36. Ça ira
Melek Ozkan
Je ne vais pas bien. Je ne vais pas bien et c'est une putain de réalité effrayante.
Je pensais que passer du temps avec Moh avait doucement commencé à cicatriser mes blessures, à boucher ce trou béant que je ressentais au quotidien dans mon coeur. Mais ce message, ça a tout changé.
Je me sens minable.
Je me sens vidée.
Et j'arrive plus à sortir ces quelques mots, provenant de mon père, de mon esprit. J'ai l'impression qu'ils sont inscrits au fer rouge sur ma peau, un sale truc indélébile qui me parasite l'esprit.
Je n'arrive pas à ne plus y penser.
Ils ont fait resurgir beaucoup trop de fêlures que j'ai feint pendant des mois ne pas ressentir.
C'est bête, mais vous voyez, cette vieille expression qui dit que le ciel vous tombe sur la tête? Bah putain c'est tout ce que je ressens.
Mina, Eric, les vidéos, mon père. Ça fait trop.
Beaucoup trop.
- Ozkan?
C'est pas Moh, je reconnaîtrais sa voix entre 1000, alors je fais un effort et grogne un truc qui ressemble vaguement à une réponse.
Depuis que je squatte chez Moh, j'ai vite capté que les gars entrent ici comme dans un moulin. Ça m'a pas dérangé plus que ça étant donné que j'ai passé les derniers jours dans le lit à fixer le plafond trop coloré du rappeur, sans jamais donner signe de vie.
La porte grince et la lumière s'infiltre peu à peu dans la pièce. Par réflexe je ferme les yeux.
Je suis pas prête à faire face à autre chose que l'obscurité ambiante dans laquelle je flotte.
- T'as vraiment une sale gueule au réveil putain.
Hakim.
Hakim Akrour dans toute sa putain de délicatesse.
Il m'adresse un regard à la limite du dégoût avant de traverser la chambre pour en ouvrir d'un coup sec les volets. Je referme une nouvelle fois les yeux avant de tirer la couverture sur mon visage.
Mais la couverture m'échappe des mains, et le regard dur du rappeur me fusille.
- Qu'est ce que tu fous là Hakim? je grogne en cherchant à reprendre mon bien.
D'un geste il l'envoie valser derrière lui. Il se tourne vers l'armoire de Moh que j'ai plus ou moins envahit, en sort un jogging et un sweat qu'il me balance à la gueule et sort de la chambre.
- On part dans 5 minutes, t'as pas intérêt à me faire attendre.
Les quatre premières minutes je les passe à regarder le plafond.
J'ai aucune envie de sortir, encore moins avec Hakim. Je sais pas ce qu'il mijote mais putain je suis pas d'humeur a suivre ces conneries.
Je suis d'humeur à rien de toute façon.
Les trente secondes suivantes, je pense à Moh et à ce que je lui inflige. À toute la merde que j'ai laissé entrer dans sa vie en le rencontrant sur ce pont.
À tout ce dont il s'est privé et ce qu'il a mit de côté pour m'entourer.
Et au même pas dixième que je lui rend depuis le raz de marée provoqué par Éric et mon père.
Et c'est ça qui me pousse à me lever et rejoindre le rappeur dans le salon.
- T'aurai pu faire quelque chose à tes cheveux, il grogne.
Je lui lance un sale regard en essayant de discipliner mes cheveux.
- J'ai pas besoin d'une baby-sitter.
- Tant mieux j'suis pas là pour jouer à la nounou pour assisté.
Je déteste vraiment ce gars.
Il attrape les clés de sa voiture qu'il avait posé sur le meuble de la cuisine et se dirige vers la porte d'entrée, mais quand il se rend compte que je ne suis pas il s'arrête en soufflant.
- T'es vraiment une putain de chieuse Melek, il grogne.
- On va où?
- Faire un tour, il répond comme si la réponse coulait de source.
- J'suis pas d'humeur à jouer aux devinettes Hakim, je souffle.
- Tant mieux parce que moi non plus. Allez bouge toi ou j'te descend en te tirant par les veuch.
Je souffle longuement avant de le rejoindre en le bousculant au passage. Dans sa voiture, j'augmente le chauffage, il râle.
Je passe un long moment à ne fixer que le rétro extérieur.
J'ai tellement envie de pleurer.
Je me mordille la lèvre pour ne pas fondre en larme. C'est un peu devenu mon combat du quotidien, essayer de ne pas fondre en larme à chaque minute de la journée.
C'est une envie irrépressible, insatiable. Elle se pointe comme ça, à l'improviste, et me bouffe les entrailles jusqu'à ce que j'hurle de douleur.
Mais putain j'ai tellement pas envie de la laisser gagner.
- Commence pas à chialer.
J'inspire en tournant les yeux vers le conducteur. Je me demande si ce type est vraiment si insensible que ce qu'il essaie de faire croire à tout le monde.
Je pense connaître la réponse.
- Pourquoi t'es là? je demande.
Il hausse un sourcil.
- Pourquoi tu fais ça Hakim?
Il ne répond rien et enclenche son clignotant avant de faire le créneau parfait que je ne serai probablement jamais capable de reproduire.
