E P I L O G U E
Photo : Mark - Owain Yeoman
- Mademoiselle Aileen ? résonne la voix du pilote dans le haut parleur.
Je décolle mes yeux de mon gros livre qui parle de ma famille pour écouter ce que le pilote a à dire :
- Je suis désolé pour le dérangement mais je dois vous informer que l'aéroport privé de Washington est hors service... Nous devrons atterrir à New York.
Génial, cela signifie que je ne vais pas voir mes parents avant quelques heures...
Je fais la moue, puis replonge dans mon livre.
~
Lorsque je franchis les portes coulissantes du hall d'arriver de l'aéroport, une foule de gens attende leur famille, certains l'ont déjà trouvé et s'embrassent, sont heureux, d'autre attende avec une pancarte. Cette scène me fait penser à l'un de mes films préférés : Love Actualy.
Sans doute quelqu'un m'attend aussi, alors je cherche des yeux une pancarte avec "Aileen Campbell" et c'est là que je tombe avec surprise sur l'un des Men In Black que j'ai rencontré avant de m'en aller. Le brun, Mark, toujours habillé de son costume noir sans cravate et chemise blanche déboutonnée en haut.
Je plisse les yeux et penche ma tête sur le côté en avançant vers lui. Il tient la pancarte avec un sourire au lèvre.
- Dois-je comprendre que vous êtes mon chauffeur attitré ?
- Ravi de vous voir aussi, Mademoiselle.
Il prend une de mes valises et nous allons jusqu'au parking.
Dans la voiture, je regarde la route en silence. Cette autre vue de la ville avec ses grandes tours me fait bizarre, après avoir passé un peu plus de trois semaines sur une île. Même le soleil nous fait faux bon. Le poste de radio affiche seize heures cinquante.
- Vous savez pourquoi l'aéroport de Washington est hors service ?
- Non. Peut-être des problèmes technique important.
Je continue de regarder dehors puis demande :
- Il nous faudra combien d'heure de route pour y arriver ?
- Cinq heure et demis, à peu près.
De mieux en mieux ! Après plus de quatre heures de vole, cinq heures de route.
- Vous êtes déçut ?
- Et bien... Ce n'est pas que je suis déçus mais... Oui, je suis déçus.
Il laisse échapper un rire.
- Ne vous en faite pas, vous serez bientôt chez vous.
Un silence s'installe puis il demande :
- Sinon ? Votre séjour s'est bien passé ?
Je le regarde en grimaçant.
- Mon séjour ?
- Ou alors... Votre stage, ou...
Je ricane.
- Vous pouvez me tutoyer si vous en êtes à me poser ce genre de question. Et mon séjour... ou mon stage, c'est bien passé. Enfin... Mise à part les derniers jours...
Il penche la tête en haussant rapidement les sourcils.
- Je suppose que ce n'est pas un très bon sujet à discussion.
- Non, en effet. Mais je ne suis pas à plaindre. Tout cela est juste triste pour beaucoup de personne, dis-je simplement en regardant le paysage urbain défiler derrière la fenêtre.
Mark ne répond pas et je ne m'attends pas à ce qu'il le fasse. Plus je regarde le monde, plus mes yeux commencent à se faire lourd. Je me laisse bercer par la voiture et la petite musique Jazz qui passe à la radio.
~
Une lourde chaleur désagréable et des chuchotements étranges se font entendre. Je ne vois rien, seulement du noir. J'avais du mal à respirer et des fourmillements commencent à me titiller les membres. J'essaye de bouger, de parler, d'ouvrir les yeux, mais rien y fait, je suis comme paralysée dans mon sommeil... Je tente de prendre de l'air, assez pour respirer, mais j'ai l'impression qu'elle se raréfie. Je me sens oppresser quand quelqu'un me secoue, mon nom résonne bruyamment dans mes oreilles.
Plus la personne me secoue, plus je semble reprendre possession de moi et de mon corps. Je peux enfin respirer profondément, mes membres se mettent à bouger. Seule la chaleur ne me quitte pas. Je me réveille d'un seul coup, les yeux grand ouvert en inspirant une grosse bouffée d'air.
