Chapitre 21


En totale panique, Alec tremblait. Assis contre le mur de mur du couloir menant à l'infirmerie de l'Institut, il n'arrivait pas à se calmer. Sa mère le berçait contre elle, essayant vainement de l'apaiser. Il avait le visage figé, et tremblait de tout son corps. Elle lui chuchotait des mots réconfortants à l'oreille, mais ils ne semblaient pas efficaces. Isabelle sortit alors de l'infirmerie, pâle. Le maquillage sur ses yeux avait coulé, répandant des traînées noires sur ses joues. Maryse releva les yeux vers elle.

- Alors ?

- Clary a perdu son bébé...

Maryse ferma les yeux. La femme forte qu'elle était lui permettait de contenir ses larmes, mais au fond d'elle, son cœur venait de se briser. Alec, lui, ne semblait pas avoir entendu.

- Comment va-t-elle ?

- Mal... Elle et Jace ont repris connaissance, mais... ils sont faibles, très faibles. On a rendormi Clary pour éviter que le choc de la nouvelle n'aggrave son état.

- Et Magnus ?

Isabelle secoua la tête.

- J'ai eu l'Institut de Los Angeles, et... L'état des sorciers est préoccupant. Le labyrinthe en Spirale est entièrement détruit. Beaucoup de sorciers n'ont pas survécu, et les autres sont dans un état grave. Catarina et Tessa n'ont toujours pas repris connaissance. Magnus...

Elle jeta un regard inquiet à Alec.

- Il est de plus en plus faible... Sans un sorcier pour le soigner...

Elle ne finit pas sa phrase. Maryse avait très bien compris où sa fille voulait en venir.

- L'Enclave est en panique. Sans les protections du labyrinthe, ils sont vulnérables. Mais ce n'est pas leur seul soucis : les loups-garous et les vampires sont devenus incontrôlables....

- Mais qu'est-ce qui s'est passé ?! Lui demanda Maryse.

- J'en ai aucune idée !

Dans les bras de sa mère, Alec tremblait de plus en plus. Elle lui caressa les cheveux.

- Ton frère ne va pas bien...

- Rafael non plus... Et il n'est pas le seul. Les enfants néphilims ont tous été pris de vertige et de fortes fièvres. Je ne sais pas ce qui se passe, mais ça nous affecte tous !

- Je sais, je le sens aussi.... C'est comme si une main invisible nous enserrait... Qu'est-ce qui a bien pu se passer ?

- Je ne sais pas, mais Rafael n'arrête pas de murmurer le nom de son frère...

- Max ? Attends, tu ne crois quand même pas que...

- Je ne sais pas, maman ! La coupa brusquement Isabelle. Je ne sais pas ce qui se passe ! Je sais juste que si on ne fait rien et qu'on reste ici les bras croisés, on va tous mourir !

Elle eut alors un vertige, et du se retenir au mur pour ne pas tomber. Elle échangea un regard inquiet avec sa mère.

- Si une armée de démons nous attaque, on n'y survivra pas. Aucun d'entre nous n'est en état de se battre...

Espagne- Ancienne cité Silencieuse

Formant un cercle dans les ruines de l'ancienne cité Silencieuse partit en fumée, une dizaine de Frères Silencieux semblaient en grande discussion.

- Nous avons sous-estimé le pouvoir de ce sorcier. Nous aurions dû le tuer quand on en avait l'occasion. Disait l'un d'eux.

- Le garçon n'était qu'un niveau deux. Lui répondit un autre.

- Plus maintenant. Une réévaluation a été faite. Son pouvoir est bien plus puissant que ce nous pouvions oser imaginer. Nous devons mettre la main sur ce sorcier et le tuer avant qu'il ne soit trop tard.

- Il est probablement déjà trop tard. Chacun d'entre nous le ressent. Quelque chose se trame dans les Enfers...

- Nous seul pouvons arrêter tout cela. Trouver le jeune sorcier, tuer le jeune sorcier.

Un silence pesant s'installa au sein du cercle de Frères Silencieux. Puis ils acquiescèrent les uns après les autres.

