C H A P I T R E 12
https://youtu.be/NUC6sAXza_k
Deuxième nuit de suite que Morphée n'a pas voulut de moi cette nuit. Je ne lui en veux pas, les cauchemars viennent juste au moment où mes yeux se ferment. Je me suis donc réfugiée dans une des salles de gym du CSM, l'une des seules qui possèdent de grande vitres qui donnent sur le parking éclairé la nuit. Les seuls lumières des lampadaires me suffisent pour y voir claire dans cette salle, moi qui n'aime pas les néons, ils m'agressent constamment la vue.
Assise en tailleur je fixe mon bracelet en onyx noir sur le sol. Je pensais que mon humeur de cette nuit allait peut être aidée à faire resurgir ma télékinésie mais il est claire que mon pouvoir, mes pouvoirs, ne sont pas près de coopérer. Dommage. La nuit est le seule moment où, même éveillée, je ne ressens rien, ni peine, ni douleur.
J'avance une quatrième fois ma main au dessus du bracelet en me concentrant un maximum pour le faire bouger mais tout ce que je réussis à avoir c'est un début de migraine. Mon esprit a du mal à se libérer, comme si quelque chose lui bloquait le passage ; je n'arrive à rien. Ma main reste tendu au dessus du bijoux, tandis que je serre les dents, contracte mes muscles. Pendant un très bref instant je crois le voir bouger d'un millimètre mais c'est tout. Je lâche prise.
- Putain !!! hurlé-je soudain en prenant mon visage dans les mains, pendant que les néons clignotent plusieurs fois de suite avant de s'éteindre.
Il n'y a qu'avec la colère que ça marche.
"- Tu ne peux pas continuer de cette façon, Aileen. Cela va finir par te détruire.", m'a dit Gail le lendemain de l'incident de l'hôpital.
Ce jours là, mes professeurs ont voulut m'entraîner à contrôler ma colère lorsque j'utilise mes pouvoirs. J'échoue dés que je veux faire voler quelque chose où faire apparaître du feu. De la colère monte depuis mon estomac jusqu'à ce que je la recrache avec une injure où en faisant ressortir une espèce d'onde solaire qui envoi tout valser, qui a même faillit blesser Ella. Il m'arrive quelque fois de penser que je suis... Posséder. Ce qui est à peu près le cas si on réfléchit bien.
Je suis une bombe à retardement et je n'ai aucune idée de comment couper les fils. Peut être que prendre l'air me ferait du bien. Derrière la baie vitrée il n'y a aucune étoile et des nuages se forment. Au loin, les feuilles des arbres qui bougent sous le vent commencent à tomber, l'automne va bientôt arriver. Déjà ? Je ne suis pas prête... Ni à utiliser mes pouvoirs, ni à assister à l'enterrement qui aura lieu aujourd'hui, ni au rituel de fin des cinq-cents ans du Phénix.
Je sors de la salle de gym d'un pas décidé, traverse les étages à grande vitesse avant de courir dans le hall jusqu'à la porte de sortie.
Enfin dehors. L'air tiède me fouette gentiment le visage, les cheveux, m'apporte le calme dont j'ai besoin. J'inspire cet air si précieuse en emplissant mes poumons. Mon sixième sens m'indique que le temps se gâte. Le soleil se manifeste de moins en moins et cela ne me réjouit aucunement, l'automne arrive beaucoup plus tôt que prévu, le mauvais temps sera là également, adieux les températures chaude.
Les yeux clos j'apprécie le silence des routes vide et de la nuit comblé par le vent. Une odeur d'humidité vient me titiller les narines. Lorsque j'ouvre les yeux pour regarder le ciel, un nuage épais s'apprête à couvrir le ciel tandis que la lumière du jour pointe le bout de son nez, mais sans le soleil. Juste une lumière bleutée presque grise trop sombre à mon goût. Pour finir il est presque cinq heure quand une goûte d'eau s'écrase sur ma pommette avant de couler le long de ma joue. Je clignote des yeux en essuyant la larme factice de mon visage quand une voix rocailleuse sort du silence.
- Qu'est-ce que tu fais debout ?
Debout en survêtement, les cheveux en bataille et la barbe naissante, éclairé par la lumière blanche d'un lampadaire, Derick me scrute sans sourire, sans cet air malicieux qu'il arbore habituellement.
- Qu'est-ce que tu fais debout ? lui réponds-je en retour.
Je suis d'autant plus surprise du fait qu'il a l'air beaucoup moins dans les vapes qu'hier matin.
- Insomnie.
