C H A P I T R E 13


https://youtu.be/mBAuIXdmWhQ

Samedi 27 Août 2016

J'ai maigris, ou est-ce une impression ? Ou peut être que le miroir brisé me donne cette illusion. Je devrais pensée à le remplacer mais je n'ai pas eu l'occasion de voir Mark ces derniers jours. Il doit être occupé à rembourser les frais de réparation de l'hôpital avec son supérieur. Dix milles dollars, c'est le prix que Monsieur Ribs a répété au moins six fois. J'étais comme une loque à ce moment là, je donnais clairement l'impression de m'en foutre royalement. J'espère que Mark ne me fait pas la tête, autrement je m'en voudrais.

Je jette un dernier coup d'œil à ma tenue noir : pantalon slim, chemisier, bottine à lacet. Le temps aujourd'hui était bien trop mauvais pour une robe et je trouve cette tenue plus simple. De plus, cela cachera cette hématome bizarre au niveau de mon cœur qui a été difficile à dissimuler lors de mes entraînements. Quant à mon visage le fond de teint pour cacher les rides disgracieuse fera l'affaire. Au moins si je pleurs ça ne me piquera pas les yeux. Je respire un bon coup avant de me retourner pour prendre mon petit sac, sors de ma chambre et commence à marcher dans les couloirs vide jusqu'à l'ascenseur tout en effaçant toute trace d'émotion sur mon visage. Rien ne me réjouis dans cette journée et personne n'a su me faire sourire. Je ne leur en veux pas, je n'en ai pas envie de toute façon.

J'attends l'ascenseur mais décide au dernier moment de prendre les escaliers. Je descends à grande vitesse les marches jusqu'au rez-de-chaussée et une fois arrivée je me retrouve dans le hall au milieu de gens qui vont et viennent sur leur lieu de travail. La voiture est censée nous attendre devant mais elle n'est pas encore là, tout comme Mark et Chris qui sont censé m'attendre ici. En soupirant je me dirige vers la cafétéria, pensant me prendre un cappuccino à la vanille. Je m'arrête brusquement : un grand homme aux cheveux poivre et sel sirote les dernière goûte de son café avant de jeter le gobelet dans la poubelle. Je reconnais alors le profil carré du père de Derick et par un élan spontané je vais vers lui pour l'interpeller :

- Hey !

Il se retourne interloqué, il ne s'attendait pas à me voir. Je le regarde dans ses yeux qu'il lève rapidement au ciel. Pourquoi cet air agacé ? Il a un problème avec moi ? Peu importe.

- Où est-il ?

- Déjà partit.

Je fronce les sourcils et m'efforce de ne pas laissé paraître une once de déception. Il est partit.

- Pourquoi est-ce que vous ne l'avez pas retenu ?

- Tout simplement parce que c'était mon idée. Personne ne pourra l'aider ici et je doute fort que vous et vos problèmes similaire n'arrange quoi que ce soit.

Son regard bleu et sévère ne me lâche pas, je me sens une nouvelle fois blessée par cette aveu. Étrangement j'arrive bien à le cacher mais l'encaisser est autre chose. Pourtant il a raison Aileen, tu ne l'aidera pas avec tes problème en plus.

- Où est-ce que vous l'emmenez ?

- Au Canada. Il y a un campement, des amis pourront peut être faire quelque chose pour lui. Mais je ne vous en direz pas plus.

Il s'apprête à partir quand, sans que je ne le commande, lui attrape rapidement le bras. La poigne devait être assez forte puisqu'il se retourne en me dévisageant tout en essayant de se dégager quand je lui dis :

- Dites moi qui sont ces gens et ce qu'ils vont lui faire ? Demandé-je d'une voix plus ferme que ce que je voulais.

- Vous posez bien trop de question, maintenant veuillez me lâcher Mademoiselle Campbell.

J'ai du mal à l'écouter, mon emprise reste bloquée sur son bras. Contrarié en voyant que je n'obéis pas il s'empare de ma main quand une vision qui m'arrive soudainement au cerveau : des yeux jaune perçant, un grognement, des cris, la lune, une meute.

Je reviens à moi, aussi tôt mes yeux se posent sur l'émetteur de ma vision qui me regarde avec méfiance, comme si il craignait quelque chose. Je ne sais pas comment ni pourquoi j'ai vu toute ces choses, mais je crois avoir compris :

- Vous en êtes un ? chuchoté-je presque.

Ses trais changent automatiquement, ses lèvres se retroussent et ses yeux fuient les miens avant de secouer la tête.

