C H A P I T R E 17

https://youtu.be/uUaRPpnsfb4

PDV Derick Wanderbilt

Sur la route, proche de la frontière canadienne.

21h00

Une secousse désagréable me tire de mon sommeil et me fais taper la tête contre la vitre. Je retiens un grognement en serrant les dents. Cette impression de sursaut je ne l'aime pas, elle me secoue les organes, me donne l'impression que mon cœur fait deux fois le tours d'un manège à sensation. Il fait nuit ; c'est encore plus flippant car on ne voit rien autour. Les phares de la voiture éclairent une route qui a l'air de mener nulle part.

- Je peux savoir où on est ? demandé-je à mon père d'une voix basse.

Il n'a rien dit depuis que nous sommes partit, ses mains sont crispées sur le volant, ses yeux ne quittent pas la route. Au début du trajet on aurait dit que quelque chose l'a irritée, c'est finalement la musique qui a remplacé le silence, jusqu'à maintenant, sans détendre l'atmosphère. C'est avec un calme maîtrisé qu'il fini par parler :

- On arrive à la frontière canadienne. On s'arrête bientôt.

- Ouais, et après ? Tu veux aller où en pleins milieu de la nuit et en pleine nature ?

Il respire lentement en bougeant légèrement sa mâchoire.

- Je te l'ai dit que c'était un lieu caché. Ce n'est pas facile d'y accéder facilement.

- Ca va arrête, riposté-je sèchement en voyant qu'il hésite à parler. Il n'y a plus aucun agent du CSM ici, j'ai accepté de te suivre là dedans alors que je n'en avais aucune envie. Je n'ai pas non plus envie de me battre avec toi, alors pour l'amour du ciel dit moi où est-ce que tu veux m'emmener !

Il continue de regarder devant lui en s'avouant vaincu. Tant mieux car je ne vais pas le lâcher jusqu'à ce qu'il parle.

- Très bien. As-tu déjà entendu parlé de Black Lake ?

Je hausse un sourcil, je ne m'attendais pas à cette réponse.

- J'en sais rien... C'est quoi ? Un lac maudit ou quelque chose de ce genre ?

- En quelque sorte. En fait c'est une petite ville et le lac se situe à proximité. Aujourd'hui elle est inhabitée.

- Inhabitée... Parce que ?

- Parce que depuis les années 1900 des phénomènes inexplicables ont incités les habitants à quitter la ville. Ils ont mit du temps avant de le faire, il a suffit que seize d'entre eux meurent noyés, empoisonnés par le lac ou massacrés par des forces inconnues pour qu'ils comprennent qu'elle était... Maudite. Les rumeurs parlent même de monstres qui vivent sous l'eau.

- Tu vas me faire gober l'histoire du monstre du Loc Ness ?

- Elle est pourtant vrai, mais elle reste en Ecosse. Les humains ne voient pas ce genre de chose, cela les dépassent complètement.

En regardant la route je fais les grands yeux en fronçant les sourcils, partagé entre l'envie de rire et... Non. Je suis un mec ! Moitié Lunairien moitié Lycanthrope, je ne vais pas partir en courant en entendant des histoires d'horreurs.

- Je croyais qu'on allait voir des amis à toi, les... Les lirel ou je sais plus quoi...

- Les Iriel.

- Pourquoi est-ce que tu me parles d'une ville inhabitée ?

- Parce qu'elle ne l'est pas complètement. Tout autour, les Iriel ont prit possession de la ville huit ans après le départ des humains. Ils ont fait en sorte qu'aucun d'entre eux ne s'en approche, seul les surnaturels le peuvent mais pas de manière simple.

Nous ralentissons lorsque nous entrons dans une route étroite et terreuse. La voiture se met à bouger quand j'aperçois à quelque mètre un vieux hangar à bateau. Je m'empresse de le questionner une nouvelle fois alors que nous entrons à l'intérieur :

- Tu y es déjà allé ?

Il s'arrête une seconde comme pour réfléchir avant d'éteindre le moteur. Encore une fois il hésite à en dire plus.

- Une fois, répond-t-il sèchement avant de descendre, ce que je fais à mon tour.

J'ouvre la porte arrière pour prendre mes deux sacs de voyages et ma veste, la referme et sort du hangar. Devant se trouve un pont en bois avec une cabane éclairer par la faible lumière orange d'un lampadaire. Stefen ferme la porte du hangar avant de se diriger vers le pont.

