Chapitre 4

Institut-Infirmerie

-Donc, tu es une gardienne ? Demanda Rafael à Kaylie.

Celle-ci, appuyée contre le mur, les bras croisés, tourna son regard vers lui.

- Oui !

- C'est sympa de me l'avoir dit !

- J'aurais pu, si tu étais capable de t'intéresser à autre chose qu'à ta petite personne !

- Wow, c'est l'amour fou on dirait ! Leur fit remarquer Max.

- Plutôt crever ! Firent en cœur son frère et la jeune fille.

- Ouais... Heu, Raf, je peux te parler, s'il te plaît ? En privé... Demanda Max à son frère, en jetant un bref coup d'œil à Kaylie.

- Vous avez des choses à cacher ? Leur demanda-t-elle.

- Tous les sujets ne peuvent pas être écoutés par les oreilles d'une fille, tu sais... Enfin, à supposer qu'on puisse te considérer comme tel ! Lui lança Rafael, avec un sourire en coin, avant de suivre son petit frère à l'extérieur de la pièce.

Une fois qu'il fut certain que personne ne puisse les entendre, Max se tourna vers lui.

- On ne peut plus leur cacher... Il faut leur dire que la pierre qu'ils ont récupérée n'est qu'une copie !

- Ils finiront bien par s'en apercevoir d'eux-mêmes!

- Non, c'est trop risqué ! Fais-ce que tu veux, mais moi je leur dis !

- Bon, ok ! Mais je te laisse leur annoncer, parce qu'on va se faire pourrir !

- Plus que ça même...Au fait, il s'est passé quoi avec cette fille ? Je croyais que vous étiez sorti ensemble ?

- C'est bien ça le problème !

Institut

Tout le monde était figé devant les écrans et la photo affichée devant eux. Quinze ans après la guerre mortelle, alors qu'ils pensaient que tout ça était derrière eux, le passé les rattrapait.

- Méliorn... Ce type avait mérité la flèche que tu lui as décrochée ! Lança Jace à Alec.

- Crois-moi, ses frères subiront le même sort pour avoir osé toucher à mes fils !

- Alexander, calme-toi ... Lui fit Magnus. Le peuple féerique est à cran... Je l'avais dit que les mesures prises contre eux nous retomberaient dessus un jour à l'autre... Personne n'a voulu m'écouter !

- Attends, il n'y a que ça qui t'inquiète toi ? Rafael et Max auraient pu se faire tuer !

- Oui, et pour cela Argawaen et Aegnor viennent de signer leurs arrêts de mort ! Mais tu as entendus les garçons comme moi, ils recherchaient la pierre ! Tu ne te demandes pas pourquoi ?

- Il n'y a pas que ça... Leur reine est moins insupportable que d'habitude... C'est louche ! Leur fit Jace.

- Ils préparent quelque chose... Conclut Alec.

- Oui, j'en ai bien peur....

Max arriva alors vers eux, se mordant intérieurement la lèvre inférieure. Ses parents le connaissaient par cœur : quand leur fils faisait cette tête, c'est qu'il avait quelque chose à leur annoncer qui n'allait pas leur plaire.

- Papa, dad... Heu, il y a un truc que.. que je voudrais vous dire...

- On t'écoute ! Lui fit Alec.

- Ben, heu... Tu sais la pierre que... qu'on avait cachée dans le jardin de l'Institut ?

- Hum...

- Ben, c'était une fausse...

- Quoi ?!

Alec se tourna vers son amant, qui regardait son fils, furieux.

- Dis à ton frère de venir ici tout de suite... On rentre et on va avoir une discussion tous les quatre !

Max baissa la tête, penaud, et partit chercher son frère.

- Tu... Comment ça ce fait que tu ne t'en aies pas aperçu?! Demanda Alec à Magnus.

- Hey, ne t'en prend pas à moi si tes fils sont des menteurs professionnels !

- Mes fils ? C'est les tiens aussi je te signale ! Surtout que leur capacité à mentir, ce n'est certainement pas de moi qui la tienne !

- Heu je vais vous laisser ! Annonça Jace, mais les deux hommes l'ignorèrent et il s'éclipsa discrètement, un sourire aux lèvres.

