C H A P I T R E 26

PDV Aileen Campbell

- Alors, comment c'était ? me demande Jessie pendant que nous prenions le chemin de la plage.

- Intéressant ! 

- Intéressant ? T'es sérieuse ? Dit m'en plus ! Les sensations, ce que tu as vue, ce que tu as ressentis pendant et maintenant ! 

- Arrête un peu Jessie, intervient Kristy derrière nous. Ce n'est pas comme si elle avait couchée avec lui ! 

Vivement je me retourne pour la dévisager en ouvrant la bouche. Nous sommes tous en groupe éparpillé avec Gail et Ella pas loin et cette grande fouine brune ne connait pas la discrétion.

- Qui a couché avec qui ? réagit Nina qui n'a pas suivit.

- Personne !! 

- Désolé ! 

Je lance une grimace à la corsaire avant de me tourner vers Jessie qui attend toujours mes explications. 

- Je ne saurais pas te dire ce que j'ai vue car j'avais les yeux fermé mais vers la fin il y avait... 

Je m'arrête pour réfléchir à la manière de décrire ce moment magique. 

- C'était comme de la fumée qui s'évaporait de nous en prenant des couleur blanc argenté pour lui et rouge doré pour moi. Et ça brillait.

Je souris au souvenir de ce matin.

- Pour ce qui est des ressentiments, disons que c'était comme si ce courant violent au début arrivait à circuler librement à travers nos contact et trouvait son chemin. C'était une sensation de plénitude, j'avais l'impression que mon cœur avalait toute l'énergie qui passait, c'était étrange et en même temps magique. En tout cas pour moi.

Jessie sourit à m'entendre parler. On dirait une gamine qui s'extasie d'entendre sa meilleure amie raconter son premier baisée avec le garçon pour qui elle craque. Je rougis soudainement en repensant à l'allusion de Kristy avant de secouer la tête. Retire ça de tes pensées ! Déjà qu'il est mal à l'aise quand tu es à côté de lui.

Je regarde le concerné un peu plus loin. Il discute vivement avec ses amis en rigolant, en se tapant gentiment dessus. Je suis frustrée. Pourquoi est-il si distant lorsque je cherche à me rapprocher de lui ? Il n'a pas l'air gênée lorsqu'il m'aide à m'entraîner ou même quand on s'est lié ce matin ! Alors qu'est-ce qui le dérange ? Pourquoi il n'assume pas ? 

- Arrête de te torturer ! me dit Annabelle que je n'ai pas vue arrivé.

- Arrête de lire en moi !

- Je ne peux pas. En revanche tu te mors la lèvre en regardant Derick et ta ride du lion apparaît. 

Par réflexe je me masse entre les sourcils en réalisant ce qu'elle venait de dire.

- Comment cela tu ne peux pas ?

- Impossible ! 

- C'est vrai. Tu te souviens quand nous t'avions parlé la première fois ? Jessie n'y arrivait pas. Toute les fois où nous avions essayées, néant total ! dit-elle en haussant les épaules.

Je hausse les sourcils.

- Oh... Je suis désolée.

- Ne t'excuse pas ! Ce n'est pas entièrement ta faute je pense.

Ne comprenant pas je l'interroge du regard.

- Ton double peut nous empêcher de lire en toi. Un peu comme si il bloquait la porte à ton esprit pour empêcher les pouvoirs psychique d'entrer.

Je hausse un sourcil. Intéressant comme moyen de défense !

- Genre... Le bouclier de Bella dans Twilight ? 

- Ce genre là, sourit-elle.

- Mais si c'était moi qui le faisait sans faire exprès ? 

- Possible, mais tu sais ce n'est pas très grave.

- Oui c'est bien aussi de ne pas entendre les pensées de quelqu'un. On ne se contrôle pas toujours alors on entend ceux de tout le monde quelque fois, ce n'est pas très agréable.

- Mais depuis ton anniversaire cela ne s'est pas amélioré ? 

- Je le pensais aussi mais il nous faut quand même de l'entrainement. Rien est facile !

Je souris. Elle a raison, rien ne l'est.

Nous descendons en queue dans un petit chemin étroit qui descends en pente. De là, nous entendons déjà la mer et pouvons même la voir. 

Le chemin est parsemé de pierre encrées dans le sol terreux. La faune nous entoure et les feuilles nous caressent les bras jusqu'à ce que l'on sorte du chemin et que nos pieds touchent le sable chaud. C'est paradisiaque. Toute ces plantes, ces arbres derrière la plages, ce ciel découvert, la mer bleue claire et transparente qui dégrade vers le foncé à l'horizon... C'est digne d'un paysage de rêve que l'on retrouve seulement sur les cartes postales.

