C H A P I T R E 12

Sur l'île

5h00

PDV Aileen Cre... Campbell

Il fait chaud et humide. Un temps que je n'apprécie pas parce que je ne sais pas comment m'habiller, que mes cheveux ne ressemblent à rien et que je tombe souvent malade le lendemain d'une journée comme celle-ci. Mais maintenant que je suis une adolescente complexée doublé d'une étrange créature bipolaire, est-ce que je peux tomber malade ?

Dans l'avion je me posais pas mal de questions. C'était ce moment où je regardais à travers le hublot, où je me rend compte à quel point nous sommes rien d'autre que de toute petite bactérie pour notre chère planète, où tu te mets à bien réfléchir à ta vie. Je m'étais imaginée ce qui serait possible et ce qui ne le serait pas, comme tomber malade, ou mourir. Si je viens à mourir, pourrais-je ressusciter ? Suis-je immortel, ou indestructible ? Pourrais-je vraiment empêcher que beaucoup de gens meurent ? Ou au contraire, être la cause d'une tragédie...

Cette idée flotte dans ma tête depuis que nous avions atterri ici et mon cœur tambourine dans ma poitrine. L'idée de faire du mal à quelqu'un me terrorise, moi qui suis de nature pacifiste et qui n'aime pas dire ou faire du mal aux autres, aussi méchant soit-il. Je secoue le tête pour m'enlever toute ces idées morbides. Il faut que je cesse de penser à la mort.

Je contemple le paysage : le soleil n'est pas encore là mais le ciel commence à s'éclaircir au loin. La lune est pleine et se confond presque avec les couleurs rosâtre du crépuscule. L'air tiède va et vient entre mes cheveux en balayant mes craintes les plus sombres. Je porte mon regard à l'horizon et respire l'air iodé. La mer ne peut pas être plus calme. D'ici on entend même les vagues et les mouettes roder autour de l'île. Une île paradisiaque presque aussi grande que la Réunion. Peuplée d'arbres de toute les tailles, de fleure et sans doute de plante carnivore.

Soudain, un bruit qui n'a absolument rien à voir avec la nature vient titiller mes oreilles. En regardant à ma droite, j'aperçois malgré la faible lumière de l'aurore, deux lumières blanches se déplacer. Des phares. Une petite voiture blanche que l'on trouve sur les terrains de golf arrive à quelque mètres d'ici. Je me réjouis de pouvoir enfin voir quelqu'un après presque dix minutes seule avec moi-même et mes idées déprimantes.

Depuis l'aéroport je ne faisais qu'attendre. J'étais censée arriver beaucoup plus tôt, mais l'avion a eu un problème de réglage technique, ce qui a causé du retard. Avant ça, le pilote était lui aussi en retard, ils ont donc perdue quatre heures avant de partir. Alors oui, j'ai eu le temps de penser à comment serait ma vie à partir de maintenant et comment pourrait-t-elle se terminer, si jamais il était possible qu'elle se termine. Entre temps, j'ai dormis vers la fin du vol, ce qui peut expliquer ma tronche d'Hermite qui vient de terminer son hibernation. Mes réflexions se faisant trop longues mon cerveau a dû dire : "STOP ! Arrête-toi et débranche... ".

- Bonjours ! 

Un quinquagénaire vient me saluer avec un sourire forcé. Il a l'air d'avoir peu dormis. Je ne peux que le comprendre, étant donné que je dois avoir la même tête. 

Désolé de vous avoir sorti du lit... ai-je envie de dire. Mais j'opte pour un petit "Bonjours" et une poignée de main. Derrière lui une femme du même âge, brune au cheveux courts et raides serre un bloque note contre elle, elle se présente sous le nom d'Anita.

- Je m'appelle Aileen Cre...

Blocage... Je ne sais même plus si il fallait que je dise Creeg, ou Campbell.

- Campbell.

Puis je me rappelle de mon deuxième prénom : 

- Aileen Elizabeth Campbell. 

Je prononce le nom en entier clairement et distinctement, mais avec timidité avant de pousser un soupire discret, comme si cela était difficile à dire. Je ne suis pas habituée à me présenter sous un autre nom.

- Enchantée, de vous connaître ! Nous sommes les directeurs du manoir, dit-il en continuant de serrer ma main nerveusement.

Interloquée, sa femme consulte son bloc-note avant de m'interroger du regard.