- J'hallucine. Et il n'est même pas au courant ?

- Je ne suis pas un loup garou !! grogne-t-il subitement en se rapprochant de moi comme si il s'apprêtait à m'égorger.

Des regard indiscret pointent vers nous.

- Alors pourquoi est-ce que j'ai eu cette vision quand vous m'avez touché ?

Je reste la tête haute malgré le frisson qui me parcourt l'échine. Je le regarde dans les yeux et nous voilà dans un duel. Je hausse les sourcils quand il recule son visage du miens pour parler :

- Je ne sais pas pourquoi vous l'avez eu. Mais je vous promets que je n'en suis pas un.

- Et vos soit disant amis ?

- Écoutez, murmure-t-il en se rapprochant pour me parler dans la confidence. Contentez-vous de savoir que Derick ira bien et sera en sécurité. Je le protégerais mieux que personne, j'ai beau ne pas assurer dans la vie quotidienne il reste mon fils et je l'aime. Pour le reste cela ne vous regarde pas.

- Si vous l'aimez tellement pourquoi lui cacher quelque chose d'aussi important ? Parce que c'est le cas. Autrement je n'aurais rien vu. 

Sa mâchoire se serre et sa pomme d'Adam tressaute. 

- Il y a des choses qu'on préfère ne pas divulguer à ceux qu'on aime pour les protéger.

- Pour le protéger lui, ou vous ?

Un petit sourire en coin se dessine sur mes lèvres et il me dévisage en plissant les yeux. Qu'est-ce qu'il me prend de sourire maintenant ? Je n'ai aucune idée de ce qu'il se passe. Je me sens pourtant moi même, ou presque. Alors pourquoi est-ce que je me sens si confiante tout d'un coup ? Le père serre la mâchoire et me regarde de haut en bas.

- Dîtes bien à cette créature qui est en vous de mieux se conduire en ma présence parce qu'il pourrait bien y laisser des plumes, menace-t-il en tournant les talons.

Je serre les points suite à son avertissement. Je me sens bouillir de l'intérieur, mes yeux me piquent. Merde !! C'est pas le moment !!!

Je le regarde partir et m'apprête à le rejoindre quand une voix imposante qui vient de la sortie m'arrête d'un coup.

- Aileen !

La chaleur diminue, mes poings se desserrent quand je tourne la tête lentement vers Mark et Chris qui m'attendent patiemment. Ils portent des valises en métal et sont eux aussi vêtu de noir.

- On y va, prévient-il avant de se diriger vers la porte de sortie.

Chris s'attarde sur moi en m'interrogeant du regard. Depuis ce matin il n'a cessé de me harceler de question sur ce qu'il s'est passé ; je ne lui ai pas parlé une seule fois. Je me calme et les rejoins en prenant mon sac au passage. Tant pis pour le cappuccino, j'ai eu suffisamment d'adrénaline pour la journée. Je me rue dehors en me faisant violence pour ne pas hurler ou défoncer la gueule de quelqu'un au passage.

J'entre à l'arrière de la voiture, met ma ceinture puis mes écouteurs et mon bracelet en onyx. Aussi tôt mon rythme cardiaque diminue le sang circule plus librement et calmement. Je ne pense pas toujours à le mettre. Ca n'a pas toujours grand utilité et puis des fois je suis tellement envahis par mes émotions que je n'y pense pas. Mais cette fois-ci je laisse sa magie m'imprégner en fermant les yeux pour me détendre sur le siège quand j'entends Mark m'adresser la parole en me regardant à travers le rétroviseur. Je n'avais pas encore mit ma musique :

- Qu'est-ce qu'il s'est passée avec Stefen ?

- Qui est Stefen ?

- Le père de Derick.

Tiens. Première fois que j'entends son prénom.

- Rien d'important. Il m'a juste dit que Derick était partit au Canada.

Et il m'a clairement menacé après que j'ai découvert sa nature de loup. Ou pas. Je vois Mark hausser un sourcils avant de soupirer légèrement et démarrer la voiture. Ne t'occupe pas de ça pour le moment et pense à autre chose.

Je mets ma musique et regarde par la fenêtre. La pluie recommence à tomber et le ciel est d'un gris opaque et déprimant.Un temps qui va bien avec la journée que je suis sur le point de passer. Peut être que s'il y avait eu du soleil ça l'aurait un poile allégée. Mais ces allures de ciel orageux me fait aussi penser à Nina. Elle et Kristy me manquent et encore plus aujourd'hui. Maintenant que Derick n'est plus là je n'ai personne de vraiment proche pour m'accompagner. Mes professeurs sont là mais ils restent adultes. Quoi que j'ai plus tendance à me confier à Gail qu'aux autres. D'ailleurs, où sont-ils ?