J'étale sans plus attendre ma serviette comme les autres puis me déshabille. La plus part sont en groupe entre garçon où, comme nous, entre filles. Gail et Ella sont les seuls enseignante motivé pour nous accompagner car tout les élèves ne sont pas là. Je me demande même comment ils font pour choisir de rester à s'entraîner plutôt que de profiter du week-end pour se détendre ! 

Je m'apprête à rejoindre l'eau quand Nina m'arrête : 

- Tu ne mets pas de crème solaire ? 

- C'est moi le soleil, blagué-je avec un sourire en coin. Tu l'as oublié ? 

- Oh ! Excusez-moi !

Je ricane puis tourne les talons. Tout le monde découvre leur maillot de bain et leur bikini avant de mettre de la crème où de l'huile de Monoï sur le corps. J'ai pensé qu'il serait logique que je n'attrape pas de coup de soleil puisque j'en ai le pouvoir. Mais si j'en attrape, ce qui m'étonnerait fort, ce sera bien fait pour moi !

Je ne perds pas de temps et plonge dans l'eau avant de nager dedans les yeux ouvert, ce qui ne me fait rien comparé à quand j'étais humaine. L'eau est super bonne, c'est agréable ! Je remonte à la surface et observe les autres de loin. Nina attache ses cheveux en chignon et Kristy observe les garçons exposer fièrement leurs abdominaux. Harry et Alexis exécutent des "étirements" inutile en bougeant leur bras et en regardant le ciel avec leur lunette de soleil. La tête hors de l'eau je pouffe de rire et secoue la tête en les voyant se trémousser dans leur short de bain. Moira en profite même pour se moquer discrètement d'eux tout en s'étalant sur sa serviette avec Jenna Dacosta. D'ailleurs la sœur de cette dernière ne tarde pas à rejoindre le duo. Connaissant à peu près Moira je me demande si elles sont toute les trois de vrais amies.

Derick, assit sur sa serviette, se contente de rigoler en regardant ses potes finir leur numéro pendant que moi je fixe son sourire qui me fait fondre comme une glace. Ne voulant pas trop m'attarder sur lui je me mets en planche sur l'eau pour apprécier le soleil tout en me laissant bercer par les vaguelettes.

Voilà un bon moment que je ne me suis pas baignée à la mer. J'en ai oublié le bien que sa faisait de se plonger dans une eau fraiche quand il fait plus de trente degrés. La différence de température n'est pas si contrastante et le fait de s'allonger dans l'eau et de se laisser porter par celle-ci me donnerai presque envie de dormir. Je continue de flotter tranquillement quand tout d'un coup une grosse vague que je n'ai pas vu venir arrive par derrière pour perturber ma méditation. Je me retrouve à faire une grande roulade dans l'eau salée qui me ramène vers le rivage. 

Abasourdis et en manque d'air je ressors de l'eau la bouche et les yeux grand ouvert en me tournant vers Kristy, restée debout sur le sable à côté de sa serviette, elle me regarde derrière ses lunettes de soleil ronde en se moquant, les bras croisés. Autour de moi les rires affluent, je ne peux m'empêcher de faire de même.

- La garce !! crié-je en courant avec difficulté vers mon amie qui m'attend patiemment.

Tout le monde se détend dans l'eau, discutent, se chamaillent, comme Kristy et Harry. C'est un Samedi normal, un jour de détente et de calme après tout les entraînements, les simulations et les tristes nouvelles de ces derniers jours. Même Derick et moi, à mon plus grand étonnement, profitions de ce moment pour discuter ou se taquiner, même si il avait toujours ce réflexe de ne pas trop me coller. Le contraire m'aurait étonné... 

Alexis essaye par tout les moyens de s'approcher de Nina, mise à part lui parler et rigoler un peu elle ne semble pas vouloir plus. Etant donné son caractère il n'ose pas insister, mais n'hésite pourtant pas à lui balancer de l'eau ou lui faire quelque petite blague d'approche. Kristy et moi comprenons sa réticence, mais nous pensons que cela pourrait lui changer quand même les idées. De plus, Alexis est français et plutôt mignon avec ses yeux bleu et ses cheveux châtains.

Les garçons ainsi que Kristy et Jessie ont gardé leur lunettes sur le nez. Nous étions regroupés pas trop loin du bord quand mon amie a la bonne idée de nous entraîner dans un jeu :

- Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que ça va nous ridiculiser ? devine Nina en penchant la tête. 