Je me retourne vers l'horizon quand deux autres goûtes de pluie tombent sur le haut de mon crâne. Le vent se fait plus intense et l'odeur d'humidité aussi.
- Toi aussi ?
Je hoche la tête en sentant la pluie sur mes épaules, la voyant se répandre de plus en plus en face de moi, éclatant sur le sol en béton. Je n'ai pas vu Derick depuis le soir de l'incident lorsqu'on est rentré, excepté deux petite minutes à travers la fenêtre de sa chambre. J'étais trop occupé à me faire passer un savon de la part de Mark.
- Ils t'ont laissé sortir quand ? demandé-je sans le regarder.
- Hier soir. Ils m'ont tellement bourré de médoc que je n'arrivais plus à tenir debout mais j'ai fini par me lever.
Je ne dis rien et acquiesce en baissant les yeux. La pluie se fait plus danse, cela ne me dérange pas, au contraire. Même Derick ne semble pas broncher.
- J'ai eu les résultats d'analyse.
Je me retourne sur lui et l'interroge du regard.
- Et ?
Je devine la réponse quand il se pince les lèvres.
- Telle mère tel fils.
Il dit cela d'une manière si calme et posée que ça n'a pas l'air si grave pour lui.
- Je suis désolée... soufflé-je.
J'hésite à m'avancer vers lui, je serre les poings sur mes avant bras. Il ne semble pas réclamer mon contact ni vouloir me regarder.
- Il s'avère que les médicaments contrôle les symptômes et mes transformations. C'est mon père qui a ordonné qu'on me les prescrivent sans que je le sache.
- Et qui t'a parlé de tes résultats ?
- Une infirmière.
- C'est tout ce qu'ils t'ont dit ?
- Non. Je dois continuer à les prendre, attendre et essayer de m'entraîner.
Il secoue la tête, mâchoire serrée.
- J'ai l'impression que ça fait de moins en moins effet et ce truc me bouffe à l'intérieur, dit-il en enfonçant ses mains dans les poches de son pantalon.
Je me mords la lèvre supérieur, sentant ses émotions s'accroître pendant que ses cheveux s'humidifient à cause de la pluie. Je suis moi aussi presque trempée mais je ne sens pas le froid. Je continue de le regarder, j'ai de la peine pour lui. Il ne semble ni vouloir me regarder, ni se rapprocher de moi. Pourquoi est-il aussi distant ? Je décide de faire le premier pas en m'avançant vers lui pour lui prendre le bras mais il se dégage en secouant la tête. Surprise de ce geste de recul qui me fait aussi tôt mal au cœur, je fronce les sourcils, la bouche entre ouverte.
- C'est pas une bonne idée, marmonne-t-il.
- Pourquoi ?
- Parce que je me souviens toujours de ce qu'il s'est passée là bas.
Il parle d'une voix calme, basse en me regardant dans les yeux. Je le sais, je m'attends à ce qu'il me dise ces mots, seulement je n'ai pas envie de les entendre.
- Et alors ?
Ma gorge se sert.
- Et alors j'ai plus les même sensations qu'avant, dit-il calmement. Au début j'avais qu'une envie c'était de me rapprocher de toi, de te toucher et...
Il se pince les lèvres une nouvelle fois en retenant sa respiration.
- Je perds l'équilibre...
- Je le sais. J-Je suis désolée.
Il ne dit rien alors qu'il s'agite en tournant en rond en agrippant sa tête avec ses mains. Je ravale difficilement ma salive et ajoute :
- Je suis pareil que toi, tu sais. J'ai autant de mal à trouver l'équilibre mais cela n'arrangera rien de s'éviter.
- Si, au contraire ! J'ai faillis te tuer l'autre jours parce que je n'ai pas su me contrôler et toi tu n'as pas réussis à me calmer ! Tu as dû laisser ton... Ton autre toi prendre possession de ton corps pour me contenir et on en est venue à se battre !
Il agite ses bras en se retenant de crier. Je ne veux pas l'entendre et secoue la tête. Voyant que je nie, il insiste :
- J'ai faillis te tuer Aileen !! Ce n'est pas ça que je suis censée être pour toi ! Ou pour n'importe qui d'autre.
Cette pensée me fait frémir tandis que mes pieds restent cloués au sol, incapable de bouger, mes bras toujours croisés contre ma poitrine ont envie de le prendre, de le couver. Je veux oublier cette histoire mais à en croire ses traits durcis et ses poings serrés il n'est pas près. D'ailleurs je ne crois pas l'être non plus...
La pluie devient plus forte, voile nos expressions attristées et colériques. Des goûtes d'eau perlent sur nos visages et nos cheveux ainsi que nos fringues maintenant trempées mais je n'en ai rien à foutre. Il est hors de question que je le laisse partir.