- Campbell, vous dîtes ? 

- Oui, pourquoi ? 

J'ai un malaise. Étaient-ils au courant que je venais ? Étaient-ils même au courant de mon existence ? 

- En fait, nous n'avons aucune Campbell sur notre liste, ni d'Aileen. 

Les sourcils froncés elle me regarde moi, puis son mari. Oh, non... Ils n'allaient tout de même pas me renvoyer après toutes les réflexions que je me suis faite et toutes ces inquiétudes qui me brûlaient le ventre ! Je n'ai pas versé quelques larmes et fait des "au revoir" pour rien ! Si ? Non. Après ce qu'il s'est passé dans cette forêt et ce qui a suivi, ils ne vont pas me dire de repartir.

- Le nom Campbell me dit quelque chose. Montrez-moi votre poignée, je vous prie !

Je lui tend mon bras en me disant que même s'il n'y a aucun nom d'écrit ce tatouage va prouver que je ne suis pas venue pour faire du tourisme.

Les directeurs observent mon poignet avec attention, mais cela se voit à leurs visages qu'ils sont dubitatif. Savaient-ils même la signification de tout les tatouages que beaucoup de jeunes comme moi doivent porter ? Quoi qu'il en soit c'est suffisant pour qu'ils me demande de les suivre.

Je monte avec eux dans le petit véhicule blanc sans fenêtre et on installe mes valises dans l'espace vide derrière moi. J'inspire profondément, car depuis tout à l'heure j'ai l'impression que quelque chose me compresse dans ma poitrine ou qu'il n'y a pas assez d'air.

Lorsque j'entre plus tard dans ce qui me semble être un manoir, tout mes petits problèmes semblent avoir disparu. Qu'est-ce qu'il est grand ! Et lumineux, remplit de tableau et de portrait de gens que je ne connais pas. 

- Qui sont ces gens ? 

- Ce sont tous d'anciens étudiants qui ont fait leurs études ici. Certains de leurs descendants y sont cette année.

- Certains ?

- Oui, car ils n'ont pas tous eu des enfants. D'autre, son mort... 

Je détourne le regard et mes réflexions reprennent. Alors, on peut mourir ?

- Malheureusement nous avons beau être des surnaturels, nous ne sommes pas pour autant éternel, ma chère.

La voir reprendre son sourire me fais faire la même chose. Étrange comme impression. On aurait dit qu'elle me communiquait facilement ses émotions. Cela fait peut être partit de ses pouvoirs.

Par curiosité, je regarde si mon arrière-grand-père en fait partie quand je vois  un portrait plutôt grand accroché en hauteur. Une photographie en noir et blanc d'un homme en Kilt avec un Tartans à carreaux, un haut militaire bleu marine, un béret avec quelque chose, peut-être une broche que j'ai du mal à distinguer d'ici, accrochée dessus. Il a le même regard que dans mon rêve : sérieux, fier mais gentil.

- Vous connaissez cet homme ? 

- C'est mon arrière-grand-père. Je ne le connais pas tellement à vrai dire. Je n'en sais pas beaucoup sur mes origines.

- Oh... Ne vous en faites pas, il y a une bibliothèque ici où vous trouverez toutes les informations dont vous aurez besoins.

- Je me disais bien que votre nom ne m'étais pas étranger ! 

La voix enjouée de Joe raisonne dans le hall lorsqu'il arrive les bras tendus comme un italien accueillant sa famille à bras ouvert. Il est maintenant bien réveillé ! 

- Il a fait couler beaucoup d'encre pendant la période de la second guerre mondial. J'étais plus jeune que vous quand il a fait ses études ici. 

- Tu ne m'en a jamais parlé ?

Étonnée, Anita se tourne vers son mari. 

- Je ne l'ai pas énormément fréquenter, tu sais. Et puis il n'est pas restée longtemps.

- Pourquoi cela ?

Je profite de ses connaissances pour en savoir plus.

- Et bien il a vite été appelé dans l'armée britannique. Vous savez, si vous êtes bien de sa famille, vous avez héritez d'un sacré héritage, ma petite...

J'hausse un sourcil. Je ne sais pas si je dois le questionner et en savoir plus sur ce "sacré héritage", ou alors continuer la visite. J'opte pour la deuxième options qui me semblait plus sage, surtout lorsqu'il est cinq heure et demis du matin.

