redonnant la bouteille.
- Il n'y a pas grand-chose à dire. Il nous a abandonné quand j'avais neuf ans sous prétexte qu'il avait honte de ne pas pouvoir subvenir au besoin de sa famille.
- Oh...
Je fais la moue quand il hausse les sourcils, le regard toujours dans le vide avant de continuer.
- Puis quatre ans plus tard je l'ai revu avec une nana.
Il porte la bouteille à ses lèvres, il me raconte cela comme si ça ne comptait plus.
- Tu lui en veux toujours ?
Il rit mollement sans me regarder.
- Au début oui, encore plus quand je l'ai revu avec cette pouffiasse. Je me suis sentis délaissé, j'avais l'impression de ne pas être désiré et j'avais de la peine pour ma mère qui n'arrivait pas à joindre les deux bout avec ses deux boulots. Puis Mark m'a proposé de travailler au CSM après le lycée, j'y ai vu l'opportunité d'aider ma mère et de la soulager. De lui prouver que je n'étais pas comme lui.
J'acquiesce en ayant de la peine pour lui mais tout en étant contente de voir qu'il n'est pas aussi gamin que je le pensais.
- Alors ? Je fais toujours aussi jeune ? plaisante-t-il d'un air taquin en buvant sa bouteille.
- Ca va ! ris-je en le bousculant gentiment.
Il me tend la bouteille pour que je la finisse en me regardant avec insistance.
- J'ai hérité de la magnifique somme de 450 667 000 dollars aujourd'hui, annoncé-je pour rompre ce silence gênant.
Son visage se détend.
- Sérieusement ?
- Oui !
- Merde alors.
Je ris en finissant la bouteille.
- Tu te rends compte tu as de quoi vivre toute une vie au moins !
- Je n'en sais rien. Je n'ai même pas pris le temps de me poser la question.
- Je comprends. Commence par te payer une grande baraque avec piscine.
- Pour que tu viennes squatter c'est ça ?
- Qu'est-ce que tu crois ?
Nous rigolons quand nos regards se croisent, c'est à ce moment là que je me rends compte que nous nous sommes rapprocher un peu trop. Il doit s'en rendre compte aussi puisqu'il a l'air d'évaluer la distance. Sans savoir trop pourquoi, je reste bloquée bêtement sur ses lèvres entre ouverte et sa mâchoire carré. Il a un regard charmeur, lorsqu'il s'approche dangereusement de mon visage je remarque ses yeux vert et sens son souffle caresser le coin de ma bouche. Nos lèvres s'effleurent, nos souffles se mêlent et je n'arrive plus à bouger quand l'image de Derick me revient à l'esprit, j'ouvre les yeux en inspirant soudainement quand un tonnerre étouffé me fait sursauter. Je parviens maintenant à me détacher de lui en détournant la tête, ce qu'il fait également. Qu'est-ce qu'il m'a prit ? J'étais prête à me laisser faire et ma conscience m'a rappelée à l'ordre. L'adrénaline et tout le reste m'ont fait oublier les récents événements, y compris mon copain. Idiote !!
- J-je suis désolé, s'excuse-t-il tout bas en fuyant mon regard.
Je secoue la tête avec un petit sourire mais je ne peux m'empêcher de m'insulter à l'intérieur.
- On devrait y aller, il va pleuvoir, dit-il en s'écartant pour se diriger vers le côté conducteur.
J'acquiesce faiblement avant d'entrer dans la voiture en réalisant ce qu'il vient de se passer. Je n'ose plus le regarder ni parler, je me repasse ce moment dans ma tête. Nos lèvres ce sont effleurées, nous ne nous sommes pas embrassés complètement. Qu'est-ce qu'il m'a prit ? Et le pire dans tout ça, c'est qu'au fond de moi j'en avais envie.
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