33. Mal a l'âme

chapitre écrit en direct de New-York, j'ai eu trop de mal à me dégager un peu de temps pour écrire, mais j'avais tellement envie de poster. J'espère que vous ne serez pas trop déçue, il est pas exceptionnel, mais j'ai déjà été absente trop longtemps.
pleins de bisous et prenez soin de vous ❤️

Melek Ozkan

On a passé la journée à attendre, attendre que ces foutus rapaces se décident à partir du pas de ma porte. Ça prend tellement de temps que je me sens mal d'impliquer les autres dans cette galère, pourtant ils sont tous cool, et m'ont assuré que ce n'était pas grave, mais putain cette situation ferait vriller n'importe qui.

- Ils bougeront jamais, grogne Victoria en jetant de nouveau un coup d'œil a l'extérieur.

- Il est quelle heure? demande Louna les jambes sur le dossier du canapé et la tête dans le vide.

- 18h.

J'en peux plus.

Je vais vriller et finir par balancer une casserole à travers la fenêtre.

- Ça suffit, je grogne en me relevant. Je vais sortir, ils n'auront aucun intérêt à rester si je ne suis pas là.

- C'est mort, tu sors pas toute seule.

Moh me mitraille du regard, mais je ne changerai pas d'avis, j'en peux plus, je me sens oppressée, et je sais pertinemment que si je reste encore là quelques minutes je vais finir par vriller.

- T'as rien à dire sur ça, je vais le faire. Après ça vous pourrez sortir, fin de l'histoire.

Les autres se regardent entre eux, ils ont l'air d'hésiter.

Mais Moh, lui, je vois clairement qu'il est à deux doigts de criser. Il n'arrête pas de se faire craquer les doigts et de jeter des coups d'œil à la fenêtre. Ça me fait un peu mal au coeur de le voir aussi tendu.

- On va sortir avec elle, finit par lancer Victoria. On monte dans un taxi et on file chez Moh.

- Bébé, grogne Idriss.

La rouquine se retourne vers lui et il se tait immédiatement.

- Va falloir que vous arrêtiez de jouer les darons cinq minutes, on parle pas de faire un casse mais simplement de traverser cette rue pour prendre un Uber.

- Ouais mais y'a des gens partout et tu sais pas ce qu'ils...

- C'est non négociable, on va le faire, on peut pas rester ici indéfiniment. En plus on doit manger chez ta grand mère, et elle va t'éclater si tu lui fais faux bond.

Les quatre garçons se concertant du regard alors que je remercie silencieusement Victoria pour son intervention.

- Va faire tes affaires, je vais appeler un taxi, elle ajoute.

J'acquiesce et quitte immédiatement mon salon. Il faut se rendre à l'évidence, je vais devoir quitter cet endroit, définitivement. Avec mon adresse rendu public cela va devenir invivable. Ça me rend un peu triste, je me sens bien ici.

Ça a été mon petit cocon pendant des années.

Et c'est un nouveau truc qu'on vient de m'arracher avec ma tranquillité.

Je balance sans vraiment faire attention des vêtements dans l'un de mes sacs de voyage, y entasse quelques produits de beauté et paires de chaussures.

Je suis vraiment entrain de fuir mon chez moi?

Ma vie vient de littéralement s'effondrer en l'espace d'un mois, et je n'arrive pas vraiment à savoir ce que je ressens.

De la haine peut être.

De la tristesse, je pense.

Probablement du dégoût aussi.

Pendant plusieurs secondes je laisse mon regard se perdre dans le vide, je me sens tellement mal. Je crois que j'ai mal à l'âme. C'est un peu comme si j'étais submergée sous le roulement d'une vague interminable.

Et putain j'arrive à court d'air.

C'est un bruit de porte qui me sort de mes pensées, et au passage me fait sursauter.

- J'aime pas du tout ça chat.

