C H A P I T R E 16
Les parents sont partit, les élèves ont regagnés leur chambre, traînent en groupe dehors ou dans la salle de repos. Il y en a qui n'hésite pas à faire une petite visite du lieu afin de repérer les salles de cours et autre endroits caché.
Quant à nous, nous étions dans la bibliothèque, assise sur des fauteuils et un divan en velours vert foncé placés en cercles autour d'une table basse sur la quelle est gravé un échiquier noir et blanc. Les rayons de soleil de l'après-midi qui traversent les grandes vitres à carreaux suffisent pour éclairer la salle. Je n'ai jamais imaginé discuter de sujet comme les pouvoirs surnaturel et l'apprentissage du combat et d'arme à feu avec des filles que je viens de rencontrer. Je ne participe pas tellement à ces discutions d'ailleurs, puisque je n'ai aucun savoir ni aucune expérience. Je me contente de répondre aux question comme : "d'où viens-tu ?", "qui sont tes parents ?", "as-tu des frères et sœurs ?", pendant qu'elles se demandent quelles sont leurs armes de prédilection ou l'activité qu'elles préfèrent.
Je les écoutent, envieuse de leurs nombreuses pratiquent et de leur savoir. Devant la table basse, Nina, assise en tailleur, nous dresse une brève liste de tout ce qu'elle a appris avant d'être ici, avant même d'avoir reçut ses pouvoirs. Les armes à feu ne sont plus un secret pour elle ainsi que plusieurs technique de combat. Jessie est ravit d'apprendre que Kristy prend également des cours d'escrime et elles se mettent à discuter de leur niveau respectif et de s'entraîner ensemble ici, pendant les heures de repos. Annabelle est la seule du groupe à pratiquer le tir à l'arc, elle a l'impression d'être l'exception, ce qui ne l'enchante pas particulièrement : ne pas faire comme les autres quand on a le choix. Elle et sa sœur ont discutées avec moi à propos du passage de la forêt, m'expliquant que certains surnaturel, comme Nina qui a été frapper par la foudre, peuvent subir ce genre de catastrophe naturel le jour de leur transformation, mais que cela n'arrive pas à tout le monde.
- Nina, j'ai entendue dire que tu possède un élément ? demande Jessie.
- Oui, je contrôle le temps. Je peux déclencher des éclairs, faire apparaître des tempêtes et des tornades... explique-t-elle simplement.
- C'est plutôt cool !
- Oui surtout que nos pouvoirs se ressemblent un peu, fait Kristy. J'ai le contrôle de l'eau et des Océans entre autre.
- Tu peux déclencher l'apocalypse à toi toute seule alors ? reprend Jessie.
- Non, pas à ce point. Il en faut beaucoup plus pour ça.
- Parle nous de ta grand-mère !
Je regrette cette suggestion au moment où je l'ai dit. Ma curiosité mal placée fait perdre le sourire de ma camarade et un silence gênant s'en suit. Je me mords la joue. Bien jouée Aileen, tu as cassée l'ambiance !
- Enfin... Si cela ne te gêne pas.
- Non, bien sur.
- Quel âge a-t-elle ?
La question de Jessie me rassure de voir que je ne suis pas la seul à vouloir en savoir plus. Les autres ne semblent pas voir d'objection puisqu'elles ne disent rien et ce sont toute retournées vers Nina, bien installées confortablement sur le fauteuil. Elle nous regardent, hésite un petit moment puis commence enfin lorsqu'elle voit Kristy et Jessie la regarder comme des gamines qui attendent qu'ont leur lisent une histoire.
- Elle a 115 ans.
Cet aveux nous fait tous décrocher la mâchoire en plus d'un "Quoi ?!" de la part d'Annabelle.
- Sérieusement ?!
Nina rit presque en nous voyant toute les quatre bouches ouverte devant elle.
- Oui. En fait c'est mon arrière grand mère, mais je l'appelle grand-mère car je n'ai pas connu la vrai qui est décédée quand j'étais bébé.
- Et ton grand-père ? demande Annabelle.
- Mort également. Je l'ai très peu connu quand j'étais enfant. Un accident de voiture...
Nous passons de l'expression ahurit à la désolation.
- C'est dingue de se dire que ta grand-mère à pu vivre tout se temps et que son fils n'ai pas vécu assez longtemps, réalise Kristy en se frottant les cheveux.
- Oui, en effet, marmonne Nina le regard vide.
- Comment ça se fait qu'elle ne fasse pas du tout son âge ?
- C'est parce que les surnaturelles vieillissent beaucoup moins vite que les humains, me répond Annabelle.
- Ah ! Mais bon... Quand même, avoir 115 ans quand on en fait 75 il y a un gros écart.