- Et maintenant qu'est-ce qu'on fait ?

- On va naviguer, dit-il simplement en dénouant une vieille corde de son ancrage.

J'avance vers lui pour découvrir une barque munit de ses rames qui flotte tranquillement dans l'eau. Le vent siffle un peu plus dans cette partie du continent. Les températures d'automne commencent à se faire sentir. Pourtant je n'ai pas froid, je me contente d'observer mon père dénouer le nœud pendant que je retiens la barque. 

- Monte.

Je mets du temps à exécuter les ordres de monsieur en levant les yeux au ciel puis finis par mettre mes affaires dans la barque et enjamber le bord du pont en douceur. Tout cela me parait dingue. Je suis censé aller dans un endroit où des gens sont susceptible de m'aider à contrôler mon côté Loup-Garou et me voilà en balade nocturne sur l'eau avec mon père qui est visiblement empreint de nervosité. Je sens qu'il me cache un truc, c'est agaçant de le voir agir sans rien dire.

Soudain une vibration inattendu me fait sursauter. Elle vient de ma poche de jean, je m'empresse de regarder qui peut bien m'appeler à cette heure et en ce moment, c'est avec une pression qui s'exerce vivement sur mon cœur que je lis le nom qui s'affiche : Aileen.

Je déglutis en laissant mon pouce au dessus de l'écran. Oui, non, oui, non... Qu'est-ce que je fais ? Je laisse sonner ? Je raccroche ? Je réponds ? Qu'est-ce qu'elle me veut ?

- Qui est-ce ? résonne la voix autoritaire de mon père.

Je lève les yeux vers lui en m'apercevant qu'il est déjà assis en face de moi, entrain de prendre les rames.

- Euh...

Je regarde une nouvelle fois l'écran, le téléphone bourdonne encore. Je ferme la bouche quand toute mes idées et mes questions s'emmêlent les unes aux autres. Qu'est-ce qu'elle me veut? Laisse tomber. Je ne veux pas l'avoir au téléphone pour le moment. Hors de question que j'entende sa voix qui me fera remémorer des souvenirs avec elle. J'ai besoin de penser à autre chose ou je risque de péter un plomb.

- Personne, réponds-je pour moi en raccrochant.

- Tu mens.

- C'est toi qui dit ça ? Depuis qu'on est partit il a fallut que je te tire les verres du nez pour que tu m'annonce que l'endroit dans le quel tu veux m'emmener est hanté !

- Je ne t'ai pas menti. J'ai pensée que ce n'était pas très utiles de le savoir, après ce que tu as vécu.

- Justement ! Il y a des choses comme ça dont j'aimerais être au courant !

- C'était Aileen, n'est-ce pas ?

Je suis pris de cours et commence à secouer la tête. Mais merde ! Ce n'est pas le sujet !!

- Et si c'était le cas qu'est-ce que ça peut te foutre ?!

- Baisse le ton avec moi Derick ! cri-t-il soudainement en s'arrêtant de ramer. A partir de maintenant tes fréquentations me regarde et encore plus lorsqu'il s'agit de cette fille ! Je te demande de me faire confiance pendant ce temps que nous passerons ensemble, aussi irritant cela puisse être pour toi, est-ce que c'est compris ?

Ses cris résonnent partout autour du lac, ses yeux clairs dans les miens il retrousse ses lèvres avant de ramer. Un silence s'installe et même s'il vient de me gueuler dessus je n'arrive pas à tolérer son silence. Mais je n'insiste pas. En revanche...

- Pourquoi est-ce que tu te méfie d'elle ?

- Elle est une source de distraction.

Je lâche un rire dédaigneux. Il se moque de moi ?

- C'est entre autre pour ça que tu m'as dit qu'il fallait partir ?

Il ne dit rien mais ses yeux se baissent. J'y crois pas quel...

- Tu...

Je manque de lâcher un hurlement puis me calme quand il prend la parole.

- Elle n'est plus elle même, tout comme toi. Elle t'empêche d'avancer, comme toi tu l'en empêche. Tu l'as dit toi même, vous vous détruisez à force de rester ensemble.

- Cela ne te donne en aucun cas le droit de décider pour moi.