En face de moi se trouve une arcade qui mène à un couloir. Je m'y dirige et penche la tête : Il y a une porte battante sur le mur de face à gauche avec marqué dessus "Grand Salon" et au bout du couloir à droite se trouve d'autre porte réservées aux personnels.

- Alors ? Comment trouvez-vous le lieu ?

- Très... Spacieux ! Mais je n'ai pas encore tout vu j'imagine.

- Content que cela vous plaise ! Vous aurez tout le loisir de visiter une fois installé. Nous allons vous conduire à votre chambre.

Nous nous trouvons devant une porte en bois verni avec une grosse poignée dorée au milieu. Anita m'explique que tout a été refait sans pour autant enlever son histoire et son authenticité. Je suis également impressionnée par la grande court que je vois de la fenêtre avec son petit ruisseau. La directrice ne se prive pas de me préciser en souriant :

- C'est inspiré des jardins chinois ! Il y en a un autre de l'autre côté du bâtiment.

- C'est vous qui avez décidé de la décoration ?

- Entre autre, oui ! Mais nous avons tous participé avec d'autres architectes. Nous voulions préserver l'idée de mélange des cultures tout en restant moderne. Il nous a fallu deux ans pour refaire ce qu'il y avait à refaire.

Je lève les sourcils. Il devait y avoir un sacré boulot pour un tel endroit. Elle fini par ouvrir la porte de ma chambre : celle-ci est aussi grande que celle de Washington. Deux lits blanc séparés par deux tables de nuit blanc cassées avec cette peinture craquelée, comme les portes du grand placard en face des lits. Même avec une fenêtre la pièce était aussi bien éclairée qu'avec deux lampes allumées.

- Les chambres sont exposées Ouest, vous aurez donc le soleil le soir.

- Les portes qui sont dans le premier couloir, ce sont aussi des chambres ?

- Non, ce sont des bureaux ou des salles de repos. Toute les chambres sont de ce côté du manoir et il y en a d'autre à l'étage au dessus. Les escaliers sont au bous du couloir. Vous partagerez la chambre avec une autre personne. 

J'acquiesce en explorant chaque recoin. Les couleurs sont très agréables et les odeurs fraîche. On voit que tout est bien entretenu !

- Nous te laissons t'installer. Le petit-déjeuner commence au plus tôt à sept heures et demis et se termine à dix heures !

Je fais signe de la tête en les remerciant. Après qu'elle soit partie je commence à regarder mes valises en me disant que je ferais mieux de ranger mes affaires avant que cette autre personne arrive.

Je prends la liberté de choisir le lit à côté de la fenêtre, car je n'aimais pas être installée près de la porte à cause des nombreux cauchemars que je faisais étant petite. Je commence à sortir mes affaires et à les ranger dans l'armoire quand une fatigue s'empare de moi soudainement. Je n'ai pas beaucoup dormis et cela commence à se ressentir. Je finis de ranger puis me pose sur un lit tellement douillet que j'ai l'impression de m'y enfoncer. Je m'endors aussi tôt sans même prendre le temps de réfléchir à quoi que ce soit.

~

Il fait une chaleur à crever. Je me retrouve encore dans ces rues en ruines et en cendres de Londres avec tout ces véhicules et ces débris d'avions autour de moi. Je suis sur ce même pont qui s'était effondré sous mes pieds lors du dernier rêve que j'avais fais, sauf que là il ne se passe rien. Pas de bruit de mitrailleuse ou de cris d'obus qui tombe du haut du ciel, pas même cet oiseau de feu et ces avions de chasse. Rien. Je peux bouger, ainsi que le décore autour de moi. Le ciel est toujours de la couleur du feu. Curieuse, je commence à marcher pour sortir du pont sans même savoir où je veux aller quand je me trouve tout d'un coup en face d'un homme inconnu, une peau ridée et blanche, des yeux bleu délavé avec le blanc de l'œil jaune, les lèvres si fine qu'on ne les voient presque pas. Il avait un visage creux et sévère. Sa tenue militaire noir a l'air parfaitement repassée ; je remarque même une brassière rouge sang portant la croît gammée sur son avant bras gauche. Il ne bouge pas d'un pousse et me regarde intensément dans les yeux. Il avait l'air grand et fin comme un fil. Les bras le long du corps, il continue de me fixer avec insistance comme s'il attendait que je baisse les yeux, ce que je ne fais pas. Mais j'ai quand même cette boule dans la gorge et ma respiration devient lourde. Son expression est indéchiffrable mais je crois discerner un minuscule sourire qui semble s'agrandir et montrer ses dents jaunes ignobles. Je le trouve tellement flippant que je n'ai même pas remarqué qu'il s'est  approché de moi.