- Je leur ai appris à mentir à l'Enclave, c'est différent ! Puis toi tu es trop cool avec eux, tu leur passes tout et ils en profitent !

- Tu te fous de moi là ? Qui c'est qui a autorisé cette Erika à dormir à la maison ? Moi j'avais dit non !

- Il serait allé la retrouver et je préférais le savoir à la maison ! D'ailleurs c'est bien toi qui me disais « laisse la venir, au moins ici on peut le surveiller ! », non ?

- Et depuis quand tu appliques toutes mes remarques à la règle ?!

- Depuis toujours mon ange !

Alec lui lança un regard noir mais ne répondit pas : Rafael et Max venaient de les rejoindre.

Plus tard- Appartement-Brooklyn

Magnus ramassa un bout de son vase préféré, qui gisait en mille morceaux, au sol. Il fit une grimace.

- Je vais les tuer!

- Ou tu peux aussi le réparer ! Lui lança Alec.

- Ce n'est pas la question ! Rétorqua le sorcier.

Il leva les mains, et deux minutes plus tard, l'appartement avait retrouvé son apparence habituelle, avec cependant quelques arrangements, comme à chaque fois que le grand sorcier de Brooklyn touchait à la décoration.

- Je te jure que quand on n'est parti, il n'y avait que le salon qui était défoncé ! Lui jura Rafael.

Les deux garçons étaient assis dans le canapé, face à Alec qui les fixait, ses yeux lançant des éclairs de colère.

- Rafael, surveille ton langage ! Lui fit Alec, puis, se tournant vers son amant : J'ai bien peur qu'il ait raison, il semblerait qu'ils aient fouillé l'appartement !

- Hum... J'ai demandé à Tessa de renforcer les protections autour de l'appartement... Ils ne sont pas prêts de revenir !

- C'est sûr qu'après la racler qu'ils se sont pris... Ricana Rafael.

Son petit frère lui lança un regard qui semblait lui dire : « Arrête de la ramener, tu ne vois pas qu'on va se faire tuer ?! ».

- Tu es fier de toi en plus ? Lui demanda Magnus. Si cette fille n'était pas arrivée, tu serais mort à l'heure qu'il est ! Si vous ne vous pensiez pas invincibles tous les deux, on n'en serait pas là !

- C'est pas de notre faute s'il y a des tarés qui veulent nous tuer à cause de vous !

- A cause de nous ? Répéta Alec. Tu peux développer ?!

- Non, ça va...

- Bien, je préfère ça ! Toi et ton frère êtes les seuls responsables ! Vous avez volé cette pierre, vous l'avez gardée et vous nous avez menti ! Maintenant, vous avez tous les deux de sérieux ennuis, et il serait temps que tu le réalises ! Ces gens-là n'hésiteront pas une seconde à vous tuer, ou pire ! Ils se fichent de savoir que vous n'êtes que des enfants !

- C'est pas juste ! On se fait engueuler alors qu'on a failli mourir ! S'offusqua Rafael.

- Ravi de voir que tu le reconnais... je commençais à croire que tu étais stupide ! Lui fit Magnus.

Rafael lui lança un regard furieux et se leva.

- Tu te rassieds immédiatement ! Lui ordonna Magnus. On n'a pas fini !

- Ça va, on va vous la rendre cette foutue pierre ! De toute façon je m'en fiche, je n'ai pas envie de vivre éternellement dans ce monde de tarés !

- Rafael, arrête ! Lui chuchota Max.

- Quoi ?! Tu prends leurs défenses ?

- Non, mais...

- Pff, de toute façon c'est toujours pareil dans cette famille ! C'est toujours notre faute à nous... à moi !

- Peut-être parce que tu fais plus de connerie que ton frère aussi !

Rafael leur lança un : « Je vous déteste! », avant de partir s'enfermer dans sa chambre. Magnus, exaspéré, se tourna vers son plus jeune fils.

- Toi, tu vas me chercher fissa la pierre, et je te déconseille de jouer à l'apprenti sorcier !

Max ne se le fit pas dire deux fois. Cinq minutes plus tard, il remettait la pierre à ses parents. Magnus l'enveloppa dans un chiffon et fit disparaître le tout.