- Oh que si, bien au contraire ! Ce lien n'est pas toujours une bonne chose, surtout quand il s'agit d'aimer quelqu'un.

- Qu'est-ce que t'en sais ? demandé-je tout bas sans le regarder.

- Suffisamment.

C'est tout ?

- Bordel fait une phrase et dit moi une bonne fois pour toute ce que je dois savoir !!

- Il n'y a rien à savoir Derick ! Maintenant éteint moi se téléphone portable et cesse de penser à elle pour le moment.

Je serre les poings en me retenant de ne pas lui jeter mon portable dans la gueule. C'est tout ce qu'il mérite. Mais je me contente de l'éteindre et de le ranger dans mon sac avant d'enfouir ma tête dans les mains. J'ai besoin de ma mère. C'est dans des moments comme celui-là où elle savait me calmer, où elle enlevait la colère que je ressentais pour mon père quand il jouait au con avec moi. Au lieu de ça, je m'imagine que tout va bien et que je n'ai pas envie de me jeter dans l'eau pour rejoindre la route et m'enfuir en voiture, loin de toute cette merde.

~

Cela fait à peu près vingt minutes que nous ramons au milieu du lac. J'observe les ombres gigantesques des sapins qui nous entourent, les nombreuses étoiles cachées par les quelques nuages. Le vent est plus intense mais je ne sens rien alors que je suis  en tee-shirt. Stefen continue de ramer sans que l'un de nous dise un mot. Le bruit de l'eau et le hululement des hiboux relaxent mes tympans, un agréable bruit. Du moins jusqu'à ce que mon père s'arrête pour parler :

- Nous y sommes.

- Quoi ?

Il ne dit rien et se contente de ramener les rames dans la barque.

- On est en plein milieu d'un immense lac, tu m'explique ?

- Tais-toi et mets ta main dans l'eau.

Je grimace pendant qu'il dépose ses doigts dans l'eau.

- Fait ce que je te dis !

- Ca va, ça va !

Je l'imite et entre en contact avec une eau froide quand celle-ci effectue des vaguelettes au début petite puis de plus en plus grande qui s'étendent jusqu'à plusieurs mètres. J'observe ces vaguelettes partir au loin en nous encerclant.

- Tu peux la retirer.

Je m'exécute et observe autour de moi. Il ne se passe rien pendant une minute quand un peu plus loin sur la droite, derrière un coin de terre et des arbres, une fumée blanche épaisse, ou plutôt une brume, se déplace rapidement sur l'eau pour arriver jusqu'à nous. Elle se détache bien de la nuit, celle-ci étant déjà bien sombre. Elle a l'air d'arriver à gauche aussi puis s'étale en grandissant par la même occasion. Je me tourne vers mon père d'un air interrogateur, il n'a pas l'air inquiet, il y a déjà été.

- Au cas où tu te demandes, ça ne fait pas mal.

J'ignore sa remarque stupide et me retourne à nouveau vers l'immense brume qui se dirige vers nous, finissant par nous entourer et nous envelopper en silence, si bien que nous ne voyons plus rien. Je tente de resté calme, de contrôler ma respiration et de ne pas gesticuler dans tout les sens quand nous commençons à avancer. Je regarde mon père, celui-ci n'a pas les rames dans les main. C'est quoi ce délire ?

- N'aie pas peur, on ne va pas en enfer, même si cela y ressemble.

- C'est censé me rassurer ? 

- Je pensais que tu étais un mec qui n'avait pas peur des histoires d'horreurs, finit-il par dire.

Je le fixe longuement. Comment sait-il que j'ai pu penser ça ?

- Je ne suis pas télépathe. Je te connais, c'est tout.

Je n'ajoute rien et reste les fesses bien encrées dans la barque pendant que nous avançons tout seule au milieu de l'épaisse brume. Je me tourne dos à Stefen en observant cette fumée blanche qui s'atténue pour nous laissé découvrir le ciel bleu foncé étoilé avec quelque nuage. Le quartier de lune est là, parfaitement visible contrairement à l'endroit où l'on était avant. Autour de nous la brume s'atténue mais est moins importante, elle continue de stagner sur l'eau, de ce fait nous pouvons maintenant apercevoir les ombres des sapins, des conifères et... Et d'autre lumière, des points de lumière un peu partout. Nous sommes encore un peu loin de la rive mais d'ici je perçois bien des ombres bouger, des ombres humaines qui marchent, suivit de bruits, d'éclats de rires, de gens qui parlent. En regardant sur la droite une autre ombre cette fois plus imposante attire mon regard : elle marche à quatre pattes sur un coin de terre. Je reconnais cette forme familière du Loup-Garou dont les yeux jaune luisant nous observent. Mais il n'est pas seul car derrière deux autres, dont un plus jeune, ont l'air de le suivre. La couleur de leur pelage est différents pour chacun, l'un est gris/blanc, un autre roux , un autre noir... Puis un hurlement de loup qui ne vient pas d'eux résonne jusqu'à nos oreilles et sur toute la baie.