- Ce n'est nullement mon intention ! 

- C'est quoi ton jeu ? demande Derick en faisant exprès d'éclabousser de l'eau sur moi. 

- C'est simple, celui qui tient plus de deux minutes dans l'eau a le droit à toute ma générosité.

- C'est n'importe quoi ! rie Annabelle. 

- On sait tous qui va gagner, m'exclamé-je en envoyant difficilement une ridicule vague d'eau à Derick.

Il glousse.

- Aller ! Un... Deux...

Nous nous immobilisions, prêt à plonger :

- Trois !! 

Nous nous enfonçons tout les huit dans l'eau après avoir pris une grande respiration. J'attends patiemment les genoux fléchis puis ouvre les yeux sur leur silhouette immobile quand quelque chose qui me chatouille les hanches et me fait sursauter. Par peur que ce soit une méduse ou un animal de se genre je sors brusquement de l'eau en lâchant un petit cri de surprise. Il n'y a rien à côté de moi à part gamin qui sort la tête hors de l'eau pour rigoler silencieusement derrière ses lunettes. Les autres ont toujours la tête sous l'eau. Réalisant que c'est cet idiot qui m'a fait peur je grimace en ouvrant la bouche pendant qu'il pouffe de rire. 

- Espèce de gamin !! J'ai cru que c'était une méduse ou une connerie comme ça !! dis-je en le poussant légèrement.

Son rire communicatif parvient jusqu'à mes oreilles.

- Même sous l'eau j'ai vu ta tête !

Il m'imite en faisant une grimace ridicule qui me fait rire. Il s'avance vers moi, je me méfie. Et j'ai raison puisqu'il me soulève par les hanches avant de me balancer dans l'eau plus loin. Mon petit cris s'étouffe quand je plonge et pendant ce bref instant de contact je sens le courant agréable passer entre mes muscles. Je sors la tête de l'eau au moment où Jessie, Anna et Nina reprennent leur souffle à la surface. Harry agite ses mains à la surface avec Alexis qui ne tarde pas à sortir, suivit d'Harry qui pousse une grande inspiration avant de crier en agitant ses cheveux mouillés.

- C'est impossible ce truc !!

Kristy reste encore une bonne minute avant de sortir sans sourciller, comme si elle n'était restée que trois seconde. Elle nous observe, amusée par son jeux débile. 

- Bon et bien je pense que je m'accorderais un massage des pieds et une pédicure ce soir !

Je glousse comme une gamine pendant qu'Harry la prend par les épaules pour la coincer entre son bras et lui frotter le haut de la tête.

- C'est ça compte pas sur moi ! ricane-t-il.

Nous continuons de nous chamailler et de rigoler. Kristy s'amuse à faire quelques petit tour en se servant de l'eau pour créer des vagues, former des oiseaux ou de grand personnages animés, ce qui amuse toute la galerie. J'ai remarqué qu'elle apprécie quand l'attention est centré sur elle, mais elle n'en abuse pas et ne s'en vente pas, au contraire c'est plutôt drôle.

Gail et Ella nous observe depuis leur serviette avant de venir de temps en temps discuter avec tout le monde pendant que je rejoins ma serviette pour m'étendre au soleil. Je prends le temps de penser aux jours qui vont suivre : la semaine qui vient je vais enfin apprendre à me transformer. Une étape cruciale que j'attends avec impatience. Entre les cours je profiterai de mon temps de pause pour m'entraîner dans une des salles de sport et taper un bon coup sur le gros sac de boxe ce qui me défoule pas mal, parfois même un peu trop. En général quelqu'un est avec moi avec le bracelet au cas où. Puis d'autre fois je rejoins Nina au stand de tire ou au cours d'escrime avec Kristy et Jessie. Je me sens plus forte même si mon mauvais côté reprend le dessus quelque fois, il m'arrive même de tourner de l'œil. Ce sont les inconvénients.

Pendant que le soleil me tape le dos et relaxe mes muscles, quelque chose vient titiller mon oreille : un bruit de feuillage, des pas... A l'affût je lève si brusquement la tête que je faillis me tordre la nuque. Je fixe les broussailles et les arbres en faces de moi en parcourant chaque recoins, ainsi que l'entrée par laquelle nous sommes arrivé il y a une heure déjà. Une légère brise de vent fait bouger les feuilles. Je fronce les sourcils, les oreilles dressés et les yeux grand ouvert. Pendant un temps je pense entendre des chuchotements se rapprocher puis en me retournant je m'aperçois de la présence de Nina, debout à côté de moi, toute mouillée. Elle vient de sortir de l'eau et fixe la forêt, le visage figé et attentif à tout bruit soupçonneux. Je décerne sur le visage de mon amie une inquiétude qu'elle essaye de dissimuler en serrant la mâchoire.