Puis sans que je ne m'y attende, il m'attrape par l'épaule brusquement pour coller mon dos contre lui en serrant son bras sur ma gorge. Je sens la pression m'étrangler quand un objet froid s'appuie sur ma tempe. Je me débat autant que je peux en tentant de crier à quiconque peut m'entendre mais je n'arrive pas à sortir un son. Je m'accroche à la manche de sa veste avec mes ongles si bien que je la déchire. La pression du pistolet sur ma tempe s'intensifie autant que ma peur et le vertige qui m'habite. Le vieille homme souffle dans mon oreille gauche, un souffle rauque qui me donne un frisson de peur et d'angoisse qui me parcourt la colonne vertébrale quand mon instinct me dit de me calmer, que rien ne peut m'arriver car tout cela n'est qu'un rêve, comme l'autre.

Mais où est Steve ! pensé-je de toute mes forces. 

Je décide d'écouter mon instinct et de me calmer autant que je le pouvais. Le Nazi ne me lâchait pas, n'appuyait pas non plus sur la détente, ma respiration se fait plus rare compte tenue de la pression de son bras. Je prends une grande respiration quand je sens une énergie inconnu qui venait de je ne sais où, parcourir mes membres de mes pieds jusqu'à mes doigts. Mes yeux me piquent, mes muscles se contractent et sans que je ne sache comment, j'attrape sa main qui tient l'arme en la tordant pour qu'il la lâche. Il résiste... Il a de la force pour un vieux ! Je fais passer son bras au dessus de ma tête et me tourne pour le frapper avec mon pied dans son estomac d'une force qui ne m'appartenait pas, je ne sais d'ailleurs même pas comment je peux exercer ces gestes que je ne commandais pas. Le Nazis se recroqueville mais fini tout de même par se relever. Pourquoi je ne m'enfui pas ?! Pourquoi je ne peux pas ordonner à mon corps quoi que ce soit ?!? 

Il marche vers moi, le bras tendu en grognant mais d'une rapidité incompréhensible je m'empare de sa nuque et fais basculer son corps en avant. Cette force dont je fais preuve me déstabilise.

Je prends un moment pour réaliser la prise que je venais de faire, l'homme n'a pas l'air étonné puisqu'il me regarde avec... Avec haine et fierté. Je retourne soudain son corps avec rapidité qu'il se retrouve aplatit sur le dos, puis sans réfléchir, sans même y penser, ma main percute sa cage thoracique, si fort que je la perce au plus profond. Je sens même un os me griffer la main et ses entrailles me la réchauffer. Intérieurement j'ai envie de vomir mais à l'extérieur je sourcille à peine. L'homme change son visage en une expression d'horreur figée tandis que sous ma main, quelque chose bat... Non... Son cœur ?! J'ai son cœur entre mes mains ?? D'un coup je retire celle-ci avec l'organe dans ma paume. Mon visage se crispe et fixe le grand trou béant dans la poitrine de ma victime raide mort, le visage figé, la bouche et les yeux grand ouverts. Puis mes yeux se posent sur ma main ensanglantée et sur le muscle qui ne bat plus.

En réalisant ce que je viens de faire, tout mon sang fait un triple grand huit en parcourant mon corps à grande vitesse. Le cœur tombe de ma main pour rebondir sur le sol, ma respiration s'accélère et je me met à crier si fort que le bruit raisonne dans ma tête, la chair de poule m'enveloppe. Je viens d'arracher le cœur d'un homme, moi ! Moi qui n'aime faire du mal à personne ! Je continue de crier, de pleurer, tellement que j'avais l'impression de mourir car je n'avais plus de souffle. J'en avais mal au ventre. 

Je me réveille d'un coup, couverte de sueur, en aspirant tout l'aire que je pouvais et en continuant de pleurer.

Je me lève et vais dans la salle de bain pour me passer de l'eau sur la figure. Mon jogging en velours bleu marine est bon à être lavé car je sent la sueur et le renfermer. Il faut absolument que je prenne une douche. Je me déshabille en vitesse et une fois entrer j'ouvre l'eau froide qui me réveille d'un coup tout en me soulageant. Comme cela fait du bien...