- Où sont les autres ?

- Ils nous suivent.

Je tourne la tête, effectivement un 4x4 noir derrière roule à la même vitesse, Killian est au volant. Je souris avant de me replacer sur le siège. Au moins eux ils ne m'ont pas abandonné.

~

- Tu es sûr que tu ne veux pas t'abriter ? me propose Chris lorsque je sors de la voiture.

- Ca va, merci.

Nous sommes arrivé au cimetière, la pluie continue de tomber sans être trop importante. Nous sommes garé sur une places de parking près des grandes pelouse remplis de pierre tombale blanche. Nous avons passé trois heures sur la route et je n'ai pas quitté mes écouteurs jusqu'à maintenant. J'ai enlevé mon bracelet pour le mettre dans mon sac, redresser ma grande capuche sur mes cheveux en même temps de chasser cette boule au ventre. Gail, Ella et Killian se sont garés juste à côté pour nous rejoindre.

Je regarde les terrains vaste décorés par les pierres ; le parking étant plein je devine que les autres sont déjà là et que cette foule noir au loin devaient être eux. J'ai un mal fou à respirer, un point s'est formé au creux de mon plexus solaire et je n'arrive pas à respirer jusqu'au bout.

Je sens quelqu'un prendre mon bras, lorsque je me retourne je vois Gail me sourire faiblement pendant qu'Ella me caresse l'épaule.

- Les mesures de sécurité ont été prise ? demande discrètement Killian à Mark derrière nous.

- Oui, des hommes ont été mobilisés.

Je lève les yeux au ciel.

- C'était vraiment nécessaire ? La personne qui veut m'attaquer n'est pas un humain.

Mark arrive devant nous puis me regarde sans aucune trace de son humour habituel.

- Tu préférerais sans doute qu'on leur disent de prendre congé et qu'on attende sagement que ce type s'attaque à d'autre personne proche ?

Je me mords la joue en fuyant son regard.

- Ouais. Moi non plus, dit-il avant de nous emboîter le pas.

Chris le suit sans discuter, nous commençons à marcher sur l'herbe humide, les filles toujours accrocher chacune à l'un de mes bras comme si j'étais une handicapée qui n'arrivait pas à marcher. Ce qui était le cas avec cette pression sur moi.

Nous nous rapprochons de la foule quand je décide de m'arrêter brusquement en essayant de me calmer pour leur expliquer :

- Je ne veux pas paraître désagréable mais... Je supporte mal qu'on me soutienne de cette manière, dis-je en regardant leur main me presser les avant bras.

Elles se regardent, un peu mal à l'aise.

- Je suis désolée.

Je me dégage gentiment, elle me laisse faire avant de repartir.

- C'est gentille à vous mais j-je n'ai pas vraiment besoin de ça.

- Ce n'est rien, fait Ella avec un petit sourire.

Je continue de marcher, ça va un peu mieux jusqu'à ce que je vois au loin une silhouette longiligne et une chevelure blonde que je reconnais entre mille. Je redoute ce moment et encore plus lorsque je la vois se retourner sur moi : elle porte des lunettes noir et un long manteaux de la même couleur, ce qui faisait ressortir sa peau pâle. Elle retire ses lunettes pour me laisser voir son regard triste mais à la fois heureuse de me revoir. Elle accourt vers moi, ce qui a le malheur d'attirer les regards autour, notamment de Ryan qui se met à la suivre.

M'attendant de nouveau à une étreinte peu supportable je m'arrête pour les laisser venir à moi. Grace s'enfonce dans mes bras en me serrant fort, suivit de Ryan. Je me retrouve avec deux personnes triste au lieu d'une dans mes bras. Je vous laisse imaginer la tornade d'émotion qui se forme à l'intérieur de moi. Je retiens un cris.

- Mon dieu, est-ce que ça va ? Tu tiens le coup ?

- Où tu étais pendant tout ce temps ? On s'inquiétait nous ?

Je prends le temps de respirer pendant qu'ils se détachent de moi. Ils croisent le regard de mes professeurs avant de me regarder en fronçant les sourcils.

- Qui est-ce ? me murmure Grace.