- Tu as entendu toi aussi ?

Elle ne répond rien mais ses yeux la trahissent. Elle recule précautionneusement et repart vers la mer. Je la regarde se diriger vers l'eau et en même temps je vois Moira parler à Derick plus loin. Celui-ci avait l'air toute ouïe, il rit à ses paroles et lorsqu'elle pose ses mains sur lui il n'a pas l'air mal à l'aise. Je suis sûr qu'elle sait que je les regarde, elle jette des petits coups d'œil sur moi. Alors elle a le droit de rigoler et d'être si proche de lui alors que moi non ? Quand il m'a balancer dans l'eau tout à l'heure on aurait dit qu'il lutait pour me toucher ! 

Je me retourne en me mordant l'intérieur de ma joue, retenant un grognement. A la place je respire pour me détendre, me lève pour secouer ma serviette et met mes tongs. Avant de partir je me retourne vers les filles qui discutent toujours dans l'eau, sauf Annabelle qui sort rejoindre sa serviette.

- Tu pars ? 

- Oui. J'ai envie de prendre une douche et j'ai faim...

Je n'en dis pas plus. J'en ai juste marre de voir le garçon qui me plait avec Miss m'as-tu vu. Il n'a pas de problème avec les filles comme il le dis, il en a un avec moi ! Même l'expérience de ce matin n'a rien arrangé. Et puis pourquoi est-ce que je me mets dans des états pareils pour un mec !? Bordel ça ne m'est jamais arrivé !

Annabelle ne me retient pas et me laisse partir alors que Derick s'apprête à sortir de l'eau pour se diriger vers sa serviette. Je trace mon chemin d'un pas vif en prenant mes affaires sous le bras.

En rentrant j'observe les alentours en scrutant la forêt plus loin qui ne bouge pas. Il n'y a aucun vent, pas la moindre activité. Bizarre pour une nature qui a l'air plus que vivante.

Une fois arrivée devant le manoir je passe la porte, entre dans un hall silencieux et toujours un peu triste à cause des voiles noir qui couvrent encore les quelques portraits des défunts. Je remarque en même temps que les bougies se sont éteintes mais flottent encore. Je monte quatre à quatre les escaliers en faisant résonner mes bruits de pas puis traverse le couloir quand une odeur de poulet au curry danse sous mon nez et fait gronder mon ventre. Il n'est que onze heure et je crève déjà la dalle !

J'arrive dans ma chambre vide. Isi doit être ailleurs, je ne m'inquiète pas pour elle, elle n'est pas venue à la plage car l'eau n'est pas son élément favoris, même si il lui arrive de la côtoyer lorsqu'elle se transforme en mammifère marin. Elle doit surement traîner dans le manoir où à l'extérieur. D'ailleurs cela m'arrange, je préfère rester seule avec moi même.

J'enlève à la hâte mon maillot et fonce sous la douche en laissant couler avec abondance l'eau plus froide que tiède sur ma peau, enlevant tout le sel de mes cheveux et de mon corps. Il fait trente degrés dehors et les température risque de monter en journée. L'eau fraîche n'est donc pas de refus.

En me regardant dans le miroir à travers la vitre de la douche je me surprends moi même de ma nouvelle teinte de peau bronzée et de mes cheveux brillant. Je reste un moment sans réagir. En une heure et demis j'ai pris l'équivalent de deux semaines de bronzage ! Je finis par sautiller en effectuant une rapide chorégraphie. Je suis passer de la jalousie à la joie de voir un bronzage rapide. Je me reprends et me tape le front, trouvant mes réactions bipolaire de plus en plus bizarre.

~

- "Le Bal des Héritiers", lit distinctement Jessie en nous exposant la brochure autour de la table pendant le déjeuner.

Celle-ci montre une salle de bal digne des fêtes splendide de Versailles. On voit déjà les beau costumes et les masques vénitiens. Nous l'avons trouvé sur la table lorsque nous sommes arrivées au self. Elle est d'ailleurs sur toute les tables et annonce la date de l'événement : Samedi 20 Août 2016, à 21h00.

- Il aura lieu dans cette salle apparemment.

- Géniale !! s'écrie Kristy en tapant dans ses mains.

- C'est juste après les évaluations, non ? demande Annabelle.

Sa question éveille mon attention.

- Les évaluations ?