Je sors de la voiture en faisant attention à hisser la capuche sur ma tête. Je fais quelques pas avant de lever les yeux vers l'enseigne éclairé trônant quelques mètres au dessus de nous.
- Non, je murmure, j'ai pas pu oublier ça.
Hakim ne prend même pas le temps de me répondre et fonce vers l'entrée. Je lui colle aux basques, et rapidement nous nous retrouvons dans cette si célèbre salle de concert.
L'Olympia.
La salle est totalement éclairée, elle grouille de technicien qui gère le son, la lumière et milles autres choses dont ils ont le secret.
Et Moh est sur la scène.
Il fait des tests micros, raconte au passage une ou deux blagues, propose son aide, et jette quelques coups d'œil à son téléphone.
Est ce que c'est de moi qu'il attend un signe de vie? Cette pensée me serre le cœur.
J'étais tellement concentrée sur ma tristesse et mon mal-être que je n'ai même pas su me rappeler de son concert, le premier d'une longue série. Celui dont il rêvait, sa consécration.
J'ai fait passer ma douleur avant tout, alors que c'est lui que j'aurai du mettre sur un piédestal.
- Je suis horrible, je murmure.
- T'es triste, répond juste Hakim à ma droite.
Je tourne la tête vers lui, il fixe son ami avec attention.
- Merci, je finis par murmurer.
Il hoche la tête avant de rejoindre son frère de coeur. Je préfère rester encore quelques instants au fond de la salle, a le regarder. Histoire de bien faire rentrer dans mon crâne que c'est lui ma priorité numéro une, et qu'il le sera toujours.
Le voir sur scène, dans son milieu, si à l'aise et heureux gonfle mon coeur de joie et de fierté. Peut être qu'au final, il n'y a que ça qui compte, l'instant présent.
Après presque une heure à l'observer depuis mon petit coin obscure, je décide de le rejoindre. Il est de dos, occupé à bidouiller je ne sais quoi.
- Salut, je murmure.
Il se retourne brusquement et un sourire fend son visage avant d'être lentement teinté d'une pointe d'inquiétude.
- Mel, il souffle.
Je lui répond d'un simple sourire.
- Tu vas bien?
J'hoche la tête et enroule mes bras autour de sa taille avant de poser ma tête contre son cœur. J'écoute un petit moment les battements rythmés de son cœur, silencieusement.
- Je suis désolée, j'aurai du me rappeler que c'était aujourd'hui.
Il passe une de ses mains dans mes cheveux et fait de long mouvements qui ont toujours eu ce don de m'apaiser.
- C'est rien, j't'en avais presque pas parlé.
Je lève le visage vers lui et plante mes yeux dans les siens.
- Dis plus jamais que ce qui te concerne c'est rien. C'est important pour toi, alors ça l'est pour moi.
Un léger sourire né sur ses lèvres.
Ce sourire sera probablement ma damnation. Ou peut être ma résurrection, qui sait.
- Je suis désolée pour ces derniers jours, j'ai pas fait attention à toi alors que tu te couperais en deux pour moi. Je veux...
- Chat, c'est rien, vraiment. Oublie.
- Non c'est pas rien. Tu donnes tout pour moi, et putain j'suis même pas capable de t'en rendre le quart. Ça me va pas. Je veux que tu saches que je t'aime au moins autant que ce que tu m'aimes, et que même si une météorite venait à s'éclater sur moi, ce qui serait carrément possible, tant que t'es avec moi ça ira. Je m'en sortirai toujours.
Son pouce, un peu rugueux, attrape une larme que je ne pensais même pas avoir lâché. Il plonge son regard dans le mien et pendant quelques instants bénies, toute la merde qui nous entoure disparaît.
Il n'y a plus que lui et moi.
Et c'est tout de dont j'ai besoin.
- Plus jamais je perdrai mon cap.
- Tu l'as jamais perdu, il murmure.
Ses lèvres se posent doucement contre les miennes, me faisant réaliser à quel point j'étais en apnée depuis plusieurs jours.
Mohamed Khemissa.
Il sera toujours la réponse à tout mes maux.
Je me ressource contre lui pendant plusieurs secondes jusqu'à ce que le peu de courage que j'ai amassé me permette de reprendre la parole.
- On a le temps d'aller faire un tour? je souffle.
•
Hellooo, oui je suis toujours vivante, et absolument désolée pour ces semaines d'absences.
J'espère que tout roule pour vous, mais putain ce que moi ça va pas ces derniers temps. J'ai un peu envie de parler ce soir, je crois qu'avoir écrit ce chapitre m'a fait du bien. Je suis totalement submergée en ce moment, je me noie sous le stress, l'anxiété, de pleins de trucs, et dans ces instants, ça me paralyse. Je pense que ça explique un peu mon absence ici. C'est con mais j'ai tellement peur de milliers de choses que ça me bloque, je stresse tellement par rapport à la fac que je me suis totalement renfermée sur moi, au point d'en faire des crises d'anxiété. Du coup j'ai décidé de lever le pied un peu sur les études et de me laisser plus de temps pour vivre, et ça passe aussi par Wattpad. Alors j'espère que c'est le début d'un retour de post récurrent.
J'espère que vous comprendrez mon absence et que vous ne m'en tiendrez pas rigueur.
Bonne fin de soirée et bonne semaine ❤️
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