- On a été annoncé.

Stefen est resté immobile, assis en regardant les alentours quand mes yeux se baissent sur l'eau : Des mouvements rapides ondulent, dansent. Intrigué je me penche d'avantage au bord de la barque et remarque des reflets de lumières passer à droite, à gauche pour revenir vers nous, comme encercler. En regardant plus attentivement je reconnais les nombreuses silhouettes des poissons. Ils doivent être gigantesques puisque leur queue font plusieurs mètres et luisent sous l'eau.

Je continue de regarder ces poissons nous tourner autour quand soudain l'un d'eux sort de l'eau accompagné d'un cris strident. De peur et de surprise je lâche moi même un cri pendant que l'immense poisson à la forme étrange saute au dessus de nous avant de replonger de l'autre côté de la barque. Mon père a juste fait un mouvement de recul mais ne semble nullement surpris. Cette fois je ne retiens plus mon calme et me met à gueuler en me redressant :

- BORDEL MAIS C'ÉTAIT QUOI CA !!??

Il se met à pouffer de rire avant de répondre normalement :

- Les sirènes.

- Quoi ??! Arrête tes conneries j'ai faillis passer par dessus bord et faire une crise cardiaque t'es malades !!?

Il continue de rire en regardant à côté alors que nous allons bientôt rejoindre le rivage.

- Détend toi, elles ne sont pas toute désagréable.

- Des sirènes... soufflé-je en reprenant un rythme cardiaque normal.

- Veuillez excusez Myra monsieur Stefen, chuchote une voix féminine susurrante qui articule les « S ».

Cette voix enchanteresse m'a fait arrêté de respirer si brusquement que je cesse tout mouvements. Mon père se retourne pour laisser apparaître un visage mince et brillant sous la faible lumière du quartier de lune. Ses cheveux roux mouillée et ondulé sont plaqués à l'arrière de sa tête. Elle s'avance en longeant la barque tout en nous regardant tour à tour.

- Ce n'est rien Ligie, il est nouveau, il n'a pas l'habitude.

- Qu'est-ce qui vous amènes là, aussi tard et en si bonne compagnie ?

Je reste subjugué par la beauté qui émane d'elle ; ses yeux verts brillent dans l'obscurité et sa peau doit être fait d'écailles que l'on voit seulement à la lumière. Ses grandes mains posées sur le bord de la barque nous montre des doigts palmés long et fin. Ses cheveux roux et soyeux sont particulièrement long puisqu'ils nagent dans l'eau, son visage est creux avec un nez en trompette et une bouche en cœur. Je continue de l'observer en détails pendant qu'elle parle avec mon père. J'ignore si c'est sa voix ou son visage, mais j'ai la sensation d'oublier chaque chose qui m'entoure. Elle me rappelle quelqu'un...

- ...il a été griffé par un Loup-Garou airant.

Ligie ne sourit pas, son visage est impassible et ses yeux semblent ne pas cligner une seule seconde quand elle tourne lentement la tête vers moi en accrochant son regard au miens, pendant un instant je crois même qu'elle sourit.

- Sage garçon courageux et fort, susurre-t-elle. Il n'est pas pas comme tout le monde. Il a été transformé lors de la nouvelle lune d'argent et lié à une créature beaucoup plus rare que nous.

Ses mots m'interpellent quand je me rends compte que je me suis un peu trop rapproché du bord. Stefen plaque une main sur mon torse pour me faire reculer tandis que Ligie s'éloigne lentement lorsque nous arrivons au rivages. Je peux voir sa longue queue de poisson luire sous l'eau avant qu'elle ne plonge pour disparaître au fond du lac.

Je hausse les sourcils, hébété par sa voix mélodieuse et enchanteresse.