- Oui, elles auront lieu en fin de semaine prochaine, annonce Isi. Elles doivent déterminer notre niveau et notre classement.

- Super... marmonné-je en plongeant ma tête dans mon assiette.

- T'inquiète, on nous préparera à l'avance, prévient Kristy la bouche pleine.

Je soupire brièvement et observe Nina en face de moi qui a déjà fini son assiette mais qui agite nerveusement sa cuillère dans sa salade de fruit. Elle a le visage fermé et ne regarde rien d'autre que la coupelle. Tandis que j'essaie de deviner pourquoi elle est contrariée, les filles continuent de s'extasier à propos du bal, tout comme d'autre fille à l'arrière de la salle : sans doute surexcitées de savoir qu'elles vont porter une robe flamboyante et se balancer un pot de peinture au visage. Je devine aussi qu'il va falloir trouver un cavalier et moi qui n'ai pas pour habitude de me faire des films je me vois déjà au bras de Derick Wanderbilt. Je suis ri-di-cule ! D'ailleurs, quand on parle du loup, le voilà qui se déplace vers notre table. Jessie qui est dos à lui, les yeux sur son poulet l'a semble-t-il vu arriver puisqu'elle marmonne :

- Regardez qui voilà.

Je fais mine de ne rien remarquer mais ne résiste pas longtemps à la tentation de voir son regard ténébreux et ses yeux brillants. Il n'a pas l'air très à l'aise et les deux sœurs télépathes ont sans doute devinée quelques choses puisqu'elles le dévisage discrètement.

- Il faut que je te parle, dit-il simplement en me regardant intensément, attendant sans doute que je réagisse au moindre de ses mots.

Prise de cours et ne sachant quoi dire, je fuis le regard de tout ceux que je croise puis revient sur celui de Derick avant de sortir quelque chose de complètement idiot :

- Je n'ai pas fini mon poulet.

Jessie fait les gros yeux suivis d'un signe de tête qui veut dire "bouge toi !". Je me crispe et regarde enfin le garçon qui attend patiemment en haussant les sourcils.

- Ok, j'arrive... annoncé-je finalement en me levant.

Nous nous dirigions vers la sortit pendant que les filles nous regarde.

Nous nous retrouvons dans la bibliothèque mais Derick tient à aller dans ma pièce personnelle. Je lève rapidement les yeux aux ciels et ouvre la grande étagère coulissante à l'aide de la tranche du livre à déplacer, puis nous entrons. Je n'ai aucune idée de ce qu'il veut me dire, mais il a l'air nerveux. 

- Voilà... Alors, commence-t-il en cherchant je ne sais quoi des yeux avant d'enfin oser me regarder. Tu te souviens le jours on a fait des recherches sur les cristaux ? 

Je hoche la tête.

- Et bien j'ai trouvé quelque chose à ce moment là, cela n'a rien à voir mais...

Il s'arrête puis se déplace derrière moi pour fouiller dans un tiroir du bureau. Il en sort un vieux bouquin en cuire lacé au dos et fermer par un simple fermoir rouillé. Je l'examine de loin en regardant ses pages usée et rongé par le temps qui dépassent des bords.

- Une de tes ancêtre a écrit un journal qui date de l'an 1516, me dit-il en s'avançant vers moi pour me le tendre.

Je le prends et ouvre délicatement le fermoir de peur de l'abîmer, puis je tourne les pages :  elles sont toute remplie d'une écriture fine à l'encre noir et le nom d'Isobel G. Campbell apparaît à chaque début. En jetant un rapide coup d'œil à Derick je le vois plisser les yeux et se mordre la lèvre. Ma première pensée est de me dire qu'il est terriblement sexy, ce que je balaie aussi tôt de ma tête, puis ma deuxième est me demander qu'est-ce que ce bouquin peut bien contenir qui le tracasse ?

- C'est quoi exactement ?

- Regarde cette page, dit-il en tournant les vieilles feuilles jusqu'à tomber sur une qui semble être la dernière qui ai été écrite.

Je la parcours des yeux, ne sachant trop quoi chercher. Je perds patience.

- Qu'est-ce que tu veux que je regarde Derick ! 

- Lis le ! dit-il sèchement.