Edom

Contrairement à Lilith qui tremblait dans un coin, Asmodée s'était redressé de toute sa hauteur, fier. Le jeune sorcier avait accompli plus qu'il ne l'espérait. Il devait avouer qu'il avait été surpris : il ne s'était pas attendu à ce qu'il libère une aussi impressionnante quantité d'énergie. Il s'avança lentement vers le jeune garçon qui gisait à terre. L'âme avait disparu, il l'avait entièrement détruite. Le démon éclata d'un rire cruel en retournant le corps inerte de Max. S'il n'avait pas vu sa poitrine se soulever doucement, il aurait pu penser qu'il était mort. Hors cela aurait été problématique : il avait encore besoin de lui. Le démon s'agenouilla à ses côtés. Il pouvait encore sentir l'énergie qui émanait de lui. Il leva les yeux vers le haut plafond. La lumière brillante, qui l'avait traversé, avait disparu. Le calme était revenu au moment où le jeune sorcier s'était écroulé. Mais ça avait été suffisant. Il sourit. Bientôt une armée d'anges descendrait des cieux, envoyés par son père. Il viendrait pour Lucifer, mais ce serait trop tard. Il avait fait briser sa cage. A l'heure qu'il est, il devait déjà être en train de se balader dans le monde des terrestres. Il n'y avait plus qu'à le retrouver. Plus aucune barrière ne séparait Edom du monde terrestre. Il souleva Max dans ses bras, et il quitta le monde dans lequel il avait enchaîné si longtemps...

Idris

Tenant à peine debout, Robert Lightwood pénétra dans le bureau de Jia Penhallow. Bien qu'elle ne soit plus le Consul depuis quelques années, il avait plus confiance en elle qu'au crapaud chauve, comme il aimait l'appelé, qui occupait à présent sa place. Il entra dans son manoir sans frapper. Elle était assise dans un fauteuil de velours, le visage pâle, les traits tendus.

- Robert... Murmura-t-elle faiblement. Les tours....

- Elles se sont éteintes. Lui fit-il. Alicante est plongée dans le noir depuis plus d'une heure ! Le Labyrinthe en Spirale s'est affiché sur nos cartes ! Tu sais ce que ça veut dire ?!

- Les sorciers ne sont plus en état de maintenir leur protection...

- Pire ! Nous nous y sommes rendu ! La moitié des sorciers ont péri ! Et New York ne répond

pas ! Il faut que j'y aille !

- Comment ? Nos portails ne marchent plus...

- As-tu réussi à avoir Tessa Gray ? Magnus Bane ? Un sorcier, n'importe lequel !

- Aucun d'eux ne répond, Robert...

- Alors je me débrouillerai sans portail ! Il faut que j'aille à New York ! Il faut que je sache si mes enfants vont bien !

Jia lui fit comprendre d'un bref signe de tête qu'elle comprenait.

- Fais attention à toi...

Ils échangèrent tous les deux un regard inquiet. Ils ignoraient ce qui venait de se passer, tout était allé tellement vite, mais ils savaient tous les deux que la situation n'avait jamais été autant catastrophique. Même l'attaque de Jonathan contre Alicante n'avait pas été aussi violente. Ils n'avaient jamais été autant affaibli. Et cette fois, les créatures obscures aussi étaient touchées, et bien qu'il ne les portait pas dans son cœur, Robert devait bien avouer que sans les sorciers, ils avaient un sérieux problème...

New York- Institut

Relevant la capuche de son sweat noir sur sa tête, Rafael sortit discrètement de sa chambre. Le couloir était désert. Les chasseurs d'ombres étaient en panique. Leurs protections autour de l'Institut n'étaient plus efficaces, et les terrestres qui passaient dans la rue, s'arrêtaient admirer cette immense cathédrale qu'il prenait jusqu'à présent pour une ruine d'ancienne église. De plus, l'étrange teinte verte qu'avait pris le ciel, n'aidait pas. Les terrestres commençaient à paniquer, et parler de fin du monde, et l'apparition d'une cathédrale renforçaient les plus croyants dans leur dire, les emmenant à croire que se réfugier à l'intérieur les sauverait. Les chasseurs d'ombres de l'Institut s'efforçaient de les maintenir à l'extérieur, mais ils étaient affaiblis, et plus le temps passait, plus la tâche se révélait difficile. Rafael s'arrêta un instant dans le couloir désert, s'appuyant un instant contre le mur. Il avait l'impression qu'on lui enserrait la tête dans un étau. Il s'efforça à avancer de nouveau, essayant d'ignorer la douleur. Son frère avait besoin de lui, il fallait qu'il le retrouve. Il passa devant l'infirmerie, et hésita. Il savait que son père n'allait pas bien, mais il ne pouvait pas entrer. Alec était probablement à ses côtés, et s'il le voyait, il l'empêcherait de quitter l'Institut. La boule au ventre, il continua son chemin. Il sortit par l'arrière, essayant de se fondre dans la noirceur de la nuit, mais il fut stoppé par la voix d'une jeune fille qu'il ne connaissait que trop bien.