- Vraiment beaucoup moins vite, insiste-t-elle.
- Et l'histoire de la famille royal ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? relance Kristy. Mon père me l'a vaguement raconter.
- En fait, presque toute la famille royale des Romanov a été massacrées, ainsi que leurs servants, leurs animaux...
Le sourire de jeune russe s'efface, elle n'a plus envie de rire et cela se voit non seulement à son regard mais aussi parce que je le ressens. Nous attendons patiemment la suite quand Anastasia arrive en descendant lentement les marches pour se diriger vers nous.
- Je vais leurs raconter, dit-elle à Nina en posant une mains délicate sur son épaule et en s'asseyant à ses côtés.
Je sens encore cette étrange sensation de vertige à l'estomac. Cela devait venir d'Anastasia. Mon empathie recommence et m'informe de la tristesse et de la colère que dégage la vielle dame. Je respire profondément afin que ces émotions qui ne m'appartiennent pas ne me remplissent d'avantage. J'ai l'impression d'être une sorte d'éponge à émotion qui me donne un début de migraine quand Anastasia commence le récit :
- Cela s'est passé dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918. C'était à Iekaterinbourg dans l'Oural. Nous étions séquestrés dans une villa appelée la "maison Ipatiev". Les révolutions de 1917 à 1918 ont entraînées plusieurs choses dont la chute de l'empire Russe. Mon père qui a vu son règne chuté commençait à être mal vu, il devenait gênant... A partir de là nous commençons notre exile à Tobolsk, en Sibérie occidentale, dans des conditions calme mais difficile matériellement. A ce moment là, la guerre civil n'avait pas encore commencée. Puis lors de la Révolution d'Octobre 1917, les bolcheviques ont organisés un coup d'état et ce sont emparé du pouvoir avec force.
>> Au début, nous pensions ma famille et moi, qu'ils nous avaient oublié mais en Mars 1918, Lénine émet l'idée de la liquidation de tout les Romanov, sans passé par un procès. Là, le régime se présentait sous sa vraie nature : hideux, monstrueux, le meurtre à la place de la justice, la répression à la place de la liberté, les prisons et la mort de tout les opposants.
- Mais pourtant Lenine était le dirigeant ? fait remarquer Annabelle. Pourquoi le peuple n'a pas riposté ? Pourquoi l'histoire n'a pas retenue ce détail ?
- Et bien malheureusement, l'imageries populaire et la propagande soviétique ont masquées momentanément les faits et en plus il a été aidé par Staline, qui a été son remplaçant sur le trône.
Un silence s'installe jusqu'à ce que je décide de le rompre, le souffle court :
- Et... Que c'est-il passé ensuite ?
Anastasia adopte un air plus grave avant de continuer :
- En avril 1918, nous sommes conduits à Ekaterinbourg dans une ville réputée pour sa forte assise révolutionnaire et où il sera plus facile de disposer de mon père et de le surveiller. La guerre civil commençait et nous, nous subissions l'humiliation et les insultes quotidienne. Le Comité exécutif de l'Oural ordonna notre exécution et ont envoyé un bourreau dans la personne de Iakov Iourovski.
>> Il était celui qui dirigeait en quelque sorte le groupe d'exécutant et était aussi le commandant qui gardait cette "prison" où nous étions. Il avait demandé à notre docteur de nous faire descendre à la cave. Soit disant pour prendre une photo de famille. Ma mère, Alexandra avait eu comme un mauvais pressentiment. Quelques heures plutôt nous avons cousus des bijoux et des pierres précieuses sous nos vêtements et nous les avons mit avant de descendre. Les autres exécutants sont entrés en premiers dans la pièce et ont nous a donné des chaises et des coussins. Mon petit frère Alexis était assis à cause de sa maladie il devait évité de rester debout ou marcher. Les servants et le docteur étaient là aussi et c'est en voyant que nous étions tous rassemblé que Iourovski a sortit une feuille sur laquelle était écrit que malgré toute les personnes qui ont essayer de nous aider à partir, ils ont finalement reçut l'ordre de nous exécuter.