- Arrête de penser ça, répondis-je sèchement. Ça n'aidera ni toi ni moi.
Je lâche enfin mes bras fébrile pour m'avancer vers lui mais il continue de laisser une distance entre nous. Cela se voit à son visage qu'il n'apprécie aucunement cette situation et il se fait violence pour s'éloigner de moi. Ne pense pas que je ne vais pas me défendre !
- On est tout les deux dans le même cas Derick, je ne peux pas te laisser gérer ça tout seule et je ne veux pas que tu me laisse non plus.
J'ai beau le pensée j'ai du mal à me l'avouer... Il soupire longuement.
- Et pourtant tu sais aussi bien que moi qu'on y arrivera pas comme ça. On a plus aucun lien...
- C'est faux ! Tu refuse de le sentir c'est tout !
- Comment peux-tu croire ça ? s'étonne-t-il. Je donnerai n'importe quoi pour retrouver ces sensations !
- Alors fait un effort et rappelle toi comment c'était !
- Bordel tu comprends pas ?! Ca ne marche plus, c'est fini ! Je ne dégage plus que de la colère, j'ai des crises de nerfs toute les vingts minutes et ce... Ce truc infernal me fait mal partout et si je le laisse aller je ne deviens plus la même personne !
- Je le comprends bien ça, je t'assure ! Cependant moi je sais qu'il y a toujours quelque chose. Il suffit juste de vouloir le trouver !
Il ferme les yeux en soupirant une nouvelle fois, ses lèvres retroussées.
- Tu ne veux rien entendre.
- Et toi tu ne fais aucun effort !! Prouve le moi qu'il n'y a plus rien !
Il s'immobilise, la faible lumière du jours éclaire sa silhouette, ses épaules bouges au rythme de sa respirations. Ses cheveux mouillés cachent ses yeux mais je le vois à ses poings toujours serrés et ses lèvres retroussées qu'il est en colère. Il s'avance alors vers moi d'un pas décisif, je tressaille de le voir dans cet état. Il s'arrête juste devant moi, je peux mieux voir son visage : ses yeux ne sont plus aussi brillant, mais assombris par de la rage, ses tempes mouvent sous les battements rapide de son cœur, ses muscles gonfles et des veines ressortent sur ses bras.
- Tu veux que je te le prouve ? grince-t-il entre ses dents.
Il me prend le bras d'une poigne ferme, ce contact autre fois intense et agréable fait maintenant l'effet d'un courant électrique qui parcourt nos membres en faisant trembler chacun d'eux. J'inspire bruyamment sous le choc lorsque le lampadaire explose, des éclats de lumière se mêlent à la pluie. Je tombe à genoux, les membres fragile comme lors de notre première rencontre, il grimace en resserrant son emprise sur mon bras. Une secousse à l'intérieur de moi m'emplit d'une puissance qui me détruit. Aussi tôt je m'empare de sa main en la retirant violemment de mon bras, mon visage de nouveau hargneux. Mon double supporte mal d'être pris au piège, si bien que je me jète sur Derick en le plaquant au sol, mes mains cherchant à l'étrangler, je constate que tout mon corps est de nouveau sombre, entouré de flamme.
Mon double, rageant de se sentir feinté, hurle presque gravement à pleins poumon, montrant les dents.
- T'as pas le droit !! T'as pas le droit de faire ça c'est clair !!!
- Aileen !!! hurle Derick à son tour dans un rugissement rauque.
Entendant mon prénom de cette façon, je reviens à moi par la seul force de ma volonté.
Mon visage se détend pour laissé place à la peur paralysante et au choque que vient de subir mon esprit. Derick m'empoigne les poignets pour que j'évite de l'étrangler, ses crocs apparentent et ses yeux brillants. La douleur atteins enfin mon cerveau, je grimace en réalisant ce que je viens de faire quand il me dégage violemment sur le côté avant de se lever pour se calmer lui aussi. Tremblante sous mes cheveux mouillés, mes yeux me piquent et des larmes voilent ma vue. J'observe Derick en rogne tourner en rond dans son coin avant de hurler de nouveau et de frapper le lampadaire qui a le malheur de se trouver à côté... Celui-ci tangue sous le choque, je lève la tête lentement vers le haut, immobile en l'observant basculer vers moi. Je suis prise d'une soudaine paralysie, je ne bouge plus un muscle jusqu'à ce qu'une nouvelle pression sur mon bas s'exerce avant de me sentir dégager rapidement au moment où le lampadaire s'écrase sur le sol, laissant des milliers d'éclats de lumière s'échapper et s'éteindre sous la pluie beaucoup plus danse.