Je venais de faire un cauchemars encore pire que ce que j'ai pour habitude de faire. Et rien que le fait d'y penser me fait froid dans le dos. Qu'est-ce que cela signifie ? Que je suis devenue une tueuse ? Même les tueurs en série les plus horribles ne peuvent faire ce que j'ai fais !! Je refuse de croire que je suis devenue ce genre de personne. Après tout c'est un rêve, un affreux cauchemars...

Je sors de la salle de bain une serviette autour de moi et commence à me préparer pour descendre. Il est presque huit heures. J'ai dormis longtemps ou le temps passe plus vite qu'avant ? 

Je prends des vêtements au hasard, tee-shirt noir et short en Jean puis m'habille vite avant de retourner dans la salle de bain pour arranger mes cheveux décoiffer et ma tête d'endormie.

Cela fait depuis hier matin que je ne me suis pas vu devant un miroir et c'est la première fois que je regarde cette personne qui a l'air différente.

Je ne me reconnais qu'à moitié lorsque je passe en revue toutes les parties de mon visage en me brossant les cheveux. Je ne sais pas si c'est la lumière de la salle de bains ou si c'est bien leur nouvelle nature, mais ils ont l'air plus foncés avec des mèches plus claire sur les longueurs. Plus je passe ma main et ma brosse, plus ils prennent une forme lisse et deviennent doux et soyeux au touché. Ils sont resté épais mais léger et tellement agréable que j'ai l'impression d'assister à une pub pour shampoing. J'en reste bouge bée tant ils sont étrangement chauds ! Comme si je venais juste de passer le fer à lisser.

Je passe ensuite à mon visage : mes yeux... Là, je me dis qu'il y a quelque chose de vraiment bizarre. J'ai pourtant des yeux noisettes, mais maintenant il me semble avoir plusieurs teintes. Je me rapproche du miroir en les ouvrant plus. C'est un mélange d'orange, de rouge, de petit trait marron et enfin des taches dorées avec la pupille qui est d'un noir profond. De loin mes nouveaux yeux brillent et ressortent plus avec ma peau légèrement bronzée. J'ai toujours la même forme de visage mais je n'ai plus autant de défaut facial qu'avant, ou alors je ne les voit plus, je n'y fais plus autant attention.

Je passe mes mains sur mes joues, massant légèrement mes pommettes ; je souris. J'ai la peau douce ! Mon nez est toujours le même mais ne me dérange plus autant. Il me paraît même normal. Je m'éloigne du miroir et recule de deux petits pas. J'ai toujours la même silhouette, j'ai de belle forme au niveau des hanche mais j'ai dû gagner en muscle car je les sens se gonfler chaque fois que je lève une jambe ou un bras. 

En revanche, en repoussant mes cheveux vers l'arrière, je suis surprise de voir que ma poitrine a très légèrement augmenter. Pourquoi ??! Je fais la grimace puis descends légèrement mon tee-shirt en constatant qu'en effet, ils ont doublés de volume. Je comprends maintenant pourquoi mon soutient gorge me gêne ! A part ça, c'est la première fois de ma vie que je me sens aussi bien dans ma peau.

Je tente de desserrer mon soutien-gorge, ce qui me soulage juste un peu. Il faut que je mette un gilet, autrement ça va déborder, me dis-je en pouffant de rire toute seule.

Je prends un gilet noir et mes converses puis sort enfin de la chambre en fermant la porte derrière moi.

En marchant dans le couloirs je trouve quelques personnes qui partent eux aussi de leur chambre. Une fille blonde au cheveux mi- long et au teint rose sort de sa chambre en retenant la porte avant de me regarder discrètement. Je peux voir ses yeux verts émeraude qui ressortent bien, je peux même voir des taches marron.

- Bonjours, salué-je poliment, mais timidement.

- Bonjours, me répond Blondie en me fixant des yeux, puis en me regardant de haut en bas.

En arrivant vers l'escalier qui mène à une bibliothèque gigantesque que j'ai bien l'intention de visiter plus tard, j'entends un petit chuchotement. Ça commence bien ! Voilà que je me fais déjà remarquer alors que je ne suis même pas encore dans la salle à manger !

Je lève les yeux au ciel et continue de marcher d'un pas plus rapide en direction du hall. En voyant qu'un petit groupe d'étudiant patienter en bas, je baisse la tête et descends les marches à toute vitesse jusqu'au couloir qui mène à la porte battante.