Je me retourne vers mes mentors en leur faisant un signe de tête pour leur dire que ça va. Ils acquiescent et partent en direction du groupe qui me dévisagent toujours. Je perçois de la tristesse, de la pitiez, de la compassion... Ça va être une longue journée. Ryan les dévisage discrètement. 

- Des gens qui veille sur moi, réponds-je en baissant les yeux.

Grace penche la tête pour me regarder. Elle a les yeux rouge mais ne pleure pas. Quant à Ryan il a l'air triste mais se retient. Il n'a jamais vraiment pleuré devant les autres.

- Comment tu te sens ?

- A ton avis ?

Je relève la tête sur mon amie qui pince les lèvres. Je ne cesse de prendre un ton froid et distant avec les autres depuis ce matin, je ne peux m'empêcher de paraître ainsi. Quelque chose, mise à part cette journée, m'empêche de sourire, même pour de faux.

- Je suis désolée. Je suis sur les nerfs depuis quelque temps.

- Je le comprends.

Derrière je jette un œil à la foule et ne vois aucune jeune fille métissée.

- Janis n'est pas venue ?

Ils se regardent, l'air d'hésiter.

- Quoi ?

- Janis est... Elle a eu une petite hémorragie interne hier.

Je manque de souffle et ma mâchoire se décolle légèrement. Grace continue :

- Après l'incident elle a été opérée et les médecins ont du lui enlever la rate. Elle est donc régulièrement suivit depuis et...

- Merde... marmonné-je en portant ma main sur mon front. Co-comment ça se fait qu'elle ai se problème maintenant ?

- Ils ont dit que ses coutures ont du se défaire à l'intérieur, ils l'ont refermé mais elle a perdu du sang et s'est affaiblit.

Je soupire. Je suis mal pour elle.

- Ne t'en fais pas Aileen. Elle sait pour toi et nous sommes passé la voir ce matin avant de venir. Elle est encore un peut assommée mais elle nous a dit de te dire qu'elle est de tout cœur avec toi et qu'elle pense fort à toi.

Je hoche la tête en retenant une larme.

- Ou-oui moi aussi.

Mes épaules trembles nerveusement, je me sens agitée.

- Respire, chaton. Tu n'as pas besoin de t'en faire pour ça, elle va bien. On va tous bien, en ce qui nous concerne. Là c'est toi qui a besoin de nous.

Un rire s'échappe de ma gorge sans que je m'y attende. Mes humeurs changeante reviennent de plus belle. Comment leur dire qu'aujourd'hui je ne sais plus si j'ai envie d'être protégée où laisser à l'abandon ?

- Au fait, commence Ryan. Ta mère est venue nous rendre visite, c'est elle qui s'occupait de nous à l'hôpital... Elle nous disait que tu étais partit quelque temps dans un camps. Comment ça s'est passée ? Tu étais là bas quand tu...

- Oui, coupé-je brusquement sans les regarder.

- Tu ne veux pas en parler, n'est-ce pas ?

Je secoue la tête alors que les invités semblent attendre que nous venons. Qu'ils aillent se faire voir !

- Si jamais tu change d'avis, sache qu'on est là, propose gentiment Grace.

- Je ne peux pas. Pour plusieurs raison. Cela vous mettrais en danger.

Je déteste leur cacher des choses, pourtant ça me soulagerai de tout leur dire mais il en est hors de question. Je ne veux pas qu'ils leur arrivent la même chose qu'à mes parents.

- On devrait y aller, ça va commencé.

Nous marchons en direction de la foule, je me refuse de regarder leur visage tous plus sinistre et déprimant les uns que les autres. Je préfère aller droit au but. Parmi eux je reconnais Owen et ma tante qui me considèrent d'une drôle de manière, je n'ose pas savoir ce qu'ils peuvent bien penser de moi après ce qu'il s'est passé à l'hôpital. Peu importe. Autant que tout cela se finisse vite.

Nous nous installons sur un des bancs devant le tableau funeste des deux cercueils entourés de fleur de toute les couleurs qui s'apprêtent à descendre six pieds sous terre. Mes parents sont à l'intérieur, j'observe ce cadre triste sous la pluie. Leur tombe se trouve en dessous d'un arbre imposant qui couvre un peu de la pluie tout en leur faisant de l'ombre. J'ignore qui a choisit l'emplacement mais je le trouvais jolie. Sûrement Mark, puisqu'il s'est occupé de tout.