Je lève une nouvelle fois les yeux au ciel et lit les quelques ligne :

"C'est un jour d'Octobre bien sombre malgré les couleurs d'automne. Je me sens plus faible que les autres jours, j'ignore pourquoi. C'est mon dernier jours en ce monde, les 500 ans sont passé, tout ce temps que l'oiseau de feu a passé à faire des allés et venu entre les cages humaines de ma famille... Il doit à présent finir son cycle. Tout est prêts. Je dois me rendre dans un endroits calme et reposant ou je peux construire mon bûcher... Je l'ai garnis de feuilles de lauriers, de brins de nard doux, de morceaux de cinnamome mêlés à de la myrrhe fauve et du bois de cèdres noir. Une fois mon heure venue, je m'y installerai et achèverai ma vie parmi les parfums. Je n'ai aucune idée de ce qu'il se passera après la mort... J'ai peur. Peur de brûler vive, peur de souffrir, peur de mourir."

Mes yeux se tardent sur cette page, sur les derniers mots. Qu'est-ce que tout cela veut dire ?

- Pourquoi tu me montre ça ? demandé-je d'une voix flottante.

- Le Phénix doit achever son cycle au bout de 500 ans. Cette partie a été écrite en Octobre 1516.

- ... Oui ?! 

J'agite les mains pour l'inciter à continuer, une curieuse angoisse s'installe.

- On est en 2016, Aileen...

Je m'apprête à rouspéter pour lui dire d'être plus explicite mais aucun son ne sort de ma bouche. Mon cœur se met à battre rapidement, un vide sans fin se creuse dans mon ventre. Je viens de comprendre.

~

- QUOI ???!! crie Kristy.

- On ne s'emporte pas !! calme Nina en levant les bras.

- Tu rigole ??! Elle nous annonce qu'elle risque de mourir comme si elle nous disait qu'elle mangeait des pâtes ! J'ai tout à fait le droit de m'emporter !!

- Mais on est pas réellement sûr qu'elle va mourir... Pas vrai ? demande Jessie d'une petite voix.

Je hausse les épaules. Derick est assit à côté de moi sur mon lit et les filles devant se mordent la lèvre. Kristy fait les cents pas.

- On ne sait pas ce qu'est devenue Isobel après ça ? demande Annabelle.

- Il n'y a rien d'écrit après cette page, répond Derick.

- Et toi ! Pourquoi tu nous a rien dit ?? 

- Je voulais en parler à Aileen avant ! Cela la concerne en priorité.

Il y a un temps de pause.

- Tu connais quelqu'un qui peux te renseigner la dessus, intervient Nina calmement.

- Tu parles de Steve ? Je peux toujours lui demander.

Je reste dubitative face à cette éventualité. C'était il y a longtemps, comment peut-il savoir ? Si il est au courant de ça, pourquoi ne m'en a-t-il pas parler ? Je me tortille sur mon lit, je n'accepte pas le fait de mourir. Hors de questions ! Il doit surement y avoir quelque chose que je n'ai pas compris à propos de ce moment. Comment ça a pu m'échapper ? 

- C'est quand même dingue ! me révolté-je. Je devrais pourtant le savoir que le Phénix passe par l'inhumation tout les 500 ans ! 

Les filles me regardent en silence avec des yeux de chien battu.

- Peut être mais tu n'aurait pas pu deviner que ça allait tomber sur toi, me dit Isi.

- Renseigne toi dans les livres et auprès de ton arrière grand père, ajoute Nina. Je suis sur qu'il t'en aurais parlé si tu devais mourir dans deux mois...

Deux mois... Ça paraît tellement proche.

- Est-ce qu'on doit en parler à quelqu'un d'autre ? demande Jessie. Joe, Anita ou même les professeurs ?

- Qu'est-ce qu'ils pourront faire...

Une main délicate se pose sur mon genou pour me procurer un bref réconfort. Surprise de ce geste je regarde Derick du coin de l'œil et sans que je le veuille, la retire aussi tôt. 

- Si jamais cela devait arriver, commence Isi.

- Ça n'arrivera pas !! coupe Kristy toujours instable.

- On doit s'y préparer ! Sais-tu ce qu'il faudra faire ce jour là ? 

- A peu près...

- Ne prends pas cet air vaincu ! Tu n'es pas encore morte. Tu peux encore profiter des jours qu'il te reste et continuer à vivre.

- Et puis je te rappelle que tu es un Phénix ! Il renaît de ses cendres. Ça te laisse un espoir, ajoute Annabelle.

Je ne dis rien mais souris mollement. C'est vrai, après tout. Pourquoi perdre espoir ? Il y a toujours un moyens de s'en sortir.

Après quelques minutes de réconfort les filles sortent de me chambre. Derick s'apprête à faire de même quand je lui demande de rester. Il semble surpris avant de s'adosser à la porte du placard.

- Je vous laisse.