La grande salle est très bien éclairée puisqu'elle possède une énorme baie vitrée qui fait presque tout le mur d'en face avec la vu sur la grande cour et ses jardins japonais de l'autre côté du manoir. La hauteur sous plafond était plutôt grande et les couleur généralement blanche. Au milieu de la salle mes yeux s'arrête sur le sol où se trouve un circuit qui ondule et traverse le carrelage. Curieuse je me rapproche et constate que c'est en fait un petit ruisseau avec des petit rocher mousseux dans le quel se trouve des poissons rouge. Je suis ce ruisseau qui semble se diriger vers une ouverture en bas de la baie vitrée et qui continue sa route dehors jusqu'au jardin japonais. 

Ma bouche a du mal à se fermer tant la décoration naturel est original et inattendu. J'enjambe le ruisseau et me dirige vers le self pour prendre un plateau, des couverts, un vers de jus d'orange, un chocolat chaud avec du pain et de la confiture puis m'installe dans un coin tranquille, sur une table de six à côté de la baie, pas loin d'un des bacs à plantes.

Il y a déjà du monde. Des gens arrivent d'une porte au fond de la salle,  d'autre par celle où je suis arrivée. Je reconnais la blonde que j'ai croisé dans le couloir, elle est accompagnée d'une autre fille.

Ne voulant pas me faire remarquer, je tourne la tête sur mon plateau et commence à étaler les tartines de beurre.

Un brouhaha résonne dans la salle, des rires, des gens qui parlent entre eux. Je ne sais pas depuis combien de temps ils sont là mais ils avaient l'air de tous bien s'entendre. 

A trois table de la mienne se trouve cinq garçons. Je les regarde par curiosité quand j'en remarque un en particulier. J'ai l'impression de l'avoir déjà vu quelque part. Possible ? Mais où ? Un brun avec des cheveux court en bataille, des mèches qui couvrent légèrement ses yeux que je ne vois pas bien d'ici. Il a l'air d'avoir un regard perçant, des lèvres pleines. Il riait, son sourire communicatif et étrangement beau fait ressortir ses pommettes. J'entends son rire d'ici malgré le bruit, grâce à mes oreilles ultra-sensible. Il a ce côté ténébreux que j'apprécie beaucoup chez les garçons avec quelque chose qui m'attire bizarrement vers lui, que je ne saurais expliquer.

Oui, j'ai l'impression de l'avoir déjà vu. Je continue de le dévisager, cherchant au fond de ma mémoire. Seulement, je ne me rends pas compte qu'il a remarqué mon regard insistant. Son sourire s'efface petit à petit et il fronce les sourcils. Je détourne d'un coup mon regard, gêné, plus que gêner... Mes joues commencent à chauffer.

Je me remet à tartiner mon pain de confiture de framboise à la hâte quand je sens quelqu'un s'approcher de moi. Quelque chose me pique l'estomac, c'est peut-être lui qui vient me demander pourquoi est-ce que je le fixe comme ça, comme une idiote. Non ! Pitié, je suis désolée !

- Euh... Salut !

Une voix féminine. Je me retourne et lève lentement les yeux croyant que c'était la blonde de tout à l'heure, mais s'en est une autre, brune, la peau blanche et les yeux vert gris.

Elle se tient en face de moi avec son plateau dans les mains. Je suis tout de suite soulagée.

- Salut ! 

Elle a d'abord un sourire puis celui-ci s'efface lorsque son regard croise le miens.

- Je... Je t'ai vue toute seule alors... Comme je ne connais personne d'autre ici dans la salle, je voulais savoir si je pouvais venir à cette table... ?

Je me redresse en lui souriant et en l'invitant à venir s'asseoir en face.

- Merci ! C'est gentil à toi.

Elle s'est mise juste à l'endroit où j'ai vu sur le garçon mystérieux mais cela ne me dérange pas, au contraire, ça m'empêchera de le regarder et d'avoir honte parce qu'il m'a chopé en flagrant délit. Elle continue de me fixer dans les yeux quand je lui pose une question :

- Alors ? Comment tu t'appelles ? 

Elle semble ne pas capter tout de suite.

- Excuse moi ! Je m'appelle Kristy Williams. Et toi ? 

- Je m'appelle Aileen Cre... Euh... Campbell.

