C H A P I T R E 6

Angleterre ; Londres

Jeudi 28Juillet ; 18h00

PDV Kristy Williams


- Est-ce que tu as vu mon gilet marron ?

Bon sang... Cela fait plus de dix minutes que ma mère me fait poiroter dehors. Accoudé au toit de la Mini Austin noir, je m'occupe en faisant des allés retour entre les applications de mon téléphone. Normalement je devrais être déjà partis pour l'aéroport et ma mère qui faisait d'habitude preuve de ponctualité a un problème d'organisation. Ou peut être un problème tout cours, car elle était à cran depuis cet après midi... Mon départ doit la préoccuper. 

Les yeux toujours sur mon téléphone et la mains plaqué sur ma joue, je lui cris depuis l'extérieur :

- Regarde dans le placard du couloir ! 

Et en plus de cela je me tape une migraine depuis ce matin, ce qui jouait sur mon humeur mais aussi sur mes pouvoirs. Ce midi, j'ai failli inonder la rue en provoquant une grosse averse, alors que la météo annonçait du soleil... Oui, bon, il y avait des nuages, certes, mais du soleil quand même ! J'ai dû me concentrer un maximum sur mon mal de tête pour éviter de provoquer une catastrophe... Ne vous étonnez pas du temps qu'il fait à Londres... J'y suis pour quelque chose !

"- C'est toi qui a fait ça ? avait demandé ma mère lorsqu'elle était rentrée du travail complètement trempé."

En générale, c'est mon père, Edward, qui m'aide à trouver un équilibre entre mes émotions et le contrôle de mes dons. Aujourd'hui il n'est pas là et il ne m'a pas appelé avant mon départ... Mes parents ont divorcés après deux ans et demis de mariage. Ce n'était que le quatrième couple de la famille qui avait un problème... Disons que je ne crois pas tellement à la solution du mariage. Trop de dépense pour pas grand chose, tout ça pour terminer par un divorce... D'autant plus que je n'ai jamais vu de réel différence entre la période où ils étaient juste en couple et la période jeunes mariés. Mais ce n'est que mon point de vue. Aujourd'hui j'ai 19 ans et je le vis bien. Mes parents sont de simples amis, je vois mon père très souvent, j'ai eu mon diplôme de fin d'étude l'année dernière et j'ai trouvé un job de serveuse dans la capitale. Alors mise à part le fait que je risque d'être en retard à ce rendez-vous à l'aéroport, je ne m'inquiète pas de mon avenir.

- Ça y est je l'ai. Aller ! Monte dans la voiture, qu'est-ce que tu attends ?

Je lève les yeux au ciel. Habituellement, je rouspétais aussi, mais là, je suis trop agacée pour ça. J'entre dans la voiture pendant qu'elle fait le tour.

- Tu n'as rien oublié ? 

Elle agite ses cheveux châtains et ses sourcils devant le rétroviseur.

- Pendant vingt minutes, j'ai eu le temps de réfléchir trois fois à ce que j'ai pu oublier ou pas, ne t'en fait pas pour ça. 

En regardant par la fenêtre, je constate que les restes de la petite inondation de ce midi s'échappent encore par les bouches d'égout. Encore une fois, je me réjouis de ne pas avoir fait trop de dégâts. 

- Est-ce que ça va ? 

Elle pose une main sur la mienne en me regardant la tête penchée.

- Oui, pourquoi ?

- Parce que tu as l'air distante depuis ce matin ...

- Je me suis levé du pied gauche... On y va, ou tu comptes faire voler la voiture ?

Je toise ma mère du regard en faisant l'effort de sourire. Je reconnaissais au fond que j'étais un peu dure avec elle mais elle démarre sans répondre. Je m'étonne toujours de voir à quel point elle prenait tout bien. Elle ne se met jamais en colère, même quand je lui parle froidement. En revanche sur la route, nous restons toutes les deux muettes.

~

Je regarde le paysage triste défiler depuis trente-cinq minutes déjà. Les nuages sont réapparus et le soleil se cache, encore. J'avais la boule au ventre. A quoi devrais-je m'attendre là bas ? Me ferais-je des amis ? Je ne vois pas pourquoi je stresse, après tout ce n'est pas un camp de redressement. Au loin je vois l'aéroport privé.

- Tu m'enverras un message une fois arrivé ? 

- Je ne suis pas sûr qu'il y ait du réseau, maman...