Je me lève difficilement. Derick se tient toujours devant moi, immobile sous les milliers de goûtes d'eau. Lorsque ses yeux se posent enfin sur moi, je discerne de la peine malgré son front plissé et son regard maintenant assombris par ses cheveux.
- Tu vois ? C'est de ça que je te parle... On se fait du mal en restant comme ça et on fini par se blesser...
Mon cœur bat si fort dans ma poitrine que je peux le sentir dans tout mon corps. Je continue de le regarder quand il s'apprête à tourner les talons.
- T'en vas pas, tremblé-je.
Il s'arrête en restant dos à moi.
- Tu es égoïste de me laisser tomber.
Sortir une phrase sans suffoquer où trembler est beaucoup trop difficile.
- Pourquoi est-ce que tu complique les choses ? me demande-t-il d'une voix sévère sans crier.
- Parce que je t'aime espèce d'idiot !!
Cette fois c'est moi qui hausse le ton. Il se retourne. Jusque là je n'étais pas sûr de ce que ces mots voulaient dire, quel était leur sens réel. Mais depuis les récents événement je les comprends enfin. Il ne répond pas mais je vois à son expression que ce que je viens de dire ne l'a pas laissé indifférent. Mais comme si il ne voulait pas se l'entendre, il secoue de nouveau la tête.
- Aileen, s'il te plaît...
- Quoi ? Même ça ca ne te fais rien ?
- Tu sais bien que si ! Mais je ne veux pas t'aimer comme ça... Je ne veux pas m'éloigner de toi non plus, mais pour notre bien et ceux des autres ont devraient s'imposer une distance. Sinon on va finir par se tuer.
Je n'aimais pas l'entendre dire ça.
- Et si je meurs ?
Il détourne les yeux et serre la mâchoire. Il sait bien de quoi je parle. Il penche la tête et ses yeux toujours noir mais avec une pointe tristesse me regarde longuement. Je t'en pris... Reste.
- Je t'aime. Ça ne changera pas. Je serais là pour toi, d'une certaine manière. Mais je ne veux plus te faire de mal. Je ne veux plus te toucher... Où te sentir, jusqu'à ce que je trouve une solution. Et tu devrais en faire autant.
Je retiens mes larmes au fin fond de ma gorge.
- Tu n'y arrivera pas seul et moi non plus.
- On ne le sera pas. Mais juste au cas où... Je veux que tu me fasse une promesse.
Je fronce les sourcils.
- Je veux que tu me promette de rester en vie. Trouve ce Oscar...et massacre le. Parce que si tu ne le fais pas et qu'il te tue en premier je regretterais toute ma vie la décision que je prends en ce moment.
- Et si je n'y arrive pas ?
- Tu y arrivera. Tu y arrive toujours.
Honnêtement je ne suis pas sûr. Je n'ai aucune piste et le temps passe tellement vite...
- Promet le moi ! répète-t-il plus sévèrement, comme une menace.
- Je te le promets.
Je prononce mal ces mots, je n'y crois pas moi même. Il s'apprête à partir avant que je l'interpelle à nouveau.
- Où tu vas ?
Il se retourne.
- Quelque part où je peux régler ce problème mieux que quiconque. Mon père est resté en contact avec des connaissances.
Alors il part vraiment ? La seul personne capable de me faire sentir bien s'en va et me laisse ici, seul. Je le digère mal, une pression dans ma poitrine me donne envie de vomir.
- On se reverra. C'est ma promesse si tu tiens la tienne.
Je le regarde avec toute la peine et l'amour que je peux dégager mais il y semble à peine sensible lorsqu'il court en direction du parking, jusqu'à ce qu'il disparaisse sous la brume pluvieuse. Je me retrouve désormais seule au milieu de la place quand une silhouette se dessine au fond de l'entrée de l'immeuble. Je n'y prête pas attention jusqu'à ce qu'elle m'appelle.
- Hey !! cri cette ombre.
Je pose mes yeux sur elle, en regardant mieux je reconnais Chris qui m'observe de l'entrée.
- Qu'est-ce que tu fais là ?!
Je ne réponds pas. Lorsque j'ordonne à mes jambes de marcher je trouve cela tellement bizarre, elles sont lourdes, j'ai un léger vertige. J'avance jusqu'à lui mais ne fait pas attention à ce qu'il me dit. Je veux juste rentrer me doucher et oublier tout ça. L'enterrement va avoir lieu ce midi et je n'aurais personne pour me tenir la main.
Non, je ne suis décidément pas prête du tout.
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