- Elles ont beau être des Sirènes de Black Lake, leurs légende n'en sont pas moins vrais. Et encore ce n'est pas la pire.

Je secoue la tête pour reprendre mes esprits avant de prendre mes affaires et me lever pour descendre prudemment de la barque.

- Qu'est-ce qu'elle voulait dire par « Il a été transformé lors de la nouvelle lune d'argent » ?

Il me sourit.

- Ces créatures peuvent sentir ce genre de chose. La puissance, la faiblesse d'une personne. Elle peuvent te faire relater des souvenirs enfouis que tu as pus oublier.

- Y compris attirer les marins avec leur charme et leur chant ? deviné-je.

Il ne répond pas mais je vois à son regard que c'est juste.

- Je me doutais déjà que tu serais différent des autres Lycanthrope. Seulement je ne savais pas à quoi c'était dû.

- Il n'y a que des Loup-Garou ici ?

- Tu as ton île, ils ont la leur, dit-il en descendant à son tour un sac sur le dos.

Nous marchons sur une plage granuleuse où des lanternes pendent sur les branches des arbres. Elles sont petites mais suffisamment nombreuses pour éclairer le passage.

- Je pensais qu'il y avait des monstres dans le lac ?

- C'est le cas.

Ne cherchant pas à en savoir plus je ne dis plus rien. Nous passons sous une arcade en bois pour monter un escalier de pierre. Je laisse mon père passer devant, nous montons les nombreuses marches qui n'en finissent pas de monter encore plus haut.

~

- C'est ça le lieu de campement des Iriel ?

Nous sommes à présent arriver au sommet de... De je ne sais où, à vrai dire. Il y avait ici plusieurs lotissements, des maisons différentes les unes aux autres et construites comme des bungalows, d'autre avaient un type plus européen, anglais. C'était un petit village avec beaucoup d'arbres et de plantations de différents types. Les lumières que je voyais du lac étaient en fait celle du village qui se situe en hauteur puisque plus loin, une chapelle illuminé pointe le ciel et domine le lieu. Je suis surpris, moi qui pensais à un genre de campement en pleine forêt, c'est en fait un village comme les autres.

- Tu ne t'y attendais pas ?

- Pas vraiment.

Nous attendons patiemment quelqu'un qui est censé venir à nous pour nous guider vers notre logement quand nous croisons un couple d'une vingtaine d'année qui nous dévisage discrètement sans sourciller. Il ne doit pas y avoir grand monde dehors, toute les maisons sont allumées.

- Viens, je vais te montrer quelque chose.

Nous marchons à quelques pas sur la grande route à double sens jusqu'à ce que nous arrivons au bout de celle-ci. Ce doit être la limite puisqu'un trait blanc épais est tracé par terre. Stefen se dirige vers le bas côté où se trouve un panneau en bois. Je le suis et regarde ce panneau sur le quel un symbole est gravé dessus. Au début je crois à une blague mais lorsque je jette un regard à mon géniteur qui n' pas l'air de plaisanter je lâche un rire. C'est bien le dessin que l'on trouvait sur le jeu du Loup-Garou.

- Sérieusement ?

- Surprenant ? A-t-on avis, qui a créé ce jeu ?

Je hausse les sourcils.

- Mais les humains jouent avec ! Je veux dire... Ils ne sont pas au courant pourtant ?

- Bien sur que non, c'est une façon de se moquer de leur naïveté.

Incroyable. Je ris en secouant la tête puis nous revenons sur nos pas.

Sur le chemin, un homme arrive devant nous. Il a l'air grand, plutôt mystérieux, brun avec une barbe naissante et des yeux vert claire. Sa tête ne me paraît pas très sympathique d'autant plus qu'il est habillé de noir avec une veste en cuire. Je le toise de haut en bas, ce qu'il ne se prive pas de faire aussi avant d'adresser une poignée de main à mon paternel.

- Bonsoir Stefen, salue le baraqué. 

Ils se connaissent ?

- Bonsoir, voici mon fils Derick. 

- Mon père m'a prévenu de votre venu, il vous recevra demain si cela ne vous embête pas. Je vais vous conduire à votre logement, dit-il en tendant une clef.

- Toujours la même ?

