C H A P I T R E 7

Amérique ; Washington

Jeudi 28 Juillet 20h50

PDV Aileen Creeg

La musique s'est fini et mes parents sont rentrés. Je suis assise sur mon lit, les genoux recroquevillés contre ma poitrine, les bras autour de mes jambes pendant que je balaie ma chambre du regard. Je me sent bizarre, comme si quelque chose avait changé.

- Quelque chose a bien changé. Je comprends rien à ce qu'il se passe, je me sens différente, trop différente (je marquais une pose) et je parle toute seule...

Je me lève de mon lit et commence à faire des allés retours entre la porte de la salle de bain et la grande fenêtre. Je me rends compte de ma nervosité, alors je m'arrête et prends une profonde respiration. Lorsque mon calme revient je me sens mal à l'aise. Mon soutien-gorge me serre un peu trop. Je tente de le déplacer, mais rien à faire, je grogne d'agacement et sort de ma chambre. Il faut que je parle à mes parents. Je dévale les escaliers, toujours à cran puis avant d'arriver en bas je décide de me détendre avant de leur parler. Mes émotions sont ou absente, ou trop forte, ça me donne l'impression de ne plus rien contrôler et c'est agaçant. J'arrive dans le salon où Papa regarde les informations calé sur son fauteuil blanc en cuire, une jambe sur un genou. Comment peut-il se détendre après ce qu'il s'est passé ?! 

- Aileen, chérie ! 

Maman s'exclame en me regardant derrière la séparation en plastique de la cuisine.

- Je te fais ton plat préféré.

En effet, l'odeur des pâtes et des courgettes farcies emplit soudain mes narines. Avec un semblant de sourire, je réponds :

- Oui, j'ai senti. Il faut que je vous parle.

J'insiste sur cette phrase afin que mon père m'accorde toute son attention. Et c'est réussi, puisqu'il se retourne après avoir éteint le son de la télévision. Il avait l'air fatigué.

- Qu'est-ce qu'il ne va pas ?

- J'ai dormi, quand vous êtes partis tout à l'heure. J'ai rêvé de quelque chose d'étrange.

Il se lève de son fauteuil puis me regarde les mains dans les poches, attendant mon récit. Je leur raconte mon rêve, l'homme, l'oiseau qui se transforme en ce même homme et qui s'avérait être un Phénix avec le pouvoir d'arrêter les balles, de se déplacer plus vite que la normale et de se transformer ! Je n'oublie pas de mentionner enfin tout ce que ce Steve Campbell m'a raconté sur sa famille - qui devait aussi être la mienne selon lui - sans oublier le sujet d'une possible adoption... Et à la fin de mon récit, mes parents restent stoïque, jusqu'à ce que ma mère intervienne :

- Ce n'était qu'un rêve, Aileen.

Je voulait riposter mais je n'ai même pas eu le temps de commencer à parler que mon père intervient.

- Non Lynn tu le sais aussi bien que moi. Tu as rêvé, certes, mais c'est bien la vérité...Il est temps qu'on t'explique.

Encore un silence, pendant lequel j'essaye de réguler ma respiration. Ma mère a le regard baissé. Je les regarde l'un et l'autre alors que le silence se perpétue.

- Allez-y bon sang ! On ne va pas y passer la soirée !! 

Je ne sais même pas d'où ce haussement de ton est sortit. Je ne ressentait aucune colère avant ! Du calme.

- On ne voulait pas te le cacher, on comptait te le dire. Mais pas avant que tu ne sois prête.

Je les insiste à continuer.

- Ce sont tes parents biologiques qui sont venus ici, un soir, continue Maman. Ils nous ont dits qu'ils ne voulaient pas te mettre en danger. Ils devaient partir loin. Assez pour ne pas courir le risque qu'il t'arrive quelque chose.

- Où est-ce qu'ils devaient aller ? 

Je me surprends à redevenir extrêmement calme malgré ces révélations.

- Ils ne nous l'ont pas dit. Ta mère a voulu les inviter afin qu'on discute de toi, de ce qui t'attendais. Et ils nous ont montré ce tatouage.

Il désigne celui-ci du doigt et comme un reflex je le cache avec mon autre main. 

- Ils ne voulaient pas qu'on t'en parle avant aujourd'hui. Ils ont voulu que tu aies une vie normale le plus longtemps possible, que nous t'élevons comme une enfant normal avec des parents normaux qui prendront soin de toi. Ils ne voulaient pas t'embarquer là dedans.

- Dans quoi ?

- Ils ne nous l'ont pas dit. Ils voulaient nous garder en sécurité et le mieux c'était de rester dans l'ignorance. Tout ce qu'on sait c'est que tu es spéciale. Et qu'un jour nous devrons te dire la vérité... Ce jours est arrivé, faut croire.

- Alors vous ne savez pas leurs noms, ou si ils sont vivant ??

Je ne connais que celui de ma mère biologique : Louise.

- Non, rien. Je te le promets, Aileen.

Je reste la bouche entre-ouverte. Je me sens bizarre, je ne me sens pas moi. Quelque chose ne va définitivement pas avec mes émotions, tout était flou. 

- Je te crois.

Je ne parle plus, je ne sais ni quoi dire ni quelle attitude avoir. En fait, je ne ressens rien. Ou presque. Je ne connais pas mes parents biologique, est-ce que je dois me sentir mal ? Triste ? Abandonné ? Alors ce rêve était bien réel, d'une certaine manière. Je dois me sentir rassuré ? Pendant que je réfléchis à tout ça, Papa me regarde avec inquiétude.