- Tu comptes aller où comme ça ?! Tu crois vraiment que le moment est bien choisi pour continuer ta crise de rébellion ?!

- Kaylie... Souffla-t-il. Tu ne peux pas comprendre...

- Comprendre quoi ? Que tu es un lâche ?! Oh si, crois-moi, je le comprends très bien !

Le jeune homme se retourna vers elle. Elle portait sa tenue de combat, et ses cheveux étaient relevés en une queue-de-cheval. Comme les autres, elle était pâle et ne semblait pas au meilleur de sa forme.

- Il faut que je retrouve mon frère ! Il est en danger ! Il ne va pas bien, je le sens !

- Et t'es-tu demandé, ne serait-ce qu'une seule seconde, s'il avait vraiment envie que tu le retrouves ?!

- Max et moi on est liés, mais ne cherche pas à comprendre, tu n'y arriverais pas !

- Rafael... Commença-t-elle d'une voix compatissante qu'il ne lui connaissait pas. Max est responsable de tout ça et tu le sais !

Rafael s'avança vers elle, menaçant.

- Mon frère ne nous ferait jamais de mal ! Alors ne redis jamais ça ou je te jure que c'est la dernière chose que tu diras !

- Il n'y a que la vérité qui fâche, Rafael. Si tu as un lien aussi fort que tu le prétends, avec lui, alors tu le sais autant que moi. Max a accompli la prophétie. Il a fait ce que pour quoi il est né !

- Cette prophétie ne concerne pas mon frère !

- Je sais que tu l'aimes, mais il faut que tu sois prêt...

- Prêt à quoi ?

- Prêt à le perdre !

- Je ne le perdrai pas !

- Rafael... lui fit-elle en posant une main sur son bras. Je ne devrais pas te le dire, mais... Les Gardiens ont l'ordre de le tuer. Si Max croise leur chemin...

Rafael pâlit.

- Max est innocent ! Il n'y est pour rien ! Vous n'avez pas le droit de... Kaylie, s'il te plaît, aide-moi à le retrouver avant eux !

- Je ne peux pas, je regrette !

- Bien sûr que si tu peux ! Il suffit de le vouloir !

Elle jeta un regard anxieux derrière elle, pesant le pour et le contre. Elle était contre la mise à mort de Max, mais aller contre les ordres, c'était prendre le risque de tout perdre.

- S'il te plaît ! J'ai besoin que tu m'aides ! Je n'y arriverais pas seul ! Insista Rafael. Et tu sais que ça me coûte de devoir te dire ça !

Elle allait répondre, lorsque l'alarme de l'Institut se déclencha.

- Les terrestres... Murmura Rafael. Ils ont fini par rentrer...

- Ok ! Je vais t'aider ! Mais j'espère que tu as conscience qu'on risque de ne jamais revenir !

- On reviendra ! On reviendra avec mon petit frère !

Infirmerie

Alec tenait la main de son amant, allongé dans un des lits, toujours aussi pâle. Maryse s'approcha d'eux, et posa une main sur l'épaule de son fils.

- Alec, tu ne peux pas rester là. On a besoin de tous les chasseurs d'ombres encore debout pour...

- Je ne peux pas, maman. Je ne peux pas le laisser... Les laisser... Rajouta-t-il en jetant un regard vers le lit à côté de celui du sorcier.

Jace y était allongé. Il ne cessait d'alterner entre conscience et inconscience.

- Tu ne peux rien faire pour eux, Alec...

- Je ne peux plus rien faire du tout... Et vous non plus. C'est fini, Asmodée a gagné...

- Qui te dit qu'il y est pour quelque chose ?

- Qui d'autre ? Magnus avait raison. Il s'est servi de Max pour accomplir la prophétie. A cette heure-ci, mon fils est probablement mort, et on ne va pas tarder à le rejoindre...

Maryse se tendit. Elle n'avait jamais vu son fils aussi désespéré. C'était la première fois qu'elle le voyait baisser les bras.

- Alec, tant qu'on respire, il y a encore un espoir ! On peut encore sauver Magnus, Jace, Clary et tous les autres ! Max a besoin que son père se relève ! Il a besoin de nous, Alec ! De nous tous !

- Je n'y arriverais pas... J'ai besoin de Magnus ! Seul, je... Et puis regarde autour de toi ! Jace, Clary... Ils vont tous mal ! Dans tous les cas, quoi que je fasse, j'abandonne quelqu'un ! Que suis-je supposé faire ?! Dis-moi...