<< Nous n'avons pas eu le temps de réaliser quoi que ce soit que le dirigeant du massacre a commencé par abattre mon père. Sans compter le caractère particulièrement atroce de l'exécution de mes frères et sœurs. Car à cause des bijoux que nous avions cousus sous nos vêtements, les dizaines de balles que nous recevons ricochaient et rendaient la scène effrayante. Lorsque nous étions à terre, avec la fumée épaisse qui s'évaporait je restais figé, pétrifié et effrayé par ces cris. Je percevais mon père et mon frère étalés sur le sol, mais mes sœurs et ma mère étaient encore en vie. C'est la que ma sœur Olga m'a tenu fermement le bras, tout aussi effrayé que moi elle me dit de rester le ventre face au sol et de faire la morte puis de m'enfuir dés que j'en avais l'occasion. Je l'ai écouté sans discuter, j'ai fermé les yeux mais je ne pouvais pas m'empêcher d'entendre tout ce qu'il se passait. Ayant vidés leurs chargeurs, c'est à coup de couteau et de baïonnette que les bourreaux s'acharnèrent sur mes sœurs. J'entendais les craquements, les débattements, les cris horrible... Je me retenais de ne pas crier à mon tour et de fondre en larme, alors je ne disais rien et priais pour qu'ils me croient morte. Je sentais quelqu'un qui me tapait avec le pied, si fort que je luttais pour ne pas réagir ni respirer ou exprimer ma douleur.
>> Plus tard, ils nous ont déshabillé et emmener dans un camion afin de nous enterrer dans un puits de mine. Ils croyaient toujours que j'étais morte et au moment ou je me retrouvais dans le camion, serré entre les corps sans vie et abîmé par les coups, j'ouvrais les yeux légèrement et pouvais voir l'arrière du camion et la nuit qui était tombé. Des hommes se trouvaient avec nous, sans doute pour être s'assurer de notre mort. J'avais peur, j'avais froid et j'avais du sang qui n'était pas le miens sur moi.
>> J'ai sentis soudain le véhicule ralentir et s'arrêter. Tout le monde descendais pendant que je réfléchissais à la manière de m'en sortir quand un des hommes qui se trouvait à l'arrière du camion s'est approché de moi en me chuchotant de rester calme, qu'il allait m'aider à m'enfuir et que lorsque je serais hors du camion je devais courir vers le nord le plus vite possible jusqu'à ce que je trouve une voiture qui m'emmènera loin d'ici. J'étais surprise au départ, puis quelque chose me disait qu'il fallait que je lui fasse confiance. Alors j'attendais qu'il m'attrape le bras afin de m'aider à sortir, et de me donner un draps pour me couvrir en me sortant silencieusement du camion pendant que les autres creusaient le trou. Il m'a accompagné un peu plus loin et m'a avoué qu'il était un infiltré et qu'il avait ordre de me sauver. Après ça j'ai fais ce qu'il m'a dit : j'ai courus sans me retourner, sans m'arrêter, mais mes larmes étaient là et je ne pouvais m'empêcher de pleurer tout en gardant la tête haute. Au bout d'un moment j'avais du mal à courir et c'est là que j'ai trouvé la voiture ainsi que trois hommes qui étaient des membres du CSM.
A la fin du long récit, le lourd silence revient. L'atmosphère de la salle est devenue pesante, le soleil caché par les nuages laisse une bibliothèque dans une atmosphère glaciale. Nous étions toute curieuse au début et nous finissons à présent déprimées et désolées pour elle.
- Comment êtes-vous arrivé ici ? demande Jessie d'une voix tremblante et fragile.
La narratrice continue :
- Quand j'ai repéré la voiture et que j'ai vu l'insigne sur la porte côté conducteur, je me suis dis que j'avais déjà vu ça quelque part. Puis je me rappelais qu'il y avait le même sur un dossier que mon père avait sur son bureau. Il disait que c'était "l'avenir d'un monde meilleur". Et c'est quand ces hommes m'ont expliqués la situation et qui ils étaient que j'ai compris, je n'avais plus à avoir peur. Ils m'ont dit que je devais les suivre, qu'ils connaissaient mon père et que là où je devais aller je serais en sécurité. En effet, la famille de mon père possédait le pouvoir. Et il était en contact avec le CSM. Il m'avait apparemment inscrit au centre avant que nous partions à Tobolsk. Il s'est dit que c'était le meilleur moyen de garantir ma sécurité et c'est là qu'ils ont envoyé un infiltré parmi les gardes et les bourreaux. Avant ça il m'avait parlé du tatouage sur mon poignet et que j'étais destiné à faire de grande chose. Il n'avait pas le don, j'étais la seule de ma famille à l'avoir. J'avais bientôt 19 ans à cette époque et j'ai reçus mes pouvoir un peu plus tard.
- Vous êtes donc parti sur l'île juste après ? devine Annabelle.
- Oui. Une fois que tout était réglé et que mes affaires étaient rassemblés je suis venue ici. C'est là que j'ai appris à me servir de mes dons jusqu'à mes 28 ans. C'est en 1927 que l'on m'a autorisé à quitté le pensionnat pour repartir en Russie. Entre temps, les exécutant ont tués tout les autres membre des Romanov, dix-neuf en tout. Je n'avais plus de famille. Et c'est là que j'ai voulut me venger.