- Est-ce que ça va ? 

- Ça va, réponds-je d'un ton neutre. Je ne le regarde pas.

Je ne ment qu'à moitié. Inutile de les inquiéter plus que ça. Peut importe la vérité, qui sont mes vrais parents ou qui je suis réellement, cela ne changera en rien mes relations avec eux. Ma famille adopt... Non. Je ne peux même pas dire ce mot ! On dirait une insulte. Ce sont eux mes parents. Ils m'ont élevés, aimé...

Mon regard reste impassible, comme si on avait appuyé sur le bouton «off » de mon cerveau. Je regarde mes parents qui attendent une réaction de ma part, or, je n'en ai absolument aucune.

- Ça va, maman. Je ne vous en veux pas.

Je les rassurer avec un mini sourire qui disparaît aussi tôt qu'il est venue.

- Tu es sûr ? Si tu as quelque chose à dire ou à demander...

- Non, il n'y a rien. Je vais remonter dans ma chambre.

Je monte les escaliers précipitamment quand, arrivé en haut, quelque chose m'arrête brusquement. Sans le vouloir, mon ouïe commence à s'éveiller de plus en plus sans que je le veuille. Je perçois, comme dans la forêt, tout les sons de la maison. J'effectue un parcours auditif en partant de l'étage : une mouche tournoie autour d'elle, le bruit de la spatule qui râpe le font de la poile dans la cuisine, les aliments qui chauffent, les odeurs qui s'en réchappent car en plus de l'ouïe, l'odorat s'active et détecte n'importe quelle odeur ou parfums. Celui de ma mère est très féminin avec une touche d'anis. Il y a aussi le son de la télé que mon père avait augmenté.

Tous ces sons et ces odeurs me donnent la migraine, alors je ferme les yeux en appuyant légèrement mes doigts sur mes tympans en faisant un petit geste circulaire. Mes dents grince, mon ouïe se retrouve maintenant dehors où es bruits s'intensifient avec les voitures, le vent léger et les arbres qui s'agitent. Mais je sent autre chose. Ça se rapproche de la maison. Plusieurs images apparaissent dans ma tête : un véhicule noir, une jaguar, qui roule à cent kilomètres heure et qui se trouve à exactement deux-cent mètres de chez nous. Les roues de cette voiture font craquer les petites pierres sur le sol, le moteur gronde, je sens sa chaleur et l'odeur de l'essence, j'ai de plus en plus mal à la tête, j'ai du mal à garder l'équilibre lorsque je trouve enfin la rampe d'escalier et que je m'appuie de tout mon poids.

Les sons et les images de cette voiture qui apparaissent dans ma tête ne durent que deux petites secondes, vont et viennent au rythme de ma respiration accélérée. Cette fois, j'aperçois la voiture qui ralentit et s'approche encore plus de la maison. Elle est à soixante-cinq mètres... Soixante... Cinquante-cinq... Cinquante... Vingt-cinq... Elle est arrivée, elle se gare, le moteur s'arrête. Mes yeux et mes muscles me brûlent quand j'ouvre tout d'un coup mes yeux et les images s'arrête. Mon ouïe peut capter encore les sons de la portière qui claque et de quelqu'un qui marche. Deux personnes exactement. Ils portent un costume noir et des lunettes. Je peux même deviner qu'ils cachent une arme dans un étui accroché à la ceinture. Je ne sais pas pourquoi mais je me sent étrangement menacé, et en même temps, à la minutes où j'ai ouvert les yeux, j'avais l'impression de regarder la scène et que mon corps et mes réactions ainsi que mes émotions n'étaient plus contrôlés par moi.

Je sens mes yeux me piquer, mon mal de tête était partit, mais j'avais besoin de me protéger. Je ne contrôle plus ce que je fais et me retourne d'un coup en m'accroupissant tout en gardant les yeux bien ouverts, comme si j'étais en position de défense. Sans réfléchir, avant même qu'une des deux personnes n'appuie sur la sonnette, je me retrouve au rez-de-chaussée. Mes parents, plus que surpris, observent la scène de l'entrée du salon. J'enfonce la porte d'un coup de pied, les deux hommes en costumes reculent brusquement, les bras devant leur visage. Je me tiens droite devant la porte, tête baissée et le regard menaçant quand je saute soudain sur la première personne qui se trouve devant moi. Toujours en état d'attaque, je n'ai absolument pas conscience de la force que j'exerce sur l'individu qui se trouve en dessous. Je vois mon reflet dans le verre teinté de ses lunettes : Un regard sombre, des yeux totalement noir avec des réseaux de petits vaisseaux noirs, comme des fissures autour de mon visage déformé par la rage. Mais qui suis-je ? Je ne me reconnais même plus...

- Qui êtes-vous ?? Qu'est-ce que vous voulez ??! 

Une voix rauque que je ne reconnais pas non plus gronde la victime qui se débattaient avec une certaine force que j'arrivais pourtant à maîtriser.

Mes parents arrivent en courant derrière moi mais l'autre homme debout les arrête d'un geste de la main et sort l'arme lorsque quelqu'un cris, ma mère ?  Avant même que je ne me retourne, le deuxième homme a déjà tiré sur moi.

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