Je m'assois sur un banc avec mes amis, Chris s'installe à côté de moi. Je surprends même Grace le regarder en deux fois avant de se retourner sur moi. En d'autre circonstance j'aurais ris, mais même sa façon d'être qui me donne habituellement le sourire n'agit pas. Elle aussi s'est retenu pour me faire les gros yeux. Je garde l'œil sur les cercueils en bois vernis pendant que le prêtre arrive vers nous avec sa bible à la main. Seulement lorsque tout le monde s'est tu pour le laisser parler, mes oreilles n'écoutent plus. J'ai déjà assisté à un enterrement, je sais de quoi il parle dans ces moments là : Dieu qui les accueillera comme ses enfants, qu'ils trouveront la lumière où qu'ils soient, qu'ils veilleront sur nous, que la mort n'est pas une réelle fin pour tout le monde... Bref, le sermon habituel. Je m'efforce d'être à l'écoute seulement pour les discours adorable que desservent les proches, ceux de mon père et ceux de ma mère. Puis un contact inconnu s'appuie sur ma main sans que je m'y attende, lorsque je baisse la tête pour regarder je vois la main de Chris presser la mienne. Il me regarde tendrement en souriant mollement mais toujours avec compassion. Je l'ai snobée toute la journée et il ne m'en veut pas, c'est gentil de sa part et curieusement ce contact me gêne moins. De l'autre côté la main de Grace tient le creux de mon coude sans le presser, ce qui explique pourquoi je ne l'ai pas remarquée.

- ... Mademoiselle Creeg souhaiterait peut-être dire quelque mots ?

Je mets un temps considérable à comprendre que l'on parlait de moi. Le nom Creeg me fait l'effet d'un coup en plein cœur, j'ai un mal fou à prononcer ne serait-ce qu'un mot. Je bafouille en retirant timidement ma main de celle de Chris et bat des paupières.

- J-je...

Je ne sais plus où me mettre. Que puis-je bien dire ?

- Venez, Mademoiselle, n'ayez pas peur.

Peur ? Je n'ai pas peur, si ?

Je me lève discrètement sous le regard de tous que j'évite un maximum. Mais pour ce qui est des bruits de reniflement, de pleur et de soupire je ne peux pas les faire taire.

Je m'avance à côté des cercueils en prenant le temps de réfléchir, les bras croisés.

- Euh...

Tout le monde semble suspendu à mes lèvres comme si ils s'attendent à ce que je sorte la formule magique qui va tout arranger. Si seulement je pouvais.

- Je ne sais pas trop comment... Quoi dire, dans ces circonstances. Tout cela est tellement soudain. Je ne peux pas expliquer en détail qui étaient mes parents, ou comment ils étaient avec moi. Tout ce que je peux dire c'est qu'ils étaient unique. Ils m'ont aidé à traverser tellement de chose et maintenant j'ai l'impression que tout cela n'est rien comparer à maintenant...

Un vent froid parcourt soudain mon corps, une pression s'exerce rapidement sur mon cœur. Je ferme aussi tôt les yeux en serrant les dents et en retenant ma respiration. Merde, c'est quoi ce truc !

- Tout va bien ? me murmure le prêtre à côté de moi.

J'ouvre les yeux quand ce mal se calme. Mes amis semblent s'inquiéter et Chris prêt à se lever à tout moment.

Je rassure tout le monde en hochant la tête et en respirant pour me calmer.

- Excusez-moi... Je ne sais plus ce que je disais...

Je me sens perdu, quelque chose qui n'est pas là veut attirer mon attention, c'est une sensation bizarre. Je me déconcentre pour regarder les alentours quand j'aperçois une ombre errer au milieu des pierres tombales et des arbres. Je plisse les yeux pour mieux voir à travers les goûtes de pluie, on dirait qu'il se déplace. Quelque chose me dit qu'il n'est pas là pour se recueillir et j'ai beau continuer de regarder dans la même direction il ne se manifeste plus. Ai-je halluciné ?

Je me retourne alors sur les cercueils, le regard du prêtre et des invités qui se questionnent sur mon soudain changement d'attitude.

- Je..., commencé-je en reculant. Désolé je ne peux pas continuer.

J'ai du mal à parler, je ne sais plus où j'en suis. Je m'éloigne des cercueils et de la foule qui ne comprennent pas, mais je m'en fous. Le prêtre reprend la parole au moment où je m'éloigne sous la pluie en regardant autour de moi, cherchant n'importe quelle ombre à l'horizon. Mark, qui a dû deviné quelque chose ne va pas, arrive devant moi suivit de son neveu. Il insiste du regard lorsque j'arrive à côté de lui alors je parle tout bas en continuant de tourner ma tête à droite et à gauche.