Isi se lève de son lit avant de sortir. Je reste assise en le regardant jusqu'à ce que la porte claque. Je me fais violence pour ne pas me jeter dessus et me laisser distraire par sa beauté, puis je me lance :

- Comment ça se fait que tu arrive à être proche de Moira et pas de moi ? demandé-je d'une traite en articulant bien pour qu'il comprenne.

Au début il n'a pas l'air de comprendre ce que je viens de dire, il cligne des yeux.

- De quoi tu parles ?

- Je t'ai vu rigoler avec elle à la plage. Elle avait le droit de te toucher et tu te laissais faire. Pourquoi avec moi ça ne marche pas ?

- Tu délire !

- Arrête.

Mon haussement de ton soudain le surprend. Depuis le temps que j'attends ce moment pour en parler je ne veux plus qu'il se défile. Il me regarde plus sérieusement.

- Je t'ai déjà dit pourquoi j'avais du mal à être proche de toi.

- Tu as dis de quelqu'un ! Pas seulement de moi. Tu ne dois pas avoir un si gros problème de sentiment pour être proche de l'autre là ! 

- Pourquoi t'en fais une histoire ?? dit-il en haussant le ton également. Je connais à peine cette fille, on faisait que rigoler et elle n'est pas du tout mon genre ! 

Cette dernière révélation me soulage, je retiens un sourire. Je n'ai pas fini : 

- Parce que je ne comprends pas ta réticence ! 

Je me lève et commence à m'approcher de lui, un peu trop visiblement car il fuie mon regard et se tend au moment où j'avance. 

- On s'entend bien et on rigole bien mais tu ne veux pas que je te touche !!

Je m'apprête à le toucher quand il prend mon poignet pour bloquer mon geste. Au début surprise je le dévisage quand l'énergie de notre lien se fait plus forte et que son odeur délicieuse emplit mes sens. Je suis près de lui, mais je le veux encore plus près. J'observe chaque partie de son visage, sa bouche aux lèvres épaisses que j'ai irrésistiblement envie d'embrasser, ses yeux qui me contemplent, puis son contact qui me donne un regain d'énergie et de passion qui me dévore jusqu'au creux de mon ventre. Il tente de le cacher et pourtant je sens qu'il en a autant envie que moi, pourtant il se retient, se mord les joues et glisse sa main le long de son bras. Chaque contact est une décharge électrique qui me coupe le souffle, j'aime ce moment. Transporter par le désir ardent de vouloir l'embrasser, je me rapproche alors qu'il recule légèrement son visage.

- Je ne veux pas te traiter comme les autres... finit-il par avouer, son souffle caressant mon visage.

Je suis déçus, je retiens une plainte au fond de ma gorge. Merde !

- Comment ça, comme les autres ?

Il plisse les yeux puis tourne autour de moi pour se dégager. Je pousse un soupir de déception en le suppliant du regard de me prendre et m'embrasser, là, tout de suite.

- J'ai... Fais des choses avec pleins de filles. Mais ce n'était jamais sérieux. Je n'ai jamais eu de relations sérieuse et amoureuse avec quelqu'un.

- Tu couchais seulement avec elle, c'est ça ? deviné-je en passant une main dans mes cheveux. 

Il acquiesce et continue.

- Si je suis aussi hésitant avec toi c'est parce que je ne veux pas te traiter comme elles.

- Pourquoi je serais une exception ?

Ma tête dit qu'elle s'en fiche de tout ça. Elle dit : "Embrasse moi, touche moi..." et plus encore, mais mon cœur dit totalement autre chose. Je tiens à lui, plus qu'aucun autre ami, quelque chose de particulier nous lie sans que je ne sache vraiment pourquoi lui et pas un autre, je sais que je le veux lui, que je l'apprécie pour sa sympathie, sa présence, son humour ou sa façon d'être, tout simplement.

- Tu es l'exception. Tu es différentes des autres, littéralement, dit-il avec une petite gêne. Il baisse les yeux et regarde ailleurs. Je ne veux pas te blesser.

Ses mots me donnent des piqûres agréable dans mon ventre. Comment peut-il me blesser ? Je le veux tout à moi et comme une petite idiote ébahit devant son premier crush, je suis prête à dire oui à tout ce qu'il souhaite. 

- Franchement ? Après tout ce que j'ai vécu jusqu'à présent il n'y a rien venant de toi qui puisse me blesser.

- Peut-être mais tu es quelqu'un que j'apprécie énormément. Même un peut trop, je dirais.

Apprécier. Pourquoi je n'aime pas ce mot ?