- Tu verra bien.

On s'engage sur un parking et une fois garé je descends de la voiture pour prendre mes valises dans le coffre. Plutôt lourde ... En général elle est constituée à 98% de "au cas ou"... Comme beaucoup de fille je pense.

- Ça ira pour ta valise ? Ou tu veux que je la prenne ?

- Non, merci. C'est une valise à roulette. Passe-moi mon sac, s'il te plais.

Elle me tend mon gros sac de voyage beige en tulle en souriant faiblement. Je le voyais bien qu'elle était triste de me voir partir.

De l'extérieur, ça avait l'air petit, mais à l'intérieur, c'était bien éclairé et ça donnait l'illusion de plus d'espace. Nous traversons presque tout le bâtiment quasi vide, jusqu'à ce qu'un homme en costume noir et blanc apparaisse un peu plus loin, nous faisant signe en agitant le bras. Ma mère lui rend son signe pendant qu'on se rapproche, je reconnais un de ces collègue, Michael. Ils travaillaient à l'aéroport de la ville ensemble et je ne l'ai vu qu'une foi. Ils avaient l'air plutôt proche pour des collègues... Je fais un rapide sourire et un bonjour, mais ma mère le prenait carrément dans ses bras. Un geste purement amical, précise-t-elle quand je le lui fait la remarque. Surprenant, d'autant plus que c'était son type d'homme : cheveux bruns mi-long, barbe naissante, des yeux gris et plutôt bien conservés.

- Venez, il ne faut pas qu'on tarde trop, le pilote doit partir dans quinze minutes. Vous êtes un peu en retard...

- Oui, désolé. On a eu un peu de mal à partir de la maison !

On ?! pensé-je en la fixant avec de grands yeux. Celle-ci faisait pareil, ce qui voulait dire : Ne dis rien ! Je me retenais.

Nous commençons à courir jusqu'au fond d'un couloir. La porte que le "collègue" s'apprête à ouvrir ne se trouve pas loin des toilettes publiques. Il y avait écrit en gras blanc sur une petite pancarte rouge : "Accès réserver aux employés". Une fois ouverte, un courant d'air chaud et froid s'échappe et me fait frissonner. La porte s'ouvre sur un hall très grand et ouvert où l'on pouvait voir l'extérieur, le ciel orange et bleu avec encore quelque nuages était agréable à regarder. Un Jet, nous attend à la sortie avec un homme qui paraissait petit à côté de l'engin, ce doit être le pilote.

- Tu passeras ta valise au pilote, il ira te la ranger dans ta cabine.

Je confie ma valise au lilliputien qui attend sagement avec un sourire courtois. Je me demande s'il allait pouvoir accéder à la pédale de conduite et arriver à toucher les boutons. Pendant ce temps, ma mère et moi nous disons au revoir :

- N'oublie pas de...

- De t'envoyer un message ! Si je peux. Je ne te garantis rien.

- Prends soin de toi, surtout... Et soit forte, tu en auras besoin.

Elle laisse entrevoir de petites larmes dans le coin de l'œil, je m'empresse de l'enlacer une dernière fois avec toujours cette boule au ventre qui ne m'a pas quitter depuis le trajet.

- J'ai peur...

- Ce n'est rien, je te connais, tu seras capable d'y arriver. On te l'a déjà expliqué, ton père et moi. J'aurai aimé avoir le don que tu as... Il a fallut que ce soit le mâle qui porte le gène ! Bien sur ! 

Je ris sans pouvoir empêcher les larmes de couler.

- Quand est-ce que je reviendrais ? 

- Quand viendra le moment. 

Elle me caresse la joue, chasse une larme de son pousse, puis continue :

- Ton grand-père serait fière de toi, mon ange.

- Je t'aime fort.

- Moi aussi, je t'aime fort.

Je commence à monter dans le jet et observe ma mère encore au dessus de l'escalier. Son ami derrière elle lui dépose une main discrète sur son épaule. C'est gentil de sa part, pensais-je.

J'avance dans un compartiment ou se trouve un mini-bar et un mini-frigo. Une petite porte à côté devait être la cabine. En l'ouvrant, je découvre ma valise posée à côté d'un petit lit. J'en suis ravie, car depuis ce matin, tout ce que j'avais en tête à part l'arriver dans un lieu inconnue, c'était le sommeil que je devais rattraper.

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