- C'est quoi le problème ?

- Il y a quelqu'un ici.

- Quoi ?

- Je le sens.

- On ne m'a rien signalé dans l'oreillette.

- Et bien dit leur de surveiller les environs, j'ai un pressentiment.

Il hoche la tête rapidement avant de s'éloigner et de porter une main à son oreille en s'adressant à Chris :

- Reste avec elle.

Il acquiesce puis se met à surveiller chaque recoin de l'endroit pendant que Grace et Ryan viennent vers moi.

- Hey, qu'est-ce qu'il se passe ?

- Rien, ne t'en fais pas. J'ai eu... Un malaise.

Un autre vent froid me traverse le corps, je soupire bruyamment en ferment les yeux quand un second pincement au cœur me fait mal à la poitrine. Chris me soutient l'épaule, Ryan aussi. Je regarde de nouveau autour de nous et aperçois encore cette ombre cette fois plus clairement. Je ne la quitte pas des yeux, elle semble faire de même. Je secoue  le bras de Chris qui essaye de repérer la silhouette mais il n'a pas l'air de la voir. Je ne vois même pas son visage, il doit porter un chapeau haute forme et une longue cape noir. Il reste là, immobile à côté d'un arbre derrière un vieux caveau.

- Tu ne le vois pas ?

- Non ! Où est-il ?

- Juste là !! insisté-je.

L'ombre disparaît de nouveau, il semble marcher avec une canne mais je ne vois toujours pas son visage. J'observe alors les gens qui se lèvent pour faire la prière et regarde Mark revenir vers nous en secouant la tête d'un air désolé.

- Aileen, il n'y a personne.

Je me retourne vivement vers lui.

- Je ne suis pas folle je suis sûr de l'avoir vu !

- Vu qui ? demande Ryan en nous regardant tour à tour.

- Je n'en sais rien.

Il se rapproche.

Je frémis au son de cette voix sinistre dans ma tête. En tremblotant je me retourne de quelque pas pour éviter que mes amis me voix parler toute seul.

- Qui ?

Devine.

- A qui tu parles ? me demande Chris.

Je ne réponds pas à Chris et me retourne vers eux lorsque mes yeux tombent sur l'ombre de nouveau là, à quelques mètre du caveau avec sa canne à la main et son visage couvert par son chapeau haute forme. J'ai encore ce malaise qui me fait flancher et trembler de partout.

Il nous a trouvé avant.

- La ferme.

Je ne peux pas me défendre. Il semble vouloir m'attirer à lui.

Je me mets à marcher sans que je ne le veuille vraiment quand mes amis m'appellent de derrière. Je me retourne avec la peur au visage.

- Restez ici.

- Tu te fou de moi ?! s'écrie Mark en retroussant ses lèvres fine. Revient ici !!

- Je ne peux pas !

Il se met à marcher dans ma direction quand, sans que je ne contrôle rien, je lève le bras pour faire apparaître des flammes afin de leur barrer la route. Mark recule brusquement de peur et mes professeurs semblent ne pas comprendre ce qu'ils se passent depuis la foule, tout comme Grace et Ryan qui sont encore plus surpris et désemparés que les autres.

Je continue de marcher jusqu'au caveau avec une peur immense au ventre.

- Où est-ce qu'on va ?

Aucune réponse, mais une énergie monstrueuse me pousse à avancer et à entrer à l'intérieur. Je m'arrête brusquement devant la porte en pierre immense qui se dresse devant moi. Derrière moi les flammes bloquent toujours le passage et la pluie ne suffit pas à l'arrêter. Les gens regardent dans notre direction en voulant s'approcher mais les gardes du corps du CSM les en empêchent. Ma respiration était presque forcée et je crispais mes muscles, ne sachant pas quoi faire. Il n'y a personne autour de moi, la porte ne s'ouvre pas. Je décide de contourner le caveau avec prudence mais une appréhension de croiser quelque chose... Ou quelqu'un.

Des visions de ma simulations, de mes rêve avec la pierre de résurrection et de cette homme bizarre reviennent dans ma tête comme des flash. Je me retiens de respirer quand une présence derrière moi me fait m'arrêter. Je n'ose pas me retourner, ou n'y arrive pas, quand une pression inattendu enferme mes bras, me paralyse. Je veux crier pour avertir mais n'y arrive pas et la personne qui me retient a l'air de se recroqueviller en nous couvrant d'une cape noir.


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