- Je crois qu'il n'est pas nécessaire de te préciser que tu es puni ? Lui dit Alec.

- Non...

- Tu restes dans ta chambre et tu ne vas pas voir ton frère, c'est clair ?

- Oui...

- On décidera de votre punition à tous les deux plus tard !

- D'accord...

Magnus lui fit signe de déguerpir. Le jeune garçon obéit. Alec sortit sur la terrasse, le cœur serré. Les paroles de son fils aîné résonnant encore à ses oreilles. Son amant l'enserra de ses bras.

- Ne fait pas attention à ce qu'il dit... Il a eu une journée difficile...

- Justement, je me demande si on n'a pas été trop dur avec lui...

- Non, ils ont fait une bêtise, une grave bêtise, et ça aurait pu leur coûter la vie ! Et ce n'est pas la première fois ! Si on ne les calme pas maintenant, ce sera trop tard ! Quant aux fils de chien qui ont osé les toucher, je peux te jurer que je les retrouverai et je le leur ferai regretter ! Personne ne touche à ma famille!

- Je sais... C'est ma faute tout ça...

- Non ! Alec... Alec, regarde-moi !

Le néphilim leva les yeux vers lui, et le sorcier prit son visage en coupe.

- Je t'interdis de penser une chose pareille !

- Pourtant c'est la vérité ! C'est moi qui aie tué Méliorn...

- Dans ce cas c'est ma faute aussi, puisque tu l'as fait pour me sauver !

- Non ! Je...

Alec soupira. Son amant avait raison, ce n'était pas de leur faute. Méliorn était une pourriture, à l'image d'une bonne partie des membres de la Cour des Lumières qui les avaient tous trahis pendant la guerre mortelle...

- Je pensais que tout ça était définitivement derrière nous...

- Ne t'en fais pas pour ça, je m'en occupe, je vais régler ça !

Le chasseur d'ombres lui sourit et le tira par le col de sa veste pour un long baiser langoureux.

- Tu sais que je t'aime...

- Hum, tu sais que je t'aime aussi petit chasseur d'ombres ? Lui fit Magnus, avant de lui donner un dernier baiser. Bon, allez, je crois qu'une discussion avec Rafael s'impose...

- C'est pas gagné... Je sais pas ce qu'il a en ce moment...

- L'adolescence mon amour, voilà ce qu'il a !

- Ce n'est pas obligatoire ! Regarde, moi je...

- Alexander, le coupa Magnus. Tu as la mémoire courte mon ange ! Quand je t'ai connu, tu étais totalement perdu, tu ne savais même pas qui tu étais vraiment...

- Tu... Tu crois que Max va nous faire la même ?

- Je ne sais pas... Il a un caractère bien différent de son frère. Rafael est plus dans la provocation, alors que Max...

- Il fait les coups en douce !

- Oui...

- Il semble maîtriser la magie plus que ce qu'on ne pensait !

- Il est doué, c'est sûr... Mais il utilise ses pouvoirs pour tout et n'importe quoi, il ne se rend pas compte...

- Hum...

- Bon, allez je vais voir Raf...

Le sorcier se rendit dans la chambre de son fils aîné, et frappa doucement à la porte. La voix furieuse de Rafael se fit entendre.

- Quoi ?!

Magnus leva les yeux au ciel et entra, avant de refermer la porte derrière lui. Rafael était assis sur son lit, les bras croisés. Le sorcier s'approcha et remarqua les yeux rouges de son fils.

- Je peux m'asseoir ?

Le jeune garçon haussa les épaules.

- Même si je dis non, tu le feras quand même de toute façon !

- Non, si tu veux que je sorte, je le ferais...

Rafael leva les yeux vers son père, surpris.

- C'est un piège ?

- Rafael, je ne peux pas te forcer à parler si tu ne le veux pas !

- Parler de quoi ? Je sais que j'ai fait une connerie, pas besoin de me le répéter toutes les secondes, j'ai compris!

Magnus soupira et s'assit à côté de son fils.

- On a eu peur tu sais... Ils auraient pu vous tuer...

- Si tu le dis...