- Est-ce que ça va ? s'inquiète Mark qui se trouve toujours côté conducteur, les mains sur mes épaules.
J'explore les alentours : il fait nuit et il est déjà vingt-deux heures trente-quatre. Je regarde Mark, hébétée, toujours entrain de respirer fort.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Je ne sais pas, tu t'est endormis mais t'avais l'air de faire un cauchemars. Quand je t'ai touché pour te réveiller tu étais brûlante et toute tendu.
Il me regarde de haut en bas, comme pour vérifier si je n'ai rien. Je passe la main sur mon front humide.
- Et je transpire... murmuré-je. Je ne rêvais pas. En fait je ne sais pas ce qu'il m'est arrivé, j'ai l'impression d'être entre le rêve et la réalité mais il ne se passe pas grand chose... Juste des... Des sons. J'entends des voix.
J'ai du mal à articuler et à parler suffisamment fort.
- Qu'est-ce qu'elles disent ?
- Je n'en sais rien.
Mark se rassoit sur son siège. Nous nous étions arrêté sur le bas côté d'une route qui me rappelle quelque chose.
- Nous sommes plus qu'à quelques mètres de chez toi.
Il remet sa ceinture et démarre. La chaleur ne me quitte pas d'une semelle, résultat il fait plus chaud que dehors, sachant que les température d'été le soir sont de vingt-cinq degrés.
- C'est toi qui dégage cette chaleur écrasante dans la voiture ? me demande Mark, presque épuisé.
- Possible... Désolé.
Je me mords la lèvre, quand une boule au ventre désagréable me fait aussi tôt sentir mal. Quelque chose ne va pas. Je me mets à prêter attention à chaque bruit, chaque pressentiment que je peux détecter.
- Ça ne va pas ?
- Je ne sais pas... j'ai... commencé-je dans un chuchotement.
Soudain, un bruit me fait sursauter. Des cris de femmes.
Mes mains se placent alors automatiquement sur mes oreilles en même temps que mon visage se déforme en entendant ces cris stridents. J'entends à peine Mark m'appeler mais il s'arrête juste à côté de ma grande maison où les lumières sont éteintes. Plus de cris.
Je reprends mes esprits en décollant mes mains de mes oreilles, un sifflement sort de ma gorge quand le silence regagne ma tête. Non. Ça ne va pas. Quelque chose ne va pas. Ma respiration s'accélère quand je regarde ma maison en haut de l'allée. Pourquoi les lumières sont éteinte ? Je défais alors ma ceinture et sors en vitesse de la voiture pour courir vers la maison. Ma boule au ventre prend décidément trop de place. Une place inquiétante. Mark me suit jusque devant la porte.
Un feuille jaunis et brûlé sur les côtés y est accroché avec quelque chose d'inscrit dessus :
Tres chère Aileen,
Voici ton cadeau de bienvenue...
O.
- Qu'est-ce que c'est que ça ? marmonne Mark en arrachant le mot de la porte.
Ma respiration et mon rythme cardiaque augmente, suivit d'un vertige qui envahit mes jambes encore engourdis. Je place ma main tremblante sur la porte rouge en constatant qu'elle n'est pas fermée. A peine ma paume posée sur le bois je sens que la chaleur devient plus forte et la vision du feu apparaît dans ma tête comme un flash. Sans que je ne puisse contrôler quoi que ce soit, mon corps se met à trembler. Encore une fois c'est mauvais signe.
La porte s'ouvre, je peux sentir les cendres ainsi qu'autre chose de plus troublant... La mort. Je devais déjà la sentir avant, vu comment mon corps réagit. Je marche dans l'obscurité du couloir, suivit de Mark qui a son arme à la main.
- Je devrais passer devant, dit-il en m'emboîtant le pas, sans que je ne dise mot.
Je continue de marcher lentement, le visage figé par la peur et l'anxiété. Tout est calme, beaucoup trop calme et l'atmosphère lourde. Je vois Mark s'avancer dans le couloir et lorsqu'il se trouve dans le salon, la lumière de la lune éclairant son dos, je le vois se figer d'un coup, ses yeux et son arme pointés au sol.