Kristy ne parle pas, ne répond pas et reste focalisée sur mes yeux. Je prends alors la parole :

- Tu as quel âge ?

Trouvant cette question puérile, je ferme les yeux ce qui semble aider Kristy à s'en détacher. Elle répond aussi tôt.

- Oh ! Euh... J'ai dix-neuf ans. Excuse-moi, mais je trouve que tes yeux sont... intriguant ! Je n'ai jamais vu cette couleur avant !

- Et bien si ça peut te rassurer, moi non plus...

Elle rit et poursuit :

- Tu viens de recevoir tes pouvoirs n'est-ce pas ? Explique ! Comment ça s'est passé ?

- Oh trois fois rien, une boule de feu m'est tombée dessus hier quand je suis parti en forêt avec des amis et depuis il m'arrive un tas de choses bizarres...

Elle glousse suite à mon ton ironique, je souris puis elle continue :

- Le changement c'est normal on a tous eu un changement physique après qu'on ait reçu nos pouvoirs. La brillance et les couleurs des yeux peuvent définir si ton pouvoir est un niveau supérieur ou pas. Tiens, par exemple, Moira MacDonaill, une des familles les plus célèbres d'Irlande, elle descend d'un clan de guerrier, quelques uns de ces ancêtre était aussi des Vikings. Et sa famille est assez importante. 

- Celle qui a les yeux verts ?

- Tu l'as déjà vu ?

- Oui. Ce matin même. Quel pouvoir a-t-elle ?

- Celui de la terre, à ce qu'on m'a dit. Ça explique peut-être ses yeux verts...

- Cliché ! 

- Mais ils ne brillent pas autant que les tient, ça m'intrigue encore plus !

Je croque dans ma tartine après avoir entendue mon ventre crier famine. Kristy boit son bol de chocolat chaud avant de me poser une autre question :

- Et toi ? C'est quoi le tiens ? 

- Je ne saurais pas te le dire précisément. Je sais que ça a un rapport avec le Phénix, c'est tout. Ils ont dit qu'ils allaient voir avec le CF...

- CSM ! Ne t'en fais pas, c'est déjà arriver. Tu saurais me décrire tes « symptômes » ?

- En fait, j'ai un peu de mal à sentir mes émotions et plus de facilités à capter ceux des autres. Et puis j'ai aussi mes sens sur-développés, je crois que je peux communiquer par la pensée.

- Tout ce qui est en rapport avec les sens c'est normal. Tout les surnaturel ont les sens développés. Le fait de communiquer par la pensée en revanche son du domaine des télépathes.

- Je ne suis pas sûr pour celui-ci, en fait. C'est mon arrière-grand-père qui m'est apparût en rêve sous la forme d'un Phénix et j'arrivais à l'entendre dans ma tête.

Je m'apprête à changer de sujet pour en savoir un peu plus sur Kristy quand une autre fille aux cheveux châtains claires et yeux brun en amande débarque à côté d'elle.

- Salut ! Cela ne vous dérange pas si je m'assois avec vous ? 

- Non, bien sûr ! Installe-toi. Vous vous connaissez ? 

- Oui, depuis hier soir !

- Je m'appelle Nina, enchantée ! 

- De même. Je suis Aileen. Vous êtes colocataires alors ?

- Oui. D'ailleurs ta chambre est à côté de la notre !

Ne comprenant pas, Nina me montre mon petit porte-clefs et le siens, sur lesquels étaient écrit le numéro de chambre.

- Ah ! Tant mieux alors. Je n'ai toujours pas de colocataire ça me fera de la compagnie.

Je fixe ma tartine pleine de confiture que je n'avais pas finie de manger puis en reprends un bout. 

- Si tu t'ennuies, tu peux venir nous voir. 

J'accepte volontiers en secouant la tête puis me lève de la chaise avec mon verre de Jus d'orange vide. Je m'en vais vers le distributeur et appuie sur le bouton pour lancer la machine. Pendant que le jus coule j'en profite pour regarder, et cette fois-ci discrètement, la table des cinq garçons. Mon estomac reçoit un électrochoc quand je n'en vois que quatre. C'est en fouillant la salle pleine d'adolescent et de bruit qu'une voix grave me fait sursauter.

- Tu devrais surveiller ton verre.