- Comment vous vous y êtes prise ?
- Et bien au moment ou je suis arriver en Russie, je me suis rendu dans la ville où vivait les assassins. J'avais bien entendu pris soin d'établir un plan, de me renseigner sur eux... Mais c'est alors que le CSM est intervenu et m'a empêcher de les tuer, me disant que la vie fera le reste et que la justice est mieux que la condamnation. Ce qui m'a mis dans une colère, car ils n'ont fait aucun procès à mon père et ils ont été victime d'un acte abominable... Je me suis faite à l'idée que cela n'allait pas effacer ma tristesse et rendre ma famille, alors j'ai refais ma vie, momentanément sous une autre identité pour ne pas qu'on me recherche.
- Et donc... intervient Kristy, pourquoi vous êtes ici, aujourd'hui ?
- Aujourd'hui l'arrière petit fils de Iourovsky est en ce moment à notre recherche depuis qu'il a appris mon existence ainsi que celle de Nina. Il cherche à finir le travail de son ancêtre...
J'ai du mal à rester neutre et une pression au niveau de mon plexus solaire m'empêche de respirer. Tout ce que je viens d'entendre me donne la nausée et je me sentais particulièrement mal pour elles. Et pour ne rien arranger, je sens la tristesse et la colère envahir son cœur une fois de plus.
Je m'efforce de me concentrer le plus possible afin de ne pas craquer, quand Anastasia reprend :
- Si seulement les choses c'étaient passées autrement... Mon père aurait pu demander de l'aide au CSM pour nous protéger...
- Vous n'aviez pas eu le choix. Dit Nina. Vous étiez enfermé dans cette villa. Tu as eu de la chance de t'en être sortit, je ne serais pas là pour vous représenter sinon.
- Oui, mais vivre avec cette rage et cette tristesse ce n'est pas une vie. J'ai toujours eu cette vengeance en moi malgré les nombreuses tentative de la faire taire...
- Mais ils ont massacré toute votre famille ! Personne ne mérite un sort pareil. Votre colère se comprend.
- La vengeance n'est pas toujours une solution.
- Peut-être que vous l'aurez un jours. En attendant vous êtes là et Nina aussi. Vous avez reçut vos pouvoirs afin d'accomplir de grande chose, comme l'a dit votre père et c'est ce que vous avez fait.
- Peut-être, oui... Je vais vous laisser je dois me reposer. À plus tard.
Anastasia embrasse Nina sur le front et repart en remontant les marches de la bibliothèque. Annabelle reprend la parole :
- Hum... Vous savez, il y a eu plusieurs reportages concernant les Romanov. Ils ont retrouvé les ossements et constaté que personne n'a survécu. Comment ont-ils fait pour ne pas s'apercevoir qu'Anastasia était vivante ?
- Mon père m'a raconté que le CSM la protégeait en faisant en sorte que tout le monde la croit morte, ajoute Kristy. Ils ont effacer les preuves pour en mettre des nouvelles.
- Comme le programme de protection des témoins ?
- Oui. C'est ce qui fait que personne n'a sût. Comment ils s'y sont prit, ça... Je n'en ai aucune idée. Mais en tout cas personne n'a rien vu !
Kristy est elle même fascinée par ce qu'elle dit.
- Comment est-ce qu'elle a fait pour continuer à vivre en Russie alors ? demandé-je à Nina.
- Elle a gardé son nom. Mais pour tout ce qui était des passeports, du permis de conduire, des papiers... c'était sous un faux nom. Surtout en Russie ! Mais elle n'est revenue là bas qu'une ou deux fois, sinon elle a vécu tout le reste du temps à Paris avec mon arrière Grand Père.
Ne me sentant pas très bien, je m'excuse pour retourner dans ma chambre afin de retrouver mes esprits. Je trouve cela incroyable que ce soit moi qui soit atteint alors que je n'ai rien vécu de tout ça. Je quitte la bibliothèque en courant presque jusqu'à ma chambre.
En ouvrant je m'attends à trouver Isi, mais elle n'est pas là. D'ailleurs, je ne l'ai pas vu à la cérémonie non plus et je commence à m'inquiéter. Bon... Peut-être va-t-elle revenir. En attendant, l'histoire d'Anastasia me tracasse encore, je dois absolument me changer les idées. Je pensais aller parler au garçon mystérieux du nom de Derick Wanderbilt mais après avoir réfléchit, je ne me sens pas d'humeur à discuter avec ce gars, ni avec qui que ce soit. Alors autant m'allonger, fermer les yeux et... m'endormir.
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