Maryse prit son fils dans ses bras. Il était à bout de forces. Sans Magnus ni son parabataï, il n'y arriverait pas. Il avait conscience qu'il fallait qu'il réagisse, mais il n'en avait pas le courage. Pour lui tout était fini, tout venait de s'écrouler. Le retentissement de l'alarme lui fit retrouver quelque peu ses esprits.

- Qu'est-ce qui se passe ? Demanda-t-il à sa mère.

- Rien de bon !

- Rafael ! S'exclama alors Alec. Où est-il ?!

- Dans ton ancienne chambre, il...

Alec ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase. Il se précipita hors de l'infirmerie, prenant la direction des chambres, mais un chasseur d'ombres lui barra la route.

- Laisse-moi passer ! Lui ordonna-t-il.

- Non, on évacue l'Institut ! Il faut partir !

- Pas sans mon fils ! S'exclama Alec en l'écartant de son chemin.

Le chasseur d'ombres lui attrapa le bras.

- Il n'y a plus personne là-bas, Alec ! J'ai vérifié toutes les chambres !

Le sang d'Alec ne fit qu'un tour. Il courut jusqu'à son ancienne chambre, dont la porte était restée ouverte. Il sentit la panique l'envahir en voyant que personne ne se trouvait à l'intérieur. Ignorant les protestations du chasseur d'ombres qui l'avait suivi, il fouilla toutes les chambres, avant de s'écrouler le long d'un mur. Il se prit la tête dans les mains. Il était le pire père du monde. Il n'avait pas su protéger Max, et maintenant Rafael disparaissait. C'était la goutte de trop...

New York- Central Park

Kaylie n'arrêtait pas de se retourner. Elle se sentait vulnérable, ainsi exposé. Les terrestres se retournaient sur leur passage. Ils étaient trop affaiblis pour utiliser une rune d'invisibilité. Elle baissa la tête, et tira sur les manches de sa veste pour cacher le plus possible ses runes. Rafael, lui, ne semblait pas s'en préoccuper plus que ça.

- On dirait que tu t'en fiches ! Lui lança Kaylie, mi agacé, mi impressionné.

- J'ai l'habitude que les regards se tournent vers moi !

- Je suppose que tu adores ça !

- Pas vraiment, non... Tu sais, des fois, j'aurais bien aimé qu'on me fiche la paix !

- Leurs parents devraient avoir honte ! Lança alors une terrestre à une autre femme. Jamais je ne laisserais mes enfants sortir dans cette tenue ! Tatoués à leurs âges, quelle honte !

- Ce sont probablement des gothiques ! Lui répondit son amie.

Rafael leur lança un regard noir. Il pensa que leur look à elle n'était pas mieux : la première portait une robe rose bonbon, et la seconde, une robe jaune aux motifs ignobles.

- Mes parents, ils t'emmerdent ! Leur fit-il avec colère.

Il n'était pas d'humeur à supporter les remarques des terrestres.

- Mon dieu ! S'exclama la femme à la robe rose bonbon. Sa mère ne lui a donc pas appris les bonnes manières ?!

- J'ai pas de mère ! J'ai été élevé par deux hommes ! Un couple gay quoi !

Les deux femmes prirent un air choqué, et celle à la robe jaune mit ses mains devant sa bouche.

- Mon pauvre garçon ! Mais comment cela est possible ?!

Rafael allait répondre, mais Kaylie le tira en arrière, le forçant à continuer à avancer.

- Laisse tomber ! Il faut se tirer d'ici, on est trop à découvert !

- Des fois je me dis que les terrestres sont encore plus fermés que les chasseurs d'ombres !

- On s'en fiche, Rafael ! Avance !

- Ouais, ouais ! Je n'allais quand même pas les laisser nous insulter, si ?!

- Rafael ! Laisse tomber, ok ?!

- Ok ! Mais mon look est très bien !

Kaylie sourit malgré elle. Même en situation de crise, Rafael restait Rafael. Et dans un sens, cela était rassurant.

- Tu sais, quand elles ont parlé des parents, ça m'a fait penser que... On aurait dû prévenir ton père ! Lui demander de nous aider ! Après tout il est l'un des meilleurs chasseurs d'ombres que notre monde est connu !

- Crois-moi, mon père ne nous sera d'aucune aide ! Pas avec mon autre père entre la vie et la mort ! Il ne le quittera pas ! Le ciel pourrait s'écrouler, il resterait quand même à son chevet ! C'est comme ça !