Moh s'installe sur le rebord de mon lit, les mains sur les genoux et le regard rivé sur mon sac.

- Tu devrais pas partir toute seule, je devrai venir avec toi au moins.

- On peut pas, tu le sais, je répond en fermant mon sac de voyage.

- Pourquoi? J'm'en fous que les gens me voient avec toi, au contraire, ils capteront qu'ils emmerdent la mauvaise personne.

Un sourire triste fend mon visage alors que je me relève pour attraper sa main et m'asseoir sur ses genoux. Une de ses mains vient se poser sur ma hanche alors que la seconde reste au creux de la mienne.

- Tu crois que ça va aller? je demande. Tu crois que je vais réussir à passer à travers tout ça? Je... J'ai l'impression de me noyer Moh, je...

- Hey, calme toi, il murmure en emprisonnant mon menton entre ses doigts.

Doucement il rapproche nos deux visages, et son souffle contre moi m'apaise presque instantanément. C'est peut être ça la réponse à tout mes maux. C'est peut être lui.

- Il se passera quoi après? je souffle.

Les longues caresses qu'il effectue sur le bas de mon dos me donneraient presque envie de somnoler.

- On fera ce que tu voudras.

Ce que je veux?

C'est une décision à laquelle je n'ai jamais eu mon mot à dire. C'est effrayant.

- Et toi? je murmure.

- Je serai là.

- Je crois que j'ai besoin d'un nouveau départ.

Il hoche la tête, et ses lèvres rencontrent enfin les miennes m'offrant le réconfort dont je crevais d'envie.

*

Traverser la foule en bas de chez moi s'est avéré une épreuve bien plus compliqué que prévu. Louna a même perdu sa casquette dans la bataille, mais on a réussi à accéder à la voiture.

Quand j'arrive à l'appartement de Moh, je retrouve Garfield qui a bien grandi. Les filles me font promettre de les appeler si jamais j'ai un problème et me quittent à leur tour.

Et c'est quand je me retrouve seule dans cet appartement qui n'est pas le mien que je me rend compte que je ne peux plus être ici.

J'étouffe.

Paris m'étouffe.

Rien que l'idée de rester ici, continuer cette routine, fuir les gens, avoir peur de me retrouver face à mes erreurs passés me donne envie de gerber.

J'ai peur.

J'ai peur de toutes les conneries qu'Eric pourrait sortir pour me faire couler, j'ai peur de ce qu'il va se passer, mais par dessus tout, j'ai peur que Moh en souffre.

Je crois qu'en faite ma plus grande crainte est de le faire souffrir.

Et parallèlement il est sûrement la seule chose qui me retienne ici.

- Mel.

Je relève rapidement la tête, et vois Moh soupirer avant de me foncer dessus et me prendre dans ses bras. Il respire longuement, la tête contre mon cou en resserrant son étreinte.

Voilà. J'veux pas qu'il vive comme ça, j'veux pas qu'il vive en permanence avec la peur au ventre pour moi.

- Ça va, je murmure.

Sa main glisse sur ma joue et ses yeux se posent contre les miens.

- On devrait partir. Prendre un avion pour j'sais pas où, un endroit perdu et plus jamais rentrer.

Un petit rictus me fend le visage et me secoue les épaules.

- Ta solution c'est de disparaître?

- Ouais, qu'ils aillent tous se faire foutre.

Le pire c'est qu'il le pense réellement, je le vois dans ses yeux. Si je lui demandais il lâcherait tout. Vraiment tout.

- On peut pas faire ça, je souffle en glissant ma main sous son sweat pour doucement caresser ses abdos.

- Si on peut chat. On prend des billets pour n'importe où dans le monde et on s'barre, que toi et moi.

Il est tellement sérieux que je ne sais pas si ça me touche qu'il soit prêt à tout lâcher pour moi ou si ça me brise le cœur.

- T'as les gars, le rap... Même ta famille, Moh, tu peux pas. Tu te vois partir à l'autre bout du monde sans tes frères?