L'inconnu hoche la tête avant de tourner les talons. Nous le suivons sans piper mot mais cela ne m'empêche pas de le dévisager. Il ne s'est même pas présenté et son regard dur et autoritaire me fait déjà dire que je ne m'entendrais pas bien avec lui.

Un autre hurlement plaintif de Loup arrive à mes oreilles, il semble tellement proche de nous que je me retourne d'un coup sans rien voir. Les autres continuent d'avancer sans broncher, je fais pareil pendant dix bonnes minutes pour arriver en face d'un bungalow en bois aux volets fermés.

- Voilà votre logement, dit l'inconnu. Ici il n'y a pas de cantine, vous avez de quoi manger dans la cuisine. Si vous avez besoin de quoi que ce soit faites le nous savoir.

- Bien, merci.

Je continue de regarder le baraqué qui m'adresse un rapide regard de défiance. Il doit avoir un problème de sociabilité ce gars. Je me dirige vers le bungalow avec une immense hâte de trouver un lit. Je n'ait pour le moment aucune pulsion meurtrière depuis que j'ai quitté le CSM mais cette boule de nerfs reste tout de même enfouis au plus profond de mon estomac. Je l'ai ignoré jusqu'à maintenant. J'ai encore quelque question à poser à Stefen mais décide d'attendre demain.

En entrant je ne prends pas le temps de visiter que je repère déjà une porte ouverte sur une des chambres. Je m'y engouffre pendant que mon père s'installe, ferme la porte et dépose mes sacs par terre avant de sortir mon téléphone pour le rallumer. Nerveusement, je m'assois sur un lit douillet et tapote l'objet sur ma main en observant la pièce qui a l'air d'une chambre tout à fait normal avec des murs blanc et des plaintes en bois claires.

Le bruit du portable me fait reposer les yeux dessus, je m'empresse de taper le code pour le verrouiller quand la sonnerie de messagerie retentit après une minutes d'attente. Aileen m'a laissée un message vocale. Encore une fois je n'ai aucune idée de ce que je veux faire. Si je commence à penser à elle, à entendre sa voix au téléphone, où même l'appeler, je vais craquer. Je crois que je refuse ce manque. J'ai beau me dire que mes sentiments pour elle ne changerons pas mais j'ai quand même quelque chose qui me fait refuser toute pensées la concernant. Je soupire, agacée par ces contradictions et plaque mon téléphone sur mon front en fermant les yeux. Merde. Merde, merde !!

La mâchoire serrée je glisse mon pousse sur l'icône pour consulter ma messagerie avant de porter le téléphone à mon oreille. Après quelque secondes où je secoue la jambes en m'arrachant les cheveux d'une mains j'entends un « Bip », un bruit de fond sonore et une respiration, sa respiration. Je relève la tête avant de m'immobiliser :

« Salut... Je suppose que tu as dû raccrocher, je comprends. Je ne t'en veux pas... Écoute, je ne suis pas de celle qui harcèle de message texte ou vocal, moi même je n'aime pas qu'on me le fasse, alors... Je veux juste savoir si tu vas bien, j'avais envie de te parler. Je m'inquiète pour toi. Les filles sont là aussi, avec Isi et Harry. Et d'ailleurs il m'a dit que tu lui a parlé. J'ai un truc à te dire à propos de tout ça et j'espère que tu me rappellera, car c'est important. Genre vraiment important... Je ne sais pas pour toi, mais pour moi ça l'est. Je t'en pris, rappelle moi... Je...(silence, puis soupire) Au revoir.»

Une pression s'exerce sur mon cœur et mes yeux se ferment pendant que je raccroche le téléphone. Elle a l'air épuisée, j'ai deviné à sa voix sur la fin qu'elle était nerveuse. Je repense à ses mots :

« Je veux juste savoir si tu vas bien, j'avais envie de te parler... ».

Si je vais bien ? Je n'en sais rien. Si j'ai envie de te parler, oui. Mais tout en moi me dit le contraire, mon père me dit de m'éloigner de toi, juste le temps que ça se passe.

« J'ai un truc à te dire à propos de tout ça... C'est important... » .

Qu'est-ce que cela peut être ? Si Harry lui a dit chez qui je me rendais il a dû supposer quelque chose... Est-ce vraiment important ? Ça l'est pour elle, alors pour moi aussi, non ?

« Je t'en pris, rappelle moi... Je... » .

Oui, moi aussi je t'aime...

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