- Oh... Dites m'en un peu plus Monsieur Wanderbilt, le taquiné-je avec un sourire en coin et en m'approchant dangereusement de lui.

- Je ne peux pas te dire ça comme ça.

- Tu rougis là ?? (je hausse les sourcils, toujours en me rapprochant).

- Arrête. Je rougis pas.

Il se tend, les mains dans les poches. Il me regarde avancer, l'air de se retenir de faire quelque chose.

- C'est injuste de me chauffer comme ça. 

Je retiens un rire.

- Je ne te chauffe pas, je te fais comprendre que je n'ai pas peur que tu me fasse du mal. Pourquoi tu ne veux pas le voir ?

- Ce que je vois c'est que t'es beaucoup trop sexy pour moi !

Je m'arrête et hausse un sourcils alors qu'il a l'air gêné. Sexy ? Vraiment ? C'est bien la première fois que je l'entends.

- E-Excuse moi je... Je ne voulais pas paraître trop...

- Non c'est rien. C'est la première fois qu'on me dit ça.

Sexy. Je suis sexy ! Mon dieu, est-ce que c'est mal ? Je m'en fou.

- Tu es injuste mais tellement sexy, marmonne Derick en me détaillant du regard.

Le rayon de soleil fait ressortir ses yeux et son sourire illumine son visage. Il se met à fermer les yeux avant de chuchoter :

- Et merde.

Il décide enfin de ne plus se retenir, sort les mains de ses poches et me pousse contre le mur de derrière, une main sur ma hanche et l'autre tenant mon bras droit au dessus de sa tête avant d'étouffer mon cris de surprise avec sa bouche pour m'embrasser sauvagement mais tendrement à la fois. Nos lèvres se caressent, laissant place à une danse endiablée de nos deux langues. Les énergies circulent en trombe comme des montagnes russes quand nos corps se collent l'un à l'autre, si bien que je ne peux retenir un petit gémissement de plaisir enfin assouvit. J'entourais le cou de Derick de mes mains tremblante de désir pendant qu'il passe les sienne sur mon corps, puis sous mon tee-shirt, caressant ma peau pendant qu'il me colle contre le mur, forçant la rencontre de nos hanches quand il descends ses lèvres sur ma mâchoire, puis mon coup. Les yeux fermé je savoure ses contacts et son odeur de près, je goutte au plaisir de l'embrasser encore et encore, sans me lasser, de le toucher et d'entendre sa respiration irrégulière se mélanger à la mienne. Il se frotte à moi, me serre contre lui alors que je plonge mes mains dans ses cheveux avant de les tirer. Un petit gémissement sort de sa gorge en même temps que nos respirations qui s'accélère, il s'arrête en s'écartant légèrement. A bout de souffle nous reprenons notre rythme cardiaque normal en restant tout les deux l'un contre l'autre.

- Tu sens tellement bon, murmure-t-il.

Je souris à se compliment agréable, surtout venant de lui. Il se détache de mon coup pour venir se coller à son visage. Nos haleines se mélangeant tout en se buvant des yeux. Il m'embrasse encore, cette fois plus doucement. Hmm... C'est comme embrasser du velours.

- Si on continue tu vas finir à poile dans le lit, plaisante-t-il, ce qui me fait glousser et devenir rouge.

Il se détache légèrement de mon visage pour me regarder dans les yeux plus sérieusement.

- Si cela devait arriver, tu serais prête ?

- Je ne sais pas, dis-je après un temps de réflexion. Mais tu seras le premier à le savoir.

Il sourit puis m'embrasse encore en me serrant dans ses bras. Je l'ai enfin eu pour moi, même si cela n'a duré qu'un petit moment. Je veux que cette étreinte dure encore longtemps mais quelques chose se passe dehors. La lumière du soleil diminue et assombrit la chambre, des d'oiseau volent au dessus de plusieurs coins de la forêt suivit d'un vent qui bouscule les arbres et fait trembler les fenêtres des chambres. Nous nous détachons l'un de l'autre, curieux de se changement soudain de temps et cette atmosphère bizarre. Est-ce Nina qui cause tout ça ? Quelque chose se passe dans la forêt depuis ce matin, plus les bruits et les événements étranges s'enchaînent, plus je m'inquiète de savoir ce qu'il se passe, ou allait se passer.

***

Petit mot pour vous dire que je suis passé à 1k de vue grâce à vous !! Merci pour mes fidèles lecteur en particulier JbMagcon1d qui m'a toujours soutenue et qui est toujours là pour me poster des commentaires agréables, même en message PV !!! Merciiiii et merci à vous j'espère que ça continuera de vous plaire !! 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top