- Rafael, être notre fils de te rend pas invincible ! On vous protégera toujours toi et ton frère, mais on ne peut pas surveiller tous vos faits et gestes ! On a besoin d'avoir confiance en vous !

Les yeux de Rafael s'emplirent de larmes, qu'il essayait vainement de cacher. Son père posa une main sur sa joue.

- Tu le sais qu'on t'aime plus que tout, hein ?

- Pourtant je me fais engueuler alors que...

- Que quoi ?

- Rien...

- Rafael, ne cache pas ce que tu ressens ! Je suis ton père, tu peux tout me dire !

- Je... J'ai eu peur...

- Je sais... Je te jure qu'ils paieront et qu'ils ne vous toucheront plus ! Ton père et moi on a été dur avec vous, mais on n'avait pas le choix ! Vous devez comprendre quand volant cette pierre, vous vous êtes attiré de nombreux ennuis ! On veut juste s'assurer que toi et Max compreniez cela, et que vous ne recommenciez plus ! Je sais pourquoi vous l'avez volée... Mais ce miroir est dangereux Rafael ! Pourquoi crois-tu que les Gardiens le protègent autant ?!

- Je... Je ne me suis pas rendu compte...

- Et bien maintenant que tu réalises, est-ce que je peux avoir ta parole que tu ne chercheras pas à la récupérer ? Ni ça, ni autre chose qui puisse te donner l'immortalité...

Rafael tourna vivement la tête vers lui.

- Tu le sais...

- Oui... Je ne suis pas idiot... Je trouverais une solution Rafael, je te le promets ! Parce que je refuse de perdre mon fils !

- Mais l'Enclave...

- Je n'ai jamais écouté l'Enclave ! Le coupa Magnus. Et ce n'est pas maintenant que je vais le faire !

Rafael lui fit un petit sourire et son père lui ébouriffa les cheveux.

- Je t'aime...

- Moi aussi... Je le pensais pas ce que j'ai dit tout à l'heure... Quand j'ai dit que je vous détestais...

- Je sais bien...

- Tu le diras à papa ? Hein ?

- Oui, je le lui dirais... Mais il le sait, ne t'inquiète pas ! Bon, allez, dodo !

Le sorcier se leva, et s'apprêtait à partir, lorsque son fils le rappela.

- Papa ?

- Oui ?

- Tu ne t'étais vraiment pas aperçu que la pierre était fausse ?

Magnus ne lui répondit pas et se contentât de lui faire un clin d'œil.

Cour des lumières

Assise sur son trône, ses longs cheveux rouges retombant en cascade sur ses épaules, la reine des fées fixait de ses yeux d'un bleu limpide, les deux elfes agenouillés devant elle. Elle était pâle, et semblait agitée.

- Comment ça vous n'avez pas réussi à la récupérer ?! Vous n'aviez affaire qu'à des enfants !

- Une gardienne est intervenue !

- Qui ?

- Nous n'avons pas son nom, Madame...

- Il va me le faire payer... Gémis la reine.

Argawaen et Aegnor échangèrent un regard curieux. De qui parlait-elle ? De Magnus Bane ? D'Alec Lightwood ? Ou bien de quelqu'un d'autre ?

- Madame, si je puis me permettre, les parents de ces bambins sont certes immortels, mais ils ne sont pas invincibles, et...

- Je ne te parle pas de ces deux parasites, Argawaen !

- Mais alors de qui...Commença Aegnor.

- Cela ne te concerne pas ! Maintenant sortez !

Une fois seule, la jeune femme se leva et s'avança vers une haute bassine en pierre, contenant un liquide, qui semblait être du sang. Elle posa ses mains dessus et ferma les yeux. Le liquide se mit à bouger, créant de minis tourbillons.

- Maître... Ils ont échoué... Pardon, nous ferons mieux la prochaine fois ! Non, s'il vous plaît, ne faite pas ça, nonnnn ! Hurla-t-elle, avant de s'écrouler au sol, gémissant de douleur, ses mains recouvrant son visage.

Lorsqu'elle les retira, sa peau était entièrement recouverte de cloques. Des larmes coulèrent de ses yeux. Une voix caverneuse s'éleva alors de la bassine.

- Tue les enfants et n'échouent pas cette fois !

- Oui, maître...

A suivre

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