- Tu parles ! Il doit sûrement être en train de remuer ciel et terre pour te retrouver !

- Pas avec mon père entre la vie et la mort ! Répéta Rafael. Il sera probablement furieux contre moi, fou d'inquiétude, aboiera des ordres à tout le monde pour qu'ils me retrouvent et qu'ils me ramènent à l'Institut, mais il ne quittera pas mon père !

Il s'arrêta brusquement et se tourna vers la jeune fille.

- C'est pour ça qu'il faut à tout prix que je retrouve Max ! Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais je suis certain qu'en retrouvant mon frère, tout rentrera dans l'ordre ! Tu comprends, si Magnus meurt, je perds mes deux pères ! Alec n'y survivra pas ! Il ne peut pas vivre sans lui ! Ils ont beau passer leur temps à s'engueuler et à se faire la gueule, ils ont besoin l'un de l'autre ! Je ne veux pas perdre mes parents, tu comprends ? J'ai besoin d'eux...

Kaylie fixa le visage du jeune homme. Ses yeux exprimaient une réelle tristesse.

- Je ne t'ai jamais vu aussi sincère... Alors oui, je comprends...

- Ils ont tous sacrifié pour mon frère et moi ! Aujourd'hui, c'est à mon tour ! Je retrouverai Max ! Lui et moi sommes liés ! Je sais que ça peut paraître étrange, mais on a toujours tout fait l'un pour l'autre ! Je l'ai toujours protégé ! Je ne laisserai personne lui faire du mal !

Son amie posa une main sur son bras.

- On va le retrouver !

East River- PDV Max

Je mis un moment avant de réaliser que j'avais quitté Edom. Mon grand-père se tenait à côté de moi, un grand sourire aux lèvres. Je ne savais pas pourquoi, mais je sentais que j'avais fait une grosse bêtise. Je ne me rappelais que très vaguement des derniers événements, mais j'avais la désagréable impression que mes parents n'auraient pas voulu que je fasse une chose pareille. Étonnamment, loin d'Edom, je voyais les choses autrement.

- Qu'est-ce qu'on fait ici ? Demandais-je à Asmodée. Où est Lucifer ?

- On ne tardera pas à le savoir, crois-moi. J'ai encore besoin de toi, mon garçon.

- Pour quoi faire ? Je ne peux plus utiliser ma magie, je suis fatigué !

Il se tourna vers moi et me sourit. Son sourire me fit froid dans le dos. Je ne me sentais pas très bien. Je n'avais qu'une envie, rejoindre mes parents et mon frère.

- J'ai besoin de ton sang. Tout ton sang !

Je reculais, effrayé.

- Allons, Max, n'aies pas peur de moi ! Tu m'as fait confiance jusqu'ici, non ?

Il m'attrapa le bras et me fit me retourner. Sur l'eau, des centaines de cadavres flottaient sur l'eau rougie par leur sang. Le cri que je poussais dû s'entendre dans toute la ville. Je ne pus retenir un haut-le-cœur. J'essayais de me dégager, mais il était bien plus fort que moi. Il me rapprocha encore plus de lui, et me saisit le visage.

- Grâce à toi, je vais enfin pouvoir régner sur ce monde ! Joins-toi à moi mon enfant, et peut-être que j'épargnerais ceux que tu aimes !

- Vous m'aviez dit que vous... vous alliez m'aider à donner l'immortalité à mon frère !

- J'ai menti ! Maintenant, regarde !

Il me traîna jusqu'au bord de la rive et enserra ma tête de ses mains. Mes yeux se révulsèrent et des images apocalyptiques défilèrent devant mes yeux. New York s'était transformée en une rivière de sang. Des corps jonchaient le sol. J'entendis alors des cris. J'ignorais s'il provenait de la vision qu'il m'avait fait voir, ou bien de la réalité, mais je sentis mon corps se soulever du sol, et Asmodée me propulsa dans l'eau. J'atterris au milieu de l'East River. Au milieu de cette rivière de sang. Je paniquais et avalais de cette eau immonde. J'essayais de me maintenir à la surface, mais c'était comme si mon corps était attiré par les profondeurs, comme si une force invisible me tirait sous l'eau. Bientôt, je ne pus plus remonter et je me laissais couler lentement. La lumière au-dessus de moi se fit de plus en plus petite, et je fus englouti par les ténèbres, au moment où je sentis quelqu'un ou quelque chose m'attraper par le bras. Revenant à moi, je sentis à nouveau l'air emplir mes poumons et je crachotais. Je me débattis en sentant qu'on me traînait sur la rive. Pensant que c'était Asmodée, je tendis la main et saisis le poignet posé sur mon bras. Un hurlement se fit entendre, et je pus me dégager. Malheureusement, je fus à nouveau plaqué au sol, et un visage familier se pencha au-dessus de moi.