Je me retourne d'un coup vers le distributeur sans prendre la peine de regarder mon interlocuteur. Mon verre déborde de jus d'orange qui éclabousse autour. Paniquée je coupe la machine, prends délicatement mon verre et aspire ce qu'il y a en trop. En me retournant, une honte à m'en faire devenir rouge comme mes cheveux m'envahit. Le garçon de la table des cinq se tient devant moi, un plateau dans la main qu'il s'apprête à ranger sur le cadi, portant un tee-shirt noir moulant un corps bien battis.

Il fait une tête de plus que moi et me regarde sans vraiment sourire. Ses yeux sont voilés par ses mèches, mais je peux clairement apercevoir leurs couleurs et aussi surprenant que ce soit, ses yeux brillaient autant que les miens. Il les a gris avec un mélange de bleu ciel et des taches blanches. On dirait mon opposé. Et encore plus étrange, je suis maintenant sûre de l'avoir déjà vu, mais je ne sais toujours pas où. On aurait dit qu'il me fixait comme pour essayer de lire quelque chose en moi. Et même à trente centimètres de moi, je peux sentir son odeur. Une odeur douce et chaude qui sent merveilleusement bon. Il serre sa mâchoire et plonge ses yeux dans les miens, je m'empresse de les détourner. Je n'arrive jamais à regarder quelqu'un dans les yeux très longtemps.

- Tu regardais qui tout à l'heure ? 

Surprise de sa question déstabilisante je réplique :

- C'est comme ça que tu te présente d'habitude ?

Mon ton cassant lui fait détendre ses traits, j'ajoute :

- Ca te dérange qu'une fille te regarde ? 

- Je n'ai pas dit ça. Mais... 

Il semble moins sur la défensive et plus curieux. Ou alors quelque chose le dérange puisqu'il scrute chacun de mes traits. Il dépose son plateau avant d'ajouter :

- J'ai l'impression de te connaître c'est frustrant. 

Encore plus étrange. Il ressent la même chose que moi. Son regard descend sur mon bras et ses yeux se plisse. Mes yeux font de même quand je vois son tatouage : Une planète, non. Plutôt la lune et la lettre "W" dessus. Je n'ai pas le temps de dire quoi que ce soit qu'il me prend soudainement le poignet. Une forte décharge me traverse le bras et le corps pour me couper le souffle. Mon verre glisse de mes mains avant de se briser sur le sol, étalant du liquide jaune sur le carrelage blanc.

Je me sens si faible que je ne tiens plus sur mes jambes et tombe sur les genoux. Ma vue se trouble mais quelqu'un, lui peut-être, me rattrape et me colle contre lui involontairement puisqu'il est lui aussi tombé. Son odeur me brouille l'esprit en plus de mon malaise. Je n'entends plus qu'un sifflement dans mes oreilles, comme quand la boule de feu m'a percuté. J'ai mal à la tête, au sinus, et je n'ai plus d'énergie pour me lever ou tenir ma tête sur les épaules. Lorsque je parviens enfin à voir des ombres, le visage du garçon se dessine sous mes yeux en plus d'une foule qui se ramène autour de nous. Je ne sens plus sa présence à côté, son odeur s'éloigne. Il a dû se relever mais je suis incapable d'en faire de même.

J'entends quelqu'un crier sans entendre le mot exact. Ce n'était que du bruit. Quelqu'un m'attrape les bras en tentant de me relever mais je titube. Ma vue redevient net et c'est là que je vois le garçon se remettre du malaise que nous avions eu. Nina, que j'arrive à mieux entendre et voir, me retient un bras et Kristy l'autre. Je reprends mon souffle et mon énergie revient. Nina se place devant moi en tenant mon visage entre ses mains.

- Aileen tu vas bien ? Tu es toute brûlante !

Je veux répondre mais tout ce qui sort de ma bouche n'est qu'un gémissement. Devant moi, le garçon me fixe, d'autre se tiennent derrière lui, dont ceux qui étaient avec lui à sa table. Il s'apprête à avancer vers moi mais les filles se mettent entre nous.

- Qu'est-ce qu'il ne va pas chez toi ? 

Il recule lorsqu'un de ses compagnons de table se place à côté de lui.

- Derick ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

Il ne répond pas et tourne les talons suivit de son ami qui jette un coup d'œil curieux sur nous avant de sortir en courant.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? 

Tout ce que je peux faire c'est répondre en secouant la tête. Je n'ai aucune idée de ce qu'il vient de se passer.

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