Il ne réfléchit même pas une seconde avant de me répondre.

- Y'a qu'toi Mel, si c'est le prix pour que t'ailles bien alors ouais, j'me barre sans aucun regret.

J'ai cette sale sensation de voir mon cœur se gonfler mais aussi se briser en même temps. Il m'aime. Il m'aime tellement qu'il serait prêt à tout lâcher. Et moi je l'aime trop pour le laisser faire.

- Non, c'est pas une solution.

- Mel.

Sa voix est tellement suppliante. Il pense vraiment que c'est la réponse à tout nos problèmes.

Je secoue négativement la tête en reculant, mais ses deux mains se plaquent contre mes hanches pour me rapprocher de lui et me maintenir contre son torse.

- Mel, réfléchis-y.

Dans d'autres conditions, cette proposition aurait été tentante. Mais pas dans un monde où la personne que j'aime le plus au monde est prête à sacrifier une vie de travail et d'effort.

Et puis maintenant que j'ai réellement vu qui était ses amis, je sais que je ne peux pas les séparer. Ça serait pire que briser une famille, et putain j'ai pas le coeur à ça.

Le regard insistant de Moh et les petites pressions de ses mains contre mes hanches me rappellent à l'ordre.

- Mel putain j'te jure qu'on peut faire ça, c'est le meilleur truc à faire même, on s'barre, point final. J'm'en fous du rap, si c'est la solution pour que toi tu sois bien alors j'le lâche sans aucun regret. T'es pas bien ici, et j'ai pas envie de te voir crever à petit feu parce que j'ai pas eu les couilles de te suivre autre part. Putain ça peut pas devenir ta routine d'être harcelée par les médias comme ça, et on sait pas quelle connerie ce fils de pute est prêt à balancer pour buzzer. J'le laisserai pas te briser comme ça, c'est hors de question. J'm'en fous de Paris, j'en ai rien à foutre d'ici, on peut partir n'importe où, ça peut être ton nouveau départ chat, on peut...

J'ai tellement mal au cœur, ses mots s'insinuent si profondément dans ma chaire, que l'embrasser devient le seul moyen qu'il me reste pour ne pas m'écrouler. Ses mots me font autant de bien que de mal, et j'ai l'impression que tout mon être s'enflamme.

Tout devient trop, trop de sentiments, trop d'émotions, trop de violences, trop d'amour.

Je presse si fort ses lèvres contre les miennes, comme si ma vie en dépendait. J'ai tellement mal au coeur. J'ai même mal à l'âme, et putain voir qu'il est prêt à tout pour que je me sente mieux me crève un peu plus le cœur.

Personne n'a jamais été prêt à autant pour moi.

Je crois que jusqu'à cet instant, je n'ai jamais réellement su ce qu'était l'amour.

Mais putain l'amour c'est Moh.

- Pleure pas, il grogne en balayant mes joues d'un coup de pouce.

Je reprend une inspiration avant de plaquer une nouvelle fois mes lèvres contre les siennes. J'ai besoin de le sentir contre moi, plus que jamais.

Quand il me sent relever l'ourlet de son sweat-shirt, il s'arrête quelques secondes pour me fixer.

- T'es sure?

Aussi étrange que cela paraître, et malgré les huit derniers mois, nous ne sommes jamais allés plus loin que des baisers. On savait pas vraiment où on en était, et je pense qu'inconsciemment on ne voulait pas que ce qu'il se passe entre nous se résume à une histoire de sexe.

Mais maintenaient je le sais, j'en suis sure, j'en ai besoin.

C'est Moh, point final.

Y'en aura pas d'autre.

Je suis sure de peu de choses, mon avenir est totalement flou, mais Moh en fera parti. Alors j'attire a nouveau ses lèvres contre les miennes, un peu plus violemment.

Il est tout ce dont j'ai envie.

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