- Max, Max ! Arrête, c'est moi ! Arrête !

- Rafael... Murmurais-je, les larmes aux yeux, n'arrivant pas à y croire.

Il me sourit.

- En chair et en os, petit frère !

Ses cheveux bruns habituellement coiffés en épi, encadraient à présent son visage, dégoulinant d'eau. Des gouttes tombèrent sur mes joues, se mélangeant à mes larmes. Ses yeux d'un marron foncés, qui tiraient presque sur le noir, me fixaient avec inquiétude.

- Rafael... Répétais-je.

- Oui... Me fit-il d'une voix douce.

Il m'aida à me redresser.

- Il faut qu'on s'en aille, et vite ! Fit une voix féminine derrière moi .

Je me retournais et aperçus Kaylie, un poignard séraphique à la main. Je remarquais qu'il brillait beaucoup plus faiblement que d'habitude.

- Asmodée ! M'exclamais-je soudain. Il est ici, Raf, il...

- Je sais ! On était à Central Park quand j'ai senti ta présence. Quand on est arrivé, les Gardiens étaient déjà sur place. J'ai vu Asmodée t'envoyer voler dans l'eau, et...

- L'eau !

Je me retournais et fus surpris de constater qu'elle avait retrouvé sa couleur habituelle. Si elle était encore bien loin de la clarté de l'eau de source, elle ne ressemblait plus à ce paysage de désolation que j'avais aperçu un peu plus tôt.

- Pourquoi... Pourquoi il n'y a plus rien ?!

- Comment ça ? Me demanda Rafael. Qu'est-ce qu'il était censé y avoir ?

- Tu ne les as pas vu ?! Cette rivière était remplie de cadavres ! Paniquais-je.

Rafael prit mon visage en coupe.

- Calme-toi... Il n'y avait rien, Asmodée te l'a sûrement fait croire...

- Je...

- On discutera de ça plus tard ! Il faut qu'on s'en aille, et tout de suite ! Nous lança Kaylie.

Mon frère lui fit comprendre d'un simple signe de la tête qu'il avait compris, et il m'entraîna avec lui. Me retournant, je vis un chasseur d'ombres se faire décapiter par Asmodée. Celui-ci, une épée à la main, les tuait les uns après les autres. Rafael me mit la main devant les yeux, m'ordonnant de ne pas regarder. J'essayais de dégager sa main, mais il était plus fort que moi. Lorsqu'il jugea qu'on s'était suffisant éloigné, il la retira, et m'entraîna en courant vers les docks. Il me poussa à l'intérieur d'un hangar à bateaux, et Kaylie referma derrière nous. Mon regard croisa alors celui de mon frère. Un instant plus tard, il me serrait dans ses bras. Je laissais ma tristesse éclater dans ses bras. Il finit par m'écarter de lui, et essuya mes larmes.

- Je vais te ramener auprès des parents, ok ?

- Non... Je ne peux pas rentrer ! Je crois que je vais quelque chose de très, très mal... Mais je te jure que je savais pas ! Sanglotais-je.

Il s'agenouilla face à moi et me força à le regarder.

- Max, je vais te ramener à l'Institut, et même si j'ignore ce que tu as fait, je veux que tu le gardes pour toi, d'accord ? Personne ne doit jamais le savoir.

- Mais...

- Max, tu me fais confiance ?

- Oui...

- Bien ! Alors écoute-moi : papa est très malade, il a besoin de toi.

J'ouvris de grands yeux, et le bombardais de questions. Il me fit taire d'un regard.

- On parlera de tout ça plus tard. Pour le moment, je t'emmène dans un lieu sûr. Mais n'oublie pas, peu importe qui te pose des questions, même si c'est moi, tu ne réponds pas !

- Pourquoi ?

- Parce que rien ne prouve que ce ne soit pas quelqu'un qui te veut du mal qui a pris notre apparence ! Donc tu as bien compris ce que je t'ai dit ?

- Oui... Rafael ?

- Quoi ?

- J'ai peur...

- Tu n'as plus à avoir peur, je suis là maintenant !

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