- Merde, chuchote-t-il.
Je me fige à mon tour.
- Aileen... T-tu ne devrais pas...
Je ne devrais pas quoi ? Je commence à marcher plus vite, et regarde en sa direction.
Ce que je vois me glace le sang. La chaleur qui ne m'a pas quittée jusque là se transforme en un froid glaciale. Deux corps ensanglantés gisent sur le tapis blanc du salon, les yeux ouverts de ma mère expriment la peur pétrifiante et le visage ainsi que le corps de mon père est recouvert de trace de griffures inhumaine. La couleur dominante au départ blanche, est maintenant remplacé par le rouge foncé et sinistre du sang. Du sang partout : sur le sol, les murs, les meubles, les vitres... Tout ce qui était apaisant dans cette pièce est devenue morbide. A vomir. Tout ce que je sors à ce moment la n'est plus qu'un chuchotement à peine audible :
- Non non n.. no... non non ...
Puis quelque chose en moi que je ne contrôle plus, me fais crier. Un cri presque identique à celui du Phénix qui sort tout droit de mes tripes. J'en ai mal à la gorge et je n'ai presque plus de souffle quand ce cri se met à dérailler, lorsque mes jambes flageolante finisse par ne plus pouvoir me retenir, je m'écroule en hurlant, Papa, Maman...
Les vitres se mettent à se briser, des objets se mettent à dévier la loi gravitationnel en partant dans tout les sens. Mark se couvre avec son bras pour se protéger des bris de verre alors que mon désespoir me fait perdre le contrôle de mes pouvoirs, si bien que le divan se met à brûler, mais Mark s'empresse de l'éteindre en servant de sa veste. Ma voix n'a jamais autant atteint les aiguës et voilà qu'un de mes nombreux cauchemars se réalisent. Ce cauchemars dans le quel vous pleurez tellement que vous en avez mal au cœur, au ventre, à la gorge. Je suis emplis d'une peine et d'une colère immense. Qui a pu faire une chose pareil ? Mark tape quelque chose sur son téléphone avant de le porter à l'oreille mais je n'écoute pas un mot de ce qu'il dit. Des larmes coulent par centaines sur mes joues, sans que j'arrive à les contrôler. Je ne vois que la mort, les corps de mes parents dans des postures étranges, comme dans les films d'horreurs. Ces films que je n'aime pas, mais qu'on me force à regarder à ce moment là.
C'est alors que toute mon énergie se met à descendre d'un coup. Je me sens mourir de l'intérieur, je manque d'air quand je me laisse tomber au sol. Mark me retient avant que ma tête ne percute le meuble télé et le sol rempli maintenant de plusieurs bris de verre.
Je veux qu'on me laisse me vider. J'ai épuisé ma voix, mon énergie n'est plus là, ma force également. Je ne me sens plus moi même. J'ai l'impression d'être possédé par une immense tristesse, un vide infini. Tout se passe au ralentit, mon cœur bat à tel point qu'il me fait mal à la poitrine, mais je m'en fou. Mes parents sont mort. Assassinés. Massacrés. De la colère se mélange à la tristesse seulement je n'ai plus aucune force physique ou psychique pour l'exprimer. Mon visage est humide de larme.
- Il ne faut pas rester ici Aileen ! Relève toi !
N'importe quel son est un bruit sourd. Je n'entends que ma respiration faible et le rythme des battements irréguliers de mon cœur.
- Vient !!! crie-t-il en essayant de me relever.
Je ne résiste pas et me laisse porter jusqu'à la sortit avant que les voisins les plus proches ne se demandent ce qui a bien pu se passer. Mais ça aussi, je m'en fou.
A présent, je connais cette tristesse. Je ne ressens plus rien. Le néant totale. Tout se brouille dans ma tête. Je n'éprouve ni colère, ni peine, plus rien... Je ne ressens plus cette confiance et cette puissance en moi. J'ai perdu ce qu'il me restait d'espoir, j'ai oublié ce que c'est de sourire, d'être heureuse. Et tout ça en seulement... Dieux sait quand.
Je sens que le Phénix noir peut apparaître à tout moment.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top